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Travail du dimanche pour ou contre

paris,commerce,travail du dimancheZone Haussmann des Grands magasins (9e), les Abbesses (18e), commerces aux alentours de la gare du Nord (10e), voilà au moins trois zones que les tenants du travail du dimanche voudraient voir bénéficier des fameuses dérogations signées par la maire de Paris permettant l'ouverture des commerces ce jour-là. Il n'est donc pas inutile de se pencher sur ce gros dossier car les décisions qui seront prises sous peu auront un réel impact sur nos quartiers autour de Barbès.

Regardons d'abord la situation actuelle.

C'est une loi de 1906 qui a instauré le repos dominical. C'est à la fois une décision sociale (repos des travailleurs) et sociétale (vie de famille). Cette disposition est considérée à l'époque comme une avancée sociale, un acquis dirait-on aujourd'hui, tout comme la limitation du temps de travail quotidien par exemple. Bien sûr, tout ne s'arrête pas le dimanche et chacun voit bien que son boulanger est ouvert ce jour-là.

A Paris, les commerces sont donc fermés le dimanche sauf s'ils se situent dans des zones touristiques ayant une dérogation. Ces zones sont créées par la Ville de Paris et on en compte aujourd'hui sept :  Rivoli, Place des Vosges et rue des Francs-Bourgeois, rue d’Arcole, avenue des Champs-Elysées et Viaduc des Arts, boulevard Saint-Germain, quartier de la Butte Montmartre.

Les difficultés économiques que nous connaissons ont amené certains économistes et à leur suite certains politiques à penser que l'ouverture des commerces le dimanche pourrait améliorer la situation en engendrant à la fois chiffres d'affaires et emplois.

La France n'occupe pas une place particulière en ce domaine, et suivant les études, entre 7 et 13% des Français travaillent déjà régulièrement le dimanche, ce qui place notre pays dans la moyenne européenne. Rappelons aussi que la loi autorise les commerces à ouvrir leurs portes cinq dimanches par an (qui n'a pas été faire ses courses de Noël un dimanche à Paris ?).

Alors quels avantages et inconvénients ?

Un des arguments forts des tenants du travail dominical est économique. L'ouverture des commerces le dimanche aurait selon eux un impact très significatif sur l'activité économique et donc sur la création d'emplois : entre 34 000 et 102 000 emplois selon une étude publiée par Le Figaro, jusqu'à 300 000 selon le MEDEF qui n'est peut-être pas tout à fait neutre dans cette affaire. Une étude du CREDOC vient tempérer ces ardeurs et pense qu'une telle mesure pourrait créer au mieux 15 000 emplois.

Ouvrir les magasins le dimanche, c'est aussi considérer qu'il y aurait une "réserve de consommation" comme disent les économistes, autrement dit que les gens auraient un pouvoir d'achat suffisant pour consommer sept jours sur sept, que les achats du dimanche viendraient en supplément de ceux du samedi et non pas en substitution à ceux-ci. On peut en douter vu l'état du pouvoir d'achat aujourd'hui. Quant à ceux comme Nathalie Kosciusko-Morizet qui demandent l'ouverture des Grands magasins le dimanche parce qu'autrement les touristes partent faire du shopping à Londres, il n'est pas sûr qu'ils aient une exacte idée de notre monde actuel.

Le travail du dimanche apporterait du pouvoir d'achat nous disent ses défenseurs. Certes, mais l'argument n'est valable que pour une partie limitée des salariés.

Les Français y sont favorables. Sauf à penser qu'une majorité fait une vérité, le fait que les Français y soient favorables ne nous démontre qu'une chose : leur addiction à la consommation et leurs préférences pour déambuler et consommer dans les centres commerciaux plutôt que d'en profiter pour pratiquer des activités culturelles ou sportives en famille. Il convient d'ailleurs de remarquer que les défenseurs du travail dominical sont bien souvent aussi des défenseurs de la famille. Chacun ses contradictions. Cette dépendance à la consommation, bien sûr phénomène inconscient chez la plupart des gens, est en fait une véritable aliénation à laquelle les responsables marketing et autres publicitaires devraient quand même réfléchir, s'ils en sont capables ?

Ce serait un plus pour les touristes. Mais les touristes le demandent-ils ? Encore cette année, Paris reste la ville la plus visitée au monde et la fermeture des magasins le dimanche ne semble pas avoir handicapé la capitale pour atteindre cette performance.

Où va t-on ?

Ces dernières semaines, les choses ont évolué assez rapidement. Dans le cadre légal actuel, le Conseil de Paris a mis en place une Mission d'Information et d'Evaluation (MIE) qui devra rendre le résultat de ses travaux cet automne pour un débat au Conseil. Anne Hidalgo a dit qu'elle prendrait ses décisions sur le travail dominical à Paris suite à ce débat. Mais les choses s'accélèrent puisque le gouvernement a décidé de légiférer très rapidement sur le sujet, ce qui pourrait rebattre les cartes à Paris.

Pour ce faire une petite idée des fausses informations diffusées sur le sujet, regardez cette courte vidéo préparée conjointement par ARTE et le service Désintox de Libération
 

Commentaires

  • (Commentaire posté via Facebook)

    Je pense que la question n'est pas aussi simple. Il vaudrait mieux la poser autrement à savoir: Quelles sont les secteurs d'activités qui nécessitent le travail dominical ?

    Par ailleurs la nécessité peut être évaluée graduellement. Exemples : La santé impérativement - Le bâtiment et activités commerciales (hors la grande distribution) partiellement - l'éducation publique et privée : jamais - De plus, le système jacobin est conçu pour ne pas tenir compte des besoins particuliers de ses territoires, c'est une erreur.

    S'il faut cadrer, une loi généraliste ne peut être adaptée pour tous. Alors je pense qu'il vaudrait mieux redéfinir le mode des dérogations avec obligation de réactualisation dans le temps, en fonction des évolutions de l'offre et de la demande.

  • (Commentaire posté via Facebook)

    Je pense que ce serait néfaste à tous points de vue.

    Du point de vue des salariés: comme le souligne l'article, beaucoup travaillent déjà le dimanche de façon régulière et 25% occasionnellement. Dans la grande distrib beaucoup sont des femmes à temps partiel, précaires qui n'auraient bien évidemment qu'un « choix » limité. Du point de vue de l'emploi : aucune garantie de création car effectivement le pouvoir d'achat n'est pas extensible, en revanche il y aura un transfert d'emploi par des destruction d'emplois dans les commerces de proximité vers la grande distribution.

    D'un point de vue sociétal : c'est préférer la société de consommation à celle des loisirs. Du point de vue local, municipal : les quartiers en question vivent déjà à 100 à l'heure toute la semaine, ce n'est pas excessif d'avoir un jour de respiration pour les habitants...

    Idem sur la vie familiale, sur les majorations conventionnelles qui diminueront d'autant plus que le travail du dimanche deviendra la règle, etc.

    Comme tu le dis Marie, il faut réfléchir en terme de nécessité, et la loi est déjà très permissive actuellement à cet égard.

  • Je trouve que le travaille du dimanche est super. A condition que cela soit sur la base du volontariat et que les salariés soient mieux payés.
    En effet, quand les gens veulent travailler (et être mieux payés) pourquoi les en empêcher ?
    Je suis aussi pour davantage de créations de start-ups dans le 18ieme. Ce sont les seuls - vrais - emplois d'avenir et je pense que pas mal de moins de 30 ans (qui n'ont pas envie de s'expatrier parce qu'ils ont la patate et plein d'idées) sont d'accord avec moi.
    Enfin, je lance une idée (iconoclaste): pourquoi le Lavoir Moderne Parisien ne deviendrait-il pas un incubateur à start-up ? Idem pour les espaces sous le métro aérien près de la Gare du Nord ? Et une partie de l'espace Curry Vavart ? ENfin, je suis pour un accès à tous grâce à des prêts à taux zéro (ce qui ne couterait pas très cher en ce moment) à la propriété (mieux que les faux logements sociaux)
    Merci beaucoup
    Auguste
    PS: J'espère que mon mail va être publié car il n'est pas totalement politiquement correct (surtout dans la mentalité française droite gauche). Merci beaucoup pour votre blog

  • @Marie de Peretti : reposer la question dans les termes que vous proposez c'est admettre d'emblée que la vie de notre société se déroule sans rythme, sans ponctuation pour la vie des gens. La reposer en termes de besoins, c'est ouvrir la logique de l'offre. Je pense qu'il faut être extrêmement prudent tout en constatant hélas que la tendance des esprits de notre société de consommation fait que beaucoup de gens pensent en ces termes.

  • c'est marrant d'entendre parler de logique de l'offre ou d'idéologie: il faut juste laisser le choix aux personnes qui le veulent et être payé plus. Par ailleurs, il faut encourager, je pense, la création d'activités technologiques, et de start up, dans notre quartier si l'on veut rester à la fois jeunes, prospères et créatifs. Merci :))

  • @Auguste : une société, c'est une volonté collective, un partage, pas la somme des attentes personnelles des individus. C'est cela que la loi de 1906 a réussi

  • @Didier, merci pour cette jolie leçon de morale. Mais une société c'est aussi faire confiance aux individus, à leur volonté de s'accomplir, de se réaliser, et tout le monde peut être gagnant. Bien à vous, Auguste

  • Sorry, je m'étais trompé dans la signature. Ce que je voulais dire Didier, c'est que nos élites manquent de culture scientifique. Et qu'imposer comme solution des emplois d'avenir mal payés, qui coutent cher à la collectivité et qui sont tout sauf des emplois d'avenir, au lieu de permettre à chacun de d'inventer des choses (qui peuvent être des succès écolos comme le site de covoiturage blablacar), c'est du temps et de l'argent public perdu. Bref, au lieu de tout vouloir régenter, un Etat agile (et donc qui ne plombe pas les finances et la liberté de nos petits enfants et ceux de nos proches) doit faciliter. D'ou mon soutien comme vous à la loi de 1906 (comme vous car il garantit la liberté des citoyens) et au travail du dimanche s'il s'appuie sur le volontariat et est garanti par une paie supérieure.

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