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  • Huit mois déjà que la Zone est Sous les Projecteurs : ZSP

    C'est une boutade qui illustre malgré tout la situation : mardi dernier, le maire du 18e, dans sa mairie, le préfet de police, le commissaire central, le procureur et l'adjointe au maire de Paris nous ont brossé le tableau de la ZSP Barbès Château Rouge Goutte d'or après 8 mois de traitement particulier.

    Les habitants étaient conviés à entendre la restitution d'un questionnaire distribué à 1200 exemplaires dans le but de recueillir les premières impressions des principaux intéressés. Un bilan des actions et des résultats tant de la police que de la justice devait être présenté à la suite. Nous n'aborderons pas aujourd'hui le nombre de PV ni celui des fermetures administratives. En revanche, nous vous livrons nos propres impressions dans l'ordre : sur la ZSP, sur la méthode et sur la réunion.

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    Myriam El Khomri, adjointe au maire de Paris chargée de la sécurité et Daniel Vaillant, maire du 18e.

    Sur la ZSP 

    La zone de la Goutte d'or Barbès est la première de ce genre que Manuel Valls ait mis en place. Le secteur le méritait bien tant les revendications locales disaient clairement le besoin de tranquillité, le retour au respect des règles et des lois, une amélioration des conditions de vie simplement. Souvenons-nous des conseils de quartier rue Budin chaque fois que ces problèmes faisaient l'objet de réunions plénières, et même quand ils n'étaient pas à l'ordre du jour (voir nos articles).

    Tous les intervenants ont souligné le caractère le plus important de ce dispositif : il est inscrit dans la durée ! ont-ils tous répété. On sait que souvent les interventions policières ont laissé le même chaos après qu'avant, faute de pouvoir changer en profondeur un état dégradé du milieu urbain. Ici, la police est seulement un des acteurs du P1060458.jpgdispositif, certes le plus visible et du même coup le plus critiqué. Que n'a-t-on pas entendu que les CRS regardaient passivement les dealers et receleurs de tout poil agir sans broncher. Pour entendre plus tard qu'il était indigne de boucler le quartier sur deux heures pour prendre dans la nasse les mêmes receleurs. On ne peut pas vraiment reprocher tout et son contraire... Quant à dire que les contrôles ont été fait au faciès... ? en l'occurrence, dans les rues Charbonnière, Caplat, des Islettes et de la Goutte d'Or, ce n'est pas exagéré de dire que la majorité des personnes que l'on y croise sont d'origine africaine, du nord ou subsaharienne. Dans ces conditions, oui, sans doute, les hommes contrôlés ont-ils été majoritairement de type nord-africain ou africain, selon la définition juridique. Pourtant nous avons entendu M. Massena, de l'association Paris Goutte d'Or, se plaindre de bousculade lors de contrôles, lui qui a pourtant le teint clair. Nous croyons comme l'a dit le préfet Boucault que « tout le monde a été contrôlé » entre 14 heures et 16 heures environ et qu'à l'heure de la sortie des écoles, les rues étaient de nouveau libres à la circulation. (voir la réponse du Préfet de police dans notre article du 29 juin) Photo ci-dessus : Bernard Boucault, préfet de police, et Nelson Bouard, commissaire central du 18e et coordonnateur de la ZSP. 

    Pour avoir déjà assisté à des interventions de policiers en faible effectif qui tournent mal, nous comprenons que ce type d'opération ait été montée, et même qu'elles soient renouvelées. Ce n'est pas cautionner la brutalité policière, au contraire nous exigeons que les personnes soient traitées avec dignité et humanité, c'est simplement démontrer que les principes républicains et le respect des lois ont un sens. On ne peut pas vendre à ciel ouvert des produits sous blister ou cellophane, neufs, venus on ne sait d'où... sous les yeux de cars entiers de policiers, qui rongent leur frein et se demandent quel rôle on leur fait jouer. Des habitants ont insisté sur ce questionnement des CRS, notamment, qui ne comprennent pas pourquoi ils sont là... De là, à en découdre, non ! Mais le principe de la saisie, des contrôles et des réponses judiciaires adaptées, oui !

