La réunion du 27 mars à la mairie du 10e, réunion publique d'information sur les salles d'injection, a fait l'objet de multiples articles et reportages dans les médias. Rappelons que si les journalistes s'étaient déplacés en si grand nombre ce mercredi-là, c'est bien le fait que la ministre Marisol Touraine avait décidé d'une seule expérimentation en France, ce que nous regrettons en passant. Quelques uns se sont contentés de reprendre la dépêche AFP. D'autres, assez nombreux, ont mis en avant les oppositions laissant croire que la salle était comme un seul homme arc-boutée contre le projet. Certes, on a écrit par ci par là que des riverains favorables avaient pu s'exprimer, mais ce n'est pas ce qui va rester dans les esprits.
Comme le commentait Rémi Féraud après les débats, faisant preuve de sa détermination : « Si on est déjà à 50-50, c'est bien ! ».
Rien de surprenant à ce que les opposants à un projet — quel que soit le projet — se mobilisent plus aisément que ses partisans. Nous nous sommes retrouvés parmi les premiers, les opposants donc, à occuper le devant de la salle, et les propos entendus nous ont procuré un vrai malaise. Empêcher l'expression d'autrui, se mettre à crier lorsque le maire ou un participant prenait la parole en faveur du projet... Nous avons entendu des propos inacceptables de la part d'un groupe de personnes qui, de toute évidence, ne souhaitaient pas dialoguer. Attirant ainsi micros et caméras sur eux. Des scènes et des propos qui font vendre du papier ou font grimper l'audimat...
Mais qu'en retiendra le grand public ? « On n'en veut pas ! »
Des infos qu'on ne retrouve pas dans les médias
« Vous êtes nuls ! » « Vous n'êtes pas impartial. » « Quelle prétention ! » « Pourquoi ne pas mettre la salle dans le 16e ? » Voilà un échantillonnage des exclamations entendues notamment lors de l'intervention de Sylvie Wievorka, coordinatrice du projet pour la Ville, lorsqu'elle a dit qu'elle ne doutait pas que les riverains valideraient le projet.
Mis en place tout récemment, le Comité de pilotage est présidé conjointement par Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de Paris chargé de la santé, et Myriam El Khomery, également adjointe au maire de Paris, chargée de la sécurité. Il réunit les mairies concernées par le sujet (10e-18e-19e), la Préfecture de police, l'Agence régionale de santé (ARS), la DPP (Direction Prévention et Protection), la DASES (Direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé), les associations Gaïa et Coordination Toxicomanies, la MILDT, Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Quatre réunions en tout
Les deux premières ont déjà eu lieu : l'une pour la mise en forme et l'autre pour la présentation du projet par Gaïa.
Viendront ensuite une réunion avec les acteurs Police/Justice, puis une dernière à laquelle seront conviées les associations de quartier.
Sylvie Wievorka a aussi évoqué la possibilité d'inviter des responsables de la salle de Luxembourg-ville pour illustrer ce qui se fait ailleurs en Europe. Il serait question d'en ouvrir une seconde à Esch-sur-Alzette, deuxième ville du Luxembourg à une vingtaine de kilomètres de la capitale, proche de la frontière française (voir l'info sur RTL ici). C'était un des souhaits exprimés par Action Barbès lors de l'intervention de sa représentante.
Nous avons apprécié l'intervention de Myriam El Khomery que nous connaissons bien pour son franc parler : « Il faut réduire les nuisances en direction des habitants » a-t-elle martelé. Comme les participants, elle a regretté l'absence du commissaire du 10e et du Parquet, mais l'a expliqué aussi, car le cadrage juridique du projet n'étant pas encore finalisé, il leur aurait été difficile, en effet, de donner des réponses au public, notamment sur le périmètre d'intervention des forces de police.
« Nous ne voulons pas d'une zone de non droit; nous souhaitons un renforcement des effectifs de police autour de la gare du Nord — Serait-ce le début d'une annonce timide et sous entendue de la future 3e ZSP demandée par le maire de Paris ? Il faut des policiers avertis et fidélisés sur le site, des personnes qui connaissent le quartier et les commerçants ». Elle a terminé son intervention en rappelant la suppression de 400 policiers pendant la présidence de Nicolas Sarkozy sous les huées de nos voisins opposants. Mais elle ne s'est pas laissée impressionnée et n'a pas hésité à hausser le ton.
Peut-être aurait-il fallu insister davantage sur le caractère expérimental du projet : 3 ans ! Et conclure par une clause de revoyure avec les habitants, puisque les exemples étrangers ont montré que les premiers à s'opposer à un démantèlement des salles une fois opérationnelles sont les habitants eux-mêmes.
Commentaires
Bonjour,
Je partage l'avis de la présidente d'Action Barbes sur la violence et le caractère inacceptable de certains propos tenus par quelques associations, qui sont loin de représenter l'opinion de tous les riverains.
Je vous renvoie à mon commentaire posté suite à la réunion:
http://actionbarbes.blogspirit.com/archive/2013/03/25/salle-de-conso-d-abord-s-informer-sur-la-toxicomanie.html#comments
Mais bien évidemment les opposants à la SCMR, très souvent braillards et incapables de participer à un débat constructif, ceux qui malheureusement ne respectent pas des points de vue différentes, se sont retrouvés les plus médiatisés.
Nous avons cependant appris beaucoup de choses, quand on se donnait la peine d'écouter les intervenants, de qualité, et même certains participants dans la salle, mesurés et ouverts au dialogue. Ce fut l'aspect positif de cette réunion.
Bonjour,
100% d'accord avec Elisabeth. Du fond de la salle où je me trouvais avec vue imprenable sur les quelque 200 participants, j'ajouterai les remarques suivantes :
1/ environ 30 personnes ont bruyamment manifesté. De mon point de vue, elles étaient emmené par la représentante de l'UMP, qui, par une maladresse plombante, mais mue sans doute par l'attrait irrésistible des cameras, est intervenue la première, comme un porte drapeau, ce qui, de fait, "signait" les manifestations ultérieures. Toute pensée politicienne n'était donc pas étrangère au bruit...
2/ il n'empêche que bon nombre d'autres personnes, de bonne foi celles là, éventuellement inquiètes, étaient venues pour obtenir des informations sur ce projet.
3/ d'autres personnes enfin étaient favorables à ce projet et l'ont manifesté. En témoigne l'intervention finale d'un médecin rappelant les bénéfices incomparables pour les riverains du centre de la rue beaurepaire pour toxicos, géré(s) par une association de professionnels depuis 10 ans.
Ph. Malvé