Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : op%C3%A9ration Barb%C3%A8s Respire

  • La culture à la rescousse !

    Pour la première fois depuis son ouverture en avril 2013, le cinéma Le Louxor accueillait la plénière du conseil de quartier Lariboisière Saint-Vincent-de-Paul samedi dernier, et de surcroît dès 9h30... Bravo aux lève-tôt qui sont venus.

    paris,louxor,fgp-barbara,conseil-de-quartier,lariboisière-saint-vincent-de-paul,médiathèque-françoise-sagan,printemps-des-poètes

    Les amateurs étaient bien là, dans la salle 2 au sous-sol, toutefois bien moins nombreux que lors de la réunion précédente qui réunissait les habitants de deux conseils de quartier du 10e, là aussi une première (voir notre article du 18 novembre). 

    L'équipe d'animation, dont on ne répétera jamais assez qu'elle est indépendante de toute institution et composée de bénévoles, tous habitant le quartier, avait voulu marquer une transition avec les problèmes de sécurité qui reviennent assez souvent dans les thèmes — et même spontanément quand on laisse la parole à la salle et que le sujet traité est tout autre — elle avait donc choisi de présenter la culture, les équipements culturels dans le nord de l'arrondissement et de déborder sur la marge, dans le 18e, avec FGO-Barbara du boulevard de La Chapelle (voir également l'album photo partagé par le Conseil de Quartier sur sa page Facebook).

     3364538807.3.jpg

    Centre Fleury Goutte d'Or Barbara 

    Les intervenants extérieurs se sont succédés. Dans l'ordre d'entrée en scène : Stéphanie Hanna a présenté le Louxor (voir sur le site) et les bons résultats de fréquentation après plus de 18 mois, Lucie Brugier a fait de même pour le Centre Fleury Goutte d'Or Barbara. L'offre est impressionnante et les animations nombreuses, souvent gratuites ou abordables. On a malheureusement appris l'abandon du point restauration au rez-de-chaussée, pas assez de fréquentation pour se maintenir. Voici en images une présentation de l'accompagnement proposé aux musiciens, attention « ça pulse » ! Cliquez ici.

    Capture d’écran 2014-12-14 à 20.33.09.jpgPuis, la directrice de la médiathèque Françoise-Sagan, Viviane Ezratty, et son assistant Christophe Séné nous ont ouvert les portes de ce nouvel équipement municipal situé dans l'ancien Carré Saint-Lazare, précisément 8, rue Léon Schwartzenberg, derrière le square Alban-Satragne. Nous devrions dire entr'ouvert les portes car les travaux ne sont pas terminés — fin prévue d'ici à une ou deux semaines, puis passage de la commission de sécurité... — en conséquence, le centre n'est pas accessible au public pour l'instant, malgré une équipe de direction déjà à l'oeuvre depuis un an. On peut raisonnablement en prévoir l'inauguration en mai prochain. (Clin d'oeil : nous vous glissons un petit plan ci-dessus car dans la salle, certains ont craint que la médiathèque soit un peu difficile à trouver... ) 

    Les deux responsables de la médiathèque ont su capter l'attention des participants. Jugez plutôt : ce seront 4000 m2 de rayonnage, un auditorium de 100 places, plus de 12 000 DVD qui pourront être visionnés sur place, une programmation culturelle ébouriffante, une salle avec 40 ordinateurs à disposition, des tablettes, des liseuses.... et pour ceux qui ne sont pas encore à l'aise avec cet univers numérique, ils pourront se mettre à jour grâce à l'atelier de formation en surfant.

    Ce n'est pas tout, le cadre est magnifique. Il a été rénové, agrandi, modernisé : voici un lien qui vous permet de regarder les photos mises en ligne en octobre dernier. C'est la deuxième plus grande bibliothèque médiathèque de la Ville de Paris par la taille. Et elle est dans le 10e. A vous d'en profiter bientôt....

     

    Revenons en attendant à notre conseil de quartier dans la salle du Louxor. De façon très heureuse un membre de l'équipe d'animation a souligné les thèmes très contrastés des deux dernières plénières, celle-ci sur les équipements culturels du quartier et la précédente sur la présence policière. L'un n'exclut pas l'autre bien sûr. Toutefois, le lecture d'un extrait du poème de Jean-Pierre Siméon — un des fondateurs du Printemps des poètes Eloge à l'inconnu, a créé un moment d'écoute intense et de réflexion. Aucun débat n'a suivi sur le thème abordé (L'autre, l'inconnu, la peur de l'autre et de l'inconnu...), c'est dommage. On pourrait le regretter, mais honnêtement, il faut l'attribuer au manque de temps, principalement, puisque nous devions sans faute libérer la salle pour une projection à 11h.

    Voici le texte pour ceux qui l'ont entendu et aimé. Pour les autres, une occasion de le découvrir. En attendant la création d'une commission culture comme le souhaite l'équipe d'animation.

    Extraits de Eloge de l'Inconnu, par Jean-Pierre Siméon.