    Sur la méthode

    Elisabeth Carteron a posé la question de la distribution du document dont on faisait là l'étude des réponses. 1200 questionnaires ont été distribués, mais précisément à qui ? Car si le retour n'est pas très satisfaisant, on nous a dit 184 questionnaires retournés, le problème de leur représentativité est encore plus préoccupant. En effet, comment traiter de la même manière un questionnaire envoyé par un particulier habitant et un autre qui fait la synthèse des avis d'une association (c'est ce que nous avons fait) ou d'un professionnel qui rend compte de sa propre analyse. Car le but était « d'obtenir une évaluation de la perception de la sécurité ou de l'insécurité des habitants et des professionnels du quartier Goutte d'Or – Château rouge de façon à prendre en compte les préoccupations des habitants ». Les analystes nous ont donné les caractéristiques du panel ainsi constitué : les répondants sont pour 54% des femmes, 59% d'entre eux ont entre 30 et 60 ans, vivent en couple pour 48% et pour 41% sont des cadres ou des professions intellectuelles, 21% sont des retraités, ce qui n'exclut pas qu'ils aient appartenu à la même classe socio-professionelle. En effet, qui répond à ce genre de questionnaire, surtout s'il est adressé aux intéressés par l'Internet ? Peu d'employés ou d'ouvriers, peu de commerçants, peu de chômeurs.... pourtant nombreux dans ce quartier que l'on dit « populaire ». En effet, 8% seulement des répondants sont locataires de logements sociaux dans ce secteur qui en possèdent tant. D'où la question de la représentativité du panel.

     

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    Le procureur Molins, l'adjoint au maire de Paris Mao Penninou et Philippe Chotard, secrétaire général de l'Hôtel de Ville

    Est-il bien représentatif des habitants de la Goutte d'or ? De ces derniers, comment sait-on ce qu'ils pensent des conditions de vie dans le quartier ? Leur perception de la sécurité ou de l'insécurité, quelle est-elle ? N'auront-ils pas une fois de plus l'impression d'être des habitants de second ordre ? N'est-ce pas pourtant avec eux qu'on doit renouer le contact et notamment retrouver le chemin du vivre ensemble et inventer des solutions aux problèmes de parentalité ? On y vient.

    Sur la réunion

    Après la présentation des résultats, chacun des intervenants a donné son bilan ou son commentaire sur la partie qui lui revient, police ou justice, et vision politique par le maire lui-même et son adjointe à la sécurité. Nous y reviendrons dans un autre article ultérieurement. Toutefois, plusieurs des participants dans la salle ont fait remarquer qu'il était dommage que le volet éducatif du dispositif n'ait pas son représentant à la tribune. Comme si l'on faisait trop de place à l'aspect répression. En effet, Myriam El Khomri a reconnu ce manque et a senti la nécessité de mettre en lumière une approche nouvelle qui permet de répondre vite et autrement à des actes de délinquance ou à des comportements délictueux, notamment chez les mineurs. Chacun le sait, les jeunes sont de plus en plus jeunes à être mêlés aux affaires... vol à l'arraché, vol et recel de téléphones mobiles, vente à la sauvette, dégradations, etc. Le procureur a complété le
    P1060460.JPGpropos en décrivant les réponses judiciaires adaptées, parmi celles-ci les mesures de réparation dont l'objectif est de faire prendre conscience à l'auteur de l'infraction des conséquences de son acte. Le mineur va devoir réparer directement ou indirectement, par une remise en état du bien dégradé, ou un travail compensatoire au profit de la victime ou de la collectivité. Une convention a été signée avec JC Decaux pour réparer les Vélib' détériorés. Voilà pour les délits, mais dans le secteur, les jeunes sont nombreux aussi à manquer de repères, ou carrément en manque d'autorité parentale. Ce sont les parents qu'il faut aider. Le dispositif comprend aussi cet aspect. On nous a promis que la prochaine réunion, dans environ six mois, ferait une part plus grande au volet éducatif. Nous le souhaitons aussi.  
    Photo ci-dessus : François Molins, procureur de la République. 

