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Rechercher : sacs RATP sur les trottoirs

  • Retour sur le Comité de suivi de la ZSP

    Le mardi 11 septembre dernier, Action Barbès a assisté au commissariat du 19ème arrondissement à la réunion du comité de suivi de la ZSP "Barbès-Chapelle-Lariboisière". Côté police, étaient présents le commissaire divisionnaire Rigon, les commissaires du 10ème et du 18ème arrondissements et les responsables de secteur de la ZSP ; côté ville, Sarah Proust, adjointe au maire du 18ème arrondissement, et Stéphane Bribard, adjoint à la maire du 10ème arrondissement, tous deux chargés de la sécurité, ainsi que les responsables administratifs de ce secteur. Les associations et collectifs habituels étaient présents, à l'exception de l'association SOS La Chapelle qui avait fait savoir qu'elle boycottait cette réunion pour protester contre la dégradation de la situation durant l'été.

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    La réunion a débuté par le bilan des actions menées par les services de police sur le secteur de la ZSP portant sur les huit premiers mois d'activités en 2018, à savoir, 8791 faits constatés (contre 10140 pour la même période en 2017) dont 3171 de délinquance de voie publique (3282 en 2017). Même si elle n'est pas forcément palpable dans le quotidien des habitants, il y a une baisse significative des faits constatés, alors que le renforcement des effectifs policiers auraient dû au contraire l'augmenter. Si le chiffre des vols avec violence reste stable (824 en 2017 et 811 en 2018), celui sur les infractions aux stupéfiants est en nette régression avec une baisse de 11% (827 en 2017 et 736 en 2018). Concernant les ventes à la sauvette, sans distinction entre les différents types de vente, il a été procédé à 34297 évictions, 6820 PV simplifiés, 523 interpellations, l'ensemble représentant 76 tonnes de marchandises saisies.

    Pour ce qui est de la mairie du 18ème arrondissement, et de la DPSP en particulier, le bilan à huit mois montre une augmentation de 46% des PV pour dépôt sauvage, de 15% pour jet de mégot de cigarette et de 12% pour les ventes à la sauvette. L'ensemble représente 5094 PV. Il a été dressé 12506 PV pour stationnement gênant dont 5800 pour le seul secteur de Château Rouge. 

    La prise de parole des associations et collectifs s'est focalisée sur la situation de la place de la Chapelle qui s'est très fortement dégradée durant le mois d'août dernier. Une situation largement aggravée par l'absence d'éclairage public durant trois semaines. Tous ont déploré la gestion du problème par la mairie du 18ème arrondissement qui a tardé à réagir et dont la communication sur les réseaux sociaux a fortement agacé. Sarah Proust s'est abritée derrière des questions de délais d'intervention et la complexité des chaînes de procédure, une explication qui n'a satisfait personne. La situation s'est encore compliquée avec le démantèlement répété du campement sauvage d'usagers de crack à la porte de la Chapelle, qui a précipité un grand nombre de ces derniers dans les rues du secteur et un retour marqué à Stalingrad, recréant une situation de scènes de drogue qui avait disparue depuis plusieurs années à cet endroit. À notre avis, cela plaide pour l'ouverture d'autres salles de consommation à moindre risque (SCMR) que nous demandons de longue date, notamment pour les usagers de crack, l'éviction ne faisant que repousser encore et encore les problèmes créés par la consommation de drogues dans l'espace public. Cela éviterait également de laisser seule la SCMR de la rue Ambroise-Paré où prennent ancrage tous les usagers de drogue du Nord parisien.

    La question des "mineurs marocains" a été évoquée et particulièrement la venue d'une délégation consulaire du Maroc (et non la police marocaine comme il a pu être dit) pour collaborer avec la police française afin d'identifier ces jeunes. Ce travail a permis d'en identifier une trentaine ayant atteint la majorité. La police française a également échangé avec la police suédoise, la Suède connaissant la même présence de mineurs marocains mais dans des proportions beaucoup plus considérables qu'à Paris. Pour notre part, malgré les effort engagés par la ville, nous déplorons toujours qu'une solution durable de prise en charge de ces mineurs, souvent dans des états de santé très inquiétants, et sombrant durablement dans la petite délinquance, ne soit trouvée.

    Plus généralement, et quel que soit le secteur, Marcadet, Marx-Dormoy, La Chapelle ou encore Barbès, les associations et collectifs ont tous marqué leur impatience de voir se concrétiser enfin une réelle amélioration, notamment pour des phénomènes signalés et connus de longue date. En ce sens, Action Barbès a déploré que le pourtour de la station Barbès-Rochechouart soit toujours totalement confisqué par les "vendeurs de clopes", rendant très difficile la vie des habitants et des commerçants du secteur et en particulier pour le kiosque à journaux dont l'activité pâtit très fortement de cette situation. De même, nous avons déploré que perdurent des situations pourtant connues depuis longtemps des autorités, et laissent les habitants dans la perplexité la plus totale face à ce qui peut sembler être une forme d'impunité dont semblent bénéficier certains, à l'instar de cette association cultuelle qui transforme tous les dimanches le parvis de Saint-Bernard en parking ou encore tel café rue Cavé dont la clientèle s'éparpille tout autour et occupe les trottoirs créant une gêne incontestable pour les riverains.

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    Carotte de buraliste nuitamment installée au coeur du marché de vente de cigarettes, samedi 15 septembre 2018 (photo JRB)

     

    Le cours de cette réunion a été amplement marqué par l'agacement et l'impatience des habitants qui sont vraiment las d'un quotidien difficile sur certains secteurs et exigent de la ville et de l'État, via la préfecture de police, qu'enfin la vie de nos quartiers redevienne plus paisible et vivable pour tous, les habitants mais aussi les commerçants, les artisans et les visiteurs.

  • Seuls les plus de 50 ans peuvent comprendre...

    Amusons-nous un peu...

    A la caisse d'un supermarché, une vieille dame choisit un sac en plastique pour ranger ses achats.
    La caissière lui reproche de ne pas se mettre à l'écologie et lui dit:
        - Votre génération ne comprend tout simplement pas le mouvement écologique.
    Seuls les jeunes vont payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les ressources !
      
    La vieille femme s'excuse auprès de la caissière et explique :
     -  Je suis désolée, il n’y avait pas de mouvement écologiste de mon temps.
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       Alors qu'elle quitte la caisse, la mine déconfite, la caissière ajoute :
     -  Ce sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à nos dépens.
    C'est vrai, vous ne considériez absolument pas la protection de l'environnement dans votre temps !

    Alors, un peu énervée, la vieille dame fait observer qu'à l'époque on retournait les bouteilles de verre consignées au magasin.
    Le magasin les renvoyait à l'usine pour être lavées, stérilisées et remplies à nouveau : Les bouteilles étaient recyclées, mais on ne connaissait pas le mouvement écologique.
    avatars_mamie_01.jpgElle ajoute :
    - De mon temps, on montait l'escalier à pied: on n'avait pas d'escaliers roulants et peu d’ascenseurs.
    On ne prenait pas sa voiture à chaque fois qu'il fallait se déplacer de deux rues : On marchait jusqu'à l'épicerie du coin.
    Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

      On ne connaissait pas les couches jetables : On lavait les couches des bébés. On faisait sécher les vêtements dehors sur une corde à linge, pas dans un machine de 3 000 watts. On utilisait l'énergie éolienne et solaire pour sécher les vêtements.
    On ravaudait systématiquement les vêtements qui passaient d'un frère ou d'une sœur à l'autre.
    -   Mais, vous avez raison, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

    On n'avait qu'une TV (quand on en avait…) ou une radio dans la maison ; pas une dans chaque chambre.
    Et la télévision avait un petit écran de la taille d'une boîte de pizza, pas un écran de la taille de l'État du Texas.
    On avait un réveil qu’on remontait le soir. Dans la cuisine, on s'activait pour préparer les repas ; on ne disposait pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans efforts et qui bouffent des watts autant qu'EDF en produit.
    Quand on emballait des éléments fragiles à envoyer par la poste, on utilisait comme rembourrage du images?q=tbn:ANd9GcTeqzzjjFHj4c3UVcvCTiusexqg1dUbRPBqDSAJIu4Sbd2N27eUegpapier journal ou de la ouate, dans des boîtes ayant déjà servi, pas des bulles en mousse de polystyrène ou en plastique.
    On n'avait pas de tondeuses à essence autopropulsées ou autoportées : On utilisait l'huile de coude pour tondre le gazon.
    On travaillait physiquement; on n'avait pas besoin d'aller dans un club de gym pour courir sur des tapis roulants qui fonctionnent à l'électricité.
    Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

    On buvait de l'eau à la fontaine quand on avait soif.
    On n'utilisait pas de tasses ou de bouteilles en plastique à jeter.
    On remplissait les stylos dans une bouteille d'encre au lieu d'acheter un nouveau stylo.
    On remplaçait les lames de rasoir au lieu de jeter le rasoir entier après quelques utilisations.
    Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

    Les gens prenaient le bus, le métro, le train et les enfants se rendaient à l'école à vélo ou à pied au lieu d'utiliser la voiture familiale et maman comme un service de taxi 24 heures sur 24.
    Les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années, les cahiers continuaient d'une année sur l'autre, les crayons de couleurs, gommes, taille- crayon et autres accessoires duraient tant qu'ils pouvaient, pas un cartable tous les ans et des cahiers jetés fin juin, de nouveaux crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rentrée.
    Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologiste.

    On n’avait qu’une prise de courant par pièce, et pas de bande multiprises pour alimenter toute la panoplie des accessoires électriques indispensables aux jeunes d'aujourd'hui.
    colère

    ALORS VIENS PAS ME FAIRE CH... AVEC TON MOUVEMENT ÉCOLOGISTE !
     


    Merci de ne pas imprimer ce message afin de préserver l’environnement. Mais ne vous privez pas de le faire partager !

  • Arbres et écologie urbaine : l'exemple de la lutte biologique en milieu ouvert

    Une autre carte postale estivale de la Gironde: cette fois-ci, le vacancier, expéditeur de cette carte, a quitté les plages de la Côte Atlantique pour rejoindre le chef-lieu de la région, Bordeaux !


    bordeaux,espaces-verts,arbres,jardins,écologie,écocitoyenneté,biodiversité,vacancesEn plein centre-ville historique, classé patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2007, nous avons découvert une expérimentation "écocitoyenne" conduite par la mairie de Bordeaux, via le pôle innovation / qualité / biodiversité de sa direction des Parcs, des Jardins et des Rives (n
    ous remercions Eric Pesme, responsable de ce pôle, pour l'échange que nous avons eu avec lui). 


    Des affichettes sur les troncs de certains arbres informent les passants que la ville de Bordeaux "pratique la lutte biologique en milieu ouvert". Cette expérimentation concerne plusieurs centaines d'arbres dans la ville (∼ 800) : les érables champêtres (Acer Campestre) (que nous avons vu cours du Chapeau Rouge (à ne pas confondre avec notre "Château rouge, moins arboré...), le long du Grand Théâtre de Bordeaux), mais surtout et principalement les tilleuls de Crimée (Tilia x euchlora) très sensibles aux insecteurs nuisibles (comme ceux implantés sur les 350 mètres du cours Barbey).

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    "Lutte biologique en milieu ouvert" : quésako?

    Tout simplement, l'utilisation des éléments constituant habituellement l'écosystème naturel, et en particulier l'ensemble des êtres vivants qui le composent et interagissent dans leur milieu. C'est cette interaction qui permet le maintien et le développement de la vie: l'écosystème est une unité complexe dynamique, naturellement équilibrée.

    Concrètement, sur l'arbre, face au développement trop prononcé de ravageurs (dans notre cas : les insectes nuisibles comme les pucerons et les cochenilles), on va éventuellement (ré-) introduire un insecte prédateur appelé "organisme auxiliaire" prédateur (dans notre cas : les chrysopes et les coccinelles) qui sert alors à la protection du végétal, mais surtout offrir à cet insecte prédateur des zones-refuge (e.g. un habitat ou un abri, et dans notre cas : un sac en toile de jute). L'objectif est de procéder à un rééquilibrage écologique.

    En résumé, en lieu et place des méthodes chimiques (pesticides ou herbicides) de lutte contre les insectes ravageurs ou les plantes indésirables, on utilise des organismes naturels antagonistes. C'est d'une certaine façon un jardinage écologique: on bannit la protection chimique en la remplaçant par la protection biologique.

    Nous ne rentrons pas plus en détail dans cette méthode de lutte, mais vous pouvez consulter la littérature sur la lutte biologique, sujet passionnant et complexe... En outre,  le recours à la lutte biologique est variable dans le temps et dépend de plusieurs facteurs qui influent sur la prolifération des pucerons et autres insectes ravageurs (cf. pluviométrie, températures etc.). La manière dont les arbres sont implantés doit également être prise en compte : ainsi un arbre planté isolément sera-t-il plus vulnérable que des arbres plantés ensemble dans des grandes fosses plantées où les différentes strates de végétation (qui peuvent agir comme un petit écosystème auto-régulateur) permettent de pérenniser les auxiliaires biologiques à travers les saisons. Aussi la période pour le lâcher des auxiliaires prédateurs doit-elle être étudiée et adaptée; et ce lâcher n'est d'ailleurs pas systématique.

