Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : opération Barbès Respire

  • Faisons le point

    Résumons le projet tel qu'il se présente aujourd'hui, hors programmation culturelle dont nous parlerons plus tard.

     

     

    Petite chronologie

    2003 - Rachat du Louxor par la Ville à la famille Ouaki (TATI) pour 1,3 million €

    2004 - Délibération du Conseil de Paris pour approuver le principe des travaux de réhabilitation (DPA 2004-303)

    2005 - Investigations qui mettent à jour l’état réel de la salle

    2007 - Visites du Louxor (mai et novembre)  par l’association Action Barbès

    2008 - Délibération du Conseil de Paris pour l’attribution des marchés (DPA 2008-037)

    2008 - mai :attribution du projet à Philippe Pumain

    2008 - novembre : réunion publique d’information

     

     

    Le projet PUMAIN

    • 3 salles de cinéma de capacité différente (350, 150 et 80 places environ) ;
    • 2 de ces salles en sous sol - salle principale en lieu et place de l’actuelle salle ;
    • Création d’un café club et d’une salle d’exposition (150 m² environ) ;
    • Isolation acoustique réalisée en faisant  « une boite dans la boite » ;
    • « restauration » de l’extérieur avec recherche d’un aspect proche de celui d’origine (pause des grilles, affiches de petite taille, colorisation des mosaïques, etc. …)
    • Programmation : cinéma Art & Essai dont une salle (la plus petite) dédiée au cinéma du Sud
    • Possibilité de polyvalence de la salle de 150 places pour des spectacles autre que le cinéma

     

    Budget : total 29 millions € (coût final revalorisé voté par le Conseil de Paris)

    Philippe Pumain est assisté d’une équipe étoffée : « l’’équipe pluridisciplinaire comprend également Christian Laporte,   architecte du patrimoine, les bureaux d’étude Brizot-Masse, et   Louis Choulet ; l’économiste Delporte-Aumont-Laigneau,   l’acousticien Vivié, le scénographe Scène, et le spécialiste en conservation de décors Cartel Collections » dixit le communiqué de presse de la Ville en mai 2008

     

     

    Le Patrimoine

    Dans le cas du Louxor

    • La question des peintures murales est décisive. Les décors seront noyés sous la reprise de structure en béton et le doublage isolant. Il ne sera pas possible de retrouver un jour l'original sous son imitation.
    • Quand on regarde le plan du projet Pumain, on comprend que la salle est réduite de plus d'un tiers en profondeur pour caser les nouveaux espaces inclus dans le programme. Démolition des deux grands balcons et reconstruction partielle. C'est un demi-Louxor qui restera, amputé et maquillé. Bref, plus grand'chose de crédible.
    • Il y a la perte de toute la travée qui comporte la scène, les pans coupés latéraux, l'écran, le rideau suspendu tout en haut, la fosse d'orchestre, sur environ 1m de large (à la place de la scène actuelle) pour laisser monter l'escalier de sortie de la salle de spectacle du sous-sol vers l'extérieur. Il s'agit de toute la travée de scène, très lisible dans l'espace du LOUXOR de haut en bas. (après le dernier portique). Patrick PUMAIN a dit, pour se faire pardonner,  que la scène avait été remaniée dans les années 50 mais le parquet actuel est bien typé des années 20-30. Donc elle est authentique.
    • Il y a la perte les très beaux stucs de faux marbres de 2m de haut  le long des façades, qui se retournent au fond de la salle sous le balcon, dans la partie totalement détruite par le projet.(avec  la salle de projection  20 et 30).
    • Concernant les extérieurs, pour faire sa sortie de secours, l'équipe de maîtrise d'oeuvre sera obligée de  largement "crever » une des façades Monument historique ou le toit. Un trou qui sera suffisant grand  (à moins de faire un tunnel !)  pour rentrer une pelleteuse et la machine à foncer les pieux, les bétonnières etc.

    Bref, on substitue une copie à l'original - lequel sera en grande partie détruit.

     

  • Le cinéma d'antan

    La Construction Moderne était un journal hebdomadaire dont la publication a commencé en 1885. En 1921, le journal décide de s'interesser au cinéma et publie deux articles faisant le point de la situation en parlant notamment de la construction d'un cinéma à Malakoff.

     

    Dans le numéro du 26 mars 1922, la revue décide d’illustrer ces articles sur la construction cinématographique par deux planches qui sont les seules photographies que nous ayons de la salle du Louxor de cette époque et que nous connaissons. Il s’agit de la salle avec la vue de l’écran, et celle du plafond. Un petit texte évoque le lieu et l’architecte de cet édifice :

    « Parmi les cinémas récents, la richesse et l’originalité du Louxor, construit par M. Zipcy, architecte à Paris, à l’angle des boulevards de la Chapelle et Barbès, ont été fort remarquées. Nous sommes heureux de publier la façade et deux vues intérieures de ce bel établissement. »

     

    3. Louxor Ecran 1922.jpg

    Salle en 1922.JPG

     
    Voici les articles de La Construction Moderne.
     

    25 décembre 1921 - Page 97

    On sait le développement extraordinaire pris par le cinéma dont la diffusion et l’attraction font songer à cette puissance que le siècle précédent a vu grandir et qu’est la presse. Spécialement au point de vue architectural, en quelques années s’est construit un nombre considérable de salles destinées à la projection animée et ni nous a semblé qu’on pouvait maintenant essayer de dégager les directives rationnelles qui doivent présider à la construction d’un cinéma.

    M. Vergnes, architecte à Paris, a bien voulu se charger de cette mise au point pour laquelle il était particulièrement qualifié comme architecte de plus de vingt salles de cinéma et comme architecte conseil technique du syndicat des Directeurs cinématographiques.

    Pour illustrer le premier article de notre collaborateur nous publions planches 49 à 52 le dossier de son œuvre la plus récente : le Family-Cinéma à Malakoff.

    Un certain aspect de grandeur résulte de la sobriété du style et de la simplicité des lignes, en harmonie avec la destination de l’édifice qui s’adresse à une clientèle modeste. La décoration intérieure, sobre, mais de bon goût est conçue dans la même idée. Quelques détails de ferronnerie et de menuiserie enfin montreront dans les planches de nos prochains numéros avec quel soin et quelle recherche on peut étudier même si le programme fixé exclut une installation luxueuse.

    NDLR

    L’architecture

    Après avoir pris naissance en public dans les sous sols du Grand-Café, il y a 25 ans, lors de la présentation des premières projections de photos animées obtenues par les frères Lumière inventeurs incontestés maintenant de la cinématographie, le cinéma fut à son début nomade. Accaparé par les forains il put conquérir la popularité dans toutes les villes ou bourgades de France, puis il passa les frontières, mais, comme tous les nomades, il n’eut d’autre abri à ses débuts que la tente avec l’écran volant et une cabine démontable. Puis il commença à se fixer, trouva des hangars, des garages, des remises, des salles de café dans lesquelles il devint une attraction. Regardons ensemble l’aspect de l’une de ces premières salles de spectacles ; il est lamentable : le sol est de terre battue ou constitué d’un plancher délabré, les murs sont sales et lézardés.

