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Culture - Page 151

  • Sur les pas de Gervaise

    Gervaise L assommoir.JPG

    L'assommoir - source Paris Bistrot.com

    Dans son roman L'assommoir, Emile Zola nous raconte le quartier de la Goutte d'Or en cette seconde moitié du 19ème siècle.

    L'histoire de Gervaise est très bien résumée dans la fiche que Wikipédia lui consacre, aussi nous n'y reviendrons pas. Pour ceux qui habitent ce quartier, c'est la description de la Goutte d'Or telle qu'elle était à cette époque qui est intéressante.

    Paru en 1876, le roman de Zola se déroule quelques années plus tôt. Dater le début du roman est assez facile puisque Coupeau, le mari de Gervaise, est ouvrier zingueur sur le chantier de construction de l'hôpital Lariboisière, soit aux environs de 1850, l'hôpital ayant été construit entre 1848 et 1853.

    La date de fin du roman est plus difficile à déterminer mais Zola nous laisse quand même quelques indices. Le percement des boulevards Ornano (pas encore Barbès à cette date) et de Magenta vient modifier le quartier où Gervaise vit son malheur. Nous sommes donc après 1860. A la fin du roman, Gervaise essaie de se prostituer sur le boulevard de Rochechouart au niveau de l'abattoir de Montmartre en démolition. Nous sommes donc vers les années 1865/67, la construction de l'actuel lycée Jacques Decour ayant débuté en 1867. C'était encore à l'époque le collège Rollin.

    Notons que ces dates sont assez cohérentes avec l'histoire de Gervaise qui se déroule sur environ 20 ans et notons aussi que Zola ne fait aucune mention de l'église Saint-Bernard construite pourtant en 1858.

    Le lieu du roman est un périmètre qu'il faut regarder sur un plan de Paris de 1850. Le plan fait par Emile Zola lui même apporte un complément.

    Plan Goutte d Or 1850.JPG

    Plan du quartier en 1850

    Plan Goutte d Or  Zola.JPG

    Plan du quartier établi par Emile Zola

    Le plan dessiné par Zola limite un peu le périmètre car Gervaise va aussi jusqu'à la rue Marcadet. Disons que du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest, Gervaise va du boulevard de la Chapelle à la rue Marcadet, du pont enjambant la voie ferrée à la rue de Clignancourt.

    Au début du roman, Gervaise, qui vient d'arriver de Plassans* - ville imaginaire inventée par Zola mais dont la ressemblance avec Aix-en-Provence est forte - habite à l'hôtel Boncoeur qui se trouve "sur le boulevard de La Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière". La situation exacte est difficile à établir mais Zola précise "Elle (Gervaise) regardait à droite du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants". L'hôtel ne devait donc pas être très loin de l'actuel carrefour Barbès. Zola soignait beaucoup tous les détails de ses romans. On peut néanmoins ici s'interroger sur la possibilité de voir les abattoirs à partir du carrefour Barbès. Certes ni le métro ni quelques hautes maisons n'existaient, mais pour une fois qu'on peut peut-être prendre Zola en défaut,il est amusant de se poser la question.

    Une fois quittée par Lantier, son amant avec lequel elle est venue de Plassans et qui lui a fait deux enfants (rappelons que Gervaise n'a que 17 ans lorsqu'elle arrive à Paris, le décor est planté) et mangées toutes ses économies, elle s'installe avec Coupeau, son mari, rue Neuve de la Goutte d'Or, l'actuelle rue des Islettes. Elle y habite un modeste logement au premier étage d'une petite maison située non loin du carrefour avec la rue de la Goutte d'Or, au numéro 12, disent certains. Elle est blanchisseuse, travaille pour Mme Fauconnier et va au lavoir qui se trouve juste devant chez elle. C'est là l'origine du nom donné à la placette de la rue des Islettes place de l'Assommoir, en hommage à Emile Zola. Cette appellation fait appel au titre du roman, mais l'Assommoir était en fait un café, un marchand de vins, lieu de rendez-vous des soûlards du quartier, tenu par le Père Colombe, et qui se trouvait au carrefour du boulevard de La Chapelle et de la rue des Poissonniers (carrefour Barbès actuel).