    A Bordeaux, cette utilisation de la lutte biologique a commencé en 2006-2007. La ville n'utilise donc plus de pesticides dans les espaces verts publics depuis 2009.

    Les affichettes posées sur certains troncs expliquent de façon didactique et plus en détail l'objet de cette expérimentation dans l'espace urbain et public de Bordeaux.

    Première affichette :

    "Ces arbres sont traités contre les pucerons

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    Les pucerons sont responsables de la sécrétion d'un liquide collant (appelé communément miellat) provenant de la transformation par les pucerons de la sève présente dans les feuilles. Ce miellat, lorsqu'il est abondant, s'écoule de la feuille et tombe au sol, occasionnant des désagréments sur les voitures et autres mobiliers.

    L'objectif est d'essayer d'équilibrer les populations de pucerons par son prédateur naturel : la coccinelle, afin de limiter les nuisances causées par les écoulements.


    Les chrysopes : moyen écologique de traitement

    bordeaux,espaces-verts,arbres,jardins,écologie,écocitoyenneté,biodiversité,vacancesLes chrysopes sont des auxiliaires prédateurs indigènes de notre région, utilisés en lutte biologique contre les pucerons. Une larve est capable de consommer au cours de son développement jusqu'à 400 pucerons. Il peut y avoir 3 à 4 générations par an et chaque femelle peut pondre jusqu'à 400 à 500 oeufs.

    Elles sont mises en place au stade larvaire dans des sacs en toile de jute disposés dans le houppier des tilleuls. Ces derniers servent également d'abris l'hiver."

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    Seconde affichette :

    "Ces arbres sont traités contre la cochenille

    La cochenille, insecte piqueur suceur, provoque par ses piqûres un affaiblissement général de l'arbre se traduisant par le jaunissement et la chute prématurée des feuilles, voire le dessèchement des branches.


    bordeaux,espaces-verts,arbres,jardins,écologie,écocitoyenneté,biodiversité,vacancesLa coccinelle à virgules : moyen écologique de traitement

    La coccinelle à virgules (Exochomus quadripuslatus) se rencontre dans nos milieux naturels (forêts, parcs et jardins...). Cette espèce arboricole se nourrit de pucerons et de cochenilles.



    La ville souhaite expérimenter ce moyen de lutte biologique pour limiter les traitements chimiques susceptibles d'être appliqués."


    Et à Paris, comment maintient-on ou développe-t-on la biodiversité dans les parcs et jardins? Abandonne-t-on les produits chimiques contre les insectes ravageurs? Nous nous demandons donc naturellement si la Direction des Espaces Verts et de l'Environnement (DEVE) de la Mairie de Paris développe de telles actions ? Nous n'en savons rien. Ce sujet fera peut-être l'objet d'un prochain article sur ce blog. Enquête en cours...

    En tout état de cause, les municipalités et les collectivités publiques peuvent échanger leurs bonnes pratiques et leurs retours d'expériences via une association nationale de mutualisation des connaissances et des initiatives : Plante & Cité. Nous supposons donc que la DEVE de Paris participe à leurs divers groupes de travail : nous nous renseignerons...


    L'écologie urbaine affirmée au coeur du nouveau projet urbain

    Faisons une petite parenthèse sur les notions d'écocitoyenneté et d'écologie urbaine sur lesquelles la mairie de Bordeaux communique régulièrement. En développant son nouveau projet urbain à l'horizon 2030, la ville affirme ses engagements en matière de développement durable et cherche à favoriser les initiatives citoyennes au niveau des habitants dans leur quotidien ou à l'échelle d'un quartier ou d'un groupe de personnes.

    Cette écologie urbaine doit agir sur les ressources (e.g. énergie), la construction durable, les déchets etc. et comprend à ce titre de nombreux axes, notamment celui de préserver, développer le patrimoine végétal public et privé, et protéger la biodiversité des quartiers. L'objectif est de faire face au défi de l'étalement urbain.

    Dans le cadre de cette préservation du patrimoine végétal, le Jardin Public et le Parc Bordelais ont reçu en 2011 le label de "Jardin Remarquable de France", et 7 arbres de la ville de Bordeaux ont été labelisés "Arbres Remarquables de France".      

     

    La connaissance du public via le développement d'un site web des arbres

    Nous avons découvert un outil numérique que les services de la mairie de Bordeaux (Parcs / Jardins et Rives, les services numériques et la Communication) ont conjointement développé dans le cadre de la Trame verte :

    www.arbres.bordeaux.fr

    Cette application permet de découvrir tout le patrimoine naturel de la ville de Bordeaux constitué par ses arbres. Ce site permet ainsi de visualiser les localisations des arbres, quelque soit leurs emplacements dans l'espace public (dans la rue, les squares, les jardins, les parcs), et d'identifier leurs essences, leurs hauteurs et leurs âges.

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    Son utilisation est facile pour accéder à des infos: il suffit de zoomer, et cliquer sur l'arbre qui nous intéresse. 

  • Chronique de Barbès, fin d'été.

    Le blog est de nouveau alimenté depuis la mi-aout grâce à des membres du bureau de retour à Paris et actifs malgré les prolongations jouées par le reste de l’équipe, et aussi par des remarques que nous adressent nos adhérents.

    Aujourd’hui, ce sont plusieurs messages reçus au cours des deux dernières semaines qui nous donnent l’occasion de vous proposer cet article patchwork. Le rédacteur final que je suis n’est pas sur place pour vérifier les tableaux de la vie quotidienne autour du carrefour, mais pourquoi mettre en doute la parole de nos “reporters permanents à Barbès". Nous connaissons suffisamment les lieux pour imaginer ce qu’ils décrivent, avec un peu d’humour et beaucoup de lassitude. Le retour de l’ailleurs vers Barbès est souvent un choc…

    C’est donc un florilège écrit à plusieurs mains :

    “….. je suis revenue depuis le 18, et le choc a été suffisamment fort pour que je me cloître (une façon de parler évidemment) avant de reprendre le cours de la vie parisienne.

    (Rencontré une amie) : Nous sommes convenues, elle comme moi, que le carrefour Barbès était désespérant.

    Mais il ne suffit pas de dire carrefour, car pendant cette période de Ramadan le carrefour est comme les rhizomes, il s’étale, gonfle. Certaines plantes rhizomateuses creuses et à croissance rapide... peuvent devenir invasives. C’est Barbès, la place de la rue Charbonnière, la rue Caplat et la fin de la rue de la Charbonnière, où l’on assiste à une extension du commerce illicite : ce ne sont plus les cigarettes, c’est, selon les endroits, des chemises, des jeans, des tee-shirts, des pêches, des bananes, des prunes, des melons, des herbes bien évidemment qui sortent d’endroits de stockage qui ressemblent à des déchetteries.

    Pour te donner une idée, tu pars du boulevard de la Chapelle côté Nord et tu vas jusqu’au numéro 39 de la rue de la Charbonnière : pour passer, tu frôles aussi bien côté immeuble que côté chaussée des installations éphémères où si tu chantais la chanson de Boris Vian tu dirais : Et on y trouve de l’herbe, du pain, des pastèques, des jus de fruit, du lait caillé (qui attend là pendant des heures sous un soleil de 34°), des chaussures, des ceintures, des crêpes faites maison... et des livres. Les vendeurs de cigarettes n’arrivent plus à se faire entendre et te murmurent à l’oreille : “Marlboro madame“.

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    Mais les forces de l’ordre sont là. Tout va bien.

    Avant-hier des CRS fouillaient deux jeunes hommes au coin de l’entrée du métro Guy Patin, alors que le commerce illicite allait bon train. J’ai interpellé un de ces CRS, et lui ai demandé pourquoi il n’intervenait pas sur le commerce en face : “Nous le faisons, mais à peine avons-nous tourné les talons, que ça recommence. Nous ne pouvons faire plus.”

    Hier au soir, deux cars de CRS étaient garés en sens contraire sous le viaduc côté Guy Patin. De nouveau entretien avec un des CRS (celui qui était au volant et qui téléphonait tranquillement). Mêmes questions. Et réponses : “Nous avons comme consigne de ne rien faire qui pourrait mettre le feu aux poudres. Aussi nous laissons faire. Nous préférerions intervenir, puisque nous sommes là pour ça, mais il n’en est pas question. C’est politique. Les élections ne sont pas loin. Je vous conseille d’écrire au préfet, même si cela ne donne rien cela laisse des traces.” Et de déplorer cette situation et même d’aborder le fait que nous laissons les gens prier dans la rue Myrha et dans la rue des Poissonniers.

    En rapportant ces propos, nous ne jetons pas un regard malveillant sur les CRS en faction dans le quartier, plutôt un regard désabusé et insatisfait. Car enfin, il est invraisemblable de planter sur le terrain des policiers comme des palmiers, et de ne pas en attendre davantage. Ils avouent eux-mêmes qu’ils regardent les trafics. Les regardant, ils les tolèrent, et le Préfet avec eux les tolère, et le Ministre qui est venu se montrer au printemps devant le kiosque les tolère, lui qui donne les ordres. Comment incarner le respect des règles dans ces circonstances ? On comprend que la tâche est rude. Encore faudrait-il un jour avoir l’intention, en haut lieu, de s’y attaquer.

    Nous n’incriminons pas non plus le commissaire du secteur qui lui aussi applique les consignes. A Barbès, on ne met pas le feu aux poudres ! On laisse faire.

    Et les habitants, comment vivent-ils dans ce contexte ? Comment s’en accommodent-ils ?

    "Je m’apprêtais à faire une photo du marché illicite qui gonflait de jour en jour lorsqu’un chibani s’est approché de moi et m’a conseillé d’être prudente et de préciser qu’ils n’aiment pas qu’on les photographie.

    La veille, je revenais de chez des amis : bagarre au couteau dans le café du 9, rue de la Charbonnière. Je regarde, je questionne, un monsieur me dit : “C’est de la racaille ; j’habite ici depuis quarante ans et je n’ai jamais vu une telle dégradation. Ne restez pas là et faites attention à vos affaires. L’autre jour, une dame s’est fait voler son sac...” Ce qui signifie bien que les habitants aspirent à retrouver une tranquillité, et qu’ils en ont assez de ce laxisme. Une voiture de police arrive à toute vitesse, en sens contraire, stationne quelques secondes au niveau du café, et repart aussitôt.”

    Un complément d’information sur les rumeurs et les suspicions qui concernent certaines ventes à la sauvette :

    "Une information concernant la banque alimentaire du secours catholique basé au mois d’août rue Pierre l’Ermite, dans la Goutte d’Or. J’aborde un monsieur qui y travaille et qui accepte de me répondre sans difficulté : selon lui, quelque 20% de la marchandise donnée est revendue (surtout par les gens d’Europe centrale) sur le marché Barbès/Guy Patin. Certains d’entre eux auraient plusieurs cartes de retrait. Les mairies viennent de se concerter et essaient de mettre de l’ordre dans ce désordre."

    Là encore, les comportements de certains nuisent au plus grand nombre et jettent le discrédit, une ombre sur les œuvres de solidarité et leurs bénéficiaires. Alors que les besoins n’ont jamais été aussi grands. Faut-il continuer à laisser faire ? Rue Guy Patin, nous avons été témoins de transferts de denrées depuis des coffres de véhicules à des sacs de provisions destinés au marché à la sauvette à l’intérieur de la station. Rien à voir avec les biffins qui récupèrent et réparent pour revendre.

    Il nous est difficile d’écrire ces lignes, de dénoncer les comportements délictueux que nous observons depuis de nombreux mois. En arrière-plan, nous avons la dégradation des conditions de vie de beaucoup de familles, les emplois rares, mal payés, et la débrouille qui gagne toujours plus de terrain, et même de territoire, pour parfois se transformer en réseau de revente. Des rixes dures ont déjà eu lieu pour défendre ce territoire ; les places sont chères dans notre quartier et la clientèle nombreuse, pauvre mais nombreuse.

    Dans notre dernier journal, nous faisions état du dispositif renforcé mis en place par le préfet après la visite du ministre de l’intérieur, Claude Guéant et reconnaissions une légère amélioration. Mais on doit cependant se demander si la présence policière actuelle n’est pas contre-performante, car elle enracine l'idée que dans ce quartier, tout est possible et qu'on ne craint pas grand-chose. Le trafic continue sous les yeux des forces de l’ordre, neutralisées par les consignes politiques de la hiérarchie. Peut-être même donne-t-elle aux apaches  un sentiment de force : « les flics ont des consignes de ne pas intervenir, car ils ont peur qu'on arrive en nombre... C'est nous les plus forts ! » Réflexion idiote, bien sûr, de la part de nos vendeurs à la sauvette ; en revanche, arriver en nombre, rapidement et avec des comportements peu amènes, ils savent le faire. Ils savent aussi que les autorités policières  et politiques craignent ces situations, très médiatisées chaque fois, et du plus mauvais effet en période électorale quand on n’a plus de solutions immédiates, quand on a usé tous les discours sécuritaires… et qu’on a vu Londres en flammes peu de temps avant.

    A Barbès, comme ailleurs, les solutions durables ne sont pas encore en vue. Nous avons notre problème sur les bras pour longtemps.

