Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Retour sur le Louxor - 1ere partie

Le Louxor vient de fêter sa première année. La mairie de Paris n'a pas manqué l'occasion de mettre en valeur cette réalisation en publiant des chiffres de fréquentation très satisfaisants - 260 000 spectateurs pour les trois salles, soit 40% au dessus des prévisions des exploitants. Nul doute que la qualité et la diversité de la programmation soient des atouts majeurs dans ce succès. Le Parisien s'est fait l'écho de l'événement (Carton plein pour le Louxor - article payant hélas) et aussi le très bon site Paris Louxor avec une interview d'Emmanuel Papillon et Martin Bidou, L'an 1 du nouveau Louxor. Espérons que ce site ne nous en voudra pas de reprendre une des phrases d'introduction de l'article dont nous partageons le point de vue : " Nous saluons le travail effectué lors de cette première année et restons attentifs à son évolution et particulièrement aux liens avec le quartier pour que tout un chacun puisse accéder au cinéma. "

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, nous avons reçu en début de semaine une étude universitaire intitulée "La réouverture du Louxor en 2013 en tant que cinéma Art et Essai : les enjeux d'un projet culturel d'initiative populaire". Il s'agit d'un travail réalisé dans le cadre d'un master 2 professionnel "Administration culturelle publique et privée" de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

 

paris,cinéma,louxor

 Vous pouvez télécharger l'étude (PDF) en cliquant sur la photo

Cette étude présente le grand avantage de rassembler en un seul document l’aventure compliquée du Louxor ces dix dernières années. Ce type de travail universitaire est toujours utile, notamment par les très nombreuses références mentionnées. Il convient donc de présenter nos sincères félicitations à son auteure.

Action Barbès a été parmi bien d'autres un acteur de ce projet et connait donc son évolution de manière intime.Nous pouvons donc formuler quelques remarques, certaines parce que des faits ne sont pas complètement expliqués, d'autres plus subjectives, ce que nous reconnaissons bien volontiers.

La machine à communiquer de la mairie de Paris fonctionne très bien et dans l’histoire récente du Louxor, c’est sa version qui prédomine au détriment d’une réalité connue hélas seulement de quelques personnes qu’on n’a pas voulu laisser s’exprimer. La véracité du récit historique en prend donc un coup si on veut bien nous permettre l'expression. Il est par exemple tout à fait faux d’affirmer comme l’a fait la ville de Paris qu’il n’y avait pas d’autres solutions que de réaliser la fameuse « boite dans la boite » pour l’isolement phonique du cinéma. D’autres architectes, tout aussi compétents que Ph. Pumain, s’étaient penchés sur la question et étaient d’un avis différent. Il est aussi tout à fait faux de présenter le projet culturel cinéma Art & Essai dans le cadre d’une politique culturelle volontariste de la ville de Paris. D’abord parce que le classement en Art & Essai est trompeur dans son appellation et que des critères qui n’avaient rien de culturels mais financiers ont aussi joué fortement dans ce choix : on sait que l’optimisation financière d’un tel établissement se réalise avec 3 salles de jauges différentes. Il est encore tout à fait faux de dire que le Louxor a été "réhabilité". Le Louxor a été détruit (sauf les extérieurs) et reconstruit, voilà la réalité des faits. C’est là le reproche majeur qu'on peut faire à ce travail : suivre de trop près la communication de la ville de Paris même si à certains endroits ces sujets sont mentionnés mais sans les approfondir.

Autre petit grief, que l'on peut faire à cette étude, c'est d'être passée tout à fait à côté de la question patrimoniale posée par le projet du Louxor et qui se posera dans de nombreux endroits encore. La question est : lorsqu’on veut implanter une activité quelle qu’elle soit dans un lieu présentant un intérêt patrimonial, est-ce que c’est à cette activité de s’adapter au lieu ou est-ce au lieu de s’adapter à  cette activité ? Voilà la question posée par François Loyer et soutenue par Action Barbès. La mairie de Paris y a répondu comme on le sait, c’est à dire qu’elle a fait démolir le Louxor mais sa communication réussit à faire croire aux gens que la ville a une vraie politique patrimoniale.

Enfin, plus subjectif, l'étude est vraiment trop gentille avec la politique dite "culturelle" de Bertrand Delanoë. Sauf à penser que la réalisation de projets spectaculaires et fort coûteux (104 = 100 millions €, Gaité Lyrique 50 millions, Louxor 30 millions, …) constitue une politique culturelle digne de ce nom, on reste quand même frappé par le côté paillettes des actions culturelles au détriment d’autres comme par exemple le nécessaire soutien aux librairies qui sont en train de disparaitre de la capitale. Heureusement, Emmanuel Papillon et son équipe sauvent la mise culturelle au Louxor par la qualité remarquable de la programmation. Les très bons chiffres de fréquentation publiés par la ville de Paris  le démontrent.

Commentaires

  • Merci bien pour ces précisions.

    Cas similaire, avec un destin différent (privatisation), la piscine Molitor. Ce monument historique a bénéficié d'une "rénovation complète" selon la Mairie de Paris. En réalité, il a été rasé et entièrement reconstruit ("Ne subsistent aujourd'hui qu'une partie de la façade et des éléments du décor qui ont pu être restaurés. Tout le reste [...] est une copie presque conforme de l'original" - Le Monde).

    C'est peut-être ce qu'il y avait de mieux à faire, mais on ne connaît pas de bonne politique qui s'appuie sur une désinformation délibérée des citoyens...

Les commentaires sont fermés.