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Salle de conso : première réunion du Comité de Voisinage

Un comité de voisinage, c'est le nom donné à Paris pour le comité que définit le cahier des charges national relatif à l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque (SCMR) dans l'arrêté du 22 mars 2016.

Quelle est sa fonction exacte ?

Il a pour fonction « de favoriser la discussion, l'échange d'informations, d'assurer la coordination entre tous les acteurs, de prendre en compte les constats et préoccupations des riverains et d'examiner les éventuelles difficultés d'organisation ou de fonctionnement de la structure dans son interaction avec le quartier et les faire remonter au Comité de Pilotage parisien quand les difficultés ne peuvent être résolues à l'échelle du Comité de Voisinage. » (Extrait de la Charte du Comité de Voisinage de l'expérimentation d'une SCMR à Paris 10e).

Pour que vous sachiez dans un premier temps ce qu'est cette instance à laquelle nous participons en tant qu'association de quartier, parmi de nombreux autres membres.

La Mairie du 10e avait donc maintes fois dit qu'elle ne laisserait pas les habitants sans information, et malgré le mécontentement affiché sur les garde-corps dans les rues Ambroise-Paré et Guy-Patin, la salle de consommation à moindre risque a poursuivi son chemin, les travaux touchent à leur fin, l'ouverture est programmée dans quelques jours, et la réunion tant attendue a eu lieu le 3 octobre.

Une réunion importante, la première du Comité de Voisinage, et une première tout court puisqu'ici, dans le 10e, nous expérimentons — en même temps que Strasbourg qui conduit un processus semblable de salle de consommation — une approche différente des conduites addictives et un accueil des usagers de drogues est proposé dans une structure où ils seront autorisés à consommer, contrairement à ce qui se fait dans les CAARUD existants (Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues ).

Qui participe au Comité de Voisinage ?

Beaucoup de monde ! On y compte cinq groupes de personnes, ou collèges.

  • Le collège des habitants et de leurs représentants associatifs ou conseils de quartier, ou de parents d'élèves des établissements scolaires du quartier

  • Le collège des institutions ou entreprises locales, qui comprend la Préfecture de Police, la Justice, l'Hôpital Lariboisière, les gérants de parkings, la RATP, la SNCF, les services de la Ville impliqués

  • Le collège des acteurs du projet SCMR, à savoir toutes les associations qui travaillent sur les situations d'addictologie dans le quartier, comme Gaïa — qui va gérer la salle —,ARC75, Aremedia, Aux Captifs la Libération, B10 Beaurepaire, Coordination Toxicologie, EGO, SAFE

  • Le collège des élus siège également de droit : le maire du 10e et les adjoints impliqués, un représentant par groupe politique présent dans le 10e, un élu des 18e et 19e délégué à la toxicomanie, et des représentants de la Maire de Paris, de l'adjoint à la Santé et de l'adjointe à la Sécurité.

  • Le collège des institutions de Santé et des conduites addictives, comme l'Agence Régionale de Santé, l'AP-HP, l'Inserm, la Mildeca, la Mission métropolitaine des conduites à risques

Il est envisagé plus tard d'accueillir également des représentants des usagers de la salle de consommation dans un sixième collège.

Il est prévu de réunir le Comité de Voisinage tous les 6 à 8 semaines, mais, comme l'a précisé Rémi Féraud, maire du 10e et président de ce Comité, cette fréquence est modulable en fonction de l'évolution du projet, en fonction de la demande locale, des difficultés éventuellement rencontrées.... L'ordre du jour sera communiqué aux participants, mais également ouvert à ceux-ci, sur simple transmission préalable (au moins 7 jours à l'avance) du point qu'ils voudront voir débattu. Ce qui en clair signifie, qu'un habitant x ou y, taraudé par une question concernant la salle, pourra transmettre sa question via le représentant du Conseil de Quartier, ou de l'association de son choix qui siège au Comité. A savoir également, les compte-rendus des réunions seront mis en ligne sur le site de la mairie du 10e.

Nous ne pouvons aujourd'hui donner des détails de fonctionnement sur une expérimentation qui n'est pas encore engagée. Nous avons à plusieurs reprises déjà renseigné nos lecteurs sur la base du projet porté par l'association Gaïa et décrit par le menu par le docteur Elisabeth Avril, présidente de l'association Gaïa avec laquelle nous avons maintenu d'excellentes relations tout au long des années qui ont précédé l'ouverture de la SCMR. Nous nous félicitons de voir son ouverture imminente et dans de bonnes conditions. La qualité des débats et le climat serein qui ont présidé à cette première réunion sont certainement un gage de succès. C'était aussi le sens de l'intervention d'Anne Souyris, du groupe EELV, qui rappelait que « ce Comité est la clé de la réussite de la salle. La place des usagers est évidemment centrale, mais il faut trouver le point d'équilibre pour que la salle soit efficace, comme cela a été le cas ailleurs. »

Les associations qui étaient hostiles à l'ouverture de la salle, n'ont pas manqué de rappeler que des précisions sur l'organisation générale de la salle seraient les bienvenues, et ont réclamé un droit d'alerte pour une réunion extraordinaire du Comité en cas d'urgence. Soutenues par l'élue Les Républicains, Deborah Pawlik, elles ont certainement apprécié que cette dernière souligne le caractère tardif de la première réunion du Comité de Voisinage, ou encore qu'elle réclame, en ouverture des réunions du Comité de Voisinage, la mise à disposition des comptes rendus des réunions du Comité de pilotage parisien — l'instance supérieure à notre Comité de Voisinage — , qui, lui, est placé sous la responsabilité de la mission ministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, comprend des représentants de la Santé, de la Justice et de l'Intérieur et assure le lien entre les comités locaux ainsi qu'un suivi régulier de la mise en place des différents projets (pour l'instant au nombre de deux).

Nous avons été agréablement surpris du ton très respectueux des échanges. Malgré des critiques feutrées, le maire a répondu à toutes les questions des habitants présents, y compris ceux dont les fenêtres donnent sur la future salle de consommation et qui ne sont pas tranquilles. Nous pensons comme lui que les scènes ouvertes de consommation, qui ne sont pas rares, ou les injections faites entre deux sas de parking — les gérants ont accueilli avec un certain espoir l'ouverture de la salle — seront à terme, pas tout de suite, mais lentement, absorbées par le changement de comportement des usagers et par la fréquentation de la salle. Laissons-leur le temps de se l'approprier.

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Quelques mots sur le fonctionnement à l'intérieur de la salle

C'est Elisabeth Avril qui a décrit le fonctionnement de la salle. Le bâtiment est intégré dans l'hôpital Lariboisière mais entrée et sortie des usagers se feront directement sur la rue Ambroise-Paré. L'accès se fait par une grille qui ouvre sur une petite cour de laquelle on entre dans la salle. Au guichet d'accueil a lieu un entretien pour faire le point sur la personne (on ne prend pas l'identité des usagers mais simplement leur prénom et leur date de naissance, qui suffisent à tenir des panels santé pour Gaïa), et pour lui transmettre le règlement de fonctionnement de la salle lors de sa première visite, règlement qu’il doit accepter et signer. Une fois admis, l'usager montre le produit qu'il est venu consommer. Le Dr Avril rappelle que Gaïa ne fournit pas de substance mais seulement les matériels d'injection stériles.

La salle est pourvue d'un bureau de l'assistant social, d'un bureau pour les activités d'insertion, d'un espace de repos, et d'un espace dédié à l'injection ; le passage ne se fait que dans un sens, toujours en marche avant, il est impossible de revenir sur ses pas pour une seconde injection, par exemple.

Au niveau du personnel, les équipes sont recrutées et formées. Elles se composent d'une coordinatrice — que nous connaissons bien aussi, c'est Céline Debaulieu — , de 8 éducateurs, d'un demi-temps médecin (½ TP), d'un assistant social, de 3,5 TP (temps plein) infirmiers, et de 2 agents de sécurité. (en tout 4 agents sont formés pour assurer correctement le roulement.) La salle est ouverte 7 jours sur 7 de 13h30 à 20h30 et 400 passages par jour sont possibles à terme. Le planning n'a pas été facile à réaliser, mais Gaïa connaît ces problématiques de service en continu, puisqu'elle en gère depuis 1997 sans un jour de fermeture.

Des maraudes quotidiennes viendront compléter le dispositif, le matin et deux fois par semaine en soirée, dans le quartier, au périmètre élargi pour répondre à certaines questions des habitants du côté de Saint-Vincent de Paul et du square Cavallier-Coll. Elles favoriseront la sensibilisation des usagers de drogues à l'existence de la salle. On fera tout pour les convaincre du bénéfice qu'ils peuvent y trouver, voire du confort d'une injection sans stress. L'invitation à fréquenter la salle se fera aussi par le truchement des Caarud et de toutes les associations qui travaillent dans le quartier et viennent en aide aux usagers de drogues. Par ailleurs, les maraudes seront aussi l'occasion de rencontrer les habitants, les commerçants du quartier, d'entendre leurs paroles, leurs doléances, répondre à leurs inquiétudes. Un numéro de téléphone de contact sera largement diffusé.

Un point de fonctionnement a fait l'objet d'un échange plus long entre les opposants et les promoteurs de la salle, peut-être un écueil ou une mauvaise compréhension. Le président de l’association Vivre Gares du Nord et de l’Est a demandé l'affichage de fiches de procédure en cas d'événements non ordinaires... D'un côté, le Maire a rappelé que la Comité de Voisinage n'est pas un organe de contrôle, donc hors champ de compétences, et de l'autre, le Dr Avril a souligné que les protocoles sont bien sûr écrits, le règlement de fonctionnement aussi, mais que des fiches de procédures sont hors de question. Le traitement de chacun des usagers relève de la compétence des personnels présents et formés à ces fins.

Et à l'extérieur, que se passera-t-il ?

Elisabeth Avril mentionne la présence d'un agent de sécurité en permanence, comme un point supplémentaire de bon fonctionnement vis-à-vis de l'environnement. Plusieurs caméras ont été installées vers l’espace extérieur et sont reliées directement au PC de sécurité de l’hôpital Lariboisière. Par ailleurs, le commissaire adjoint du 10e, Loïc Hardy, informe le Comité que des renforts sont prévus et attendus d’ici à la fin de l’année, affectés au commissariat du 10e, et qu'en conséquence la Brigade de sécurité du territoire (BST) qui patrouille régulièrement sur ce quartier, verra ses effectifs renforcés (au-delà des 25 hommes d'origine). Quant à leur mission, le commissaire ne souhaite pas en dire plus sur le périmètre de tolérance autour de la salle, des produits et de leur quantité autorisés, pour respecter la consigne du Procureur de la République. Le Maire en fera de même, malgré une légère tension entre élus de la majorité et de l'opposition dont les avis divergent sur ce thème. Nous n'en saurons pas plus et chacun tiendra sa langue. La date de la prochaine réunion a déjà été fixée au 21 novembre.

Encore un mot sur l'ouverture de la salle, une journée porte ouverte est prévue le 12 octobre de 13h à 20h. Ce sera l'occasion pour chacun de se faire une idée des lieux.

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