    Quelques années plus tard, Gervaise qui rêve de s'installer à son compte, emprunte 500 Francs à son amoureux transis et muet, Goujet, grand gaillard blond, forgeron de son état, qui habite sur le même palier avec sa vieille mère. Elle s'installe alors avec sa famille désormais agrandie par une petite fille, Anna dite Nana, autre héroïne de Zola, dans une boutique de la rue de la Goutte d'Or. "C'était une boutique très propre, juste dans la grande maison où ils rêvaient d'habiter autrefois."

    Où est-elle cette maison et comment est-elle ?

    "Cependant, ils s'étaient (Gervaise et Coupeau, son mari) engagés d'une centaine de pas rue de la Goutte d'Or, lorsqu'il s'arrêta , levant les yeux, disant : Voilà la maison ... Moi, je suis né plus loin, au 22". Elle est donc en haut de la rue de la Goutte d'Or et probablement située non loin de l'ancien carrefour avec la rue des Poissonniers. (Rappelons ici que le boulevard Barbès n'est pas encore tracé et que la rue des Poissonniers descend plus bas vers le Sud, revoir le plan de 1850 plus haut)

    "C'est grand comme une caserne, là-dedans !" Cinq étages sur rue nous dit Zola, alignant chacun quinze fenêtres aux persiennes en ruine. En bas, quatre boutiques. A droite de la grande entrée avec porche, une salle de gargotte crasseuse, à gauche un charbonnier, un mercier et une marchande de parapluies. C'est la boutique du mercier que Gervaise va reprendre et transformer en blanchisserie. A l'intérieur, dans la cour, les façades ont six étages en quatre parties formant un vaste carré. Toute la misère de Paris est concentrée là."Il y a trois cents locataires".

    Gervaise - entree immeuble rue de la Goutte d'Or.JPG
    Le porche d'entrée de l'immeuble de la rue de la Goutte d'Or
    vu par René Clément dans son film Gervaise - à gauche, Suzy Delair

    C'est là que Gervaise vivra les meilleures années de sa vie dans sa blanchisserie, puis les pires dans le petit logement insalubre loué lorsqu'elle sera obligée de quitter la boutique. Elle y mourra dans un trou à rat, sous un escalier, alcoolique, abandonnée de tous.

    Au-delà du grand roman social, le roman de Zola nous permet de revoir le Paris de cette époque. Il en reste encore quelques traces.

    * L'assommoir fait partie de la saga des Rougon-Macquart. Gervaise est une Macquart, élevée dans la misère et dans l'alcool à Plassans, ville d'origine des Rougon et des Macquart. Sa fille Nana fera l'objet d'un autre roman de la saga. Son fils ainé sera un des personnages de Germinal.

  • Le Chat : une apparition à la station Barbès

    On dit que le chat a sept vies, celui de Thoma Vuille en a beaucoup plus. Il apparaît sur des murs voués à la démolition, ou sur des supports éphémères, palissades, panneaux à repeindre, etc. Nous avions déjà fait un article sur ce graffeur amoureux du félin domestique en mars 2011. Son chat a l'air plutôt sympathique. Pas de ceux qui griffent. Dans la Goutte d'Or, il s'étendait au soleil sur fond de ciel bleu, sur le pignon d'un petit immeuble aujourd'hui démoli et remplacé.

    Récemment le greffier mignon a fait son apparition sur le quai de la station Barbès-Rochechouart. Etait-il sous les affiches qu'on venait de décoller, ou bien l'artiste est-il passé par là profitant de cette absence de publicité temporaire ? 

