Paris respirerait mieux si l'on voulait bien réduire le nombre de véhicules automobiles entrant dans Paris, par tous les moyens qui s'offrent aux autorités municipales et qui sont mises en oeuvre dans d'autres villes de la taille de Paris. C'est ce qu'a demandé un habitant qui s'est déclaré insuffisant respiratoire, une santé fragile donc, qui souffre de la pollution de l'air comme des milliers de Parisiens et particulièrement des particules fines que rejettent les moteurs Diesel.
Nous avons déjà donné notre opinion sur le projet Paris Respire que souhaite promouvoir la mairie du 9e. Pour être loyal, nous allons donner les arguments qu'ont développés le maire et Pauline Véron, qui se charge de mener à bien cette opération. C'était mercredi dernier à la mairie du 9e.
Concernant la pollution, Pauline Véron n'a pas nié le problème. L'air a Paris ces temps-ci n'est pas de bonne qualité. C'est la même chose chaque fois que nous avons plusieurs jours consécutifs de grand soleil. Elle dénonce toutefois les politiques de promotion du Diesel en France, qui compte la plus forte proportion de ce type de motorisation particulièrement polluante. Par ailleurs, elle soutient le choix du maire de Paris de ne pas instaurer de péages aux entrées de la capitale, pour ne pas pénaliser les habitants de banlieue. Toutes les communes de banlieue ne disposent pas de transports en commun, ni de liaison rapide vers Paris, car les budgets ont été notoirement insuffisants au niveau francilien pendant des décennies, a-t-elle ajouté. Le retard cumulé n'a pas pu être comblé malgré les efforts de la région et du STIF. La santé des Parisiens doit-elle passer après le souci d'équité entre Paris et sa banlieue ? C'est la question qu'a posé un participant à la réunion.
Les habitants présents dans la salle Rossini, une vingtaine en tout, se sont majoritairement déclarés favorables à Paris Respire, en général... mais Trudaine leur semble déjà très tranquille, en particulier le dimanche après midi. La fermeture ne serait effective que de 14 h à 18 h, peut-être 19 h en été. Pourquoi donc interdire la circulation automobile dans une zone aussi peu fréquentée par les voitures ?
La réponse peut surprendre : globalement parce qu'on en n'a pas trouvé d'autres !
En effet, créer une zone de loisirs, de jeux, éphémère, libre de toute voiture, au milieu de nulle part, c'est risqué. Le mieux est de coupler cette zone avec un square que fréquentent les enfants et les familles. Or, le 9e n'est pas riche en espace vert. C'est même un des arrondissements les moins bien dotés de ce point de vue. Ajoutez à cela que 9e est un arrondissement pentu. Et oui ! Ne sommes-nous pas sur le versant sud de la colline de Montmartre ? En dehors du square d'Anvers, il y a le square, petit mais charmant ,qui se trouve près de la place Saint-Georges. Mais il est environné de rues en pente qui se prêtent mal à l'apprentissage du vélo ou à la pratique des rollers, nous a-t-on dit. Quant au square Montholon, Mme Véron a souri en demandant : "Vous ne voulez pas qu'on ferme la rue La Fayette quand même ?".
En souriant, nous pourrions très bien répondre : "Et pourquoi pas ?" Pensez-vous vraiment qu'un dimanche après midi, on ne puisse se passer de cette voie entre 14 h et 18 h ? Il est où le temps où Denis Baupin décidait qu'on fermerait les voies sur berges tout le mois d'août pour aérer un peu les bords de Seine ?? C'était il y a dix ans. Les esprits ont évolué : maintenant Mme Véron fustige le 1er ministre, François Fillon, parce qu'il a mis son véto au projet de la majorité parisienne d'aménagement des voies rive gauche. Elle n'est pas la seule à estimer que c'est un abus de pouvoir. Alors soyons un peu ambitieux, à défaut d'être révolutionnaires, et fermons la rue La Fayette le dimanche après midi !