     

  • Municipales 2014 : une rencontre avec Anne Hidalgo

    Au-delà des rencontres avec certaines têtes de liste des 9e, 10e et 18e arrondissements, nous avons sollicité certains candidats à la mairie de Paris dans le même contexte que pour les arrondissements, à savoir ceux qui pourraient être en responsabilité après les élections. Il s’agit en fait de deux candidates. Notons au passage que Paris joue cette année et personne ne s’en plaindra, les précurseurs puisque ce sont deux femmes qui tiennent le haut de l’affiche, Nathalie Kosciusko-Morizet pour l’UMP-UDI-MoDem et Anne Hidalgo pour le PS-PCF-PRG. Ce sont ces deux femmes que nous avons sollicitées. A celles-ci, nous avons ajouté Christophe Nadjovski pour les écologistes d’EELV. Ecologistes qui, en cas de victoire de la gauche, participeront à l’exécutif parisien d’une manière ou d’une autre, proportionnellement aux résultats du scrutin comme nous l'ont laissé entendre nos interlocuteurs.

    L’idée est simple : rencontrer candidates et candidat pour leur parler de Barbès et de ses alentours, leur présenter les sujets qui nous préoccupent et qui seront à traiter au niveau de l’Hôtel de Ville par le Conseil de Paris, le tout dans une grille d’entretien commune pour comparer les réponses. Il s’agit plus d’un échange de points de vue que d’une liste de questions.

    Nous commençons aujourd’hui par notre rencontre avec Anne Hidalgo.

    Nota important : dans un souci d'équilibre entre les points de vue, nous avons depuis des semaines demandé un rendez-vous à NKM avec le soutien actif des candidats UMP des trois arrondissements, mais sans résultat à ce jour. Une date avait été fixée avec Christophe Najdovski mais la réunion a été annulée par le candidat à la dernière minute. Que les lecteurs de ce blog ne soient pas étonnés si les seuls propos d'Anne Hidalgo sont publiés ici, Action Barbès n'en porte pas la responsabilité.

    paris,municipales-2014

    Action Barbès rencontre Anne Hidalgo


    C’est une Anne Hidalgo très attentive et entourée des trois têtes de liste socialistes des 9e, 10e et 18e que nous avons rencontrée dans les derniers jours de février pendant presque deux heures. De l’aveu même de son directeur de campagne, Rémi Féraud, la candidate socialiste connait assez mal le quartier de Barbès, à l’opposé de Bertrand Delanoë, élu du 18e. Cette rencontre était donc une façon pour Anne Hidalgo d’être sur le terrain et de mieux connaitre Barbès et ses problèmes via notre association. Action Barbès s’était fortement mobilisé pour l’occasion puisque pas moins d’une douzaine d’adhérents, chacun porteur d’un sujet particulier, étaient présents.

    De quoi avons-nous parlé ? Vous trouverez dans cet article les messages que nous avons voulu faire passer à la candidate, ses réponses. Le tout est assez long mais il nous a semblé intéressant de publier l’ensemble de l’entretien, en ce qu’il contient parfois quelques informations mais aussi des absences de réponses qui nous amènent à penser qu’une attention particulière devra être portée sur certains sujets.


    Le projet de Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) boulevard de La Chapelle

    Comme vous le savez, Action Barbès est favorable au projet de SCMR dans le10e. Nous ne revenons pas sur les raisons de ce choix, clairement exposées dans notre blog depuis des mois. Le projet est aujourd'hui au point mort. Le relancer nécessite une réelle et forte volonté politique puisqu'il s'agit de réviser la loi sur les drogues de 1970.

    Bien sûr il y a eu des déclarations du président de la République, de la ministre de la Santé que le projet serait réalisé. De vous-même aussi en cas de victoire le mois prochain. Le plan 2014-2020 pour la prévention des risques liés à la toxicomanie prévoit même l'ouverture de plusieurs SCMR en France. Ce sont là de bons propos mais ce ne sont que des propos.

    En face, il y a des actes concrets qui assombrissent gravement le tableau. D'abord le recul en rase campagne du gouvernement à propos de la loi sur la "Famille". Nous savons que vous avez regretté ce recul, mais il est là. Il paraît que les sujets sociétaux ne sont plus d'actualité. C'est un point extrêmement négatif. Autre acte concret négatif, la création, avec l'accord du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, d'une mission d'information sur les drogues présidée par un député UMP corse dont on sait qu'il est farouchement opposé aux SCMR. Cette mission doit remettre son rapport en septembre 2014.

    Dans ce contexte politique si sombre pour ce projet, quelles actions concrètes comptez-vous lancer en cas de victoire à la mairie de Paris ? Je pense là à ce que vous pourriez faire auprès de vos amis socialistes au gouvernement et au Parlement pour sortir le projet de l'ornière dans laquelle il se trouve aujourd'hui.

    Sur la SCMR, on s’est engagé, il y a le problème juridique de la nécessité d’avoir une loi. J’en ai reparlé avec Marisol Tourraine (ministre de la Santé nldr), j’en ai reparlé avec la nouvelle responsable de la MILDT (Mission Interministérielle contre la Drogue et la Toxicomanie nldr), clairement je veux qu’on puisse la remettre sur pied le plus rapidement possible, j’espère après les municipales. Comptez sur nous pour être moteur. Remi Féraud a quand même été très courageux, il fait partie de ces élus locaux, qui, tout en s’engageant dans la campagne, avait souhaité qu’on porte cette proposition-là. Donc moi je ferai tout ce que je peux pour convaincre et je ne me satisfais pas des attitudes frileuses, complètement à côté de la plaque, qui consistent à dire, quand il y a un problème, on le nie. Là on ne peut pas nier qu’il y a un problème. Comptez sur moi pour être très engagée là-dessus. Vous avez raison de dire qu’ils ont reculé sur la loi Famille qui ne mangeait pas beaucoup de pain, il n’y avait pas de sujets qui fâchent et on peut se demander "qu’est-ce qu’ils vont faire avec cette loi nécessaire pour ce lieu" ? On sera convaincants. Je ne le fais pas par posture, je le fais par conviction, parce qu’à Paris il y a plein de sujets sociétaux où l’on a une longueur d’avance. Cela fait partie de notre mission.
    Il y a quand même des points acquis. Le fait qu’on ait pu avoir la brigade spéciale avec des policiers qui sont affectés à la gare du Nord même si la salle n’a pas ouvert, ça c’est un point très important auquel nous nous sommes accrochés. On s’inscrit dans un avenir qui est la réalisation de cette salle. Je n’ai pas senti chez Marisol Tourraine un souhait d’arrêter l’aventure.
    Si je suis maire de Paris et avec mes collègues maires d’arrondissement, on retournera au charbon pour que cette salle voie le jour. Je sais qu’ailleurs, même dans des villes de droite, il y a des maires qui soutiennent ces idées-là. On ira aussi les chercher pour créer des alliances. On surveillera de près le travail parlementaire, a fortiori celui du député en charge de cette commission. Il y aura une majorité. Au sein du groupe de gauche, il y aura une majorité pour le porter.


    Circulation

    Votre programme "Paris qui ose" indique : "Depuis dix ans, une politique résolue a été conduite, donnant plus de place aux piétons, aux vélos et aux transports collectifs pour une ville moins bruyante et moins polluée". Pourtant au vu des difficultés liées à la congestion de la circulation constatées au nord de Paris, en particulier entre Barbès et La Chapelle, Action Barbès souhaite que la politique de réduction de la circulation automobile soit renforcée et appuie les points suivants de votre programme :

    • aménagements d'ensemble des Portes de la Chapelle et de Clignancourt permettant de limiter les flux entrant dans Paris
    • révision des plans de circulation, avec un aménagement adapté, pour éviter les "itinéraires malin" principalement utilisés par le trafic de transit, et la limitation à 30km/h

    Nous souhaitons aller plus loin et obtenir votre engagement sur :

    • un aménagement de l'axe Porte de la Chapelle - Place de la Chapelle en cohérence avec l'aménagement de la Porte et celui à venir de la promenade urbaine, entre Barbès et Stalingrad ;
    • une réflexion fine sur les quartiers proches où se reportent les flux et les contournements
    • une modification du plan de circulation dans le secteur Barbes—Chapelle pour prendre en compte le déplacement des urgences de Lariboisière.
    • un aménagement plus important des voies de bus en site propre avec une verbalisation accrue du non-respect de la voie bus et des arrêts
    • une augmentation réfléchie des axes cyclables Nord Sud


    Sur vos pronostics urbains, c’est très intéressant. Que ce soit pour la circulation ou pour les abords de la gare de l’Est, c’est très bien qu’on parte de votre diagnostic, de l’analyse que vous en faites.

    Sur les plans de circulation, moi je pense qu’il faut réduire la place de la voiture, continuer d’augmenter les possibilités de se déplacer en transports en commun, en circulation douce, on va beaucoup travailler au cours de la prochaine mandature sur les franchissements des portes. On a un petit peu commencé, cela ne c’est pas encore vu parce que c’est vrai, on a surtout parlé des travaux du tramway qui ont été des grosses contraintes dans le traitement des portes de Paris, mais maintenant, sur la partie qui vous concerne, le tramway est là, il va se poursuivre, enfin je l’espère puisque je souhaite qu’on en fasse la boucle. D'ailleurs, on a commencé, par exemple dans le 17e, à la limite 17e-18e, à la porte de Saint-Ouen et porte Pouchet, à travailler sur les franchissements de circulation douce sous les piles du périphérique, puisqu’il est là en hauteur;  il y a donc déjà un projet qui est parti, arbitré par un jury il y a quelques mois et qui traite très bien en termes d’espace public ces franchissements, y compris pour les circulations douces. Donc, moi je serais d’avis que, pour le territoire sur lequel vous apportez cette expertise qui est une approche globale, aménagement de l’espace public, circulation, espace de mobilités, cela soit traité ensemble.

     

    paris,municipales-2014Politique culturelle de la Ville

    Le Journal des Arts (n°407), Télérama (n°3344), entre autres, font leur une sur votre projet culturel et celui de votre adversaire. Il y a entre vous bien des différences mais sur la zone proprement dite qui nous concerne, le carrefour Barbès et ses alentours, à la croisée de trois arrondissements, pas grand-chose.
    L’association Action Barbès a applaudi à la réhabilitation du Louxor qu’elle a contribué à faire racheter par la ville il y a 10 ans. Le Louxor est véritablement l’acte le plus important pour nous de la mandature qui s’achève. J’y ajouterais la réfection de la Bibliothèque de la Goutte d’or qui était vraiment nécessaire. En revanche, le Centre Barbara FGO semble quelque peu végéter, le Lavoir Moderne Parisien est plus qu’en sursis, le théâtre de la Boussole naît sur le Boulevard Magenta mais c’est une initiative privée, tout comme Gibert qui a pris la suite de Virgin, l’Élysée Montmartre est depuis son incendie en jachère. Par ailleurs, je ne m’étendrai pas sur les trafics et autres incivilités qui font de ce secteur une zone néfaste à la culture.

    À un moment, donc, où le Louxor en plein essor contribue à une plus grande mixité dont le quartier a besoin, quel projet culturel « pirate » (pour reprendre le qualificatif qui résume votre projet) envisagez-vous pour continuer de décloisonner Barbès, secteur emblématique de la capitale et frontière invisible avec le Grand Paris, sous votre possible mandature ?

    Sur culture, patrimoine, nouveaux projets pour Barbès, le cinéma le Louxor a été quelque chose d’important, on est tous très fiers d’avoir participé et contribué à ce projet qui requalifie vraiment le quartier. Je crois que par la beauté, l’embellissement des rues, les aménagements urbains, le street-art comme dans le 20e , il y a dans ce côté « pirate » des choses très intéressantes. Il faut maintenant des équipements de proximité : bibliothèques, médiathèques, espaces polyvalents qui permettent la rencontre. Des lieux comme le centre Barbara ou d’autres ont peut être été conçus dans un cadre trop spécifique. Ils peuvent avoir une dominante, la chanson, la musique, le cinéma, etc. … mais il faut qu’on soit dans des propositions d’équipements qui soient très ouvertes et très "mutualisables". Pas dans l’anarchie, que certains se les approprient et pas d’autres, il faut qu’on aille vers ce type de proposition. Il faut que l’espace public lui-même soit  le lieu de la rencontre artistique. Donc le côté « pirate » c’est un peu ça. Il ne faut pas qu’on s’interdise, même sur des occupations temporaires de lieux, d’avoir une expression artistique à condition que les choses soient claires. La Ville est une grande maison, une vieille Dame de temps en temps. Elle a eu des difficultés à accepter des conventionnements avec des squats d’artistes. Il faut que cela se fasse dans des rapports très clairs sur le fait que certains lieux peuvent être occupés temporairement pour de l’expression artistique. L’art est quelque chose qui permet le langage, un langage universel et a fortiori dans des arrondissements ou des quartiers qui sont très cosmopolites, des portes d’entrée du monde dans Paris. Utiliser aussi l’aménagement des rythmes éducatifs pour permettre aux enfants de rentrer dans l’éducation artistique et sportive.

    Politique patrimoniale

    Nous sommes très attachés au respect du patrimoine architectural de Paris, exceptionnellement riche. Mais nous aimerions attirer votre attention sur le fait que paradoxalement ce patrimoine est à la fois délaissé et excessivement protégé.