  • ZSP : des méthodes nouvelles d'échanges entre services

    Zone de sécurité prioritaire

    Jeudi dernier, au commissariat de la rue de Clignancourt, nous pensions participer à une réunion bilan de la ZSP 18e comme annoncé dans l'un de nos précédents articles. Sans doute avions-nous lu trop rapidement l'invitation de Myriam El Khomery, adjointe au Maire de Paris chargée de la sécurité, dans laquelle elle écrivait :

    « Après six mois de mise en place de la Zone de Sécurité Prioritaire sur le quartier Château-Rouge Goutte d’Or Barbès, le commissaire du 18e Nelson Bouard et moi-même souhaitons réunir une quinzaine d’habitants du quartier, dans le cadre de la réunion opérationnelle hebdomadaire des services de Police, comme nous nous y étions engagés lors de la mise en place du dispositif.

    Il nous apparait important de pouvoir avoir cet échange, en présence des différentes directions des services de police. »

    Mise à part Action Barbès, trois autres associations étaient présentes: Cavé-Goutte d'or, Collectif Château Rouge-Goutte d'or, Bol d'or et une dizaine d'habitants représentant leur immeuble, choisis sans doute parmi les lieux les plus sensibles. Nous avons d'ailleurs demandé à Myriam El Khomery comment elle a procédé pour le choix des invités.

    paris,barbès,police,ZSPCôté ministère de l'Intérieur : nombreux policiers du commissariat du 18e bien sûr, responsables des compagnies républicaines de sécurité, brigade anti criminalité, répression du proxénétisme, brigade des stupéfiants, direction de la protection des populations, police régionale des transports.

    Et aussi la direction des douanes, la RATP, la DPP, la DPE, le Parquet.

    Du côté des élus, Myriam El Khomry et Dominique Lamy, adjoint au maire du 18e.

    Il y avait foule, de quoi expliquer la durée de la réunion : le commissaire Bouard la clôturera en effet presque 4 heures plus tard ! Remercions ici l'ensemble des participants pour leur disponiblité.

    Alors la ZSP, ça change quoi ?

    Nous ne ferons pas ici un compte rendu détaillé qui serait fastidieux pour le lecteur. Vous imaginez facilement les pages de notes prises en 4 heures !

    Chaque service devait exposer ses actions, faire part des résultats obtenus lors des 15 derniers jours (les réunions initialement hebdomadaires sont devenues bimensuelles depuis avril) : contrôles administratifs qui aboutissent à des fermetures de commerces, avertissements, PV, procédures...

    Gros travail sur les commerces qui ne respectent pas les règles, les ventes d'alcool illicites, de nuit par exemple qui entraînent alcoolisme et nuisances sonores, puis urines sur l'espace public? Rappels à l'ordre, PV, procédures : un suivi très sérieux est mené.

    Et aussi saisies, lutte contre diverses fraudes, répression du proxénétisme, lutte contre les trafics de stupéfiants, interpellations... Autant d'actions que le riverain ne voit pas forcément.

    220px-Police-IMG_4105.jpgMais la ZSP, c'est également des actions de prévention qui n'ont été évoquées que brièvement car ce n'était pas l'objet d'une réunion opérationnelle.

    Le volet prévention existe cependant. Quatre groupes de travail sont actuellement constitués : éducation/parentalité - emploi et insertion professionnelle avec le suivi d'une quarantaine de jeunes) - prise en charge sanitaire et sociale des toxicomanes en lien avec les associations - prévention de la récidive piloté par le Parquet. Pour aider à la mise en oeuvre de ces actions, une enveloppe de 70 000 € a été donnée par l'Etat.

    « Six mois de mise en place ne permettent pas d' avoir des résultats tout de suite et sur tout » a rappelé l'adjointe à la sécurité répondant ainsi à l'exaspération d'habitants qui ne voient pas d'évolution positive.

    Ce qui est sûr, c'est que les méthodes de travail ont changé, les services se rencontrent et collaborent étroitement, associatifs et habitants sont invités et écoutés. Difficile de dire que rien ne change !