    Poème paru dans Sermons joyeux aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

     

    Le pire
    si vous voulez savoir (..)
    le pire ici maintenant là entre nous (..)
    le pire à l’œuvre grignotant rongeant
    la pensée et le cœur de chacun
    logé dans la chair de l’âme (…)
    le pire c’est la peur la peur
    de l’inconnu
    du non connu
    du non reconnu
    c’est ça : de ce qu’on ne reconnaît pas
    comme sien
    comme semblable à soi
    à sa vérité à ce qu’on croit sa vérité
    la peur la défiance
    et bientôt le mépris
    et bientôt le dégoût
    et bientôt la haine
    de ce qui dissemble
    n’est pas conforme à soi
    à sa loi intime à sa mesure propre (…)
    or c’est absurde
    rien n’est comme soi
    rien ni personne
    et on n ‘est pas soi-même
    comme on croit être soi-même
    partout l’inconnu partout (…)

    Plus loin le poète va jusqu’à nous dire nous dire que l’inconnu c’est la respiration ordinaire de la conscience

    il n’y a que ça
    le connu n’existe pas c’est un leurre (…)
    alors quoi ?

    Chercher à monter la garde et à ériger des murs ou bien lutter contre la peur ?  mais comment ?

    à revers à l’envers
    par l’éloge scandaleux de l’inconnu
    de l’inattendu de l’impensé de l’impossible
    éloge constant militant entêtant
    de la surprise qui déprend de soi
    qui fait se connaître inconnu dans l’autre
    oui convaincre par l’absurde
    logique d’homéopathie
    prouver que la peur de l’inconnu
    naturelle
    légitime
    est niaise et vaine
    puisqu’il y a plus d’inconnu que de connu dans le connu
    c’est l’affaire de l’art
    la grande affaire de l’art
    il s’agit de dévoiler exhiber démontrer l’obscur
    de le mettre là-devant
    le tenir pour ce qu’il est
    sans surtout sans
    le commentaire qui l’éclaire
    le trahit et l’annule
    pas de transparence dans l’art
    si elle ne mène à l’obscur
    il ne s’agit pas de comprendre
    mais d’admettre
    ou bien comprendre c’est étreindre
    embrasser l’insaisissable
    donc non pas saisir
    mais éprouver l’excès du monde
    sa crue son débordement infini
    l’illimité devant l’homme
    l’illimité dans l’homme
    preuve d’une liberté insolvable
    or la peur de l’inconnu
    est peur de cette liberté-là
    or la peur d’être libre
    bâtit toutes les prisons humaines
    prisons mentales
    prisons de chair
    et prisons de pierres
    barbelés camps et lagers
    contre
    contre la sale peur
    contre souverainement luttons
    à chaque instant sans indulgence sans compromis
    faisons l’éloge de l’inconnu
    en toute chose à chaque instant
    cherchons l’autre visage du monde
    célébrons oui l’étranger visageparis,louxor,fgo-barbara,conseil-de-quartier,lariboisière-saint-vincent-de-paul,médiathèque-françoise-sagan,printemps-des-poètes

     

    * Merci à Danielle Marty de nous avoir transmis le texte de l'extrait choisi et quelque peu raccourci par elle...  aux risques de s'attirer les foudres du poète. 

  • Urbain trop urbain

    Afin de répondre aux attentes des Parisiens en matière d’écologie et de qualité de vie, la ville de Paris a lancé un appel à projets qui invite à voir l’avenir en vert.

    Paris je t’aime …

    Paris, telle une belle courtisane, s’étire avec paresse sur les bords de la Seine. Pleine de grâce, et sûre de son charme, elle exhibe avec langueur ses trésors impérissables. Mais ses véritables secrets, nichés dans ses méandres les plus intimes, elle ne les dévoile qu’à ceux qui s’y laissent guider par l’amour de la beauté et de la … Stop ! Ceci n’est pas un guide touristique ! Et ce n’est pas non plus ce que vivent les Parisiens au quotidien, en tout cas, cela ne suffit plus à les retenir, ceux d’entre eux qui sont en mal de grands espaces et de verdure. Alors, revenons-y à la réalité du quotidien, aux préoccupations des Parisiens.

    images?q=tbn:ANd9GcQwu11gpkYntltiJB9MkOFy59pxEzONA1P_NjROsYgP8Em3zQdmRgIls aiment leur ville, Ils y sont attachés, mais ils s’accordent souvent à dire qu’on y respire mal, qu’on y circule mal, qu’on y est souvent mal logé et qu’on y mange pas toujours très bien. Bref, ils aimeraient que leur qualité de vie soit meilleure. Alors, ils rêvent de campagne, d’alimentation bio, de logement durable, de biodiversité… Ils voient du bio partout.

    Les édiles de la ville de Paris, soucieux de la bonne santé physique et mentale de leurs administrés, ont donc fini par se dire : « Et si la campagne s’installait à Paris, plutôt que l’inverse ? » Malheureusement, il ne s'agit pas ici de remettre au goût du jour les belles utopies de nos ancêtres, mais Charles Fourier (1772-1837), qui imagina le phalanstère, aurait peut-être soulevé un sourcil approbateur en découvrant l'initiative de nos élus qui, le 29 mars 2013, ont lancé un appel à projets intitulé « Végétalisations Innovantes », en association avec le Paris Région Lab*. Trente des quarante dossiers reçus ont été présélectionnés. Quinze d’entre eux ont trait à l’agriculture urbaine, sept à l’architecture et à la qualité environnementale des bâtiments, cinq concernent la gestion de l’eau et trois la biodiversité.

    « Végétalisations Innovantes »  … Kesako ?

