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De Charles-Rollin à Jacques-Decour

Dans le cadre de la journée nationale de la Résistance, l’association « Sauvons le patrimoine du lycée Jacques-Decour ! » a organisé le mardi 27 mai un hommage à Jacques Decour afin de célébrer le 70e anniversaire du changement de nom de cet établissement.

Situé au numéro 12 de l’avenue Trudaine, l’actuel lycée tient son nom de Daniel Decourdemanche dit Jacques Decour, homme de lettres et Résistant.

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Photo parue dans le journal Le Franc Tireur le 8 septembre 1944

La Libération de Paris n’a pas commencé en ce mercredi 23 août 1944 qu’un groupe de Résistants animé par un professeur du lycée Rollin, son nom d'alors, déploie une banderole sur la façade du bâtiment afin de le rebaptiser lycée Decourdemanche. Cette appellation est confirmée quelques jours plus tard, le 1er septembre, par le ministre de l’Education mais le lycée prendra officiellement le nom de Jacques Decour avec l’arrêté du 12 octobre 1945 publié au Journal Officiel. C’est là l’unique exemple de changement de nom d’un lycée en France à la Libération.

Mais qui était Jacques Decour ? Quels étaient ses engagements ?

paris,jacques-decour,résistanceJacques Decour est né en 1910 d’une famille bourgeoise — père agent de change — et se révèle très vite être à la fois un enfant brillant et rebelle. Ne voulant pas suivre la voie que son père souhaitait lui voir prendre, il s'engage très jeune dans des études de lettres classiques puis devient professeur d’allemand avec une  agrégation obtenue à l'âge de 23 ans. Son séjour en Allemagne (Magdebourg) au début des années 1930 lui permet de bien comprendre ce qui se passe dans ce pays juste avant la montée du nazisme et de l’analyser avec beaucoup de prémonition. Il est écrivain, journaliste, rencontre beaucoup d’intellectuels tels Paul Nizan ou Jean Paulhan. C’est un homme très brillant, humaniste et son engagement va au côté du Parti Communiste. En 1938, il est le plus jeune professeur du lycée qui va porter son nom sept ans plus tard. Pendant la guerre, il publie de nombreux écrits clandestins et fonde à trois reprises des revues, tout aussi clandestines, dont la dernière, Les Lettres Françaises, qu'il ne verra pas paraître car ses activités lui valent d’être arrêté d’abord par la police française puis remis aux Allemands. Il est incarcéré à Fresnes, torturé et exécuté en 1942 au Mont Valérien. C’est donc en souvenir de cet humaniste engagé, Résistant de la première heure, que son nom surgit en ce 23 août 1944 et fait que le lycée Rollin devient le lycée Jacques-Decour. Il est enterré au cimetière de Montmartre tout proche.

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Cour centrale du lycée Jacques-Decour


L’établissement d’aujourd’hui se compose d'un collège de 23 classes et 643 élèves et d’un lycée de 25 classes et 790 élèves auxquels il faut ajouter 9 classes préparatoires avec 432 étudiants, donc une petite ville de 1865 personnes. Le taux de réussite au bac y est bon avec plus de 85% et monte même à 97% pour les séries littéraires. Entre autres particularité, on y enseigne le néerlandais, le hongrois et sa classe préparatoire à HEC est très réputée comme le sont les prépas scientifiques. Notons enfin que le collège accueille des étudiants dans le cadre de la diversité sociale des cours de préparation aux grandes écoles  ne parlant pas ou très peu le français.

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Statue de Charles Rollin


Le bâtiment lui-même est assez remarquable. Enserré entre l’avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart, il est composé d’une cour centrale avec jardin donnant sur une chapelle et de deux cours latérales, l’une côté rue Bochart de Saron pour le collège, l’autre côté square d’Anvers pour le lycée. Le bâtiment lui-même est aux soins du Conseil Régional Île-de-France qui l’entretient et gère le personnel technique. Il a été construit de 1874 à 1876 sur les anciens abattoirs de Montmartre construits sous Napoléon 1er.

 

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Vue intérieure des bâtiments du lycée Jacques-Decour

 

Commentaires

  • Je suis à la recherche de documents ou photo d'un élève de jean Rollin engagé pour la guerre et fut tué dans la cité ste Barbe de Wittenhein (68) le 2 février 1945 l'ors de la libération (poche de Colmar).
    En effet il mourut dans les bras du curé.
    Ne le 18/01/1923 à Paris.

  • Au cours de 2012-2013 les Archives de Paris ont emporté les archives historiques du lycée Jacques-Decour, ex Charles-Rollin, en gros au titre "d'une meilleure conservation et de leur mise à disposition auprès d'un plus large public".

    C'est la loi et le lycée avait su assez bien y résister jusqu'alors. Mais il est vrai que la plupart des établissements scolaires s'y plient car ils ne disposent plus d'une ligne budgétaire leur permettant de bénéficier encore d'un poste d'archiviste, d'autres aussi n'ont pas les moyens, ou la volonté, de conserver leurs archives dans de bonnes conditions matérielles.

    Au lycée Jacques-Decour, on peut considérer maintenant que jusqu'à 1959 (je crois), en particulier tous les anciens registres scolaires des élèves, leurs carnets de notes et les photos de classes sont maintenant consultables aux Archives de Paris : 18 boulevard Serurier (Paris 17e).

    A tout hasard, peut-être pouvez-vous aussi formuler votre demande auprès de l'asso des Anciens Elèves du lycée, au cas où un de leurs membres aurait connu cet élève de Charles (et non Jean) Rollin. Elle aussi siège au lycée (12 avenue Trudaine, 75009 Paris).

    Enfin, peut-être le nom de cette personne figure-t-il sur la plaque commémorative du lycée honorant ses morts de la 2e guerre mondiale.

    Marie-José Le Breton - Asso "Sauvons le patrimoine du lycée Jacques-Decour"

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