Les installations du projet des "Fermiers généreux", sous le viaduc et sur le pont de la Chapelle, au-dessus des voies des chemins de fer de l’Est, commencent enfin à prendre forme. Mais autant le dire tout de suite, comme nous le craignions les premiers résultats ne sont pas à la hauteur des attentes exprimées par les habitants tout au long du - pour le moins chaotique - processus de concertation.
Le "coin ferme" est déjà presque terminé depuis quelques semaines avec la pose des bacs, l’apport de la terre et quelques plantations. Mais première désillusion, la clôture promise pour protéger l’espace et les cultures pendant la nuit ne consiste pas en des grilles métalliques indépendantes des bacs, mais en fait seulement en un maillage d'acier souple, certes assez résistant, mais posé sur des poutres en bois, elles-mêmes emboitées sur les bacs. Or, on le sait, le bois est un matériau relativement fragile, et le quartier, et cette zone en particulier, sont souvent traversés par des personnes alcoolisées ou sous l’influence de produits les rendant violentes, tout comme par des batailles de bandes qui se servent de tout ce qu’elles ont sous la main pour s’attaquer. On peut craindre que ces installations deviennent des armes par destination le moment venu.
Le portail de la clôture lui aussi en bois, et même en chêne, a peu de chances lui aussi de tenir face à des assauts de personnes violentes ou malintentionnées
Côté installations - qui devait accueillir trois espaces fermés pour la "granothèque", la "bricothèque" et le petit coin de cantine solidaire - le constat est pire. Nous dénoncions déjà le choix de la Ville de ne pas mettre à disposition de la future ferme urbaine des installations qualitatives comme les kiosques disposés sur la Promenade urbaine côté Stalingrad, la Mairie ne comptait en effet installer qu’un seul kiosque et deux containers vitrés sur le modèle de ceux installés provisoirement près du métro la Chapelle. Ce ne sont finalement que des containers dont un classique et deux vitrés, peu qualitatifs, voire on peut le dire vraiment pas esthétiques et, hélas, n’arrangeant pas l’allure du quartier. Rappelons que ces containers sont ceux-là même que les riverains ont unanimement rejetés lors de la phase de concertation.
La partie vitrée de deux des containers censée donner un meilleur aspect ne fait finalement que mettre en valeur le fatras qui y règne (ce qui est finalement normal pour une "bricothèque" où les outils sont remisés).
Sur cette même partie, on ne peut que regretter le choix peu qualitatif de bacs censés accueillir des plantes, mais hélas de mauvaise qualité, et servant déjà de poubelles et d’urinoirs généraux (ils sont à la hauteur parfaite pour cet usage). Placés trop près de la route, arrosés régulièrement (en plus de l’urine) par les véhicules roulant dans les flaques à proximité, il est peu probable qu’ils tiennent dans la durée.
Qui plus est, le revêtement de la même partie montre déjà des signes de faiblesse, après seulement un mois il commence déjà à se détériorer avec des bouts d’asphalte qui se désolidarisent déjà du sol. Ces problèmes structurels, liés à la qualité des travaux réalisés par une entreprise privée, sont assez nombreux sur ce secteur, nous auront l'occasion d'y revenir sur ce blog.
Nous le répétons donc encore, nos quartiers sont populaires et nous en sommes fiers, et nous revendiquons comme tous les quartiers parisiens le droit à un cadre de vie agréable et, n'ayons pas peur des mots : beau. Pour cela il faut que les aménagements soient durables, esthétiques et de qualité. Si cela est relativement le cas pour l'ensemble du projet de Promenade urbaine, nous devons déplorer ici un manque d'exigence qui risque de mettre à mal ce projet.
Pour rappel, nous avons soutenu ce projet dès le début, mais nous nous inquiétions des conditions de réalisation, et nous sommes peinés de voir que nos préconisations, qui rejoignent celles de la plupart des habitants et des autres associations de riverains sur ce sujet, n'aient pas été suffisamment entendues par les pouvoir publics.