    Que trouve-t-on dans ces projets ? Du vert, du vert, et encore du vert. Leurs concepteurs voient absolument tout en vert, sauf les géants et on ne s’en plaindra pas. La végétalisation y est verticale, horizontale et souterraine. Tout ce qui peut être couvert de végétation l’est. Les murs, les toits, les friches urbaines, les tunnels ferroviaires, les pieds d’immeubles, les trottoirs, les lignes de tramway … Chaque espace s’y prêtant est investi par ces doux dingues qui veulent nous mettre au vert, et nous en faire manger, de la verdure.

    Utopie ou projet d’avenir ?

    Vous voulez peut-être avoir un avant-goût de ce à quoi Paris pourrait ressembler dans un avenir proche. Me croirez-vous si je vous dis que des pleurotes sortiront des tunnels ferroviaires de la petite couronne, que des potagers fleuriront sur le toit de la Générale du Nord-Est dans le 11e arrondissement, qu’on y fera pousser des fraises, des plantes aromatiques, des arbres fruitiers ? On peut aussi s’attendre à voir circuler dans les rues des mini-potagers sur roues ou à s’approvisionner dans des fermes urbaines bio installées sur des toitures et des terrasses. Une application vous renseignera peut-être sur l’adresse du site de compostage le plus proche de chez vous, et vous vous procurerez des fruits frais, donc de saison, dans une forêt fruitière au cœur du 18e. Les graffitis pourraient devenir végétaux, des îlots de dépollution des nitrates sur lesquels on fera pousser des plantes nitrophiles flotteront sur la Seine ou sur le bassin de la Villette. Des bocages urbains en pied d’immeuble filtreront les eaux de pluie avant qu’elles pénètrent dans le sol. Mais ce n’est pas tout, vous pourriez bien vous réveiller avec le chant du coq si, comme le souhaite un porteur de projet, des poulaillers voient le jour dans des copropriétés, des maisons de quartier ou des parcs. On n’y est pas encore me direz-vous. Cela prendra certainement plus de temps pour arriver à ce résultat, si on y arrive, qu’il n’en faut pour le dire. Et encore faut-il que nos élus ne jugent pas ces projets trop farfelus pour être pris au sérieux.

    Quel impact pour les Parisiens ?

    Certes, la question de l’écologie n’est pas une problématique qui peut se réduire à un territoire aussi ciblé qu’une ville, fut-elle une capitale, mais il ne faut rien négliger ; ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières de la planète Terre. Ces projets pilotes, du moins ceux qui seront sélectionnés, seront testés sur une période de trois ans. Ils se veulent participatifs et éco-citoyens. On parle de SCOP, de créations d’emplois et de lien social, de gestion collective. On se soucie des modes de production, on propose des plantations réalisées à partir de déchets produits localement, des cultures alimentées par des engrais biologiques. L’exploitation et la commercialisation en circuits courts de proximité, réduisant le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur, sont à l’ordre du jour. Au-delà des enjeux écologiques, ce qui rejaillit de ces projets, c’est une volonté de développer un modèle économique différent, local, rationnel et humain ; l’humain au service de l’humain. Une entreprise qui, dans la durée, viserait également une plus grande autonomie alimentaire des citadins.

    Des projets vraiment innovants?

    D’où vient ce vent nouveau qui souffle sur la capitale ? Non point un vent mauvais, on ne peut que se réjouir à l’idée de voir la capitale verdir, et perdre au passage quelques degrés en été. Mais regardons chez nos voisins, proches ou lointains. Athènes s’est déjà mis au vert avec ses jardins-refuges implantés sur des terrains en friche du quartier d'Exarchia. A Seattle, un collectif vient de faire l'acquisition d'un terrain de trois hectares pour le transformer en forêt comestible où pousseront fruits et légumes. A terme, elle approvisionnera les habitants de la ville. Des micro-jardins ont vu le jour à Dakar, et à Bangkok, le béton disparaît sous la végétation depuis longtemps.

    Au regard des expériences déjà menées en la matière sur différents points du globe, on est tentés de dire qu’une fois de plus, la France arrive après la bataille, même si celle de l’écologie, espérons-le, n’est pas perdue. Alors plutôt que le vocable « innovant », qui devient indigeste tant il est mis à toutes les sauces, aussi indigeste que « durable », « bio » ou encore « présumé » lorsque les médias parlent d’un coupable, ou d’une victime, peut-être devrions-nous nous contenter d’utiliser le terme « inédit ». En effet, nous sommes à la traîne, alors qu’il y a tant à faire. Ce qui serait vraiment innovant serait que les décideurs s’enhardissent et fassent confiance aux porteurs de projets en adoptant ceux qui aujourd’hui paraissent les plus audacieux, voire les moins réalistes. S’il est un domaine où la compétition serait bénéfique à la population et à la planète, c’est bien celui de l 'écologie. Alors mesdames et messieurs les élus, osez ! Osez soutenir la créativité sans réserve ! Laissez-nous nous enthousiasmer ! On veut y croire à cette utopie toute verte car il y a péril en la demeure. Souhaitons que vous ayez pris toute la mesure du danger qui nous guette et que cette floraison de projets ne se soldera pas par l’adoption timide d’une succession de mesurettes. Les Parisiens ne se satisferont pas d’un pétard mouillé. C’est un feu d’artifice qu’ils veulent car, qu’on se le dise, le 21e siècle sera vert ou ne sera pas.

