GAIA, l'association qui gère la salle de consommation à moindre risque (SCMR) organise des journées "portes ouvertes" (attention dernière visite le 15 décembre) pour permettre aux riverains mais aussi à toutes les personnes intéressées par la visite de la salle qui fonctionne depuis le 17 octobre dernier.
Nous y sommes allés un jeudi matin et la première surprise fut de trouver tant de monde. Il y avait là quelques riverains, des personnes intéressées car cette salle est une première en France et aussi des personnels et étudiants de Santé venant s'informer.
L'équipe de GAIA, Elisabeth Avril sa directrice en tête, accueille les visiteurs et par petits groupes la visite commence.
Nous vous avions déjà parlé rapidement des principes de fonctionnement de la salle dans un article de janvier dernier. En équivalent temps plein, ...
... l'équipe GAIA est constituée de huit éducateurs, 3,5 infirmiers, un coordinateur, 0,5 agent administratif, un agent de sécurité, un assistant social et bien sûr deux médecins à mi-temps. Il faut bien voir que ce n'est pas trop, tout le personnel n'étant pas là en même temps puisque la salle est ouverte de 13h30 à 20h30 en continu 7 jours sur 7 et qu'elle assume 160 passages par jour en ce moment.
Le schéma de fonctionnement est le suivant :
Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Tout commence par un hall d'accueil où l'usager de drogue doit se signaler et s'inscrire si c'est sa première visite (pseudo et année de naissance suffisent). On lui demande quel est son produit (injection ou krack à inhaler) et on lui délivre un numéro.
Le comptoir d'accueil
Il passe alors en salle d'attente. C'est un peu comme à la sécurité sociale, il y a un compteur et lorsque son numéro s'affiche, il passe en salle de consommation.
La salle d'attente avec son compteur
Là, l'usager est en contact avec une personne qui lui délivre le matériel stérile nécessaire à son injection ou le dirige vers la salle pour fumer le krack.
Le comptoir où est délivré le matériel stérile d'injection
Salle fermée pour fumer le krach
Une fois l'injection faite, l'usager doit nettoyer. Le personnel de la salle passe derrière pour contrôler que tout est bien en ordre.
La salle d'injection
Pour ceux qui souhaitent s'injecter avec plus de sécurité, les infirmiers de GAIA peuvent aider et alors on s'isole dans un coin spécialement prévu pour cela.
La salle d'injection est contiguë à une salle médicalisée en cas de problème. L'usager peut y recevoir des soins mais aussi faire le dépistage des virus HIV et hépatite C.
La phase suivante du parcours est le passage en salle de repos.
La salle de repos est une vaste pièce où les usagers peuvent bien sûr se reposer mais aussi lire, engager des démarches administratives avec le personnel GAIA (un ordinateur est dédié à cette tâche), manger, ....
Une fois en capacité de repartir, l'usager quitte la salle sans croiser les entrants. Chaque porte est marquée d'un signe sens-interdit pour bien marquer le sens du parcours.
Egalement contiguë à la salle d'injection se trouve un bureau où des entretiens particuliers et bien sûr confidentiels peuvent avoir lieu.
Bien conçue, bien aménagée, gérée par un personnel compétent, il faut encore attendre un peu pour voir si elle va permettre une amélioration des conditions de vie des riverains.
Commentaires
Beau reportage sur l'intérieur, merci.
Pour ce qui est de l'extérieur, oui, il faut attendre encore un peu... :-) Tout est encore trop neuf.
Les hurlements & rixes tous les jours, d'un bout à l'autre de la rue Ambroise Paré au beau milieu de laquelle je réside, comme le trafic là comme dans les rues alentour ont tendance à s'intensifier au vu (et à l'oreille) de tous. Le vigile de la salle est une aide réelle quand on le sollicite - il y a 2 jours encore (mais personne hors des heures d'ouverture de la salle, notamment après 20h30, dès la fermeture, quand ça s'échauffe bien).
Rien à redire sur le professionnalisme de l'équipe Gaïa, fort sympathique, qui plus est (tous). Je m'interroge uniquement (et de plus en plus) sur la suite pour l'au-dehors : nous sommes en hiver et c'est déjà bien agité (avec des usagers inconnus au moins des riverains, qu'on ne voyait pas stagner ou passer et repasser dans la rue auparavant).
Qu'en sera-t-il au printemps ?
C'est alors seulement que nous saurons si la salle aura permis une amélioration, que j'espère (ou l'inverse, que je crains).
Bon week-end,
Merci pour toutes ces infos. Comme le dit le commentaire ci-dessus, on verra quels sont les résultats réels. N'ayant pas obtenu de réponse sur votre page Facebook, je me permets de reposer une question. Quand vous écrivez : "Pour ceux qui souhaitent s'injecter avec plus de sécurité, les infirmiers de GAIA peuvent aider et alors on s'isole dans un coin spécialement prévu pour cela", cela signifie que les infirmiers eux-mêmes peuvent, en cas de demande, procéder aux injections ?
@JD : non, le personnel de GAIA ne procède à aucune injection. La question ici est purement technique : comment procéder à une injection sans créer des problèmes annexes tels qu'infection ou plus grave blessure difficile à traiter. Il faut bien comprendre que pas mal de personnes venant s'injecter sont dans un état sanitaire difficile. GAIA conseille, pas plus.
Merci bien pour cette précision.