    L’entretien du patrimoine architectural et urbain coûte cher. Le patrimoine est souvent dégradé, surtout lorsqu’il s’agit d’équipements connaissant une forte fréquentation. Par conséquent, la Ville de Paris répond aux dégradations au cas par cas, plus rarement par une réponse globale et systématique (la récente polémique à propos des églises parisiennes semble le confirmer). L’aménagement urbain de la place de la République est un exemple réussi d’un point de vue strictement urbain, mais il aurait pu être aussi efficace en conservant quelques éléments de patrimoine, comme par exemple les fontaines aux dauphins. L’escalier de la rue d’Alsace a été fort heureusement réhabilité partiellement, mais après de longs mois d’attente. Des panneaux de signalisation disgracieux ont été posés, alors que le bel escalier en fer à cheval méritait bien mieux que cela. Justement, la signalétique est tout un art et révèle une culture ou une inculture urbaine, au-delà de son aspect purement technique. D’autres exemples de mauvais traitement du patrimoine pourraient être cités comme la place Pigalle transformée en gare routière pour la RATP, les serres d’Auteuil en danger, la poste de la rue du Louvre détruite, …

    Et paradoxalement, le patrimoine, quand il est protégé, l’est souvent trop, parce qu’il est alors question de figer l’histoire au lieu de l’accompagner. N’ayons pas peur d’être subjectifs. Car il y a patrimoine et patrimoine. Il y a celui qui est internationalement reconnu, source d’inspiration lorsque la France rayonnait dans le monde, et qui mérite d’être intégralement préservé. Et il existe un patrimoine certes de grande valeur, mais qui peut être adapté à des usages contemporains, plus conformes au fonctionnement de la ville moderne. Ce dernier patrimoine architectural et urbain, il faut accepter de le faire évoluer, sans pour autant le détruire à tout jamais.

    Voilà pourquoi nous vous interrogeons sur votre état d’esprit concernant la politique patrimoniale, sachant que la mode et le jeunisme sont de mauvais conseillers, car souvent destructeurs d’un patrimoine parisien d’une valeur absolument inestimable.

    Le patrimoine. En fait, il s’est dit plein de choses quand on a vu monter la polémique sur le plan églises, c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Franchement, la Droite n’a rien fait sur le sujet. Avant 2001, c’était à peine 5 millions d’€ par an qui étaient mis dans les plans églises de la ville de Paris. Il a fallu attendre 2001 pour avoir un vrai plan églises. On a doublé les crédits en la matière. Le problème, c’est que les églises sont très nombreuses dans la capitale, 96 lieux de culte à Paris. Elles sont en mauvais état pour un certain nombre d’entre elles, certaines sont de très grands lieux en grande difficulté du point de vue de l’entretien du patrimoine. Je pense à la Madeleine qui va être une priorité. J’ai annoncé dans mon programme 80 millions pour le plan églises de la prochaine mandature. On a donc là une mauvaise polémique lancée par la droite parisienne qui a voulu l’instrumentaliser car, étant de gauche, en faveur du mariage pour tous, on était forcément dans l’idée qu’il ne fallait pas entretenir les églises. C’est hélas aussi caricatural que cela.

    Par ailleurs, une chose que l’on ne sait pas, c’est que notre équipe depuis 2001 a été celle qui a le plus protégé des lieux parisiens qui ne l’étaient pas. Il y a bien sur beaucoup de bâtiments inscrits à l’inventaire des bâtiments historiques à Paris. Mais tout le patrimoine social et industriel de Paris n’était pas du tout inscrit à l’inventaire et était détruit. On a protégé ces lieux. Je pense dans le 11e par exemple à la Maison des Métallos qu’on a entièrement rénovée, je pense au 104, à la halle Pajol vouée à être détruite qu’on a entièrement réhabilitée avec l’idée sur ces bâtiments-là de construire la ville sur la ville, de les réutiliser pour les rendre à un usage moderne. Au cours de la première mandature, on a du faire plus de 5000 protections patrimoniales avec le PLU de 2006 et on en a rajouté avec la modification du PLU.

    Autre élément. Vous dites « serres d’Auteuil en danger » ! Non, ne vous laissez pas avoir. Les serres d’Auteuil sont magnifiques. Ce qu’on a fait en 2001 et cela a créé une levée de boucliers de ceux qui aiment bien l’entre-soi, on les a rendu gratuites, gratuites les collections botaniques.
    L’agrandissement de Roland Garros. J’ai emmené des journalistes et des associations de bonne foi pour leur montrer ce qu’on allait modifier. Les serres d’Auteuil, elles restent, les serres de Formigé ne sont pas du tout mises dans l’espace ouvert au moment du tournoi de Roland Garros. Il y a un espace juste en bordure du périphérique sur lequel il y a des serres des années 80 avec des collections botaniques mal présentées avec des petites serres en plastique. Quand je suis allée là-bas avec certaines associations un peu jusqu’au-boutistes, elles m’ont

  • Municipales 2014 : dans le 18e

    Nous continuons la publication de nos articles par arrondissement avec aujourd’hui le troisième et dernier volet de cette série et consacré au 18e.

    Nous avons rencontré Pierre Yves Bournazel, Eric Lejoindre et Pascal Julien, respectivement tête de liste pour UMP-UDI-MoDem, PS-PCF-PRG et EELV. Le candidat socialiste était entouré de Daniel Vaillant, actuel maire du 18e et de Myriam El Khomri, adjointe au maire de Paris chargée de la sécurité.

    A la différence des autres entretiens que nous avons eus dans le 9e et le 10e, ceux faits avec les candidats du 18e sont plus informels et n’ont donc pas une structure qui permet de comparer avec autant de précision les déclarations sur un même sujet...



    Marché des biffins

    Pour le candidat UMP, le marché des biffins sous le viaduc à Barbès est le résultat d’une paupérisation de la population. Il y a à cet endroit une concentration des difficultés qui demande un traitement dans la durée, en concertation avec les acteurs locaux comme les associations mais aussi les riverains. Se pose la question du maintien du marché alimentaire sous le viaduc, selon lui. Ne faut-il pas le redimensionner en le sécurisant en faisant intervenir la police en prévention mais aussi en établissant des amendes ? Cette mission pourrait être donnée aux auxiliaires de la Ville de Paris, les fameux ISVP qui connaissent bien le quartier et suppléent ainsi la défaillance de la police nationale. Quoiqu’il en soit et bien qu’ayant voté l’installation du marché de la porte Montmartre, P.Y Bournazel n’en souhaite pas la multiplication dans l’arrondissement.

    paris,municipales-2014Concernant le marché des biffins, Pascal Julien fait le lien avec ce qui s’est passé porte Montmartre. "Au cours de la mandature commencée en 2001, ce sont les écologistes qui ont porté le projet du carré des biffins. A l’époque, Daniel Vaillant était contre et les communistes aussi. Cela a bien fonctionné mais fonctionne moins bien depuis quelque temps. Il y a 100 places mais comme les gens ne sont pas là tout le temps, cela fait en réalité plutôt 250/300. Ce que nous disons, c’est qu’il faut ouvrir d’autres carrés des biffins, dans la première couronne. Ce serait mieux que rien. Notons au passage qu’aucune mairie socialiste ne veut ouvrir un carré des biffins. Je le déplore. Avec ces carrés, on ne résoudra pas le problème de la misère mais au moins on ne la méprisera plus".

     



    Circulation

    Il faut améliorer l'offre de transport en commun" pense P.Y Bournazel, .....

    ...... et veiller à l'accessibilité. Il faut améliorer la fréquence des bus, étendre leurs horaires, à terme les avoir 24h/24 comme dans d'autres villes, certes pas tout de suite, mais progressivement. Pour le métro, le candidat se félicite de la reprise du Grand Métro par l’actuel gouvernement, il va désengorger les lignes existantes et permette à des gens qui ne peuvent pas aller travailler sans voiture de le faire. A sa grande fierté, il a obtenu de la RATP que les lignes 4, 12 et 13 passant dans le 18e fassent l’objet d’une priorité dans la modernisation, notamment pour les accès.
    Il veut construire des parkings près des gares à l'extérieur de Paris pour que les véhicules n’y entrent pas et notamment près des gares nouvelles du Grand Métro. Mais aussi aux portes de Paris. Il défend aussi l’idée d’un Eco-Pass qui régulerait les autorisations de rouler dans Paris en fonction de la nécessité, de l'heure, de l'intérêt du déplacement, sorte de capteur informatisé.

    « Il faut décourager la voiture à l’échelle nationale » pour Pascal Julien. « L’interdire brutalement façon Londres, je suis contre. Il faut que ceux qui n’ont pas besoin de la voiture ne la prennent pas. Déjà ça, ce serait bien et on réduirait une bonne partie du trafic. Voilà pourquoi nous sommes en faveur d’une augmentation du prix de l’essence. Le prix actuel n’est pas à hauteur de la réalité écologique. Par ailleurs, je ne suis pas convaincu par l’installation de parkings aux entrées de ville. Cela ne résout pas le problème écologique de fond dans la mesure où on continue à utiliser une voiture. Par contre, porte de La Chapelle, là où je ferai la Halle Fret dans le cadre du projet Chapelle Internationale, on peut faire en sorte que ce soit par le train qu’arrivent désormais tout un tas de marchandises qui arrivent aujourd’hui en camions ».



    Réaménagement des portes de Paris

    paris,municipales-2014Un des grands projets de P.Y Bournazel est le réaménagement des portes de Paris dans le 18e, avec en arrière plan le lien entre Paris et les communes limitrophes.

    Pour la zone porte de Clignancourt porte Montmartre, son programme prévoit la création de la Cité des Métiers d'Arts (entre la résidence sociale et le boulevard périphérique, coté Ouest).  Des contacts avec des professionnels artisans d’art ont été pris et l’accueil est bon. Cette Cité des Métiers d’Art pourrait être associée avec des activités très proches comme un centre de formation, des salles de répétition, etc... Il faut embellir l'espace et apporter de l'emploi. Ce serait un investissement mixte, privé, public, et la vente de parcelles aux promoteurs pourrait attirer du logement privé intermédiaire pour assurer la mixité sociale.
    Pour la zone porte de La Chapelle porte d’Aubervilliers, le projet s’appuie sur le nouveau campus universitaire Condorcet qui doit y voir le jour et qu’il considère comme une facette attractive. P.Y Bournazel affirme que la porte de La Chapelle est un endroit stratégique pour Paris dont le développement économique doit faire l’objet d’une requalification globale avec création d’une cité étudiante internationale nouvelle associée à une cité de l’innovation numérique, mais pas uniquement numérique. La situation privilégiée de cette entrée de Paris, aux confins de la capitale, des nouvelles zones de développement à Pantin, Aubervilliers et l’accès direct à Roissy CDG sont des atouts.


    Goutte d’Or

    A tort ou à raison, les habitants de la GO nous disent souvent leur désarroi, leur sentiment d’être traités comme des habitants de seconde zone. N’y a-t-il pas un effort spécifique à faire dans ce quartier ?

    « Oui, et j'ai voté souvent avec la majorité municipale les programmes de rénovation des immeubles » nous dit Pierre Yves Bournazel « mais dans l'habitat rénové il y a aussi des problèmes d'insalubrité, disent les habitants. Il faut donner la priorité de la rénovation à l'habitat indigne, car il y va de la santé des habitants, faire de la qualité et de l'habitat durable. C'est encore plus important dans les quartiers populaires, si l'on veut aller vers une égalité des chances. Un toit est la première priorité de l'homme » dit-il et qui par ailleurs s'insurge contre la possible construction de 6000 nouveaux logements sociaux dans le 18e sur la prochaine mandature.
    En ce qui concerne les équipements, P.Y Bournazel pense que la Goutte d’Or n’a pas été si mal traitée que cela, mais que les habitants ne se les sont pas appropriés. "Ils ne sont pas pour eux ! Ils ne s'y sentent pas à l’aise" (référence au centre Barbara par exemple nldr).

    « Je n’ai pas le même sentiment de traitement de seconde zone » dit Pascal Julien. « La perception des choses est toujours quelque chose de compliqué. La Goutte d’Or a été rénovée, le mot délaissé ne convient pas. Que les choses n’aient pas été bien faites, peut-être, mais parler d’espace délaissé, pour moi, n’est pas un terme recevable. Toutes les opérations de réhabilitation, de réduction de l’habitat insalubre, sans parler des équipements comme le centre Barbara, montrent que ce n’est pas un espace délaissé. Maintenant, tout n’a pas forcément été bien fait. Sur le plan de l’urbanisme, certaines choses auraient pu être améliorées, notamment certaines rues avec des alignements pas très heureux.
    Par ailleurs, nous les écologistes, nous demandons dans notre programme que soit inscrit dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) que des parcelles soient inconstructibles, appropriables par les habitants sous forme de jardins partagés, par exemple. Nous demandons qu’on ne bétonne pas tout. L’espace vert doit être considéré comme un équipement, pas comme la cinquième roue du carrosse. N’oublions pas que le quartier de la Goutte d’Or va être très dense et manquer d’espaces verts.
    Je termine en disant que je regrette la fin du Lavoir Moderne Parisien ».



    Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP)

    La présence policière dans la ZSP Goutte d’Or est critiquée par certains habitants, la situation ne s'améliorant pas visiblement. Comment convaincre ces habitants qu'elle est utile, voire indispensable ? Telle est la question posée mais que nous avons détaillé pour les écologistes qui, eux, prévoient de remplacer les CRS par des policiers de terrain comme indiqué dans leur programme. Cela est-il réaliste ? Comment ? Où trouvez-vous ces policiers ? Les CRS sont en force d'appui en cas de problème. On est davantage dans la dissuasion. En cas de gros problème comment font-ils ? Car, certes, on peut penser que les CRS ne servent à rien mais il faut savoir que, lorsqu'il y a des actions policières contre le marché aux voleurs, des saisies de cigarettes avec les agents de la douane en soutien, les hommes présents dans les environs arrivent très vite pour défendre les autres.

    « Moi je doute de l’efficacité des CRS qui restent dans leurs camions » commence Pascal Julien. « J’ai vu des gens commettre des infractions devant les CRS, donc ils ne servent pas. Pour qu’une politique de sécurité soit efficace, et j’y suis attaché, il faut qu’elle soit comprise. Vous-même, vous venez de le dire dans votre question, cette politique n’est pas comprise parce que cette présence n’est pas efficace. Je suis plutôt partisan de cette ZSP. Nous l’avons élaborée dans un partenariat avec beaucoup d’associations et de riverains. Ce n’est pas quelque chose qui a été imposé, il y a de la co-production, la sécurité c’est de la co-production. Il y avait besoin de cela. Mais cette ZSP serait encore mieux acceptée si on n’avait pu éviter deux choses. D’abord ces CRS et aussi l’opération du 6 juin qui n’a pas été bien perçue par beaucoup de monde. On nous dit que cette opération était ciblée, sur des trafics, … mais ce sont finalement les sans-papiers qui ont souffert. Il y a une ambiguïté ».

    « Il y a aussi les phénomènes de bandes » continue Pascal Julien. « Des gamins qui viennent avec des battes de baseball, qui se font un petit western entre eux, créent un climat incertain, on va dire les choses comme cela. Il y a un report de la ZSP, les mêmes se sont déplacés. Pour ma part, je propose le harcèlement, je suis pour le harcèlement. Je n’aime pas les opérations coup de poing type de celle du 6 juin qui discréditent la ZSP (bouclage de la partie Sud de la Goutte d'Or le 6 juin 2013 par la police ndlr). Qu’on envoie les policiers des douanes ou de la BAC en permanence, je n’ai aucun problème avec cela.

    Concernant le renforcement des forces de police, je suis le seul à avoir demandé la réouverture d’un commissariat, celui de la rue Raymond Queneau. Dans le quartier Chapelle, il y avait une antenne de police et j’ai demandé à ce que cela devienne une unité de police de quartier (UPQ). Je déplore la politique de la droite à cet égard qui n’a fait que diminuer les effectifs. Il y en a 63 qui sont arrivés, récemment, je m’en réjouis mais on ne forme pas les policiers comme cela, il faut du temps ».

    P. Y Bournazel constate que le bilan de la ZSP n'est pas probant, au passage il souligne qu'il l'a voté avec l'exécutif parisien. La zone délimite bien la présence policière mais pas les trafics, pas la délinquance ! « Il y a des reports, parlez-en avec les habitants de Simplon » dit-il et ajoute « La police est là, mais les trafics perdurent ». Pour lui, il veut un retour de la police nationale à son cœur de métier, les enquêtes, le démantèlement des réseaux, etc. … Et sur place, à effectifs constants, il voit un redéploiement de la police de proximité à pied, celle qui connaît les habitants, les commerçants... en la concentrant sur les quartiers connaissant les incivilités. Il évoque un autre axe d'action : les travaux d'intérêt général, en réparation immédiate... au cas par cas. Il faut imaginer quelque chose entre l'impunité et la prison.

    paris,municipales-2014Côté Eric Lejoindre, on  affirme que les résultats sont là, mais qu'ils sont encore peu visibles. Daniel Vaillant, lui, rapporte les propos d'un préfet de l'époque où il était ministre de l'Intérieur : « Au-dessous de 25% de baisse des chiffres d'un phénomène quelconque de délinquance, aucune amélioration n'est perceptible ». Devant les interrogations d’Action Barbès exprimant l'incompréhension des habitants et particulièrement leur doute devant les forces de police quand elles côtoient les habituels trafics du quartier sans intervenir, le candidat socialiste certifie que les résultats sont probants en matière de prostitution et de proxénétisme, par exemple; des fermetures administratives ont calmé certains coins, le taux d'élucidation des affaires remonte, etc. … Ces résultats ne sont pas connus et n'interviennent donc pas dans le jugement des habitants. Peut-être pourrait-il y avoir un effort de communication sur ce sujet. En revanche, le phénomène de marché à la sauvette, par son ampleur et sa visibilité, tant sur place que médiatique, occulte tous les résultats obtenus par ailleurs.
    Nous sentons que les socialistes veulent nous convaincre que la ZSP est une bonne chose, que la situation s'améliore. « Le dispositif a permis de prendre en compte les signalements faits par les habitants, des planques ont suivi, puis des interpellations, et de la détention aussi, parce qu'il y a derrière un travail patient. Il n'y a pas toujours la réponse judiciaire appropriée mais on progresse » nous dit Myriam El Khomri, chargée  de la sécurité à l’Hôtel de Ville. Elle nous donne des précisions sur le cas du bonneteau que les juges ont eu du mal à re-qualifier comme escroquerie avec des peines d'enfermement à la clé. Mais c'est fait. C'est un signal fort qui a fait baisser l'activité. « On a tort de ne pas communiquer sur ces acquis. Nous avons travaillé à un compte ZSP sur Facebook, mais la période de campagne interdit qu'il soit activé... Pas facile ! Le plus dur est la dérégulation de l'espace public, il va falloir être patient, toutefois la présence policière a fait baisser les trafics de contrefaçon, l'aide des douanes a été déterminante, le gros investissement des services aussi, la présence des inspecteurs de sécurité (qu'on ne voit pas parce qu'ils sont en civil..) » précise-t-elle encore, avant d’ajouter «Il y a eu beaucoup de réunions dernièrement avec des copropriétés notamment et les associations. Tout est prêt pour que ça change ».

     


    Conseils de quartier CQs

    Eric Lejoindre souhaite re-mobiliser les conseils de quartiers où désormais la présence des élus est moins déterminante (depuis la nouvelle organisation des CQ du 18e). « Il nous faut être attentifs à un type d'enfermement de certaines personnes, qui concentrées sur une seule source d'information peuvent croire n'importe quoi. Il faut promouvoir la diversité d’opinions » dit-il. (On venait de traverser l'épisode d'enfants absents des écoles à cause de la rumeur sur les "genres" ndlr)

    P.Y Bournazel voit deux pistes pour les re-dynamiser. Une séquence formelle de prise de décision commençant par un vote par les CQs, avalisé par le Conseil d’Arrondissement puis monté au Conseil de Paris. Il souhaite que les CQs puissent prendre en charge  l’aménagement d’un quartier (voirie, propreté, …) en liaison avec des associations.

  • Rue de la Goutte d'Or : ”J'y retourne immédiatement”

    Ce n'était pas seulement de la rue de la Goutte d'Or qu'il s'agissait mais aussi du très dégradé passage Boris Vian. Le 22 novembre au centre Barbara, l'ambiance était très bonne, beaucoup de monde comme toujours dans la Goutte... 

    A la tribune, Michel Neyreneuf — Chargé de l'Urbanisme, de l'architecture, les grands projets de renouvellement urbain et du logement dans le 18e — qui, dans un premier temps, excusera l’absence du maire du 18e arrondissement, retenu ailleurs. Celui-ci arrivera après la présentation à l’écran, et répondra à toutes les questions de la salle. A ses côtés, Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris chargée de la sécurité, Jaques Baudrier, conseiller de Paris délégué à l'Architecture et aux Grands Projets de Renouvellement Urbain, et finalement Eric Lejoindre (voir photo ci-dessous)

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    En ouverture de la réunion, Michel Neyreneuf a annoncé que le dossier avait bien avancé mais que les financements n’étaient pas bouclés. Gros soupir dans la salle. Quand on sait que le nerf de la guerre, c’est souvent le budget !
    Le gros de la partie urbanisme dans ce quartier de la Goutte d’or Sud a été fait, a-t-il ajouté, mais ce sont les usages qui posent problème. On les connaît ces usages problématiques : la placette Charbonnière et ses attroupements, une occupation de l’espace public presque exclusivement masculine, la position inconfortable des femmes dans le même espace public, etc. Le but est maintenant de garantir un usage plus « cool ». Bien sûr il a évoqué la marche exploratoire des femmes, à trois reprises, et les recommandations qui en ont résulté, dont on tiendra compte, promet-il. 
     
    Colombe Brossel admet que le résultat des travaux engagés par l’Agence AA Feraru à l’automne 2015, avec la collaboration des habitants, in situ, ont tardé à revenir devant le public. Un peu plus tard, Jacques Baudrier nous expliquera qu’en fait, un dossier a été constitué qu’on a présenté à l’Agence nationale de développement urbain (ANRU) — un premier dossier avait été rejeté par l’ANRU sous prétexte que Paris était déjà surdoté, et des 400 projets soutenus par l’Agence, au plan national, aucun ne concernait Paris —, il a finalement été retenu, parmi 4 autres projets parisiens, dont la Goutte d’Or se taille une belle part, car elle en hébergera deux. Après obtention de l’oral, puis de l’écrit en septembre, l’accord définitif est tombé la semaine dernière. Il faudra ensuite que le protocole de préfiguration passe au vote du Conseil de Paris.  Le plus tôt possible. D’ores et déjà on a la certitude que l’ANRU financera toutes les études nécessaires au projet. 
    On apprend que le budget doit transiter par la Région. Colombe Brossel ne cache pas que le changement de couleur politique de la Région Ile-de-France n'a pas troublé un peu leur optimiste. Mais une réponse de principe a été donnée : il n’y aura pas d’opposition. Le budget de la Région doit être voté en février 2017. C’est la seule ombre au tableau. 
    Colombe Brossel reprend la parole pour souligner qu’avec l’ANRU, on est dans le moyen terme, à cause des études à mener, des permis de construire à déposer,  à obtenir.... , à la louche on arrive à la fin de la mandature… mais pour autant on n’abandonne par le court terme, et c’est l’usage de l’espace public pour tous et au quotidien qui est important, et cela dès maintenant. Et dès maintenant, on veut le relier à l’aménagement du boulevard de La Chapelle. 
     
    On assiste alors à la présentation du projet, avec un préambule sur l’amélioration des transits Nord-Sud, des liaisons entre les ilots d’habitation, de l’accès aux équipements publics, et le soutien au commerce local.
    On ne retiendra pas grand-chose de l'intervention d'une responsable de la Direction de l'urbanisme, intervention courte d'ailleurs, et c'était là sa principale qualité. 
     
    En revanche, le jeune homme de l’agence d’archi Feraru était très clair, connaissant son affaire d'évidence. 
    Il commence par nous dire qu’ils ont lancé l’étude sans base, sans réel cahier des charges, avec une totale liberté. La phase de diagnostic s’est passée sur site, avec une volonté d’aller au plus près des usagers, sans idée préconçue. Il nous est apparu, dit-il, qu’il fallait recréer une liaison Nord-Sud, plan à l’appui, entre le square Léon et le bd de La Chapelle, et la plus directe possible. On constate alors que le passage Boris Vian doit retrouver ses droits. La sortie condamnée du square Léon sera ré-ouverte au sud-est.
    Le projet qui propose un déplacement vers l’Est du passage ne comporte pas de dysfonctionnement systématique, juste des mises au point ponctuelles, comme gérer les bouches de ventilation d’une chambre froide, par ex..

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    Voyons la description de ce que propose l’agence : donc le passage, élargi, serait plus à l’Est, et longerait le gymnase, dont l’accès serait ouvert rue de la Goutte d’Or. Pour les arcades, qui cristallisent toutes les critiques, l’agence préconise d’avancer les vitrines tout en ménageant les piliers, en les incorporant peut-être, de couvrir partiellement ou totalement le TEP (terrain d’éducation physique ?) et au bout, à l’extrémité Est de l’îlot, de construire un petit bâtiment. Cela suppose un déplacement de l’entrée du parking, et des modifications de circulation à l’intérieur, mais rien de très lourd, ce ne sont que des cloisons en parpaings. 
    Selon les normes du PLU, si l’on ne peut pas monter bien haut le petit bâtiment, on végétalisera le toit. 
     