    *Créé à l’initiative de la Ville de Paris et de la Région Ile-de-France, Paris Région Lab a pour vocation d’accompagner les collectivités dans leurs démarches d’innovation, d'identifier, en partenariat avec les services de la ville, des terrains d’expérimentations pour les porteurs de projets. Voirie, immeubles, équipements municipaux, espaces verts…

    _/_/ Pour illustrer le propos nous avons trouvé cette petite vidéo du Mouvement Colibris qui résume la situation de façon didactique et donne des pistes... 


  • Gare du Nord : la Ville veut revoir l'intermodalité !

    C'est le bazar! Voilà une phrase qui pourrait résumer la situation actuelle sur le parvis de la Gare du Nord...

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanisme

    Depuis l'achèvement fin 2006 des travaux du projet de réaménagement (qui était initialement très alléchant sur le papier), force est de constater que cette zone dite de rencontre n'est pas respectée. Dans une telle zone, le piéton est prioritaire rappelons-le. Les véhicules sont donc censés rouler au pas et ne pas stationner trop longtemps. Les riverains et les usagers conviendront avec nous qu'il n'en est rien.

    Il semble que la Ville de Paris souhaite revoir l'organisation des espaces. Pour cela, elle a fait appel au bureau d'études AREP (sigle pour "Aménagement, Recherche, Pôle d'échanges" et filiale du groupe SNCF, via sa 5e branche Gares & Connexions) dans le cadre de ce projet piloté par le STIF et financé par la Ville.

    C'est par l'intermédiaire d'Elise Fajgeles, adjointe au Maire du 10e chargée des Transports et de l'Aménagement de l'espace public, qu'Action Barbès a été sollicitée par  Gauthier Hitter, architecte urbaniste au sein d'AREP Ville, filiale d'AREP dédiée aux études architecturales et urbaines, pour échanger sur notre perception des abords de la gare. Voici l'essentiel de notre échange.

     

    Quelques mots sur AREP?

    La société AREP a été créée en 1997 et regroupe environ 500 personnes. Nous travaillons plus particulièrement pour des collectivités en France mais également à l'international (pour les gares des villes de Turin, Shanghai, Turin, Wuhan..). Plus près d'ici, nous avons travaillé en 2007 sur la restructuration de la Gare de l'Est dans le cadre de l'arrivée du TGV Est.

     

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanisme

     

    Pourriez-vous nous présenter le cadre de cette étude pour l'amélioration de l'intermodalité aux abords de la Gare du nord?

    Nous sommes dans la phase d’élaboration d’un diagnostic, qui sera suivie d’une phase de programmation et de propositions de pistes d’actions pour une remise d’étude fin février 2014. Dans la première phase, pour bien comprendre le fonctionnement et les dysfonctionnements du dispositif de transports mais aussi des usages urbains, nous rencontrons les différents acteurs présents sur le site. Nous observons ce qui marche mal d'un point de vue urbain et d'un point de vue fonctionnel. Depuis une dizaine d'années, les esprits ont évolué et on a compris (admis?) qu' une place de gare est aussi un lieu de vie, de rencontres. Nous devons  avoir une vision plus globale. On ne peut pas parler de la Gare du Nord sans prendre en compte la future ligne 15, le projet d'aménagement Paris-Nord-Est, le prolongement de la ligne 14 jusqu'à Saint-Denis Pleyel, le tramway T8 prolongé. Ensuite, on décline en fonction des temporalités et des financements. La Ville de Paris relance actuellement une seconde phase de marché sur Paris-Nord-Est. La Direction de l'Urbanisme de la Ville de Paris a une vision stratégique à long terme avec les communes voisines. 

     

    Quels problèmes majeurs avez vous déjà identifiés?

    D'une manière globale, la situation n'est pas satisfaisante. C'est une évidence.

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanismeTaxis: lors de la restructuration de l'espace autour de la gare, on est parti d'un bon principe d'une circulation aisée rue de Dunkerque le long de la gare. Mais on voit bien qu'au quotidien, les usages ont été détournés, voire non respectés et sont donc différents du projet de départ, avec également de nouveaux usages (comme les VTC - Voitures de Tourisme avec Chauffeurs -). De nombreux taxis, après avoir déposé leurs clients devant le parvis ne retournent pas rue de Maubeuge mais reprennent des passagers quelques mètres plus loin.  La circulation n'est pas facilitée par ces mauvaises pratiques (d'autant que des voitures particulières passent aussi par là). On souffre de la grande proximité du boulevard de Magenta souvent saturé. La Gare du Nord ne bénéficie malheureusement pas d'un espace de respiration comme c'est le cas devant la Gare de l'Est. L'idée serait de reconsulter le PC Lutèce pour voir ce qu'on peut améliorer.

    RATP: La gare routière pour la RATP est un vrai plus. Elle ne bénéficie pas d'une vraie gare routière dans les autres gares. Elle y tient donc. Une réflexion sur la circulation et les arrêts sera sans doute à mener.

     

    Les piétons et les cyclistes ne sont-ils pas oubliés ?

    Bien au contraire. Notre démarche est aussi de reparler des piétons. C'est une réelle préoccupation. D'ailleurs, sur les pôles d'échanges, elle est au cœur de la réflexion.