     

    Comme siège : des bancs ainsi que dans les plus modestes salles d’école. Un écran de toile presque blanche tendu sur châssis et pendu au fond de la salle. A l’autre extrémité sur des tréteaux, une boite en fer à l’échelle humaine et démontable sert de cabine de projection. L’appareil sur des bases fragiles projette une image tremblante. Au mur, comme décoration, quelques étiquettes : W.C. défense de fumer, puis quelques affiches ; lithographies aux couleurs voyantes ou veules donnant une note décorative. On étouffe dans cette salle, pourquoi ? Toutes les ouvertures ont été calfeutrées pour empêcher l’introduction de la lumière nuisible à la projection. Comme la réalité. Mais le coup de feu part trop tôt ou trop tard, la vaisselle casse avec un bruit métallique trop prononcé, et dans le tonnerre on reconnaît trop la porcelaine. Toutes les erreurs du début ont été petit à petit mises au point ; le spectacle cinématographique rentre carrément dans les mœurs. Son succès va grandissant auprès du public. On commence alors à utiliser des salles de théâtre, ou des salles destinées à des représentations théâtrales, mais un grand nombre d’entre elles ne peuvent recevoir des spectateurs à certaines places, vu la mauvaise ou la non-visibilité de l’écran. On ne peut que difficilement placer la cabine à projection. Nous sommes déjà loin des premières installations décrites tout à l’heure, mais ce n’est pas le rêve. Il gravit maintenant un échelon de plus. Les plus grands artistes de théâtre se mettent à interpréter les chefs d’œuvre de la littérature. Les scénarios  nouveaux et très adaptés au spectacle cinématographique par des metteurs en scène qui se sont révélés des maîtres, viennent faire du cinéma un cinquième art, l’art muet. Son développement lui interdit désormais une installation précaire ; il lui faut un cadre digne de lui. Les salles vont être désormais construites spécialement pour lui. Et c’est un programme nouveau qui s’offre au constructeur, à l’architecte. Et ce programme, ce sont les besoins même du cinéma qui l’ont tracé, car il y a un côté technique de la cinématographie qui est à la base de la conception des salles qui lui  sont destinées.  La visibilité complète de l’écran de toutes les places est une obligation absolue. Le nombre des spectateurs devant être porté au maximum afin que le prix des places soit minime et que le cinéma garde son caractère populaire, se pose impérieusement le problème des larges circulations et des évacuations rapides. Les spectateurs sont facilement sujets à panique au cinéma, vu la fausse réputation faite à celui-ci de créer plus que tout autre spectacle un danger d’incendie. Le nombre des spectateurs a posé aussi un autre problème, celui de la ventilation et de l’aération pour des milliers de personnes placées dans une salle dans laquelle la lumière extérieure ne doit pas pénétrer et gêner la projection et de laquelle le son ne doit pas être gênant pour le voisinage. Et puis, chose bien plus importante encore : le public est devenu difficile. Nous sommes à une époque où le confortable, le luxe dans le plaisir sont devenus des nécessités. Il faut que chacun soir confortablement assis à son aise et qu’il ne soit nullement gêne par les gens placés en avant ou à côté de lui, qu’il n’ait ni trop froid, ni trop chaud, et qu’il ne soit pas placé dans un courant d’air. Toutes ces exigences sont très naturelles, mais posent au constructeur autant de problèmes. Pour le chauffage, ou la ventilation, mêmes problèmes difficiles et délicats afin d’arriver juste à point pour satisfaire une clientèle variée. Nous allons donc énoncer en termes beaucoup plus brefs les nécessités du programme, lequel d’ailleurs doit satisfaire à des ordonnances ou à des règlement de police et d’administration.

    E. Vernes

     

    1er janvier 1922 - page 108

    Comme il n’y avait pas de théâtre à Malakoff ni dans les pays avoisinants, nous avons prévu une scène avec tous ses services accessoires pour pouvoir donner des représentations théâtrales comportant un répertoire d’opérette et même d’opéra-comique. La forme allongée du terrain, le petit côté étant sur une des places principales du pays, imposait l’entrée en bout, la scène étant à l’autre extrémité contre un mur mitoyen. Les services de la scène étaient ainsi rendus commodes puisqu’ils venaient en façade le long de la rue latérale. Les artistes avaient leur loge au sous-sol éclairée et aérée sur rue, leur entrée spéciale se trouvant à proximité. Tous les services de la scène et de l’orchestre étaient ainsi rendus indépendants.

    Le public du rez-de-chaussée qui était entré par la place pouvait s’évacuer en secours sur la façade latérale, celui de la galerie sortait directement par des portes spéciales à la base des escaliers d’accès. Ce système d’évacuation se rapproche le plus possible de ce qui est théoriquement le plus désirable, puisque chaque catégorie de public peut entrer ou sortir sans mélange. Pour d’entrée des spectateurs, il a été prévu pour tout le rez-de-chaussée un contrôle unique placé dans un tambour central ; les portes latérales donnant dans le hall ne servant qu’à la sortie. Les portes d’accès dans la salle et sur le tambour sont placées latéralement afin que la lumière à l’ouverture des portes ne vienne pas jeter un reflet sur l’écran et que le courant d’air ne frappe pas les derniers spectateurs directement dans le dos. Les escaliers latéraux conduisant à la galerie servent l’un pour la première catégorie de places, l’autre pour la deuxième. Lela visibilité. La scène restant au niveau de la rue pour la commodité des décors, chars ou animaux. terrain était du côté de l’entrée déjà affouillé. Pour profiter de cette excavation, nous avons prévu au sous-sol un bar et des lavabos, mais pour que trop enterrées les surfaces de ventilation ne risquent pas d’être insuffisantes, nous avons surélevé le porche d’entrée sur élévation permettant, en outre, d’obtenir une plus grande pente dans la salle facilitant

    Nous nous sommes préoccupés ensuite de la plus importante des questions dans une salle de représentation cinématographique, celle de la position de la cabine pour obtenir la meilleure des projections. Nous l’avons mise à la hauteur du centre de l’écran afin que le faisceau des rayons lumineux soit perpendiculaire à l’écran, le résultat étant une image non déformée qui constitue le but à atteindre pour une projection type.

    Nous avons donc été amenés à mettre cette cabine dans un entresol au-dessus des entrées et au-dessous de la galerie. Cet entresol que nous pourrions presque appeler entrepont est un  véritable poste de commandement. Au centre : la cabine aérée et ventilée par deux cheminées à double enveloppe (ciment armé et métal) allant jusqu’a la toiture. Cette cabine construite en ciment est absolument incombustible, par conséquent. A droite de la cabine, les services électriques : convertisseur transformant le courant alternatif en courant continu, groupe pour la recharge des accumulateurs, tableau de commande pour l’éclairage de la salle, réserve des films. De l’autre côté de la cabine : le bureau du directeur qui, de sa place, par trois ouvertures, peut surveiller l’entrée de la salle ou causer avec l’opérateur. Il a à proximité le tableau électrique de commande générale, le poste téléphonique interurbain et le poste intérieur qui lui permet de communiquer avec la scène, le chef d’orchestre et les caissières. Ce poste de direction à cheval entre le rez-de-chaussée et la galerie est commode pour le contact avec les deux catégories de public. En outre, au même étage se trouvent un lavabo pour l’opérateur et une pièce spéciale pour la réserve des tickets et des affiches. Une autre préoccupation est maintenant celle de la visibilité de la projection.

    Nous avons d’abord déterminé les dimensions de l’écran, vu la longueur de la salle nous lui avons donné 6 mètres de largeur sur 4 m 70 de hauteur. Il est ainsi proportionné avec la salle et serait même presque trop grand pour les premiers rangs de spectateurs.

    Si nous n’avons pas de déformation dans la projection, nous n’en avons aucune par vision oblique, car sur une cinquantaine de spectateurs qui voient sous un angle de 30° au maximum, les 1 350 autres le voient de face. La pente du sol et la hauteur des gradins font que les spectateurs placés en avant ne gênent en rien la visibilité. L’absence de point d’appui dans la salle rend encore cette visibilité plus parfaite. Nous passons ensuite à l’étude de l’acoustique puisque les représentations cinématographiques sont toujours accompagnées d’auditions musicales qui doivent mettre le public dans l’ambiance ; nous savons, en outre, que le film parlant absolument au point grâce aux efforts de M. Gaumont va être prochainement vulgarisé lorsque le prix de revient sera accessible aux exploitants.