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    A partir de là, la parole a été donnée à la salle. Et Eric Lejoindre a répondu avec constance. 
    Evidemment, et comme d’habitude, on a entendu les mêmes litanies sur les erreurs du passé. Ici on a fait n’importe quoi ! On rénove la rénovation d’il y a 30 ans ! Parfois, les élus de la tribune ont craqué et souligné qu’il y a 30 ans ils étaient à peine nés…. Eric Lejoindre a rappelé que la rénovation dans la Goutte d'Or Sud était très nécessaire il y a 30 ans, et qu’au Nord, elle l’était aujourd’hui, mais on a choisi de faire autrement en respectant le parcellaire, les dents creuses, le paysage parisien, etc. Il ne cache pas que si la Ville peut faire pression, plus ou moins, sur les pieds d’immeubles des bailleurs sociaux, pour mener une rénovation, il n’en va pas de même pour les copropriétés privées, et que l’allure générale de la rue peut s’en ressentir. Dans les années 1980 et 90, tout le monde se s’est pas plaint de ces transformations qu’on dénonce aujourd’hui — une dame dans la salle le proclame avec force et verve —, les barres d’immeuble sont le marqueur d’une époque. Les temps changent, et les usages sont la priorité actuelle, termine Eric Lejoindre.

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    Les arcades : Amélioration de la façade et des pas de porte, extension des locaux commerciaux

    Bizarrement, dans la salle on va s’attacher à des détails, sans presque commenter le côté étonnant, surprenant, du déplacement dans l’espace d’une voie, de ce passage Boris Vian. Non, on demande de mieux l’éclairer, de ne pas oublier la rampe pour les personnes âgées, et bien sûr des mesures de salubrité. Un monsieur déclare quand même qu’il est "surpris de la qualité du truc », c’est dire qu’à la Goutte d’Or, on croit que la qualité est toujours pour les autres ! 
     
    C. Brossel ajoutera que bien sûr, à court terme, c’est à dire dès le début de l’année 2017, on va améliorer le quotidien, refaire les marches cassées, mettre une rampe et un éclairage adapté. 
    Jacques Baudrier précise qu’on n’est pas sur un projet qui nous projette à des décennies, ni dans des budgets extraordinaires, quelques millions seulement. Il faudra néanmoins se préoccuper des baux commerciaux sous les arcades. 
     
    Dans la salle, on demandera encore quel type de concertation sera engagée pour tenir compte des habitants : un comité de suivi sera mis en place, et on associera les enfants, qui font preuve de beaucoup d’imagination et ont de bonnes idées… déclare Mme Brossel. On s’étonnera que tout un projet soit centré sur un escalier qui, en soi, n’est pas approprié à tous les usagers, personnes âgées, ou avec poussette : l’alternative reste pourtant de faire le tour par le trottoir en pente douce Goutte d’Or - Polonceau, car le dénivelé ne peut pas être gommé, répond avec humour le Maire. D’autres demanderont à ce qu’on respecte la proximité de l’église Saint-Bernard, ou qu’on nous dise le sort réservé au projet qui touche la placette Polonceau dans le cadre du Budget Participatif. La circulation automobile rapide est aussi dénoncée, y compris par des véhicules de police.
     
    Eric Lejoindre rappelle que le but est d’avoir une rue de la Goutte d’or animée, vivante, avec des commerces qui fonctionnent et non des locaux de stockage. Concernant la circulation, des échanges ont lieu avec le commissariat qui aurait changé un peu sa position et ne s’opposerait plus à l’installation de ralentisseurs. On y travaille.
     
    Globalement, les participants, en sortant, étaient plutôt contents. Nous aussi. 
     
    * Les visuels ont été aimablement transmis par l'agence AA Feraru. 
  • Urbain trop urbain

    Afin de répondre aux attentes des Parisiens en matière d’écologie et de qualité de vie, la ville de Paris a lancé un appel à projets qui invite à voir l’avenir en vert.

    Paris je t’aime …

    Paris, telle une belle courtisane, s’étire avec paresse sur les bords de la Seine. Pleine de grâce, et sûre de son charme, elle exhibe avec langueur ses trésors impérissables. Mais ses véritables secrets, nichés dans ses méandres les plus intimes, elle ne les dévoile qu’à ceux qui s’y laissent guider par l’amour de la beauté et de la … Stop ! Ceci n’est pas un guide touristique ! Et ce n’est pas non plus ce que vivent les Parisiens au quotidien, en tout cas, cela ne suffit plus à les retenir, ceux d’entre eux qui sont en mal de grands espaces et de verdure. Alors, revenons-y à la réalité du quotidien, aux préoccupations des Parisiens.

    images?q=tbn:ANd9GcQwu11gpkYntltiJB9MkOFy59pxEzONA1P_NjROsYgP8Em3zQdmRgIls aiment leur ville, Ils y sont attachés, mais ils s’accordent souvent à dire qu’on y respire mal, qu’on y circule mal, qu’on y est souvent mal logé et qu’on y mange pas toujours très bien. Bref, ils aimeraient que leur qualité de vie soit meilleure. Alors, ils rêvent de campagne, d’alimentation bio, de logement durable, de biodiversité… Ils voient du bio partout.

    Les édiles de la ville de Paris, soucieux de la bonne santé physique et mentale de leurs administrés, ont donc fini par se dire : « Et si la campagne s’installait à Paris, plutôt que l’inverse ? » Malheureusement, il ne s'agit pas ici de remettre au goût du jour les belles utopies de nos ancêtres, mais Charles Fourier (1772-1837), qui imagina le phalanstère, aurait peut-être soulevé un sourcil approbateur en découvrant l'initiative de nos élus qui, le 29 mars 2013, ont lancé un appel à projets intitulé « Végétalisations Innovantes », en association avec le Paris Région Lab*. Trente des quarante dossiers reçus ont été présélectionnés. Quinze d’entre eux ont trait à l’agriculture urbaine, sept à l’architecture et à la qualité environnementale des bâtiments, cinq concernent la gestion de l’eau et trois la biodiversité.

    « Végétalisations Innovantes »  … Kesako ?

    Que trouve-t-on dans ces projets ? Du vert, du vert, et encore du vert. Leurs concepteurs voient absolument tout en vert, sauf les géants et on ne s’en plaindra pas. La végétalisation y est verticale, horizontale et souterraine. Tout ce qui peut être couvert de végétation l’est. Les murs, les toits, les friches urbaines, les tunnels ferroviaires, les pieds d’immeubles, les trottoirs, les lignes de tramway … Chaque espace s’y prêtant est investi par ces doux dingues qui veulent nous mettre au vert, et nous en faire manger, de la verdure.

    Utopie ou projet d’avenir ?

    Vous voulez peut-être avoir un avant-goût de ce à quoi Paris pourrait ressembler dans un avenir proche. Me croirez-vous si je vous dis que des pleurotes sortiront des tunnels ferroviaires de la petite couronne, que des potagers fleuriront sur le toit de la Générale du Nord-Est dans le 11e arrondissement, qu’on y fera pousser des fraises, des plantes aromatiques, des arbres fruitiers ? On peut aussi s’attendre à voir circuler dans les rues des mini-potagers sur roues ou à s’approvisionner dans des fermes urbaines bio installées sur des toitures et des terrasses. Une application vous renseignera peut-être sur l’adresse du site de compostage le plus proche de chez vous, et vous vous procurerez des fruits frais, donc de saison, dans une forêt fruitière au cœur du 18e. Les graffitis pourraient devenir végétaux, des îlots de dépollution des nitrates sur lesquels on fera pousser des plantes nitrophiles flotteront sur la Seine ou sur le bassin de la Villette. Des bocages urbains en pied d’immeuble filtreront les eaux de pluie avant qu’elles pénètrent dans le sol. Mais ce n’est pas tout, vous pourriez bien vous réveiller avec le chant du coq si, comme le souhaite un porteur de projet, des poulaillers voient le jour dans des copropriétés, des maisons de quartier ou des parcs. On n’y est pas encore me direz-vous. Cela prendra certainement plus de temps pour arriver à ce résultat, si on y arrive, qu’il n’en faut pour le dire. Et encore faut-il que nos élus ne jugent pas ces projets trop farfelus pour être pris au sérieux.

    Quel impact pour les Parisiens ?

    Certes, la question de l’écologie n’est pas une problématique qui peut se réduire à un territoire aussi ciblé qu’une ville, fut-elle une capitale, mais il ne faut rien négliger ; ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières de la planète Terre. Ces projets pilotes, du moins ceux qui seront sélectionnés, seront testés sur une période de trois ans. Ils se veulent participatifs et éco-citoyens. On parle de SCOP, de créations d’emplois et de lien social, de gestion collective. On se soucie des modes de production, on propose des plantations réalisées à partir de déchets produits localement, des cultures alimentées par des engrais biologiques. L’exploitation et la commercialisation en circuits courts de proximité, réduisant le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur, sont à l’ordre du jour. Au-delà des enjeux écologiques, ce qui rejaillit de ces projets, c’est une volonté de développer un modèle économique différent, local, rationnel et humain ; l’humain au service de l’humain. Une entreprise qui, dans la durée, viserait également une plus grande autonomie alimentaire des citadins.

    Des projets vraiment innovants?

    D’où vient ce vent nouveau qui souffle sur la capitale ? Non point un vent mauvais, on ne peut que se réjouir à l’idée de voir la capitale verdir, et perdre au passage quelques degrés en été. Mais regardons chez nos voisins, proches ou lointains. Athènes s’est déjà mis au vert avec ses jardins-refuges implantés sur des terrains en friche du quartier d'Exarchia. A Seattle, un collectif vient de faire l'acquisition d'un terrain de trois hectares pour le transformer en forêt comestible où pousseront fruits et légumes. A terme, elle approvisionnera les habitants de la ville. Des micro-jardins ont vu le jour à Dakar, et à Bangkok, le béton disparaît sous la végétation depuis longtemps.

    Au regard des expériences déjà menées en la matière sur différents points du globe, on est tentés de dire qu’une fois de plus, la France arrive après la bataille, même si celle de l’écologie, espérons-le, n’est pas perdue. Alors plutôt que le vocable « innovant », qui devient indigeste tant il est mis à toutes les sauces, aussi indigeste que « durable », « bio » ou encore « présumé » lorsque les médias parlent d’un coupable, ou d’une victime, peut-être devrions-nous nous contenter d’utiliser le terme « inédit ». En effet, nous sommes à la traîne, alors qu’il y a tant à faire. Ce qui serait vraiment innovant serait que les décideurs s’enhardissent et fassent confiance aux porteurs de projets en adoptant ceux qui aujourd’hui paraissent les plus audacieux, voire les moins réalistes. S’il est un domaine où la compétition serait bénéfique à la population et à la planète, c’est bien celui de l 'écologie. Alors mesdames et messieurs les élus, osez ! Osez soutenir la créativité sans réserve ! Laissez-nous nous enthousiasmer ! On veut y croire à cette utopie toute verte car il y a péril en la demeure. Souhaitons que vous ayez pris toute la mesure du danger qui nous guette et que cette floraison de projets ne se soldera pas par l’adoption timide d’une succession de mesurettes. Les Parisiens ne se satisferont pas d’un pétard mouillé. C’est un feu d’artifice qu’ils veulent car, qu’on se le dise, le 21e siècle sera vert ou ne sera pas.

    *Créé à l’initiative de la Ville de Paris et de la Région Ile-de-France, Paris Région Lab a pour vocation d’accompagner les collectivités dans leurs démarches d’innovation, d'identifier, en partenariat avec les services de la ville, des terrains d’expérimentations pour les porteurs de projets. Voirie, immeubles, équipements municipaux, espaces verts…

    _/_/ Pour illustrer le propos nous avons trouvé cette petite vidéo du Mouvement Colibris qui résume la situation de façon didactique et donne des pistes... 


  • Auvents: objet d'une attention accrue!

    paris,10e,auvents,marquises,commerces,rémi-féraudNous avions déjà évoqué le sujet des auvents, ces avancées, le plus souvent en béton, parfois avec un habillage métallique, qui ont été arrimées aux façades de certains immeubles anciens ou haussmanniens, généralement au cours du 20e siècle. Le béton prenait alors son essor en architecture, grâce à des architectes renommés qui ont su l'utiliser pour jouer avec les lignes des bâtiments et les effets d'ombres et de lumières.

    Dans notre précédent article sur ce sujet, nous avions utilisé un titre provocateur: "La guerre aux auvents est-elle déclarée?". Nous avions en effet montré à quel point ce sujet n'est pas anodin, mais était au contraire devenu un sujet de crispation pour certains riverains et certains services municipaux.

    Loin désormais de servir à leur fonction initiale, celle de protéger des éléments climatiques (pluie, ensoleillement, température) les badauds ou les clients des vitrines au dessus desquelles ils étaient accrochés, les auvents sont de plus en plus fréquemment décriés.

    Des auvents triplement décriés...

    1ère raison: ces éléments ne sont pas d'origine mais ont été couramment ajoutés bien postérieurement à l'édification de l'immeuble.

    2ème raison: ces auvents récents n'apportent pas de valeur ajoutée aux immeubles sur le plan architectural; ils sont habituellement très communs et manquent d'élégance (à la différence de certaines marquises de style, au-dessus des portes d'entrée et en harmonie avec leurs bâtiments classiques); ils n'ajoutent généralement rien à la valeur patrimoniale de l'immeuble et peuvent, au contraire, la desservir.

    Et 3ème raison, qui est l'argument le plus souvent invoqué actuellement: ces auvents attirent une population sans-abri, parfois en errance, voire marginalisée qui y trouve un espace abrité ou un semblant de refuge. On a même assisté à certains phénomènes de sédentarisation sous ces auvents, somme toute ponctuelle, de personnes défavorisées, préférant parfois y demeurer et sortant alors du champ assistanciel. Dans ces cas, la cohabitation entre ces personnes sans domicile et les habitants se révèle habituellement difficile, ce qui conduit à des plaintes répétées des riverains auprès des élus et des pouvoirs publics.        