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanisme,gare-de-l-estNous n'oublions pas les modes doux comme les vélos. Avec en toile de fond, l'idée de promouvoir les transports collectifs (On étudie la part modale: façon dont les usagers accèdent aux transports collectifs et aux modes doux, i.e. non motorisés et non polluants, comme les vélos etc.). Nous réfléchissons à une vélo-station avec gardiennage et réparations. L'abri-vélos devant l'entrée banlieue est détourné de son objet et pas vraiment utilisé comme parking deux roues non motorisées. Il serait à revoir.

     

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanisme

     

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanisme,gare-de-l-estIl nous semble indispensable de réfléchir au stationnement des autocars de tourisme, aux porte-huit, à la future restructuration de l'hôpital Lariboisière avec un nouveau bâtiment à l'angle du boulevard de la chapelle.

    Ce sont  des éléments dont je n'avais pas connaissance. Vous faites bien de me les signaler. La partie nord des abords de la gare doit aussi s'inscrire dans la réflexion.

     

    Et la liaison entre les deux gares dont on parle depuis si longtemps?

    paris,gare-du-nord,paris-nord,paris-nord-est,circulation,transports,urbanismeEn 2008 déjà, il y avait eu une étude avec l'APUR. Deux solutions avaient été proposées: une liaison plus technique en sous-sol entre les quais de la Gare de l'Est et l'espace du RER E / Eole (Gare Magenta) et une liaison en surface avec un aménagement sur la rue d'Alsace. Le STIF a récemment lancé un appel d'offres pour une nouvelle étude bipôle Gare de l'Est - Gare du Nord. Notre bureau d'études AREP Ville a postulé. Nous espérons une réponse prochaine positive. On voit bien qu'on est nécessairement dans une dimension plus large.

    La réflexion sur les abords de la Gare de l'Est devrait aussi se faire. Le projet de liaison rapide "CDG Express" est déjà ancien mais devrait finir par émerger. Il peut s'inscrire dans le Grand Paris (avec une remise à plat des transports).

     

    *   *

    Dans le cadre de cet échange fort intéressant, nous avons émis quelques suggestions: pour les motos-taxis, trouver un lieu défini afin d'éviter les stationnements débordants et donc illicites sur les trottoirs. Ce qui éviterait également le racolage devant la sortie de la gare. Rendre la sortie côté Lariboisière, long couloir de béton, plus agréable (éclairage, couleurs, fresques...). Trouver un espace clos pour les chauffeurs de taxis avec toilettes, ce qui éviterait une partie des recoins urinoirs sur la voirie. Travailler avec Vélib' pour un rechargement des stations plus efficaces aux abords de la gare. Imaginer un lien avec le viaduc (métro aérien de la ligne 2).

    Nous avons bien compris qu'il n'est pas question de revenir sur des aménagements récents et coûteux du parvis de la Gare du Nord mais que la situation actuelle doit évoluée positivement. Reste à attendre le rendu de cette étude fin février qui devrait être publique.

    La Gare de l'Est sera également concernée par la suite puisqu’il s'agit d'une étude "bipôle" et pourrait, à ce titre, bénéficier de moyens additionnels pour l'aménagement de ses abords. Nous suivrons cela de près.

  • Château Rouge, ça bouge...

    Le 11 janvier dernier, se tenait à l'Institut des Cultures d'Islam rue Léon une réunion organisée à l'initiative de l'Hôtel de ville sur les problématiques rencontrées sur le secteur Dejean-Château Rouge. Cette rencontre, qui fait suite à celle de décembre dernier en présence d’Anne Hidalgo,  a réuni des représentants du cabinet de la maire de Paris, Michel Neyreneuf et Sandrine Mees (conseillers du 18e), les services de la ville (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection -DPSP-, Services de propreté et de la voirie, Équipe de Développement Local), l'agence Ville Ouverte, des représentants associatifs (La Vie Dejean, Action Barbès) et quelques habitants.

    Dans un premier temps, la parole a été donnée aux représentants de l'Hôtel de ville pour présenter la méthode et le calendrier de l'opération de reconquête de l'espace public sur le secteur Dejean-Château Rouge. L'idée est faire travailler assez rapidement et de concert l'ensemble des services de la ville concernés, en concertation avec les commerçants, les associations et les habitants du secteur. La mise en œuvre de cette approche participative est pilotée par une agence de concertation « Ville Ouverte » (ville-ouverte.com) avec l'appui de l'Équipe de Développement Local (EDL). Pour sa part, L’EDL mène des rencontres avec les commerçants ; une première rencontre a eu lieu le 14 décembre dernier mais pour un secteur limité à la rue Dejean pour l’instant. Des groupes thématiques doivent se mettre en place avec les associations et habitants pour faire émerger des propositions. L’ensemble de ces groupes et les commerçants vont se rencontrer le 6 février prochain pour faire remonter les premières actions /aménagements à mener. Une nouvelle réunion avec Anne Hidalgo est prévue mi-février. L'Hôtel de ville souligne que, dès à présent, un effort est mené par la DPSP notamment avec l’arrivée des nouveaux effectifs. Des aménagements seront assez vite entrepris, par exemple avec l'implantation de bacs végétalisés et il est proposé que ces plantations soient aménagées avec la participation des habitants. Nous avons souligné qu'il faut veiller à ce que l’entretien et le nettoyage soient réguliers pour ne pas donner un sentiment d’abandon, et l’expérience montre que s’il est nécessaire que l’entretien soit régulier pour que cela fonctionne, on ne peut pas se reposer uniquement sur les particuliers pour l'assurer.

