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Drogue, réduction des risques et argent public

Les adversaires de l'implantation d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) pour les toxicomanes au 39 boulevard de La Chapelle n'ont de cesse de critiquer un mauvais usage de l'argent public pour un tel projet.

Regardons la question de plus près.

Dans l'entretien qu'il nous a accordé en Juillet 2013, Rémi Féraud, maire du 10e arrondissement, indiquait que le budget de fonctionnement de la SCMR se montait à 800 000€ par an. L'association GAIA qui devrait gérer cette salle prévoit de recevoir entre 80 et 100 personnes par jour, 7 jours sur 7, avec comme équipe permanente 2 accueillants moniteurs éducateurs, 2 éducateurs, un infirmier et un agent de sécurité, soit au total 6 personnes.

Le but d'une SCMR est, entre autres, de réduire la transmission du virus du Sida. Un simple calcul, certes un peu cynique, nous montre l'intérêt financier d'un tel équipement : le traitement d'un(e) séropositif(ve) est intégralement pris en charge par la Sécurité Sociale et aujourd'hui on peut estimer le coût moyen d'un tel traitement à 25 000€ par an dans le cas où le patient n'est que séropositif, c'est à dire sans complication par ailleurs. Il est facile de voir que si une personne de 30 ans est infectée par le HIV, doit être traitée en conséquence et a une espérance de vie de 30 ou 40 ans comme l'efficacité des traitements actuels le permet, alors le retour sur investissement (terme affreux s'agissant de santé publique) d'une SCMR est intéressant. Les brillants économistes sortiront leur calculette et leur taux d'actualisation préféré pour se convaincre que l'argent public dépensé là pour éviter des dépenses à la Sécurité Sociale déjà bien mal en point financièrement est donc bien employé. 

La Plate Forme Globale pour les SCMR a d'ailleurs produit un argumentaire financier intéressant, notamment pour ce qui se passe au Canada. 

Commentaires

  • Pas de médecin dans l'équipe ?
    Pour le coût/efficace, une étude a été faite sur Vancouver. Une SCMR est déjà considéré comme coût/efficace sur une diminution de la mortalité & des Over Dose.
    On peut donc compléter le tableau sur une réduction des coûts concernant les Urgences.
    Le même raisonnement que pour le VIH est apposable pour l'hépatite C. Plus largement encore, il serait intéressant de se livrer à l'économie que peut représenter le fait d'éviter les cirrhoses, CHC, etc...
    Une autre valeur ajoutée des SCMR est difficilement chiffrable et pourtant reste au coeur du dispositif : la tranquilité du voisinage, l'absence ou la réduction des shooteuses dans les parkings, les halls d'immeubles, la "scène ouverte" ou l'injection qui se fera hors de la portée des regards des enfants, des habitants du quartier.
    L'inter Relationnel qui pourra s'établir et fera que le Junkie de la Rue Guy Patin est connu par son nom, qu'il participe au ramassage des seringues et n'est plus aux yeux des habitants un danger, un délinquant...

  • Rue Ambroise Paré, je les connais presque tous par leur prénom et ils m'ont dit que la salle, "c'est bien si ils y vont". "Ils" sont ceux qui se piquent. Les autres, qui trafiquent sous nos fenêtres du p'tit cachet à 5 euros, ne bougeront pas et ils sont les plus nombreux. Je suis pour l'essai de la salle et voir si cela peut, en effet, aider les toxicomanes, mais je cherche toujours comment faire pour apaiser les riverains (fermer l'épicerie de la rue devenue bar continu pour eux ?), mais ceci est une autre histoire (sans fin)...

  • @Patrick Favrel : dans sa présentation du projet et de l'équipe en charge, l'association GAIA ne parle pas de médecin. Je pense que cette association sérieuse et expérimentée ne le juge pas nécessaire.
    En France,les gens ont beaucoup de mal à intégrer la prévention et je dirais d'une manière générale que l'on préfère traiter les conséquences que les causes. C'est une question culturelle non ?

    @karine*m : la SCMR ne réglera pas le problème des trafics, c'est sûr. Ce n'est d'ailleurs pas son objectif. Moi je crois que le problème des trafics, c'est la prohibition. Lever l'interdit sur certains produits comme certains Etats aux USA viennent de le faire est peut-être une piste. Nous avons publié une vidéo d'une professeure canadienne montrant que la levée de la prohibition de l'alcool au Canada n'a pas engendré une hausse de la consommation du même alcool. Ceux qui prétendent que libérer la vente de cannabis va augmenter la consommation sont dans le jugement moral, pas dans la réalité des faits : beaucoup de gens en fument et hélas hélas beaucoup de jeunes. L'interdit ne fonctionne pas.

  • Une petite précision à l'usage des brillants économistes ;-)

    Vos chiffres sur le coût du traitement ne concernent que les patients sous traitement. Or :

    - tous les séropositifs n'en sont pas au stade du traitement médicamenteux, fort heureusement ;

    - la trithérapie est un traitement extrêmement lourd et contraignant, qui implique une vie régulière, une volonté de fer, etc. Il doit pas y avoir beaucoup de toxicomanes qui suivent un tel traitement sur de nombreuses années, hélas.

    Les autres points de votre plaidoyer pourraient être nuancés de la même manière.

    Par exemple, au coût déjà important du fonctionnement de la salle, il faut ajouter, celui, non moins considérable, de la brigade spéciale de 30 agents de police, dont vous avez annoncé la création.

  • @JD : Si tous les séropositifs ne sont pas tous sous traitement, la proportion de ceux qui ne le sont pas aujourd'hui est assez faible, les médecins ayant tendance à placer sous traitement de façon précoce, voire préventive dans certains cas (séronégatif ayant eu une pratique à risque). D'ailleurs, et c'est là l'important, quelques cas de transmission évitée seulement justifient financièrement le projet.

    Je crois que vous exagérez un peu les contraintes liées au traitement aujourd'hui. Et ce n'est pas une question de volonté mais de vie ou de mort.

    Quant à la brigade, elle n'est en rien liée à l'intérêt financier du projet. Elle a été mise en place pour satisfaire les fantasmes de ceux qui croient que le quartier sera envahi de junkies et de dealers. Les expériences européennes nous montrent que de telles brigades ne sont pas obligatoires.

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