    Pour illustrer ces tensions, nous avons déjà cité l'exemple quelque peu emblématique de la Gare du Nord, dont la facade a été récemment restaurée. Au cours des travaux de ravalement en 2009 et 2010, la Ville de Paris et le Maire du 10e, Rémi Féraud, ont ainsi fait pression sur la SNCF afin qu'elle supprime l'auvent existant, sous lequel se réfugiait une population de personnes sans-abri et marginalisées. C'est donc en réponse à certaines nuisances, vécues comme telles par les riverains, que l'auvent fut déposé, permettant par ailleurs à la façade monumentale de la gare, d'inspiration romaine, de retrouver son aspect d'origine, sans cet auvent ajouté postérieurement à sa construction par Jacques Hittorff. On peut voir le changement sur cet assemblage de photos prise avant/après la dépose de l'auvent:           

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    Outre cet exemple, nous avons depuis peu un nouvel exemple dans nos quartiers, avec la dépose très récente de l'auvent qui entourait l'immeuble du 99 boulevard de Magenta (formant l'angle avec la rue Lafayette) au dessus du magasin Leader Price. Pour les habitués des séances plénières du Conseil de Quartier Lariboisière Saint-Vincent-de-Paul, l'évocation de cet auvent rappellera des souvenirs de débats animés, tant les nuisances relatives à la présence de cet auvent avaient été maintes fois et vivement discutées.

    En décembre 2011, lors d'une rencontre avec le cabinet du Maire du 10e, nous avions appris que le Maire cherchait à convaincre l'OPAC, propriétaire et bailleur de cet immeuble, de déposer son auvent imposant, sous lequel des jeunes gens marginalisés et très souvent en état d'ébriété avaient pris l'habitude de se retrouver, avec les nuisances propres à ces comportements (trottoirs transformés en urinoir, bouteilles cassées, canettes à l'abandon etc.).

    C'est donc désormais chose faite: l'auvent a été déposé au cours des mois d'octobre et novembre 2013, comme en témoignent ces deux photos prises respectivement avant et après l'enlèvement:                

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    La dépose de l'auvent incriminé ravit certainement les habitants de ce quartier aux abords de la Gare du Nord. C'est plutôt également bienvenu à quelques mois du premier tour des élections municipales, même si la fixation du calendrier de dépose n'a certainement pas été maîtrisée et calculée à des fins électoralistes par le Maire du 10e, candidat à sa réélection...

    Nous manquons évidemment de recul pour dire si la suppression de l'auvent contribuera à terme à l'amélioration du cadre de vie pour les riverains.

    Toujours est-il que, dorénavant, cette placette, avec les 3 grandes jardinières en forme de pots de fleurs (comme celles installées place du 8 novembre 1942 et sur la placette paré-patin) fait bonne figure, au pied d'une façade haussmannienne débarassée de cet élément architectural peu esthétique.

    Dans le 1er arrondissement, en plein coeur de Paris, nous avons également découvert un autre exemple confirmant l'accélération de la tendance visant à supprimer les auvents modernes accrochés aux immeubles anciens. Il s'agit de l'auvent situé au dessus du magasin Minelli à l'angle du 132 rue de Rivoli et 17 rue du Pont Neuf, face à La Samaritaine, supprimé à la fin de l'été 2013:

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    Malgré les suppressions de plus en plus souvent observées, tous les auvents, ajoutés aux immeubles anciens, ne connaissent pas cette fin accélérée, notamment du fait des contraintes financières résultant du coût pour entreprendre une telle dépose ou liées aux divers accords et autorisations nécessaires (AG copropriété, urbanisme etc.).  

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    Et certains de ces auvents qui demeurent, vieillissent mal faute d'entretien... Comme celui situé au 151 boulevard Magenta. 

    Cet auvent identifié a la particularité de ne pas être en béton mais constitué de panneaux de verres sur une armature métallique. C'est peut-être la raison pour laquelle il montre des signes accentués de fatigue.

    Les photos que nous avons prises (cf. ci-dessous) témoignent d'un état qui nous laisse plus que dubitatifs: carreaux de verre brisés et fissurés, armature métallique rouillée et se rompant à quelques endroits, risquant de se décrocher.

    Bien évidemment, cet état problématique nous semble présenter des risques pour les passants du boulevard Magenta.    

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    En conséquence, nous avions déjà alerté en novembre 2012 le cabinet du Maire du 10e et son adjointe en charge de l'aménagement de l'Espace Public, Elise Fajgeles. Un architecte de sécurité de la Préfecture de Police de Paris (via son Bureau de la Sécurité de l'Habitat) devait donc se rendre sur le site pour étudier la situation.

    Mais plus d'un an après, nous n'avons pas de nouvelle et avons donc relancé les services concernés à la mairie du 10e et à la Préfecture de Police. A suivre...

  • La guerre aux auvents est-elle déclarée ?

    Pour être plus clair et moins belliqueux, nous sous-titrons :

    Vers une disparition des avancées en béton accrochées aux façades de certains immeubles et édifices anciens?

    Le constat de curiosités architecturales sur certains immeubles anciens

    Peut-être avez-vous déjà remarqué ces curiosités architecturales, alliant des ajouts en béton à des bâtiments anciens ? Dans nos quartiers, de nombreux bâtiments et édifices anciens et haussmanniens ont ainsi connu, entre les années 1930 et 1970, des modifications sur leurs façades par l’addition d’éléments, type auvents, en béton armé, dans l’air du temps de ces années-là.

    paris,10e,Le-Havre,Perret,magenta,auvents,marquises,commerceLa place du béton dans les constructions

    Popularisé dès la deuxième moitié du 19e siècle mais vraiment diffusé au 20e, lorsqu’il a été accepté parmi les matériaux de construction classique avec la technique du béton précontraint, le béton participe parfois à certaines des plus belles réussites dans le patrimoine mondial : à ce titre, nous pouvons citer Le Havre dont le centre ville reconstruit après guerre par l’architecte Auguste Perret a été inscrit en 2005 au Patrimoine Mondial de l’Humanité, du fait notamment de « l’exploitation novatrice du potentiel du béton » aussi bien pour des édifices publics (avec les chefs-d’œuvre de l’église Saint-Joseph et l’Hôtel de Ville) que des immeubles d’habitation en béton apparent d’une architecture d’une très grande qualité.

    Au côté d’Auguste Perret, d’autres acteurs éminents du Mouvement Moderne français tels Robert Mallet-Stevens (1886-1945) et Le Corbusier (1887-1965) mais aussi l’architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) et l’architecte brésilien Oscar Niemeyer (né en 1907 et âgé actuellement de 104 ans), ont laissé d’autres chefs-d’œuvre utilisant le béton armé et d’une très grande valeur patrimoniale. 

    L'utilisation du béton dans la construction, au lieu de la pierre, témoigne au 20e siècle de la volonté d’une architecture très structurée et témoigne des avantages qu'offre l’utilisation de ce matériau : le béton est peu onéreux et permet une diversité de formes architecturales, à l'occasion presque ludiques, avec un jeu entre les lignes droites et les courbes. Dans cet esprit, l’ajout d’auvents en béton a permis aux architectes de jouer en quelque sorte avec les effets d’ombres et de lumières.

    Les caractéristiques des auvents en béton sur les immeubles anciens

    Les auvents avaient initialement une fonction très pratique : protéger de la pluie ou du soleil les badauds venus flâner afin de les inciter à faire du "lèche-vitrine" devant les magasins et s’arrêter devant ces commerces. Attirer le badaud, le protéger et en faire un client !

    paris,10e,magenta,auvents,marquises,commercePar une déformation de langage, ces auvents ont parfois été désignés sous le terme plus élégant de marquise, alors qu’ils sont loin de ressembler aux marquises de porte, plus stylisées et classiques, qui, quant à elles, sont le plus souvent réalisées en verre avec une structure légère travaillée en métal, que l’on peut admirer devant les théâtres ou les hôtels et parfois sur les immeubles d’habitation. La marquise de l’immeuble du n°14 rue Lentonnet dans le 9e en est un exemple (voir ci-dessus).

    Ces auvents d’aspect «moderniste» sur les façades anciennes, sont très souvent des structures simples en béton armé, voire grossières, non travaillées, installées à la perpendiculaire des façades des immeubles, et parfois même recouvertes par une structure métallique plus récente. Ces auvents bétonnés, rapportés aux façades en pierre des immeubles anciens et haussmanniens, sont parfois accrochés par des barres métalliques. On peut en voir des exemples : c'est l’énorme auvent du n°99 boulevard de Magenta faisant le coin avec la rue Lafayette (Leader Price); ou encore ceux situés au n° 93 boulevard de Magenta, n°14 rue du 8 mai 1945 et dans la partie de cette même rue, côté des numéros impairs, en face de la gare de l’est à l’angle du boulevard de Strasbourg.

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    Les problèmes soulevés par ces auvents

    La présence de ces auvents semble embarrasser beaucoup de protagonistes, en particulier, la Direction de l’urbanisme de la Ville de Paris, les Architectes des Bâtiments de France, les riverains et les élus qui doivent composer avec les doléances et les plaintes de ces riverains.

    En effet, les auvents gênent pour trois raisons: d’une part, ils ne sont pas du plus bel effet sur les façades des immeubles et présentent rarement un intérêt architectural, d’autre part, ces éléments rapportés aux façades ne sont pas par définition d’origine ; enfin, ces auvents, utilisés comme abris, favorisent souvent la sédentarisation d’une population marginalisée qui aurait besoin d’être prise en charge mais préfère rester à l'abri sous ces avancées.

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    La difficile question des personnes sans abri et de leur cohabitation avec les riverains

    Ce dernier point de la sédentarisation, temporaire, parfois ponctuelle, des personnes sans-abri pose plusieurs soucis. D’une part, ces auvents donnent aux personnes en errance qui s’y abritent, une fausse impression de refuge, sans résoudre pour autant leurs problèmes ni améliorer leur quotidien ; elles sont tentées de refuser l'aide des services d'urgence (hébergement, centre d'accueil) et sortent ainsi du champ assistanciel, notamment pendant les périodes froides de l’hiver.

    Un drame s’est ainsi produit l’hiver dernier dans le 10e : un homme d'environ 60 ans, sans domicile, de nationalité roumaine, est décédé lundi 6 février 2012 alors qu’il s’abritait depuis plusieurs jours sous l’auvent de l’agence Matmut du 10e, au n°14 de la rue du 8 mai 1945, près de la gare de l’Est (photo ci-dessus), en dépit d’une assistance la veille, sur place, de la part des sapeurs-pompiers de Paris.

    D'autre part, cette installation temporaire des personnes sans abri cause des problèmes de cohabitation avec les riverains, dont certains se sentent agressés et considèrent que leur environnement se dégrade. Les conditions de salubrité et d’hygiène ne sont en effet plus respectées, lorsque ces personnes sans abri sont complètement marginalisées, parfois dépendante à l’égard de l’alcool (avec le cas échéant, un trottoir transformé en urinoir, des bouteilles cassées ou des canettes laissées à l’abandon, etc.). Parfois, ces personnes se servent du lieu abrité par l’auvent comme d’un emplacement de couche, ce qui souvent entraîne des comportements et des pratiques privatives pas très éloignées de l'atteinte à la pudeur. On dépasse là le niveau des simples incivilités...

    Dans ce contexte de mécontentement croissant des riverains, les élus doivent alors faire face à des plaintes et des demandes répétées et insistantes pour que des solutions soient trouvées pour améliorer un environnement résidentiel dégradé.  

    On constate que très souvent la seule réponse qu'apportent les élus est de faire pression pour que l’auvent qui abrite une population marginalisée, soit déposé, afin d’amener ces paris,10e,magenta,auvents,marquises,commercepersonnes sans domicile à aller trouver refuge ailleurs. Une fois de plus, pas de solution globale mais une sauvegarde très individualiste, que l'on pourrait dénoncer.

    C’est ainsi que la Ville de Paris et la mairie du 10e ont contraint la SNCF à procéder à la dépose de l’auvent qui se trouvait sur la façade de la Gare du Nord lors de sa rénovation récente, pour tenter de résoudre ce problème de sédentarisation de certaines personnes en difficulté et sans abri et satisfaire les riverains. 

    De la même manière, le Maire du 10e chercherait actuellement à convaincre l’Office Public d’Aménagement et de Construction (OPAC) de Paris, propriétaire et bailleur du 99 boulevard de Magenta, de faire déposer l’imposant auvent ceinturant cet immeuble à l'angle de la rue Lafayette, et au pied duquel se réfugient  régulièrement des personnes marginalisées.

    Au-delà des aspects purement esthétiques, le sujet des auvents pose la question de l’espace urbain et public où tentent de survivre les personnes sans abri, contraintes d'y reconstituer un semblant d’espace domestique.

    Nous voyons bien que les problèmes ne seront pas aisément résolus : les auvents cristallisent les tensions dues à la difficile cohabitation entre riverains et personnes sans abri, avec un profond décalage entre les perturbations vécues par ces riverains et les expériences urbaines très douloureuses que connaissent les populations marginalisées et sans abri.