    Nous pourrons ainsi vous donner régulièrement des nouvelles du dispositif. Et même, nous le souhaitons ardemment, vous donner des signes tangibles d'améliorations concrètes. Nous n'en sommes pas encore là. Il faudra être patients, on travaille désormais dans le moyen terme. Ça aussi, c'est nouveau ! Pour terminer voici encore une annonce encourageante : un partenaire supplémentaire va entrer dans le dispositif ZSP, c'est la Direction générale des Finances avec ses contrôleurs pour débusquer la délinquance financière, les abus, le travail au noir, l'exploitation des plus fragiles...

  • Conseil de quartier et ZSP à la Goutte d'Or

     Hier soir, le nouveau commissaire divisionnaire du 18e, Nelson Bouard, tenait le haut de l'affiche. En place depuis peu dans le quartier, il a su expliquer aux nombreux habitants qui étaient présents à l'école de la rue Budin, de surcroît avec force détails, le dispositif novateur : une zone de sécurité prioritaire, la fameuse ZSP. Nous vous en avons beaucoup parlé ici depuis qu'elle a été officiellement présentée en septembre, puis un peu plus tard à la mairie du 18e aux acteurs de la vie locale, et enfin hier aux habitants de la Goutte d'Or, avec la présence de Myriam El-Khomri, adjointe au maire de Paris chagée de la sécurité et de la prévention, le vice-procureur Abdel Hakim Mahi et Dominique Lamy, élu du 18e président du conseil de quartier.

    Il ne faut pas croire que l'affaire est réglée parce que une demi-CRS par-ci et une demi-CRS par là patrouillent par groupes de trois hommes à longueur de temps. Toutefois accordons aux autorités, mairie et préfecture, que le dispositif est ambitieux, que les moyens en hommes sont là, que les méthodes ont été repensées, elles se veulent harmonisées, que la coordination est menée par le commissaire central du 18e, avec rigueur et volonté d'aboutir. On travaille dans le temps, avec du temps, des moyens et des objectifs. On nous a même parlé de vérifier régulièrement les résultats en face des objectifs visés. Il y aurait donc une exigence de résultats. Voilà qui est nouveau.

    Les habitants ont semblé sceptiques mais, malgré tout, désireux de laisser du temps aux autorités pour faire leurs preuves. Il ressort comme toujours un fort attachement au quartier, et des regrets sur la dégradation de la situtation environnementale, nuisances sonores, malpropreté, débordements de toutes sortes, etc. mais chacun s'accorde pour dire que le quartier est toujours très vivant.

    Le commissaire a fait état d'une interpellation récente qui montre que l'action de la police porte ses fruits. Je vous retranscris l'information telle qu'elle est relatée sur le site de la Préfecture de Police :

    Lutte contre la contrefaçon1367656419.jpg

    Il s’agit de l’un des objectifs pour les policiers de la ZSP Barbès/Château rouge (18e). Dans ce cadre, le 13 décembre, la brigade des enquêtes d’initiative locale (BEI 18) a interpellé une ressortissante étrangère préalablement identifiée comme fournisseur des revendeurs de rues du quartier.

    Ont été saisies près de 1 392 contrefaçons dans ses entrepôts situés rue des Poissonniers : 217 montres, 109 ceintures, 42 sacs, 21 sacoches, 426 paires de lunettes, 348 casquettes, 89 foulards, 75 portefeuilles et 65 porte-monnaie.

    Le service de l’accueil et de l’investigation de proximité local (SAIP 18) a été chargé de la poursuite de l’enquête.

    A 21 heures passées, Dominique Lamy a clos la réunion en soulignant l'ambiance apaisée des échanges, sans se cacher les problèmes qui demandent des solutions vraies, et en rappelant aux oublieux tous les changements qu'a vécu le quartier, ces dernières années, balayant rapidement l'espace public, la disparition des immeubles insalubres, le relogement des familles dans le même quartier. On est sur la bonne voie, mais il reste beaucoup à faire, et comme l'a dit une habitante, il reste à bâtir un projet dans lequel les habitants pourront s'investir pour garder la singularité de leur quartier, divers et vivant.