Il fallait faire preuve de patience pour entrer dans la mairie du 10e, mardi 12 avril (plan vigipirate oblige), afin d'assister à la réunion sur l'ouverture prochaine de la salle de consommation dans l'arrondissement.
Ce n'était un mystère pour personne qu'il y aurait foule et que les opposants au projet ne se feraient pas discrets.
Une salle comble comme on peut voir
Le maire du 10e Rémi Féraud a lancé la réunion en rappelant le vote récent de la loi et les deux objectifs essentiels du projet à savoir : prise en charge des toxicomanes et tranquillité des riverains.
Après une phase de travaux pour l’installation du local, le lieu devrait ouvrir à l'automne.
Invités à la tribune, Bernard Jomier et Colombe Brossel, tous deux adjoints à la maire de Paris chargés respectivement de la santé et de la prévention et de la sécurité; Danièle Jourdain Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca); Elisabeth Avril de l'association Gaïa avec qui nous avions organisé en début d'année deux réunions avec des riverains au café Ambroise Paré (voir notre article); une représentante du préfet de police, Florence Vorspan médecin du service de psychiatrie et d'addictologie à Fernand Widal et Marie-Jouffret Roustide chercheuse à l'Inserm.
Après un début difficile lors de l'intervention de Bernard Jomier interrompu sans cesse par des opposants peu respectueux et venus de toute évidence dans le but de perturber la réunion, des échanges ont pu avoir lieu entrecoupés d’applaudissements et de huées selon les propos et les interlocuteurs.
Les points importants
La Mildeca sera chargée de coordonner l'expérimentation au niveau national : pour rappel, une deuxième salle doit ouvrir à Strasbourg et Bordeaux est volontaire pour une troisième.
Côté sécurité, "la ville de Paris sera attentive à ce que les moyens humains pour la police du 10e soient à la hauteur des enjeux" a martelé Colombe Brossel en réponse aux interrogations de riverains pas forcément opposés mais inquiets. Les agents de la ville (propreté, environnement, prévention) intervenant dans le quartier suivront une formation.
La salle de consommation comprendra 12 places d’injection et 4 places d'inhalation, un espace de repos et de petite restauration, un espace médical et un espace pour des entretiens éducatifs et sociaux. Elle pourrait ressembler à la photo ci-dessous. Elle sera ouverte de 13h30 à 20h30. Pas suffisant ont protesté des habitants qui trouvaient dans le même temps le coût de 1 million d'euros trop élevé.
Les actions seront aussi à l'extérieur avec des maraudes, une médiation avec les riverains, une sensibilisation auprès des usagers. Une ligne téléphonique dédiée sera mise en service pour les riverains et la police.
Un Comité de voisinage sera mis en place avant l'ouverture, probablement avant l'été. Il permettra de réunir les acteurs du projet, des représentants d'associations d’habitants, de parents d'élèves et du conseil de quartier mais aussi la SNCF, les sociétés de parking notamment. Des élus des arrondissements voisins (18e et 19e) y participeront également.
Quelques chiffres
On sait que la population toxicomane du quartier Lariboisière est constituée essentiellement de personnes en très grande précarité. 33% sont SDF, 31% sont en hébergement précaire.
On ramasse 190 000 seringues sur une année pour les trois distributeurs de la rue de Maubeuge et du Boulevard de la Chapelle.
oOo
Après deux heures d'échanges parfois vifs, le maire s'est engagé à augmenter les moyens de la propreté dans le secteur et a rappelé les projets en cours qui devraient apporter une vision plus positive comme la Promenade Urbaine de Barbès à Stalingrad, la construction du nouvel hôpital Lariboisière et les projets de transformation de la Gare du Nord.
Une prochaine réunion publique devrait se tenir avant l'ouverture de la salle de consommation.