  • Château Rouge, ça bouge...

    Le 11 janvier dernier, se tenait à l'Institut des Cultures d'Islam rue Léon une réunion organisée à l'initiative de l'Hôtel de ville sur les problématiques rencontrées sur le secteur Dejean-Château Rouge. Cette rencontre, qui fait suite à celle de décembre dernier en présence d’Anne Hidalgo,  a réuni des représentants du cabinet de la maire de Paris, Michel Neyreneuf et Sandrine Mees (conseillers du 18e), les services de la ville (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection -DPSP-, Services de propreté et de la voirie, Équipe de Développement Local), l'agence Ville Ouverte, des représentants associatifs (La Vie Dejean, Action Barbès) et quelques habitants.

    Dans un premier temps, la parole a été donnée aux représentants de l'Hôtel de ville pour présenter la méthode et le calendrier de l'opération de reconquête de l'espace public sur le secteur Dejean-Château Rouge. L'idée est faire travailler assez rapidement et de concert l'ensemble des services de la ville concernés, en concertation avec les commerçants, les associations et les habitants du secteur. La mise en œuvre de cette approche participative est pilotée par une agence de concertation « Ville Ouverte » (ville-ouverte.com) avec l'appui de l'Équipe de Développement Local (EDL). Pour sa part, L’EDL mène des rencontres avec les commerçants ; une première rencontre a eu lieu le 14 décembre dernier mais pour un secteur limité à la rue Dejean pour l’instant. Des groupes thématiques doivent se mettre en place avec les associations et habitants pour faire émerger des propositions. L’ensemble de ces groupes et les commerçants vont se rencontrer le 6 février prochain pour faire remonter les premières actions /aménagements à mener. Une nouvelle réunion avec Anne Hidalgo est prévue mi-février. L'Hôtel de ville souligne que, dès à présent, un effort est mené par la DPSP notamment avec l’arrivée des nouveaux effectifs. Des aménagements seront assez vite entrepris, par exemple avec l'implantation de bacs végétalisés et il est proposé que ces plantations soient aménagées avec la participation des habitants. Nous avons souligné qu'il faut veiller à ce que l’entretien et le nettoyage soient réguliers pour ne pas donner un sentiment d’abandon, et l’expérience montre que s’il est nécessaire que l’entretien soit régulier pour que cela fonctionne, on ne peut pas se reposer uniquement sur les particuliers pour l'assurer.

    Dans un second temps, la parole a été donnée aux associations et habitants pour une série de remarques et de questions. Les premières remarques ont d'emblée pointé la sous représentation des associations et des habitants (seulement 7 personnes sur la trentaine présente à la réunion), il est répondu que la rapidité d'organisation de cette réunion n'a pas permis de faire venir plus de personnes mais que Ville Ouverte va élargir la base d'habitants consultés, notamment par une présence sur l’espace public pour prendre des contacts directement avec les riverains. Les habitants et commerçants du secteur intéressés à participer à cette concertation sont invités à prendre contact avec l'agence Ville Ouverte en envoyant un mail à cette adresse : tousmobilises@chateaurouge.info

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    Les habitants ont dit leur lassitude de voir défiler les expérimentations et les interventions de la ville depuis des années sans qu’une amélioration se fasse réellement sentir. Beaucoup de remarques ont porté sur les difficultés de la vie au quotidien pour les habitants de ce secteur. Il a été soulevé la question des commerçants dont la plupart de la clientèle vient de l'extérieur du quartier et du peu d'intérêt qu'ils portent à la qualité de vie du quartier ; des riverains ont évoqué la complicité active de certains commerçants avec les vendeurs à la sauvette ; beaucoup se demandent comment travailler avec eux. Il a été également rappelé que lors de la dernière tentative de réaménagement de la rue Dejean, les commerçants avaient fait preuve d’une opposition farouche à tout changement, défendant leur pré carré.

    Du côté sécurité, il a été demandé que le champ d'action de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) soit plus étendu dans le temps, le soir et le week-end en particulier. La DPSP et la préfecture travailleront en ce sens et de concert a répondu la ville. Plusieurs habitants s'inquiètent du développement de la prostitution de rue, de jour comme de nuit, qui entraîne beaucoup d’intrusions et d'effractions dans les immeubles et les parkings. Ils ont rappelé qu’il faut agir avant tout sur les réseaux qui organisent cette activité et "tiennent" les rues. Plus généralement, les habitants ont donc demandé de faire appliquer la loi, plutôt que de chercher de nouvelles méthodes. Une demande entendue par les élus : "il est important et nécessaire de faire respecter la loi mais il faut aussi agir sur d’autres leviers pour faire perdre les vieilles habitudes".

    Michel Neyreneuf est intervenu pour demander que l’on précise le secteur concerné et a proposé un élargissement du périmètre qui pourrait descendre jusqu'à la rue Marcadet.

    Des habitants ont également proposé que soient menées des actions positives afin de montrer ce qui va bien dans le quartier ; les habitants veulent aussi une meilleure image de leur quartier.

    La position d'Action Barbès

    Nous avons rappelé que le secteur de Château Rouge est un centre d’attractivité commerciale à vocation régionale mais totalement sous-dimensionné pour absorber une partie de l'activité commerciale qui s'y développe, celle du commerce de gros et demi-gros. Les locaux sont souvent trop petits pour l’activité de gros et demi-gros qu’ils abritent et les rues saturées de véhicules de clients, notamment le week-end. Le projet du "Marché des Cinq continents" étant tombé dans l’oubli, cette activité ne sera pas déplacée et il faut donc aborder l’amélioration du cadre de vie du quartier en intégrant cette problématique. Si le commerce est libre, il faut aussi savoir le réguler et en l'occurrence ne pas favoriser ici le développement du commerce de gros. Restreindre l’accès automobile qui participe aux nuisances subies (stationnement anarchique, en double-file ou sur les passages piétons, pour chargement…) est une piste à renforcer sachant que le quartier est très bien desservi par les transports en commun. Au-delà du bien être des riverains, c’est aussi un pas vers le respect des accords de Paris sur le climat. Et un autre pas dans ceux d’Anne Hidalgo pour améliorer l’air que respirent les Parisiens. Il faut aussi être ferme avec les commerçants quant à l’usage qu’ils font de l’espace public : des containers de poubelle et des palettes de produits sont entreposés à longueur de journée sur les trottoirs considérés comme des annexes de boutiques trop étroites. L’idée de mettre à disposition des compacteurs de cartons pour les professionnels, idée qui a été évoquée lors de la première réunion, nous semble contre-productive. En effet,  si un commerçant veut établir une activité de gros, il est dans son bon droit, mais c’est à lui seul de veiller à trouver un local adéquat avec un local poubelles suffisant et correspondant aux besoins de son activité, et non à la ville de pallier ces manques. Il ne s'agit évidemment pas de transformer Château Rouge, de changer son identité à laquelle les habitants sont très attachés, mais de pouvoir y vivre et y circuler comme dans n'importe quel autre quartier de Paris.

  • Le Trianon, boulevard de Rochechouart

     

    Deux membres du Conseil d'administration d'Action Barbès ont rencontré Guy Balensi, directeur du Trianon, pour connaître l'avenir du lieu.

    On arrive avec en tête, des questions sur l'état décrépit de la façade, sur l'avenir du lieu, mais lui nous accueille en pleine action, poussant un chariot plein de boissons : chaleureux, la soixantaine énergique, il met la main à la pâte.

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    Au fil du temps... 1895, 1900-1902, 1939, 1964, 1992, 2010.

    Le Trianon, salle de spectacle et de concert, est un des haut-lieux de la vie des plaisirs, à Montmartre au 19e siècle.

    Zoom sur 1895. A l'aube du 20e siècle, le Trianon-Concert voit les débuts de Mistinguett, avec l'air  Max, Ah c'que t'es rigolo sans grand succès, mais on la garde, bien vu !

    C'est devenu l'Elysée Montmartre quand, en février 1900, un incendie le détruit complètement ; à proximité, en lieu et place de l'actuel Elysée Montmartre, « les Jardins de l'Elysées » ont brûlé aussi. Notons qu'à ce moment, le numéro en vogue est celui de Frégoli, un transformiste qui attire le tout Paris. Toulouse Lautrec, un habitué des lieux, l'a sûrement « croqué ». Albert Chauvin, le propriétaire, lance la reconstruction et, en 1902, ouvre un élégant « théâtre à l'italienne » de 1 000 places, le Trianon Théâtre.

    Valse des noms au rythme des modes et de la destination du lieu. Il y eut le Trianon Lyrique; entre 1917 et 1920, le Théâtre Victor Hugo, un théâtre subventionné, qui accueillait des pièces classiques, puis, le Trianon tout court.

    Picasso a fréquenté le site, et comme Toulouse Lautrec, il a tiré le portrait de nombreux habitués des lieux.

    1939 : De Caf-conc, le Trianon devient le Cinéphone Rochechouart, un cinéma à temps plein. Changement imposé par l'histoire, les années de guerre et leur bouleversement démographique : pénurie d'artistes, manque de musiciens, qui partent de Paris en nombre..., mobilisations, départs au front et au STO. Les projecteurs installés depuis 1936 tournent désormais à fond. La salle fonctionne bien.

    Cela ne devait pas durer, mais après-guerre, le lieu reste dédié au cinéma : pas d'hésitation à avoir, l'offre de films américains est pléthorique, et c'est bien l'âge d'or des salles de cinéma de quartier. La couleur et le cinémascope attirent le public. C'est un des pôles d'une intense vie de quartier. On s'y rend en famille, certaines assidues : les ouvreuses attentionnées gardent les places des habitués. On assistait alors à un programme complet : après un documentaire de vingt minutes, projection d'un dessin animé, des actualités, ensuite venaient les attractions, chanteurs ou numéros de cabaret, fakirs et contorsionnistes, puis LE film !

    À quartier populaire, films populaires. Après la période de première exclusivité, les films d'aventure et de série B sont projetés dans les nombreuses salles du quartier, salles de deuxième exploitation. Guy Balensi égrène leurs noms : en plus du Louxor, le Palais Rochechouart (devenu Darty), la Gaité Rochechouart (Celio), le Delta (Guerisol), le Montmartre Ciné (au-dessus de l'actuelle Boule Noire), la Cigale (qui a été un cinéma jusqu'en 1987) ; et plus loin, sur le boulevard de Clichy, le Ritz, le Lynx.

    Jacques Brel y a trainé ses guêtres, lors de son 1er séjour à Paris, au début des années 50, alors qu'il logeait à l'hôtel Stevens à Pigalle et chantait aux Trois Baudets. Il y a composé des chansons « dans sa loge » précise la légende. Parenthèse de Guy Balensi, auquel on pose souvent la question « où est cette fameuse loge ?». En fait, les loges avaient été supprimées. Brel composait dans la pénombre, car on avait conservé des années d'occupation l'habitude de garder une faible lumière dans la salle pendant les spectacles.

    - Je suis arrivé ici en 1964...

    Le cinéma, une affaire de famille : Guy Balensi a grandi à l'ombre des projecteurs de films. Son grand-père et son père étaient exploitants en Algérie, depuis 1926-1927. Ils avaient une douzaine de salles réparties dans le pays. Dès 1955, son grand-père, ayant l'intuition que l'Algérie n'allait pas rester française longtemps, s'organise pour un redéploiement de leur activité sur Paris.

    À 14 ans, en 1964, Guy Balensi vient visiter le Trianon avec son grand père, qui avait déjà acquis trois salles dans Paris : le Savoie, boulevard Voltaire, l'Exelmans (en 1963), le Cyrano Roquette. Puis, plus tard, la Cigale et le Montmartre.

    Adolescence dans le 16ème, lycée Claude Bernard. Notre interlocuteur se souvient, au Trianon, d'un western en noir et blanc, avec Marilyn Monroe.[La rivière sans retour d'Otto Preminger ? Les désaxés étaient en couleurs... ]

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    Déjà en 1964, les spectateurs étaient majoritairement maghrébins et africains : le ticket pour la séance du matin coûtait 80 centimes, un franc à partir de midi. La mode des péplums (les Samsons) est suivie par celles des films de cape et d'épée, puis de 1966 à 1972 déferlent les western spaghetti.

    Dans les années 1970, le Trianon se spécialise dans les films de karaté et de kung-fu, l'époque de Bruce Lee va durer une vingtaine d'années.

    Mais les spectateurs sont de plus en plus rares ; concurrence de la télévision et du magnétoscope, l'activité s'arrête en 1992. Entre-temps, la Cigale, elle aussi, est vendue.

    1992 - Le choix de la polyvalence sera le bon.

    Guy Balensi reprend la gestion du Trianon. «Au feeling', il fait le choix de la polyvalence, dont rétrospectivement il se félicite. Le premier spectacle, La Périchole lui laisse le souvenir d'un exemple de 'mixité sociale' : les dames du 16e arrivaient dans le quartier en avance pour aller faire des emplettes chez Tati ; elles comparaient leurs bonnes affaires au vestiaire, où elles déposaient leurs sacs aux carreaux Vichy et leur manteau de vison.

    (à suivre...)