Elle a enfin souligné la très forte densité de Paris, plus élevée que dans bien d'autres capitales européennes... On est donc resté sur les deux projets proposés par les services de la Ville, l'un axé sur l'avenue Trudaine au sens strict, et l'autre plus vaste, élargi aux rues Rodier et Turgot, jusqu'à la rue Condorcet qui conserve toutefois sa circulation, et aux petites rue Lallier, Sey et Bochard de Saron. Outre que ce secteur comporte des rues pentues (ce que l'on critique par ailleurs), il est aussi fort gourmand en barrages tenus par des agents de surveillance de la ville (ASP). Dont on aurait bien besoin dans des lieux plus fortement peuplés et densément occupés.
Encore un dernier point : une de nos remarques sur le risque de colonisation des trottoirs par les terrasses des cafés a été balayée d'un revers de manche. "Ce n'est pas un après midi par semaine qui va changer le comportement des cafetiers !" Certes, non. Il va seulement le renforcer. Car l'occupation invasive a déjà commencé. Voir ci-dessous.
Commentaires
Il se trouve que j'étais moi aussi à cette réunion (ou nous étions certes peu nombreux) et j'avoue que tant ce que j'ai entendu ce jour là que votre commentaire me semble un peu étrange. Si le but est de créer un endroit convivial le dimanche après midi, gagné sur l'espace habituellement réservé aux voitures, je ne vois pas trop en quoi il serait préférable de le faire dans les rues les plus fréquentées par les voitures (sauf dans une vision tout de même légèrement punitive). De toute façon comme ça a été dit par le monsieur que vous citez au début le but de ce type d'opérations n'est pas de faire baisser la polution automobile.
C'est moi qui m'étonne cette fois. Chacun son tour. L'opération s'intitule "Paris respire" et en effet, on ne dit pas ce que le Parisien est censé respirer. On peut tout de même s'attendre à ce que ce soit de l'air relativement moins pollué que ce dont nous disposons habituellement. Or, comment respirer un air moins pollué, sinon en diminuant la pollution.
Les opérations Paris respire ne visent pas simplement à créer une promenade de plus, même si c'est ainsi que les élus l'ont présenté lors de cette réunion. C'est aussi une façon de réapprendre la rue sans voiture, de l'apprécier, de prendre conscience que la Ville sans voiture a beaucoup de charmes, et au bout du bout de réduire la pollution par les gaz d'échappement des voitures et le taux de particules fines dans l'air.
Pas d'action punitive. En revanche, il faudra un jour prendre des mesures pour réduire efficacement le nombre d’automobiles. Même si le prix de l'essence y contribue, c'est là une façon aussi très injuste puisque le prix du litre est le même pour un cadre supérieur et pour un smicard.
L'info PREFECTURE de POLICE du 26 mars 2012
• le 26 mars 2012/1
Pollution aux particules PM 10 : bilan suite au dépassement du seuil d’alerte ce week-end
Les 24 et 25 mars, en raison du dépassement du seuil d’alerte de pollution atmosphérique, le secrétariat général de la zone de défense et de sécurité de Paris (SGZD) a notamment pris des mesures d’abaissement de 20km/h de la vitesse maximale autorisée sur certaines voies d’Ile-de-France et de contrôle technique renforcé des véhicules.
Sous son égide, la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) a coordonné l’action des services de police et de gendarmerie afin de sanctionner les comportements générateurs de pollution atmosphérique.
Bilan du week-end :
Sur l’ensemble de l’Ile-de-France, 7 571 véhicules ont été contrôlés :
- 7 véhicules verbalisés pour non respect des normes anti-pollution ;
- 103 véhicules pour absence de contrôle technique ;
- 1 407 contrevenants pour non respect de la limitation de vitesse en vigueur.
Au total, 1 517 infractions ont été relevées.
Pour information, depuis le 1er janvier 2012, les niveaux de pollution enregistrés par AIRPARIF ont conduit le secrétariat général de la zone de défense et de sécurité de Paris (SGZD) à déclencher 24 procédures pour dépassement du seuil de recommandations et d'informations ainsi que 4 pour dépassement du seuil d’alerte.
18 269 véhicules ont été contrôlés durant les 3 derniers jours de dépassement du seuil d’alerte, 14, 24 et 25 mars 2012.