    Pour favoriser l’émission des ondes sonores, nous avons évité les saillies. Un pan coupé entre la partie verticale des murs et la partie horizontale du plafond évite l’angle nuisible à la propagation des ondes sonores. La saillie du balcon est réduite à un minimum qui ne gêne en rien les spectateurs placés au-dessous et pendant les représentations théâtrales avec une émission normale, la voix porte facilement à 30 mètres. Afin d’obtenir le meilleur rendement de l’orchestre, nous l’avons mis dans une fosse à double parement formant véritable boite de résonance. Le dessous du proscénium est incurvé et constitué par une surface élastique en contreplaqué qui remplit le double but d’abat-son et d’abat-jour puisqu’il renvoie les sons dans la salle et empêche les rayons lumineux de l’orchestre de nuire à la projection. Vient maintenant la question de l’éclairage : en façade nous l’avons voulu rutilant ; une rampe accuse au haut de la corniche le motif principal de la façade. Le porche d’entrée est éclairé par trois groupes de lumière venant du plafond, mais le motif principal d’éclairage est constitué par deux lampadaires portant deux grandes vasques éclairées sur la périphérie et au centre desquels deux feux rouges tamisés par un globe donnent l’impression de flammes. Les vitraux placés en haut du porche sont aussi éclairés par la lumière du hall intérieur. Au fur et à mesure que l’on pénètre dans l’établissement, l’intensité de la lumière devient décroissante. Dans le hall cinq points lumineux suffisent. Dans le tambour de contrôle précédent immédiatement la salle : une seule lampe. L’œil s’habitue progressivement à la salle demi-obscure dans laquelle a lieu la projection. Dans cette salle même l’éclairage est bleuté, l’indication de sortie est sur feux rouges. Tous les points lumineux sont placés de la façon la plus judicieuse pour être utiles sans être nuisibles. Pendant les entractes, la lumière vient progressivement au moyen de résistances afin que la rétine ne subisse pas de choc qui amènerait fatalement une douleur, car l’œil pendant les représentations cinématographiques est suffisamment fatigué par le spectacle qui est sur le principe de la persistance de l’image rétinienne. Nous n’avons pas installé l’éclairage par reflet qui est le plus parfait, car il est d’un prix de revient trop fort pour un établissement à petit rendement ; Mais nous n’avons mis aucun point lumineux sur les murs latéraux ; tout l’éclairage vient des plafonds, il est volontairement peu intensif puisqu’il est obtenu par 28 lampes au maximum dont 4 sont fort suffisantes en temps normal. Cette lumière venant du point le plus haut est très douce à l’œil car elle vient d’ampoules dépolies. La question de l’aération, et de la ventilation est une des plus délicates dans un cinéma car il faut faire des ouvertures par lesquelles le cube d’air sera renouvelé une fois et demi par heure, cette aération faite à très faible allure afin d’éviter les courants d’air. Si l’air doit facilement circuler par ces ouvertures, le son par contre ne doit pas sortir pour ne pas gêner le voisinage et la lumière extérieure ne doit pas non plus pouvoir rentrer afin de ne pas venir gêner par des reflets la lumière de la projection. Nous avons prévu un grand lanterneau central muni sur tout son périmètre de persiennes à lames mobiles et à fermetures hermétiques qui permettent par des manœuvres indépendantes, à côté droit ou côté gauche, de régler les ouvertures à volonté et suivant la direction du vent. Le plafond en staff placé à 3 mètres au-dessous et sans ouverture dans la partie centrale protège les spectateurs des coups de froid venant du haut. L’introduction de l’air dans l’inter plafond a lieu sur les faces latérales au moyen d’ouvertures fermant à guillotine. Les pans coupés du plafond dont nous avons parlé au sujet de l’acoustique sont ajourés. L’air chaud vicié et les fumées viennent s’emmagasiner dans les pans coupés entre la plafond et la toiture et le courant d’air établi entre les ouvertures latérales et le lanterneau les chasse dans le sens déterminé par le vent : cet entraînement faisant l’office d’un giffard qui extrait en même temps l’air de la salle. Pour compléter la ventilation au sommet de l’amphithéâtre, 4 ouvertures ventilent le point et ont, en outre, l’avantage d’éclairer pendant le jour la partie haute de l’établissement pour le nettoyage, tandis que 7 petites ouvertures dissimulés dans le haut lambris l’éclairent dans la hauteur du rez-de-chaussée. Le chauffage est assuré par une installation de radiateurs avec circulation de vapeur à basse pression. Le chauffage de la scène et des services de la scène est intensif, vu les spectacles donnés à notre époque ou le demi-nu est en faveur. Les services de chauffage sont placés en sous sol, la réserve de charbon venant directement en façade pour les facilités d’approvisionnement.

    L’étude des sièges a attiré toute notre attention, car il faut dans un établissement populaire qu’ils soient d’une grande solidité. La carcasse en fer plat est trop flexible du fait même de la forme donnée au fer. Nous avons préféré celle à fer à T passant en double T dans les endroits qui reçoivent le maximum d’effort. Les assemblages sont faits au chalumeau oxhydrique au lieu d’être rivés ou vissés et l’étoffe a été volontairement choisie en panne au poil ras pour être plus résistante. La position de ces sièges établie suivant le règlement de la Préfecture de police permet une circulation commode et une évacuation rapide.

    Nous terminons par la décoration qui a été recherchée simple vu la modicité des crédits et que nous avons concentré dans un haut soubassement qui relie la galerie au rez-de-chaussée. L’ouverture de la scène est en proportion avec l’écran et toutes les lignes en accusent encore la proportion par une parallélisme voulu des verticales et des horizontales. Les deux gorges successives reliées par un plan placé en avant de l’écran sont là pour faire ressortir la projection. Ces gorges et toute la décoration surmontant le proscénium étant de tons plus soutenus pour mieux faire apparaître par contraste l’éclat de l’image. La partie haute de la salle est de tonalité claire afin que l’obscurité ne soit pas complète, car l’œil se fatigue moins dans une salle très légèrement éclairée et la circulation pendant la projection en est facilitée pour le spectateur qui va trouver sa place. La police même de la salle est rendue plus commode, la projection n’en souffre pas puisqu’elle est encadrée d’une décoration sombre comme nous l’avons décrit plus haut.

    Nous terminerons cet exposé en disant que le porche d’entré e été largement ouvert pour abriter les spectateurs dans leur attente à l’heure d’ouverture, que les marches utiles pour l’accès lui donnent un caractère plus ouvert, cette façade semblant ainsi mieux attirer la clientèle ; que les panneaux d’affiches placés en façade et à droite du pan coupé retiennent l’attention du passant ; que le guichet de location placé à l’extrémité permet le fonctionnement de ce service sans que le public rentre à l’intérieur tandis que les caisses ordinaires placées dans le hall desservent à droite et à gauche le rez-de-chaussée et la galerie.

    Le cinéma étant un genre de spectacle éminemment moderne, non seulement parce que sa découverte ne remonte qu’à quelques années, mais surtout parce qu’il répond à des goûts, à des besoins, à des curiosités que n’avaient pas nos ancêtres, le cadre dans lequel il est présenté ne doit-il pas aussi répondre à ces goûts-là, à cette façon de voir de nos contemporains, à ce besoin de confortable aussi que ne connaissaient pas les siècles précédents.

