En ce samedi 23 mai, Paris avait demandé à ses habitants de la faire belle. Plus exactement, la mairie de Paris avait organisé l'opération Paris fais toi belle.
Pour changer un peu des éternels soucis de propreté autour du marché Barbès sous le viaduc ou à la Goutte d'or, nous avons décidé de suivre les équipes dans le 9e. On aurait bien tort de penser que le 9e n'est pas touché par le phénomène. Regardez cette magnifique photo prises à deux pas de la place Pigalle justement en ce samedi matin.
Promenez vous vers 9h ou 10h le matin le week-end place Pigalle même, vous comprendrez l'ampleur du désastre problème.
Bref, plein de courage, nous sommes allés au rendez-vous fixé à 9h30 au square d'Anvers, sous le kiosque. Là nous attendaient les équipes de la Direction de la Propreté et de l'Eau (DPE) de la Ville de Paris, dont Isabelle Cavillier de la section 9e/10e, qui est une connaissance de longue date d'Action Barbès, ainsi que des élus du 9e, dont bien sûr l'adjoint en charge de la propreté, Sébastien Dulermo.
Le secteur choisi pour l'opération était celui de l'avenue Trudaine et alentour. Deux équipes se forment, une emmenée par Cyril et l'autre par Richard. Ces deux agents de propreté travaillent à la section de l'avenue Trudaine où il y a 33 personnes. Elle couvre toute la partie Est du 9e, dans un quadrilatère qui va de Barbès -> square Montholon -> de Notre Dame de Lorette -> Pigalle -> Barbès, vaste territoire.
Après un petit briefing par la DPE, on nous fournit gilets fluo, balais, pelles, pinces, sacs. Il y a même une pince métallique et un petit bac spécial pour les seringues. A cet égard, les agents de la propreté nous disent en trouver un peu partout dans le 9e, certes pas en très grande quantité et surtout autour des toxicomanes SDF qui vivent entourés de leurs seringues usagées.
Cyril, à gauche, prend en charge l'équipe 1 qui ira avenue Trudaine
Le tri sera sélectif : verres, recyclables, mégots, tout-venant, voilà les quatre catégories. Nous faisons partie de l'équipe 2 qui ira vers Barbès par la rue Gérando retour par la rue de Rochechouart.
Les premiers coups de balai donnés, ce qui frappe tout de suite est la quantité phénoménale de mégots de cigarettes qui traînent. Bien sûr, on en avait plus ou moins conscience mais là, le problème saute aux yeux, il y en a partout, partout, partout. Cela se concentre naturellement devant les cafés. Quand on parle de cette question avec les tenanciers, cela va de l'indifférence à la fatalité. Il ne serait quand même pas très difficile de mettre de grands cendriers devant leur bistrot comme le font certains mais le bruit court que ce serait interdit, alors on se cache derrière ce prétexte facile et qui ne repose sur rien.
C'est là aussi qu'on se rend compte que le travail des agents n'est pas facile. Circuler entre les voitures et les deux roues en stationnement, balayer le caniveau avec des voitures collées au trottoir, faire attention à la circulation et aux piétons, le travail est ingrat et le temps compté. Il s'agit de couvrir un grand territoire en peu de temps, pas question de s'éterniser dans une rue au détriment d'une autre. Sans oublier que dans pas mal de rues, le nettoyage doit se faire sans eau, ce qui n'arrange rien. Les petites vannes sur les trottoirs sont parfois hors d'usage avec le temps (certaines dateraient du temps d'Haussmann) et il va être bien délicat de les réparer, semble t-il. Selon Sébastien Dulermo, il y aurait une quarantaine de ces vannes hors service dans le 9e.
L'accueil des passants est bon. Il y a bien d'éternels râleurs qui ne font jamais que râler sans jamais rien proposer de concret mais en général les piétons comprennent et parfois félicitent.
L'équipe 2 au travail rue Gérando
Après une bonne heure et demie de nettoyage, retour au kiosque du square d'Anvers où une surprise nous attendait. Le Hard Rock Café du boulevard Montmartre nous offrait un pot avec des tortillas maison. En effet, tous les Hard Rock Café du monde sont priés de mener des actions en faveur de l'environnement (Save the planet) et donc celui du boulevard Montmartre a non seulement envoyé des tortillas mais a surtout envoyé des gens nettoyer avec nous. La mairie du 9e nous confirme d'ailleurs que d'autres actions, pas nécessairement liées à la propreté, seront menées avec le Hard Rock Café.
L'équipe n°1 avec le personnel du Hard Rock Café du boulevard Montmartre
Que conclure de tout cela ? Sans nul doute, ce fut un moment de convivialité et de prise de conscience du problème. Mais les personnes motivées venues au square d'Anvers ce samedi matin là, n'étaient-elles pas déjà sensibilisées à la question ? Rassembler 40 personnes dans un arrondissement qui compte quelque 60 000 habitants n'est sûrement pas à la hauteur du défi. Il ne faut pas en faire reproche à l'Hôtel de Ville ou à la mairie du 9e. Et on ne le répétera jamais assez, les agents de la DPE font un super boulot. Les râleurs les accablent souvent de tous les maux mais ces agents ne sont pas responsables de la saleté à Paris.
Un commerçant rue de Rochechouart nous dit : "Voilà 30 ans que je suis installé ici. C'est toujours la même histoire. Vous nettoyez maintenant, très bien, mais revenez dans une heure, vous verrez ". De quoi désespérer même un agent de la propreté.