Le bel escalier de la rue d'Alsace, qui a été couvert d'un coffrage en bois dans sa partie
centrale pendant plus d'un an suite aux déprédations de la part de certains usagers, va être remis en état par la Ville de Paris, direction de la voirie et des déplacements, section Seine et ouvrages d'art.
Alors que les travaux sont en cours depuis une semaine environ, le chantier est censé s'achever le 31 juillet 2012. Considérant la courte durée des travaux, on ne peut pas s'attendre à une restauration complète de cet ouvrage d'art remarquable, mais plutôt à une "réparation" des balustres démolies par des usagers indélicats et par les aléas dus aux intempéries.
En effet, le froid a du faire éclater la pierre en certains endroits, car cet ouvrage, dont la construction remonte au second empire, n'a pas été suffisamment entretenu au cours de ses 150 ans d'existence.
L'affiche annonçant les travaux aux riverains évoque d'ailleurs les interventions suivantes: nettoyage des parements, réfection des joints, remplacement de balustres. Mais elle n'en précise pas l'étendue: s'agit-il d'intervenir sur tout l'escalier ou seulement sur sa partie centrale? Le panneau de la Ville souligne la présence d’un ouvrage d’art mais, ce qui nous inquiète un peu, il annonce aussi que les travaux assurent son entretien. Or, il semble que son état demande plus qu’un entretien. Au cours du dernier conseil de quartier Lariboisière Saint-Vincent-de-Paul, Elise Fajgeles, élue du 10e chargeé de l’espace public, avait parlé de microgommage : il s’agit là d’un nettoyage par la projection d'une poudre adaptée à la surface à nettoyer. Il est plus doux que le sablage, mais plus dur que le ponçage. Elle avait également évoqué la mise en sécurité de l’ouvrage.
Cela dit, les balustres, certes dégradées, ont été endommagées avec brutalité, ce qui est très probablement le fait d'actes malveillants. Du jour au lendemain, on a pu constater des démolitions partielles à l'intérieur des deux volées en fer à cheval. Certains de nos adhérents habitent la copropriété située en haut de l'escalier (25 rue d'Alsace), actuellement en ravalement, et nous pouvons, grâce à leurs observations, témoigner de l'évolution quasi-quotidienne de l'escalier!
Hélas, la situation est inquiétante : la fréquentation nocturne des lieux y est aussi pour quelque chose. Les dégradations sous forme de tags et de bris de bouteilles en verre abîment, malgré les nettoyages réguliers (mais pas quotidiens), la pierre calcaire.
Affaire à suivre...
Commentaires
L'ouvrage d'art en question est vraiment bien endommagé, et un seul entretien ne suffira certainement pas. Malheureusement, les caisses de la Ville s'avèrent bien vides... On ne peut que redouter une détérioration plus importante d'ici quelques années, et la nécessité d'une restauration, qui coûtera alors bien plus chère aux finances de la Ville et aux contribuables parisiens. Mais cette restauration ne fait pas partie des priorités de la Ville, à 20 mois des prochaines élections municipales!
... Car malheureusement le terme employé par la Ville est ENTRETIEN, et non pas réparation, et encore moins restauration... Un Microgommage sera-t-il efficace? On peut en douter à la vue de la pierre noire totalement effritée sur les balustrades en photo...
Une question à l'architecte de l'association :
La couche noire qui se décolle des balustres fait-elle partie de la pierre utilisée lors de la construction de l'édifice ? Ou bien s'agit-il d'une sorte d'enduit destiné à la protéger ? On découvre sous cette gangue une pierre plus jaune, mais semble-t-il assez friable, d'après la photo. Peut-on penser que les traitements subis au cours des temps, peut-être pour protéger la roche, favorisent cette pelade ? Traditionnellement les balustres de pierre sont-elles fabriquées dans une roche plus tendre, plus facile à tailler ? Ce qui expliquerait aussi qu'elle se délite plus facilement. Les pluies acides dont on ne parle plus beaucoup mais qui avaient été à l'honneur dans les années passées, particulièrement en Allemagne, connues pour nuire gravement à ses forêts et ses bâtiments historiques, peuvent-elles avoir une responsabilité ?
On ne peut pas incriminer les seuls buveurs nocturnes, aussi peu recommandables soient-ils.
La couche noirâtre me semble être de la pierre qui a subi les agressions de la pollution, notamment aux résidus de charbon avant la dernière guerre (rappelez-vous, les façades des immeubles étaient souvent noires). Il se peut aussi qu'un badigeon ou une peinture ait été appliqués sur la pierre abîmée, sans que celle-ci n'ait été nettoyée au préalable. Cette technique assez rudimentaire était courante avant-guerre. La façade du 25 rue d'Alsace, en pierre, qui est train d'être ravallée, a connu ce triste sort. La pierre calcaire étant par nature très friable, elle se décompose d'autant plus vite.