    Le système de structure est moderne lui aussi : galerie en ciment armé, murs latéraux en pans de ciment armé, charpente métallique. Aspect général sobre, car il serait superflu de vouloir jouer à la grande architecture, le cinéma devant toujours garder son caractère populaire. Laissons les grandes ordonnances aux établissements des institutions d’Etats pour en souligner la puissance aux yeux du commun, mais restons dans des formes modernes, résultat du système de construction de notre époque dans lequel l’ornement ne viendra remplir qu’un rôle secondaire dans une place voulue mais non créée spécialement pour lui.

    E. Vergnes

     

    Pour la réalisation de cet établissement [ à Malakoff ], j’ai fait appel à la collaboration de

    M. Azam, décorateur,

    M. Binet, sculpteur,

    M. Schenck, ferronnier,

    La Maison Durnerin et Lefort, pour la structure en ciment armé.

     

  • Quelques explications - 1ère partie

     

    Le projet dit "de requalification" du Louxor est emblématique pour beaucoup de raisons. Projet culturel phare de la Ville, il a préoccupé et préoccupe toujours à deux titres : respect du patrimoine et programmation culturelle . Passons en revue ces deux sujets.

    LE PATRIMOINE

    Parler du patrimoine n’est pas toujours chose facile. Longtemps taxés de conservatisme, ses défenseurs n’ont pas toujours la vie simple devant ceux qui confondent modernité et modernisme.

    Qui ne comprend que notre culture d’aujourd’hui puise sa vitalité et sa richesse dans ce qu’il y a de meilleur dans notre passé ? Une très bonne illustration nous est donnée en ce moment même par l’exposition Picasso et les Impressionnistes au Grand Palais. C’est après une longue et minutieuse étude du tableau de Manet Le déjeuner sur l’herbe que Picasso s’est lancé dans son interprétation picturale de l’œuvre. Manet lui-même n’avait-il pas, lui aussi, longuement et minutieusement regardé les œuvres de Delacroix et d’Ingres avant de peindre ? Delacroix, Manet et Picasso n’en étaient pas moins pour autant des précurseurs - des révolutionnaires ? - dans leur art à leur époque. Chacun comprend que sans passé il n’y a pas d’avenir.

    C’est avec cette approche, nous semble t-il, qu'il faut s'emparer d’un des volets du projet Louxor : le respect du patrimoine dans un souci de pérennité de notre culture. Point de conservatisme ici, un simple souci de garder ses racines. Alors pourquoi avec le Louxor ? Eh bien parce que Le Louxor est une des dernières, si ce n’est la dernière, salle de cinéma à Paris et peut être même en France, témoin des années de l’essor du 7ème art. C’est la rareté qui fait la valeur, ce n’est pas Le Louxor en lui-même, mais ce qu’il représente encore, le dernier témoin.

    Pour bien comprendre cette position, il nous faut aussi revenir sur la chronologie des événements liés au Louxor depuis 2003. Au moment de son rachat par la Ville de Paris, personne ne portait attention à l’intérêt patrimonial de la salle. L’extérieur avait été mis à l’inventaire des monuments historiques en 1981 et chacun s’en satisfaisait. C’est dans ce contexte que le projet a été lancé par la Ville. En 2005, des investigations sérieuses faites par des experts incontestables ont mis au jour tout l’intérêt de la salle : sa structure intacte, ses décors égyptisants, sa petite scène et sa fosse d’orchestre, son écran, etc. … tout est encore en place. Des visites organisées en 2007 ont permis de se rendre compte de l'intérêt du bâtiment. N’oublions pas non plus que la Commission du Vieux Paris avait donné un avis défavorable au projet de la Mairie de Paris,  comprenant déjà en 2005 les conséquences des travaux, c’est-à-dire et quoiqu’on en dise, la destruction de la salle.

    Le projet présenté le 28 novembre dernier par l’architecte Philippe Pumain ne contredit en rien ces affirmations : la salle sera détruite puis reconstruite au deux tiers afin de permettre l’installation des équipements nécessaires aux salles du sous sol; les décors disparaitront puisque pour des raisons techniques liées à l’acoustique et au nécessaire isolement du bruit, on va recouvrir ceux-ci de matériaux isolants. Seul l’extérieur sera préservé et le projet consiste donc en un façadisme, hélas très à la mode à Paris, à savoir la reconstitution d’un décor sans aucun intérêt par rapport à  ce qu’est encore Le Louxor aujourd‘hui. Ceux qui défendent le projet au nom d’une certaine modernité avec comme argument que Paris ne doit pas devenir un musée devraient réfléchir plus avant si ils veulent a contrario que Paris devienne un parc d’attraction rempli de copies de bâtiments sauvant certes les apparences mais sans âme ? Un petit Las Vegas.

    Des solutions techniques alternatives existent. De nombreux architectes, qu’ils soient spécialistes du patrimoine ou non, nous l’ont confirmé. La Mairie de Paris ne veut rien entendre, persiste dans son projet conçu avant la découverte de l’importance patrimonial du Louxor et s’apprête à faire démolir le dernier témoin des années folles du cinéma à Paris, détruisant ainsi un peu de notre mémoire. Voilà le sens du combat  à mener. Il est légitime pour les générations futures et s’inscrit dans une approche dynamique de la vie culturelle à Paris.

  • Quelques explications - 2ème partie

    Après avoir parlé du patrimoine, considérons la question de la programmation culturelle.

     

     

    LA PROGRAMMATION

    « Le Louxor était un cinéma, il doit donc rester un cinéma ». Voilà l’argument avancé par la Ville de Paris, aidée en cela par ceux qui défendent son projet de cinéma Art & Essai. Notons d’abord que l’affirmation est un peu rapide : le Louxor était bien un cinéma à l’origine mais n’a pas été que cela. La mention Palais du Cinéma sur sa façade est trompeuse. Maurice Chevalier à ses débuts, Fats Domino, Gilbert Bécaud et bien d’autres s’y sont produits, sans parler du court intermède de la discothèque des années 80. Il n’y a donc pas de fatalité à ce que le Louxor reste un cinéma. La Mairie de Paris elle-même n’a-t-elle pas, pour quelques projets phares, changé la destination de certains équipements ? Le prestigieux projet du 104 rue d’Aubervilliers dans le 19ème ou celui de la Gaité Lyrique dans le 3ème arrondissement le démontrent.

    Mais en réalité, la vraie question est de savoir si le projet tel que proposé par la Ville est adapté à Paris en général et au quartier Barbès en particulier ? Autrement dit, la réalisation d’un cinéma de 3 salles avec une programmation Art & Essai correspond elle aux attentes des Parisiens et des habitants du quartier ?

     

     

    Le Syndicat des Cinémas Art et Essai a publié très récemment une intéressante enquête qui cerne le profil du public de ce type de salle. Le spectateur standard, si l’on peut s’exprimer ainsi, est une femme d’une cinquantaine d’années, issue d’un milieu dit « favorisé », qui fréquente les salles seule et habite dans les quartiers riches de Paris. Qui nous fera croire qu’il s’agit là du public que l’on trouve à Barbès ? Qui nous fera croire que ce spectateur type viendra à Barbès pour voir un film ? Les difficultés rencontrées par des salles comme La Pagode dans le 7ème ou Le Balzac dans le 8ème, deux arrondissements qui ne sont pas dans les plus défavorisés, attestent du contraire. Plus près de nous, l’excellent Max Linder sur les Grands Boulevards est contraint de partager sa programmation entre films commerciaux et cinéma Art et Essai pour assurer sa pérennité. Tous sont subventionnés par la Ville de Paris, ce qui n’est pas critiquable, bien au contraire, mais démontre leur fragilité dans un environnement pourtant plutôt favorable en ce qui les concerne.

    Par ailleurs, qui pense sérieusement que le public du quartier, et en particulier celui, nombreux, de la Goutte d’Or, viendra voir des films Art et Essai dans le Louxor rénové ? Si l’implantation d’une bibliothèque rue de la Goutte d’Or correspond bien aux attentes des habitants de ce quartier, il est facile d’imaginer que ce même public ne traversera pas le boulevard de La Chapelle pour voir un film Art et Essai. C’est d’un véritable pôle de vie et de culture dont le carrefour Barbès a besoin, pôle à la pérennité assurée et indépendant de subventions souvent aléatoires, pas uniquement d’un cinéma Art et Essai.

    C’est pourquoi il faut demander à la Mairie de Paris d’adapter son projet culturel, d’autant que le projet actuel entraîne la destruction de la salle. (Voir l’article patrimoine.)

    On a parlé de polyvalence et cela a été beaucoup raillé, notamment par ceux qui n’en comprennent pas le sens et le limitent au terme un peu péjoratif des salles dites « polyvalentes » de nos campagnes. Par polyvalence, il convient d'entendre diversification des activités (pas seulement du cinéma) et diversification de l’utilisation du lieu (notamment par le biais des associations du quartier par exemple). Il est juste de reconnaitre que la réunion du 28 novembre a ouvert une petite brèche dans le dispositif et que des promesses ont été faites pour être plus à l’écoute. Mais tant que le projet restera dans les limites contraignantes d’un cinéma, les marges de manœuvre concernant la programmation ne restent-elles pas très étroites ?

    Enfin, et là pour répondre à certaines critiques, il est opportun de dire qu'émettre des réserves sur ce qui vous est présenté ne signifie pas que l’on doive obligatoirement proposer quelque chose à la place

    oOo

    On l’aura compris, respect du patrimoine et programmation culturelle sont intimement liés. La programmation culturelle, résultat d’une réelle concertation avec les habitants et associations du quartier, influe sur l’utilisation du bâtiment. Tel qu’il est conçu aujourd’hui,  le projet et la méthode choisis par la Ville ne sont pas les bons. Pour respecter le patrimoine, il faut que la programmation s’adapte à l’existant. La Ville a choisi l’inverse. Pour faire du Louxor rénové un centre attractif, la Ville s’obstine à y maintenir du cinéma et uniquement du cinéma à quelques exceptions près. La Mairie de Paris fait fausse route.

    Enfin, et de façon à être très clair, notre combat pour, non seulement sauver le Louxor mais faire en sorte qu’il devienne un pôle culturel vivant, ne s’inscrit pas dans une opposition systématique à ce que fait la Ville ni même dans un positionnement anti-cinéma. C’est parce que le projet est inadapté au quartier d’abord, à la ville ensuite, qu'il faut se lever, forts que nous devons être des promesses d’écoute qui ont été réitérées il y a moins d’un an lors de la campagne électorale par l’actuel Maire de Paris.

  • Une destruction annoncée !

    Pendant la réunion du 28 novembre, un architecte a rapidement fait ce schéma nommé "une minute de travail schématique de ce que l'on a aperçu au cours de la première  information publique donnée sur le projet de la Ville".

    Le dire c'est bien, le voir est sans doute mieux : l'intérieur du Louxor va être démoli !

    Schéma des destructions.JPG
     

     

  • Le Louxor, dernière des salles de cinéma des années 1920 ?

     

    1. Louxor 1922.jpg

    « Après une période où le cinéma a cherché son modèle d'exploitation à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, l'industrie cinématographique s'est organisée avec la construction de salles dédiées au sein d'établissements démesurés (en 1920, il y a 11 salles de plus de 2000 places à Paris). Le cinéma s'impose alors comme un lieu de consommation culturelle de masse. Contrairement au théâtre, la salle de cinéma abandonne toute stratification sociale avec un espace commun. La fréquentation du cinéma, qui concerne un public plus large que le théâtre et l'opéra (car moins coûteux), explose et les spectateurs reviennent régulièrement. » nous dit l’encyclopédie Wikipédia dans son article consacré à l’historique de la fréquentation des salles de cinéma.

    Le cinéma des années d’après Première Guerre Mondiale est un art populaire et, à Paris, de nombreuses salles voient le jour. Elles ont en commun deux caractéristiques très marquées : leur taille (de 1500 à 2000 places) et leur décoration soignée. Le Louxor, ouvert en 1921, n’échappe pas à cette règle.

    Sans faire un catalogue complet de ces salles, regardons ce qui se faisait dans le quartier non loin du Louxor d’une part, près de la place Gambetta dans le 20ème arrondissement et à Saint Germain des Près.

    Il n’est pas très difficile de trouver à la bibliothèque des Arts Décoratifs, 111 rue de Rivoli, des documents parlant de l’architecture des salles de cinéma du début du 20ème siècle. Il est d’ailleurs très intéressant de comparer ces documents à ceux qui traitent de l’architecture des salles de théâtre : on y voit émerger la spécificité de conception des salles de cinéma. Le théâtre et le café concert sont encore conçus comme des salles de spectacles d’art lyrique comme au 19ème siècle. La salle de cinéma est elle rectiligne, favorisant la vue de l’écran et donc du film, et peut accueillir un nombre de spectateurs élevé.

    La plus extraordinaire des salles proche du Louxor est sans conteste celle de l’Artistic Cinéma Pathé au 59-61 rue de Douai dans le 9ème arrondissement.

     

    Artistic Pathe 1 web.JPG

    Vue extérieure de l’Artistic Cinéma Pathé au 59 rue de Douai

    (Collection de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs)

    Construit comme Le Louxor au début des années 20, l’Artistic Cinéma Pathé avait une décoration de type arabisant très soignée. L’architecte Michel Oudin y avait mis un vestibule d’entrée et une salle de bar.

    Artistic Pathe 19 web.JPG
    Artistic Pathe 18 web.JPG

    Vestibule et bar de l’Artistic Cinéma Pathé en 1920

    (Collection de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs)

    La salle elle même est très typique de la conception de cette époque.

    Artistic Pathe 17 web.JPG

    Vue de la salle de l’Artistic Cinéma Pathé :

    petite scène et fosse d’orchestre comprises, comme au Louxor

    (Collection de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs)

     

    Artistic Pathe 9 web.JPG

     

    Plan du Rez-de-chaussée de l’Artistic Cinéma Pathé : même disposition qu’au Louxor

    (Collection de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs)

     

    Plus à l’Est, mais dans la même veine, se trouvait le cinéma Belgrand ou Gambetta Palace, juste au coin de la rue Belgrand et de la rue du Cher. Une salle de 1500 places construite sur un ancien théâtre.

    Cinema Belgrand 5 web.JPG

    Vue extérieure du Gambetta Palace

    (Collection de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs)

    L’architecte Henri Sauvage a là aussi conçu une très grande salle très décorée.

    Cinema Belgrand 7 web.JPG
    Cinema Belgrand 6 web.JPG

    Vue intérieure de la salle du Gambetta Palace

    (Collection

  • La typologie des salles de cinéma construites dans les années 1920

    Par Stéphane Ricout, architecte
     
    Il s'agit de constater l'émergence d'une nouvelle typologie de salles créées exclusivement pour le cinéma muet au début des années vingt et ensuite d'en apprécier les limites pour l'usage spécifique du cinéma, surtout dans une acception d'aujourd'hui (moderne au sens étymologique).
     
    Ce qui est frappant dans les exemples de cinémas contemporains du Louxor comme de l'Artistic Cinéma Pathé , du Gambetta Palace ou  du Danton Cinéma Palace, c'est la similitude de leurs typologies et leur ressemblance en volumétrie avec le Louxor (pas nécessairement en décoration) : boîte allongée, petit écran, décoration soignée et très présente etc..., sans parler de la présence d'une fosse d'orchestre et d'un petit proscenium.
     
    Or, c'est précisément ce type de salle qui ne conviendrait pas à un cinéma aujourd'hui. Alors qu'en son temps, cette typologie était novatrice, on ne peut pas dire qu'elle ait anticipé l'avenir du cinéma.
    "L'amphithéâtre linéaire" (ce qui est antinomique car "amphi" signifie en grec "des deux côtés, en double" ou "autour" - Le Petit Robert), le fait d'être face à l'écran, est certes une nouveauté, mais atteint rapidement ses limites, car ne tenant pas compte de l'éloignement de l'écran par rapport aux spectateurs du fond (et du premier rang non plus d'ailleurs). Seuls les spectateurs d'un nombre de rangs très limité sont placés à une distance idéale de l'écran. Si l'on dispose les spectateurs "autour" (amphi) de l'écran sur un nombre de rangs limité, la distance est donc idéale pour un plus grand nombre (avec pour limite l'angle de vision sur les côtés). Les salles modernes de cinéma sont donc plus proches des amphithéâtres antiques, où l'objectif est de tenir à une distance assez égale un maximum de spectateurs/auditeurs, même si beaucoup de salles optent toujours pour une disposition face à l'écran, mais la salle est toujours large par rapport à sa profondeur.
     
    En outre, les décorations des années vingt et trente n'étaient pas du tout discrètes et aux antipodes des boîtes noires et mates actuelles. Qui n'a pas été étonné par les reflets latéraux à la Pagode, dans le septième arrondissement de Paris, lors d'une projection ? Gênants pour du cinéma, ils ne le seraient pas pour tout autre activité. Voilà pourquoi l'on peut dire sans hésiter du Louxor: "ceci n'est pas un cinéma" (Marcel Duchamp de Barbès).
     
    Que faire du Louxor ?  Je vous conseille vivement la lecture de l'ouvrage de référence Architecture et Musique : l'architecte, le musicien et l'auditeur du 17ème siècle à nos jours, de Michael Forsyth, Pierre Mardaga, éditeur.

  • Réponse à Philippe Pumain

    Philippe Pumain est l'architecte désigné par la Ville de Paris, en charge de la rénovation du Louxor. Il a accordé il y a quelques semaines une longue interview à l'association Les Amis du Louxor (qui, à l'inverse d'Action Barbès, défend le projet tel que prévu par la mairie de Paris). Beaucoup de non-dits, d'imprécisions, d'omissions nous ont incités à demander à des spécialistes de commenter cette interview. Nous avons donc rencontré à cet effet Agnès Cailliau, architecte du patrimoine, diplômée de l'école de Chaillot et de l'ICCROM (Centre International d'Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels), François Loyer, historien de l'architecture, ancien directeur de l'Ecole de Chaillot, et Stéphane Ricout, architecte DPLG, spécialiste de l'architecture des salles de spectacle.

    ACTION LOUXOR (AL) : François Loyer, Philippe Pumain dit dans l'interview qu'un architecte du patrimoine suit le projet avec lui. Et parle de "restauration patrimoniale" et de  "restitution". Quelque chose nous met mal à l'aise dans les termes employés tout comme la place occupée par cet architecte du patrimoine. Quel est votre sentiment ?

    François Loyer (FL) : il y a pas mal de non dits dans ce que déclare Philippe Pumain, à propos de l'architecte du patrimoine associé au projet. D'abord il omet de dire que la mission de cet architecte est strictement limitée aux zones du Louxor inscrites aux Monuments Historiques, à savoir les façades et le toit. On a l'impression qu'il utilise la présence de l'architecte du patrimoine comme une caution. ...

     

    On peut aussi s'étonner que cet architecte du patrimoine ne s'efforce pas d'étendre son champ de compétences à d'autres zones du Louxor - je veux parler là de l'intérieur, dont l'importance patrimoniale a été clairement démontrée par les recherches faites en 2005. Pour avoir longuement visité cette salle, je suis moi-même persuadé de la chose et on peut à la fois regretter la frilosité (pour rester aimable !) de cet architecte du patrimoine et se poser des questions sur son attitude car rien, dans sa position, ne l'empêche de se saisir de la question.

    J'ajouterais qu'au détour d'une phrase, Philippe Pumain trahit l'essence même du projet puisqu'il parle de " restitution ". Chacun comprend bien la signification de ce mot !

    AL : Parlons un peu technique maintenant avec vous Stéphane Ricout, et notamment de cette idée, disons le bizarre, de la boîte dans la boîte pour résoudre la question de l'isolement acoustique. Philippe Pumain justifie cette option technique par les contraintes modernes imposées aux salles de cinéma mais dans le même temps reconnaît que certaines d'entre-elles fonctionnent très bien hors normes ! Sans aller jusqu'à revendiquer une restauration qui ne respecterait pas les normes actuelles, plusieurs experts nous ont dit que d'autres options techniques étaient possibles. Quel est votre avis sur la question ?

    Stéphane Ricout (SR) : il faut revenir à la source du problème. Le choix du programme culturel - un cinéma avec création de deux salles en sous-sol est une erreur fondamentale car elle ne tient pas compte de la spécificité de la salle existante, conçue en 1919 comme vous le savez. Ce n'est pas le principe de "boîte dans la boîte" qui est à remettre en cause, mais plutôt sa mise en œuvre. Telle qu'elle est prévue, la boîte dans la boîte ne conserve pas la structure existante du bâtiment. Pourquoi? Parce que la Ville veut réaliser coûte que coûte deux salles en sous-sol, et que pour cela, il faut démolir l'intérieur de la grande salle. Or, si le programme ne le prévoyait pas, on pourrait conserver la grande salle dans son "jus", et l'on conserverait autant que possible la structure avec une amélioration de l'isolement phonique et un renforcement de la structure. On pourrait obtenir une "boîte dans la boîte" techniquement moins poussée que dans le programme actuel (elle ne serait pas totalement indépendante de la structure du bâtiment), mais qui pourrait satisfaire à un usage autre que le cinéma d'aujourd'hui - en utilisant des instruments "acoustiques", par exemple - et à moindre frais. L'isolement du bâtiment par rapport aux voisins ne poserait pas de problème technique majeur, en tous cas, cela mériterait une étude poussée in situ. L'argument ne peut pas être balayé ainsi, d'un revers de main.

    AL : changeons de sujet. Agnès Cailliau, Philipe Pumain parle de conservation préventive des décors. Qu'est-ce que cela signifie au juste puisque les décors vont être enfouis dans " boîte dans la boîte " ?

    Agnès Cailliau (AC) : je m'interroge moi-même sur le sens de cette déclaration. Cela signifie t-il que les décors seront démontés, restaurés puis réinstallés dans la nouvelle salle ? Des déclarations précédentes, je n'ai pas compris cela. Il semble que l'on s'oriente vers une restauration d'une travée de décors avant leur enfouissement dans l'épaisseur de la double structure de consolidation des murs extérieurs et d'isolement acoustique. C'est très curieux. Cela confirme que les décors de la nouvelle salle seront des copies, puisque les décors authentiques seront définitivement enfouis dans l'épaisseur des murs.

    AL : Philippe Pumain parle longuement de la consolidation du bâtiment. Il justifie toutes les modifications, ou disons plus simplement les destructions de l'existant, par des raisons de sécurité, de normes et va même jusqu'à parler de " surcharges de neige " ce qui est un peu court - voire risible - non ?

    AC : l'architecte a entièrement raison de se soucier des questions de sécurité, on ne peut pas le critiquer pour cela. Mais les options choisies ne sont pas les bonnes. Prenons le renforcement de la structure par exemple. Telle qu'elle se présente aujourd'hui, la structure des murs extérieurs  de la grande salle est constituée par une série de portiques en béton, en U renversés, disposés dans le sens transversal. Ils sont contreventés par des poutres en béton, dans le sens de la longueur sur le toit. L'ossature très fine est remplie en façade par des panneaux en briques creuses séparés par un espace vide. Le bâtiment est extrêmement léger. Au lieu de supprimer le rôle de cette structure en la doublant avec une autre qui sacrifie considérablement l'espace intérieur, on pourrait très bien imaginer des techniques performantes, contemporaines, adaptées à l'édifice - par exemple, en " chemisant " les poteaux béton existants avec de l'acier, ou en remplaçant les bétons malades par des aciers de consolidation et/ou des bétons d'une granulométrie appropriée.

    De toutes les manières, il faudra se résoudre à réparer cette structure. En examinant de près la surface des parements du Louxor, on y aperçoit des fers oxydés, signe de la pathologie du matériau. Maladie logique et connue, que l'on retrouve sur tous les bétons des années 1920 exposés aux intempéries et à la pollution. Il ne faut pas oublier que le matériau était encore très innovant à cette époque. Economique, léger, et facile à mettre en œuvre mais encore un peu trop audacieux.

    Il faut donc dégager très soigneusement la structure, passiver les fers, etc. ... - pour employer des termes techniques.

    En toiture terrasse, je ne sais pas comment sont fabriqués les soffites : il faut aussi déposer soigneusement ces caissons pour reprendre sérieusement la structure qui y est dissimulée, la réparer et la consolider.

    Je précise tout de suite que l'inscription des façades à l'inventaire n'interdit absolument pas cette option. Au contraire, elle la signifie implicitement. Car elle permet le maintien  des volumes et des décors extraordinaires, avec les enduits granito, les stucs, les mosaïques, les peintures, etc. ... dans toute leur authenticité.

    SR : je voudrais faire un commentaire concernant la consolidation du bâtiment, et plus particulièrement en ce qui concerne ses fondations. Nous sommes dans une zone à haut risque. N'oublions pas que la station de métro s'est brutalement affaissée lors de sa construction en 1910. On va creuser. Très bien. Mais on sait parfaitement que nous sommes dans une zone de remblais d'anciennes carrières de gypse. Il est très difficile, voire hasardeux, de mettre en œuvre du béton dans ces remblais et de trouver le bon sol. Ces actions sont très risquées, personne ne peut le contester. Va t-on se retrouver dans le même cas de figure que rue Papillon dans le 9ème très proche lors de la construction du RER B où les immeubles commençaient à s'écrouler ?

    Encore une fois, on voit bien que c'est le choix du programme culturel qui implique la réalisation de deux salles en sous sol qui ne va pas. Si l'on observe avec attention avec quel art l'architecte Zipcy, en son temps, imbriquait ses fondations (semelles en béton) dans les fondations haussmanniennes de l'immeuble construit à cet endroit avant le Louxor, on mesure la brutalité avec laquelle on compte intervenir aujourd'hui dans le bâtiment actuel, qui va être réduit à une carcasse ! Zipcy eut l'intelligence de s'appuyer sur les fondations existantes. C'est tout simplement pour nous, architectes, une leçon d'humilité.

    AL : revenons sur les décors. Faisons un sort à l'affirmation de Philippe Pumain disant que le décor " n'a pas un intérêt artistique majeur ". Cette sentence n'engage que lui et contrairement à ce qu'il dit, tout le monde n'est pas d'accord là-dessus. Philippe Pumain se réfère à des critères d'égyptologie pour appréhender la valeur artistique de ces décors, mais ce n'est pas du tout avec ces critères qu'il convient de les regarder. Il faut les replacer dans le contexte des années d'après Première Guerre Mondiale, ces années folles où le cinéma a pris un essor considérable et pendant lesquelles de nombreuses salles de cinéma " exotiques " ont été réalisées. Se référer à l'Egypte ancienne n'a aucun sens. Partagez vous cette analyse François Loyer ?

    FL : je ne l'aurais peut-être pas dit dans les mêmes termes, mais le fond me parait absolument exact. En particulier, je me demande sur quelle base se place Philippe Pumain pour dire que les décors n'ont pas d'intérêt artistique ? Il fait au passage preuve d'un certain mépris pour les artisans, passons. Il s'agit d'une décoration " néo-égyptisante ". Je sais, le mot est un peu compliqué mais il traduit le contexte spécifique des relations entre l'Egypte et la France depuis l'excursion de Bonaparte en Egypte. Le goût des Français pour l'Egypte n'a pas faibli au cours du 19ème siècle - et on pourrait même dire jusqu'à aujourd'hui, il suffit de voir le nombre de touristes français qui se rendent en Egypte ou bien le succès des salles d'égyptologie au Louvre. Tout comme on a essayé de refaire des décors dans le style grec, on a fait des décors dans le style égyptien. C'est dans ce contexte qu'il faut regarder les décors du Louxor, doublé comme on l'a déjà dit du formidable succès du film Cleopatra dans les années 1920. On peut raisonnablement dire que ces décors sont un peu la mémoire de ces années folles du cinéma.

    J'ajoute que contrairement à ce qui est souvent affirmé, les décors n'ont pas été faits au pochoir. Si vous prenez la forme d'un élément de décor qui se répète et que vous le superposez avec un autre, vous voyez qu'ils ne sont pas tout à fait identiques. Nous avons donc au Louxor une décoration néo-égyptisante rare, je dirais même unique à Paris certainement.

    AL : revenons à l'aspect patrimonial. Philippe Pumain affirme que " même les architectes en chef des Monuments historiques font parfois des restitutions ! " Qu'en dire, François Loyer ?

    FL : comme pour beaucoup de ses déclarations dans cette interview, la chose n'est pas entièrement fausse, mais Philippe Pumain se garde bien d'en dire plus ! En vérité, les architectes des Monuments historiques ne font des restitutions qu'en cas de force majeure, quand il n'y a pas d'autres solutions (par exemple, lorsqu'un élément a été détruit et que sa disparition rend tout à fait illisibles les éléments subsistants). Donc, je comprends en creux de ce que dit cet architecte, qu'il n'y a pas d'autres solutions et qu'il est devant un cas de force majeure. Moi - et tous ceux qui défendent le Louxor - je m'inscris en faux devant cette affirmation. Pour l'instant, il n'y a pas d'alternative, car c'est le choix purement circonstanciel du cinéma à trois salles qui est contraignant. On en revient toujours à cette question. Je dis et je répète que si, comme elle le prétend, la mairie de Paris avait une vraie politique patrimoniale, elle aurait adapté le projet au lieu et non pas fait l'inverse en détruisant la salle existante du Louxor pour en faire un cinéma à trois salles. C'est d'autant plus dommage que quand elle le veut, elle le fait. Prenez le cas du 104 rue d'Aubervilliers, les anciennes Pompes funèbres de Paris. Les bâtiments ont été restaurés avec beaucoup de soin et accueillent un projet culturel original adapté. Cela a certes coûté cher. Mais le budget actuel de restitution du Louxor est de 30 millions d'€. Sans être un oiseau de mauvais augure, on peut penser que ce budget sera dépassé. Avec tout cet argent, on pourrait faire autrement. Mais la Mission cinéma de la Ville de Paris n'en démord pas, ce sera un cinéma Art & Essai, installé dans une copie du Louxor des années 1920. Ce sera sans doute très joli (encore qu'on puisse se demander si on vraiment capable de copier correctement un décor d'il y a cent ans !), mais ce ne sera qu'une copie.

    Nous avons un peu attaqué Philippe Pumain ici, mais en vérité, les vrais responsables de cette mauvaise action patrimoniale programmée sont les gens de la Mission cinéma de la Ville de Paris et les élus parisiens qui soutiennent leur projet.

     

  • Le Louxor en 1920 ?

     

    Louxor Ecran 1922_colorise web.jpg

    Photo intérieure de la Grande salle, avec vue sur le cadre de scène et l'écran,

    Source : La construction moderne, mars 1922

     

    Un travail minutieux de recherche et la technologie moderne nous permettent d'avoir une meilleure idée de la salle du Louxor à son origine. Cette image ne propose pas une reconstitution scrupuleuse des décors, elle est l'illustration de ce qui a existé, de ce qui est encore là et de ce qui risque d'être détruit pour laisser place à une copie. La colorisation, réalisée avec les trois dominantes de couleur originelles, a pour but de montrer l'ambiance et les espaces de l'intérieur du Louxor au début des années 20.

    La photo en noir et blanc a été colorisée à dessein, dans des teintes bleues, or et sépia, très présentes, afin de restituer l'atmosphère de la salle d'origine.

    Les bleus sont dans le rideau en trompe-l'œil dont les festons ourlent le haut de l'écran, mais également dans le haut soubassement en faux marbre qui habille tout le premier registre de la salle, dans tous les décors. Les ors sont dans le rideau en trompe l'oeil, dans les motifs décoratifs des ébrasements. La couleur sépia est déclinée dans les hiéroglyphes ainsi que dans les décors.

    En-dessous de l'écran, il faut noter la présence d'une fosse d'orchestre très originale, semi-enterrée, et d'un petit plateau d'avant-scène.

    A noter : actuellement tout est en place.

    L'image colorisée montre, de toute évidence, que cela met l'espace en valeur. Le principe de colorisation est néanmoins un principe ancien qui a ses limites.

     

  • Le Louxor, c'est l'histoire du cinéma à Paris

    Se contenter d'affirmer que le Louxor est un des derniers témoins de l'histoire du cinéma est une bonne chose, mais regarder en détails la situation actuelle des salles de cinéma anciennes à Paris (construites avant la Seconde Guerre Mondiale) est encore mieux.

    Une liste des établissements établie en 2001 par l'Atelier Parisien d'Urbanisme (APUR) recoupée avec des informations un peu plus récentes comme celles données par le site Ciné-Façades nous donne une idée assez juste de la situation actuelle des salles anciennes à Paris. Vous trouverez cette liste agrémentée de quelques commentaires pour chaque lieu à la fin de cet article. Notez que cette liste ne prétend nullement à l'exhaustivité. Il y aurait eu plus de 2000 cinémas à Paris avant 1940 ! Les salles mentionnées sont celles remarquées par l'APUR et encore en place en 2001.

    Notons déjà que sur les 81 établissements recensés, seulement 7 sont encore en fonction, et encore faut-il y inclure Le Trianon boulevard de Rochechouart qui n'est pas exclusivement un cinéma ou encore La Madeleine qui ne l'est plus depuis longtemps ....

    Au sens strict du mot cinéma, ne restent en activité que Le Rex (2e), Le Champo (5e), La Pagode (7e), Le Majestic (11e) et le Studio 28 (18e) soit 5 salles.

    Si on prend les salles encore existantes au sens large, La Madeleine qui date de 1918 est la plus ancienne, suivie du Studio 28 de 1928, puis du Rex et de La Pagode de 1931. Le Majestic date de 1935 Le Champo de 1938.

    LISTE DES 7 SALLES DE CINEMA LES PLUS ANCIENNES A PARIS

    Par ordre chronologique

    Salle

    Année

    Arrondissement

    Le Louxor

    1920

    10ème

    Studio 28

    1928

    11ème

    La Pagode

    1931

    7ème

    Le Rex

    1931

    2ème

    Le Majectic

    1935

    11ème

    Le Trianon

    1935

    18ème

    Le Champo

    1938

    5ème

    Sept salles seulement donc. On voit très bien à partir de ces informations comment se situe Le Louxor. Construit en 1920/21, il est presque le doyen avec La Madeleine. Il est même le doyen si on considère La Madeleine comme un théâtre, ce qu'il est de fait aujourd'hui, et surtout, si on considère sa structure si particulière, entièrement conçue pour le cinéma, muet à l'époque, rappelons-le. Bien sûr il y a d'autres endroits de cette époque encore existants. Mais nombre de ceux-ci ont été transformés en magasins pour certains - on peut voir, par exemple près du Louxor, l'ancien cinéma Le Delta, boulevard de Rochechouart, ou le Barbès Palace, boulevard Barbès - ou restructurés en profondeur pour laisser place à des multiplexes sans âme comme le Belgrand à Gambetta. Certains ont connu un sort plus heureux comme Le Balzac, mais ils ne sont plus dans leur état d'origine.

    On peut donc affirmer sans risque d'être démenti que Le Louxor est aujourd'hui un des tout derniers représentants encore en place de l'essor du cinéma dans les années 1920, voire peut-être même le dernier. C'est ce trésor patrimonial, n'ayons pas peur des mots, que la Ville de Paris veut restructurer, dit-elle, détruire en fait pour laisser place à une copie.

    Liste de 81 anciens cinémas établie par l'APUR en 2001 à partir d'un recensement de 300 adresses d'établissements anciens ou en activité, croisée avec le site  Ciné-façades .

    Les cinémas de banlieue ne sont pas recensés. Seul est à évoquer le Family Cinéma de Malakoff, construit en 1920 par Emile Vergnes - exact contemporain du Louxor, avec lequel il est publié et auquel il ressemblait beaucoup - et détruit dès 1935.

  • La vie du lieu avant le Louxor

    1901 Contruction du metro.JPG

    La photo de l’immeuble situé à l’emplacement du Louxor avant sa construction se trouve en page 15 d'un livre publié en 1997 :  Le métro de chez nous, Jean-Claude Demory - Éditions MDM.

    En plus de nous démontrer sans contestation possible que le Louxor a été construit là où se trouvait un grand immeuble de style haussmannien, la légende de cette photo vient confirmer nos inquiétudes quant aux travaux qui vont être entrepris pour creuser deux salles en sous-sol.

    Reproduisons le texte de cette légende :

    La seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème furent l'âge d'or de la construction métallique. Cependant, l'érection du viaduc de la ligne 2 posa quelques problèmes en raison du terrain miné par d'anciennes carrières de gypse. D'importants travaux de soutènement furent donc nécessaires, tel le coulage de plusieurs centaines de puits maçonnés jusqu'à un sous-sol résistant, parfois à plus de 20 mètres de profondeur. ....

    Sans vouloir dramatiser, souvenons nous de ce qui s'est passé en 1995 rue Papillon, à quelques centaines de mètres du carrefour Barbès.

    Télécharger la photo (PDF).

  • Un clin d'oeil !

    Philippe Comar est professeur à l'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts de Paris. Il soutient notre action et a signé notre pétition. Il nous a également fait parvenir un petit dessin sous forme de clin d'oeil et qui résume assez bien les choses. Le voici :

     

    Camera Egyptica.jpg

    Camera Egyptica

     

    SIGNEZ LA PETITION