    Dans un second temps, la parole a été donnée aux associations et habitants pour une série de remarques et de questions. Les premières remarques ont d'emblée pointé la sous représentation des associations et des habitants (seulement 7 personnes sur la trentaine présente à la réunion), il est répondu que la rapidité d'organisation de cette réunion n'a pas permis de faire venir plus de personnes mais que Ville Ouverte va élargir la base d'habitants consultés, notamment par une présence sur l’espace public pour prendre des contacts directement avec les riverains. Les habitants et commerçants du secteur intéressés à participer à cette concertation sont invités à prendre contact avec l'agence Ville Ouverte en envoyant un mail à cette adresse : tousmobilises@chateaurouge.info

    paris 18e,paris,commerces,chateau rouge,ventes-à-la-sauvette,propreté

    Les habitants ont dit leur lassitude de voir défiler les expérimentations et les interventions de la ville depuis des années sans qu’une amélioration se fasse réellement sentir. Beaucoup de remarques ont porté sur les difficultés de la vie au quotidien pour les habitants de ce secteur. Il a été soulevé la question des commerçants dont la plupart de la clientèle vient de l'extérieur du quartier et du peu d'intérêt qu'ils portent à la qualité de vie du quartier ; des riverains ont évoqué la complicité active de certains commerçants avec les vendeurs à la sauvette ; beaucoup se demandent comment travailler avec eux. Il a été également rappelé que lors de la dernière tentative de réaménagement de la rue Dejean, les commerçants avaient fait preuve d’une opposition farouche à tout changement, défendant leur pré carré.

    Du côté sécurité, il a été demandé que le champ d'action de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) soit plus étendu dans le temps, le soir et le week-end en particulier. La DPSP et la préfecture travailleront en ce sens et de concert a répondu la ville. Plusieurs habitants s'inquiètent du développement de la prostitution de rue, de jour comme de nuit, qui entraîne beaucoup d’intrusions et d'effractions dans les immeubles et les parkings. Ils ont rappelé qu’il faut agir avant tout sur les réseaux qui organisent cette activité et "tiennent" les rues. Plus généralement, les habitants ont donc demandé de faire appliquer la loi, plutôt que de chercher de nouvelles méthodes. Une demande entendue par les élus : "il est important et nécessaire de faire respecter la loi mais il faut aussi agir sur d’autres leviers pour faire perdre les vieilles habitudes".

    Michel Neyreneuf est intervenu pour demander que l’on précise le secteur concerné et a proposé un élargissement du périmètre qui pourrait descendre jusqu'à la rue Marcadet.

    Des habitants ont également proposé que soient menées des actions positives afin de montrer ce qui va bien dans le quartier ; les habitants veulent aussi une meilleure image de leur quartier.

    La position d'Action Barbès

    Nous avons rappelé que le secteur de Château Rouge est un centre d’attractivité commerciale à vocation régionale mais totalement sous-dimensionné pour absorber une partie de l'activité commerciale qui s'y développe, celle du commerce de gros et demi-gros. Les locaux sont souvent trop petits pour l’activité de gros et demi-gros qu’ils abritent et les rues saturées de véhicules de clients, notamment le week-end. Le projet du "Marché des Cinq continents" étant tombé dans l’oubli, cette activité ne sera pas déplacée et il faut donc aborder l’amélioration du cadre de vie du quartier en intégrant cette problématique. Si le commerce est libre, il faut aussi savoir le réguler et en l'occurrence ne pas favoriser ici le développement du commerce de gros. Restreindre l’accès automobile qui participe aux nuisances subies (stationnement anarchique, en double-file ou sur les passages piétons, pour chargement…) est une piste à renforcer sachant que le quartier est très bien desservi par les transports en commun. Au-delà du bien être des riverains, c’est aussi un pas vers le respect des accords de Paris sur le climat. Et un autre pas dans ceux d’Anne Hidalgo pour améliorer l’air que respirent les Parisiens. Il faut aussi être ferme avec les commerçants quant à l’usage qu’ils font de l’espace public : des containers de poubelle et des palettes de produits sont entreposés à longueur de journée sur les trottoirs considérés comme des annexes de boutiques trop étroites. L’idée de mettre à disposition des compacteurs de cartons pour les professionnels, idée qui a été évoquée lors de la première réunion, nous semble contre-productive. En effet,  si un commerçant veut établir une activité de gros, il est dans son bon droit, mais c’est à lui seul de veiller à trouver un local adéquat avec un local poubelles suffisant et correspondant aux besoins de son activité, et non à la ville de pallier ces manques. Il ne s'agit évidemment pas de transformer Château Rouge, de changer son identité à laquelle les habitants sont très attachés, mais de pouvoir y vivre et y circuler comme dans n'importe quel autre quartier de Paris.