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    Photo Amélie Muller le 11 décembre 2012

  • L'église Saint-Bernard protégée par sa récente inscription à l'inventaire des monuments historiques

    Voici une brève lue dans Le Parisien du 15 décembre dernier par un de nos lecteurs que nous remercions de l'avoir fait suivre. Il pense que ce classement permettra un suivi plus précis des permis de construire délivrés à proximité. Souhaitons qu'il en soit ainsi.

     

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    " XVIIIe. L’église Saint-Bernard de la Chapelle — dont la porte avait été fracturée à coups de hache à l’aube du 23 août 1996 par des CRS venus évacuer les 300 sans-papiers réfugiés à l’intérieur depuis deux mois — vient d’être inscrite à l’Inventaire des monuments historiques par le préfet de la région Ile-de-, Daniel Canepa, dans un arrêté du 26 novembre.

    P1050529.jpgIl considère que cette église, située à la Goutte-d’Or, au 6 bis, rue Saint-Luc, « présente, du point de vue de l’histoire et de l’art, un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison de ses qualités architecturales et stylistiques ». La protection de ce lieu de culte, œuvre de l’architecte Auguste-Joseph Magne et dont la première pierre fut posée le 10 août 1858, inclut « la grille de pourtour et les emmarchements du parvis. "

    Une église de facture classique, néo gothique pour le moins, datant du milieu du 19e siècle avait-elle tous les prérequis pour figurer à l'ISMH ? Pourquoi pas. Consulté sur cette question, Didier Rykner fondateur de la Tribune de l'Art nous a écrit "qu'un bâtiment n'a pas besoin d'être en état critique pour être classé ou inscrit". En effet, il est même préférable de ne pas attendre le travail destructeur du temps. "La seule condition est que le bâtiment présente un intérêt du point de vue de l'art et de l'histoire. Il est évident que c'est le cas de l'église Saint-Bernard, donc son inscription est un minimum." M. Rykner souligne encore qu'il s'agit bien d'une inscription et non d'un classement. 

    A l'automne, nous avions noté que les abords de l'église bénéficiait d'aménagements de voirie, rue Saint-Luc notamment. Bonne prémonition !

    ^)^

    Au-delà du patrimoine, cette église a son histoire, une histoire plus récente et moins esthétique. Elle date de l'été 1996 quand les forces de l'ordre ont donné l'assaut pour déloger des dizaines de familles africaines sans papiers qui s'y étaient réfugiées avec parmi elles, une dizaine de grévistes de la faim. L'INA conserve la mémoire de cette histoire récente : 

    (17 mai 1995 - 2 juin 1997 : Gouvernement Alain Juppé )

  • En dernière minute, la newsletter de la Mission cinéma

    Nous avons profité de la désignation officielle de l'exploitant du Louxor hier en Conseil de Paris pour publier dès aujourd'hui les informations que chacun, dans le quartier, attendait. La Mission Cinéma a fait de même et publie sa dernière newsletter, tombée dans notre messagerie il y a quelques heures.

    Vous la verrez en cliquant ici

  • Les écrans d'Emmaüs, des projections gratuites

    Nous avions été invités à l'inauguration du centre Louvel-Tessier en avril dernier. C'est pourquoi nous sommes très heureux de vous en donner des nouvelles, elles sont ici culturelles : c'est un nouveau ciné-club !

    L’espace culturel du centre d’hébergement Louvel-Tessier dans le 10ème arrondissement inaugure un ciné-club mensuel tous les 1ers mercredis du mois à 20h30.

    Mercredi 5 décembre 2012 :
    « The Visitor » de Thomas McCarthy

    Professeur d’économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l’enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès…
    Lorsque l’université l’envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu’un jeune couple s’est installé dans l’appartement qu’il possède là-bas : victimes d’une escroquerie immobilière, Tarek, d’origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n’ont nulle part ailleurs où aller.
    D’abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui. Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions.