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Salle de conso : Comité de voisinage n°3

Le 3ème Comité de voisinage dans le cadre du suivi du projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR) s'est tenu le jeudi 26 janvier à la mairie du 10e arrondissement. Nous vous donnons ici l'essentiel de ce qui s'y est dit. Pour les personnes particulièrement intéressées, notez que les compte-rendus complets de ces réunions seront mis en ligne sur le site de la mairie du 10e, certes avec un certain décalage puisqu'il faut que ces documents soient approuvés d'une réunion à l'autre. (lien avec la page de la mairie du 10e dédiée au sujet)

Tous les acteurs concernés étaient présents avec même la présence du nouveau commissaire du 10e arrondissement. L'ordre du jour consistait essentiellement en un point de la situation par l'association Gaia qui gère la salle d'injection et d'un point de situation du quartier avec les évolutions constatées.

Gaia a remis en séance des tableaux de chiffres à propos de la fréquentation de la salle pour chaque mois depuis son ouverture (octobre 2016) et des statistiques de fréquentation pour les lundis et samedis.

A la fin octobre, l'espace Gaia comptait 234 inscrits et 547 au 23 janvier. Le nombre de passages mensuels a beaucoup augmenté, passant de 1467 fin octobre à 3184 fin décembre, ce qui en cumulé donne 7211 passages fin décembre (autant d'injections qui ne se sont pas faites dans la rue souligne Gaia). Le nombre d'usagers différents sur le mois est aussi intéressant : 234 en octobre et 390 en décembre. La fréquentation quotidienne est d'un peu moins de 200 passages pour une centaine d'usagers. 80% des personnes qui passent par la salle sont des hommes. La très grosse majorité des produits consommés sont des médicaments type Skénan détournés de leur usage. Cocaïne et héroïne sont nettement moins utilisées. Gaia constate donc que le profil des personnes venant à la SCMR est quasiment le même que celui des usagers de drogues fréquentant le quartier avant l'ouverture de la salle. Il convient de noter une assez forte présence de russophones (Géorgiens, Ukrainiens, Russes). Gaia fait appel à des services de traduction par téléphone pour communiquer avec ces usagers. Sur une question de Déborah Pawlick, Conseillère de Paris (LR), Gaia précise qu'il n'y a pas eu d'incident médical majeur, juste une convulsion qui a pu être traitée dans la salle. Pas d'overdose non plus. Avec tous ces chiffres, Gaia confirme que la montée en puissance de la SCMR se fait suivant ses plans.

Au delà des données statistiques, il faut considérer aussi le traitement social proposé aux usagers de drogues, ceux-ci étant la plupart du temps dans une situation plus que précaire. Gaia précise d'abord qu'elle a effectué quelques consultations médicales, des soins mais aussi des dépistages VIH (21) et hépatite C (16). L'équipe en place prend petit à petit ses marques et organise des accompagnements individuels souvent très complexes avec des personnes très fragilisées. L'essentiel des problèmes sont liés à l'hébergement des usagers SDF. Gaia travaille avec la Direction Régionale et Interdépartementale de l'Hébergement et du Logement (DRIHL) qui est un Service de l'Etat et a exprimé ses besoins pour 2017. Le représentant de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA), confirme que le préfet de Région a demandé aux Services de l'Etat d'apporter une série de réponses en matière d'hébergement. Il précise que le préfet de Région accompagnera sur le plan social le travail remarquable de Gaia.

Les maraudes, antérieures à l'ouverture de la salle, continuent. La SCMR permet d'avoir des contacts de meilleure qualité avec les usagers rencontrés dans la rue. On constate même la venue de gens qu'on ne pensait pas y voir au départ. Les maraudes servent aussi à maintenir le contact avec les riverains, notamment les gardiens d'immeubles et les commerçants. Gaia constate de bonnes réactions de leur part et garde le lien.

Sur une remarque d'une association de quartier à propos de la consommation répréhensible de crack, Gaia précise que la poly-consommation de drogues par les usagers est chose courante depuis longtemps. Ce point est confirmé par le représentant de la MILDECA qui indique qu'un dispositif spécial a été mis en place entre la police et les douanes pour contrôler ce trafic de crack. La multiplicité des produits est absolument la règle. L'adaptation est nécessaire. Les modes de consommation et les modes de livraison des trafiquants évoluent sur internet ; les produits arrivent pas la poste, ou des livreurs livrent au domicile des consommateurs. La SCMR ne vise pas à lutter contre ces trafics. La politique de réduction des risques doit aller bien plus loin que la salle, qui ne doit pas porter la responsabilité de lutter contre cette évolution.

Le nouveau commissaire fait le point des actions de la police et de la situation telle qu'il la voit. La police ne constate pas de points de fixation particuliers. Les renforts, assez nombreux, sont là et permettent un dispositif de surveillance renforcé. Les policiers indiquent fréquemment l'adresse de la salle d'injection aux usagers de drogues. La surveillance des lieux de trafics fait l'objet d'une attention spéciale mais la police ne constate pas d'augmentation de ceux-ci, même en ce qui concerne le crack. Le commissaire fait remarquer que la surveillance vidéo est importante autour de la salle, pas moins de 7 caméras 24h sur 24. La SCMR n'engendre pas de trafics dans le 10e arrondissement. Ceux-ci sont liés aux gares. D'importantes saisies sont faites à la gare du Nord régulièrement. Enfin, il est à noter que les contacts entre les usagers de drogues et les policiers sont assez bons.

La Direction de la Propreté et de l'Eau de la Ville de Paris ne constate pas d'augmentation du nombre de seringues usagées dans la rue. Ceci est en lien avec les informations données par l'association SAFE qui confirme qu'il y a de moins en moins de matériel usagé dans l'espace public depuis l'ouverture de la salle. Néanmoins, SAFE reconnait que la sanisette en face de l'hôpital est toujours utilisée comme "salle de shoot" lorsque la salle est fermée. L'ouverture de la salle correspond à une baisse tangible de la quantité de matériel diffusé par les distributeurs dans la rue : moins 25% boulevard de La Chapelle et moins 30% rue de Maubeuge, ce qui fait que les distributeurs ne sont plus jamais vides comme cela était souvent le cas avant l'ouverture de la salle.

Les interventions des associations de quartier et de collectifs de riverains font ressortir quelques points longuement discutés. Les plus importants sont la présence et de la consommation de crack et la distribution de matériel stérile à l'entrée de la salle. Gaia redit que seuls les injecteurs sont autorisés à venir dans la salle mais que la poly-consommation est un fait , "c'est cette réalité là qu'il faut gérer". Le commissaire précise que les personnes qui détiennent seulement du crack sont mis systématiquement en garde à vue à la demande expresse du procureur de la République. La diffusion de matériel stérile par la SCMR n'ayant pas fait l'objet d'une information précise avant son ouverture est sujette à contestation par une association de riverains, contestation confortée par Deborak Pawlick. L'analyse juridique de la loi Santé de 2016 autorisant à titre expérimental l'ouverture de SCMR remise en séance par le représentant de la MILDECA ne convainc néanmoins pas ces détracteurs et ce malgré les remarques de certains, élus et associations, qui mentionnent que la salle est un CAARUD et à ce titre habilitée à diffuser du matériel même si celui-ci n'est pas utilisé dans la SCMR.

Prochain Comité le 22 mars.

Voir l'article de L'Express à propos du premier bilan national de l'expérimentation.

Commentaires

  • Merci pour cette information complète et instructive. Je constate que le dispositif mis en place fonctionne et qu'il semble satisfaire toutes les parties. Je constate également que ce compte rendu ne suscite plus les polémiques parfois très vives qui ont précédé la mise en place du même dispositif, en particulier de la part des riverains. Faut il y voir une nouvelle prise de conscience de ces derniers, et un succès de la persévérance et du courage des initiateurs du projet? Une nouvelle preuve que le vivre ensemble est possible, dont nous aurions le droit de nous féliciter?

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