  • Campagne législative : une interview de Bastien François

    C'est le 24 mai avec le député sortant de la 18e circonscription de Paris, Christophe Caresche, que nous avions entamé notre série d'articles sur la campagne des élections législatives. Nous restons dans  le 18e  avec le candidat du parti Europe Ecologie Les Verts (E.E.L.V.), Bastien François, qui a répondu très rapidement à notre sollicitation. Prenez la peine de lire jusqu'au bout ce long article, car à l'heure de voter, nous devons le faire en connaissance de cause et ne pas simplement maugréer contre des médias qui ne s'intéresseraient pas à ce qui est important dans la vie des citoyens.

    Et comme nous le répétons souvent, les commentaires sont ouverts à tous, à toutes les idées, toutes les prises de position, dès lors que celles-ci s'expriment dans le respect de la diversité des opinions. A vous.

    Nos questions : 

    - Vous êtes juriste et l'on pourrait dire constitutionaliste, si l'on se souvient de vos engagements aux côtés d'Arnaud Montebourg pour une VIe République. Ces préoccupations sont un peu loin de l'écologie et des problèmes d'environnement même si la constitution, celle à venir, devrait leur faire plus de place. Comment êtes-vous passé de l'un à l'autre ?

    Bastien François : Oui, vous avez raison, cela peut paraître étrange au premier abord. Mais pour moi, et pour tous les écologistes, il y a un très fort lien entre ces deux dimensions, la réforme de notre système politique et la question écologique. Nous avons la conviction qu’il n’y aura pas de transformation économique et sociale réelle et durable, pas de véritable transformation écologique de la société, pas de réponse efficace à la crise sans un profond bouleversement des modes d’exercice du pouvoir, des façons de décider, de participer ou de représenter. La VIe République est bien sûr une façon de corriger les graves dysfonctionnements de la Ve République. C’est un moyen d’établir la responsabilité des dirigeants, une juste représentation politique et un renouvellement des représentants. Mais c’est aussi un instrument démocratique  pour construire ensemble une nouvelle société plus juste et plus respectueuse de l’humain. C’est un outil démocratique pour élaborer collectivement des solutions à la crise économique, sociale et environnementale, des solutions attentives au long terme et au bien commun. Dans ce cadre, j’essaie de mettre mes compétences au service de ce projet de transformation écologique de l’économie et de la société.

    - La 18e circonscription a été redécoupée en 2010 par le pouvoir sortant. Une partie du 9e, quatre bureaux sont désormais rattachés au 18e arrondissement. Que pensez-vous de cette modification ?

    Bastien François : Le découpage des circonscriptions réalisé par la droite visait bien sûr à servir ses intérêts électoraux ! Ce découpage est d’ailleurs particulièrement peu lisible pour les parisiennes et les parisiens qui sont habitués à raisonner par arrondissement et ont souvent un très fort attachement identitaire à leur arrondissement. Mais un député, s’il doit être profondément ancré dans un territoire, ce qui est mon cas, est un élu de la Nation. Je m’adresse donc aux électrices et aux électeurs de la 18e circonscription en pensant qu’ils sont d’abord des Françaises et des Français qui sont frappés, comme les autres, par les effets d’une crise économique, sociale et environnementale qui ne connaît pas les frontières du découpage souvent arbitraire des circonscriptions.

    - Dans la circonscription où vous vous présentez, le député sortant, Christophe Caresche, a également une sensibilité soucieuse des problèmes liés à l'écologie. Il a représenté cette tendance au sein du PS. Mais ces dernières années, il s'est davantage consacré aux affaires européennes. Comment envisagez-vous le rôle d'un député parisien à l'assemblée nationale pour défendre les enjeux écologiques ? Quelles doivent être les priorités ?

    Bastien François : J’ai beaucoup de respect pour Christophe Caresche, mais s’il portait un véritable projet écologique je n’aurais pas besoin de me présenter aux législatives ! Nous appartenons à la même majorité présidentielle – de la même façon que je siège au Conseil régional dans une majorité composée de socialistes et d’écologistes – mais il existe entre nous des différences notables, sur des questions environnementales bien sûr (par exemple sur l’avenir de l’énergie nucléaire) mais aussi plus généralement sur la conception même de l’économie (le PS n’ayant pas encore renoncé aux mirages du productivisme). Nos parcours aussi sont très différents : c’est un professionnel de la politique qui vise à conquérir un 4e mandat de député ; j’ai un métier comme tout le monde, je me présente pour la première fois aux législatives et je suis un partisan farouche de la limitation du cumul dans le temps des mandats électoraux. D’autres points peuvent bien sûr nous rapprocher, comme l’intérêt pour les questions européennes, sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé comme universitaire.

    Mes priorités si je suis député ? Des réponses concrètes et rapides à la crise ! Et d’abord à destination de ceux qui sont le plus dramatiquement touchés dans leur vie quotidienne. Ce sont les catégories populaires qui souffrent le plus de la malbouffe et des maladies qui lui sont liées, de la hausse des factures d’eau, de gaz et d’électricité, de l’insalubrité des logements, des défaillances des transports en commun. Permettre à toutes et à tous de manger mieux, de respirer un air plus sain, d’avoir accès à l’énergie, de pouvoir loger décemment sa famille, de bénéficier de transports collectifs de proximité, c’est lutter en même temps contre les inégalités sociales et contre la crise environnementale. Avec la construction massive de logements, la rénovation thermique des bâtiments, la production d’énergies renouvelables, le développement des transports en commun, des crèches et des structures d’accueil pour personnes âgées, la transformation écologique de l’économie entraîne l’apparition de nouveaux métiers et la création de très nombreux emplois. En favorisant les « circuits courts » entre producteurs et consommateurs, en produisant local pour consommer local, elle reconstruit un tissu agricole et industriel de proximité en France, des emplois durables et non délocalisables.

    - Quels sont les premiers projets de loi que vous souhaiteriez porter si vous êtes élu ? Et puisque vous êtes actuellement conseiller régional d'Ile-de-France, quels sont les travaux qui occupent cette assemblée et que vous soutenez particulièrement ?

    Bastien François : Vous l’avez rappelé, je suis connu pour être un spécialiste des questions juridiques et constitutionnelles. Dans le futur groupe écologiste à l’Assemblée nationale je serai chargé de suivre plus particulièrement ces questions. François Hollande a déjà tracé des pistes essentielles de réforme des institutions, sur le cumul des mandats, le vote des résidants étrangers aux élections locales, l’indépendance de la justice, la réforme du statut présidentiel, la composition du Conseil constitutionnel, etc. Le président de la République a également envisagé d’engager très vite une profonde réforme de la décentralisation.  Au sein de l’Assemblée nationale, je défendrai une nouvelle organisation de l’État, avec un pouvoir fort aux Régions à qui seront données des compétences normatives importantes, couplées au rétablissement d’une véritable autonomie fiscale, l’Etat garantissant de son côté une péréquation fiscale entre régions pauvres et riches. Ce nouvel acte de décentralisation est essentiel, parce que comme le disent souvent les écologistes, s’il faut penser global, il faut agir local.

    Je suis effectivement conseiller régional (mon premier mandat électif que j’abandonnerai si je suis élu député et je serai remplacé alors par la suivante sur la liste élue en 2010). Au Conseil régional, je suis président de la commission Enseignement supérieur et recherche. A ce titre, j’ai beaucoup travaillé pour que les politiques régionales prennent mieux en compte les difficultés quotidiennes et les conditions de vie des étudiant/es. Au sein de la commission des finances où je siège également, j’ai contribué à rendre les dispositifs de financements régionaux plus justes sur le plan social et environnemental. Mais ma plus grande fierté est d’avoir fait adopter, au nom du groupe EELV, une délibération visant à renforcer la démocratie régionale, en expérimentant les budgets participatifs dans les lycées d’Ile-de-France et en créant un « droit d’interpellation populaire » permettant aux Franciliens et aux Franciliennes de saisir par voie de pétition les élus régionaux.

    - Sur le plan national, Cécile Duflot a été nommée à l'Egalité des territoires et au logement et, à ce titre, elle hérite du dossier sur le Grand Paris, que pouvons-nous attendre de cette nomination, et vous-même que souhaitez-vous ?

    Bastien François : Les questions dont Cécile Duflot a désormais la charge sont essentielles. La droite a laissé s’accumuler des situations d’extrême misère qui se traduisent par une explosion du nombre des personnes qui se trouvent à la rue.  Répondre à cette urgence est un impératif moral : un toit, c’est un droit ! Nous sommes tous concernés, et les Parisiens et les Parisiennes le savent malheureusement plus que quiconque. Les loyers dans les grandes agglomérations sont de plus en plus déconnectés des niveaux de salaire d’une majorité de la population. Cette évolution des niveaux de loyer met en péril la diversité sociale de nos villes et organise une véritable ségrégation spatiale selon les niveaux de ressource. Les plus riches restent dans les centres ville, les plus pauvres sont contraints d’aller vivre plus loin. De surcroît, la hausse des charges, en particulier énergétiques, crée une précarité insupportable pour des millions de ménages. L’encadrement des loyers décidé par François Hollande, qui va être mis en œuvre par Cécile Duflot, une politique volontariste de rénovation thermique de l’habitat, la construction massive de logements, en particulier sociaux, la relance des grandes opérations de rénovation urbaine sont quelques-uns des leviers qui doivent être mis en œuvre très rapidement. Ils devront être articulés avec d’autres. Comment agir pour l’égalité des territoires, sans parler emploi, formation, services publics, services aux personnes, santé, éducation, transports, commerces, offre culturelle, sports, fracture numérique, tranquillité publique, et ceci dans l’hexagone comme dans les outre-mers ? Agir sur l’ensemble de ces dimensions contribuera de façon majeure à la transition écologique dont parlait le président de la République dans son discours d’investiture. Ce n’est pas un hasard s’il a confié cette mission à Cécile Duflot ! Et c’est dans cet esprit aussi, que devra être repensé le dossier du Grand Paris. Pas pour tout défaire ! Mais pour en réorienter et en accroître l’ambition. Le Grand Paris est aujourd’hui un projet mal financé, avec une gouvernance confuse, qui ne concerne essentiellement que les transports dans une logique ségrégative de valorisation de certains territoires franciliens au détriment d’autres. Il nous faut en faire maintenant un instrument de renaissance des espaces franciliens, un outil de création d’emplois, de préservation du potentiel agricole, de limitation de l’étalement urbain, de restauration des services publics de proximité. Un Grand Paris oui, mais pour vivre mieux dans un monde plus juste !

    Un clin d'oeil avec le clip de campagne de Bastien François : cliquez...