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Quelques explications - 1ère partie

 

Le projet dit "de requalification" du Louxor est emblématique pour beaucoup de raisons. Projet culturel phare de la Ville, il a préoccupé et préoccupe toujours à deux titres : respect du patrimoine et programmation culturelle . Passons en revue ces deux sujets.

LE PATRIMOINE

Parler du patrimoine n’est pas toujours chose facile. Longtemps taxés de conservatisme, ses défenseurs n’ont pas toujours la vie simple devant ceux qui confondent modernité et modernisme.

Qui ne comprend que notre culture d’aujourd’hui puise sa vitalité et sa richesse dans ce qu’il y a de meilleur dans notre passé ? Une très bonne illustration nous est donnée en ce moment même par l’exposition Picasso et les Impressionnistes au Grand Palais. C’est après une longue et minutieuse étude du tableau de Manet Le déjeuner sur l’herbe que Picasso s’est lancé dans son interprétation picturale de l’œuvre. Manet lui-même n’avait-il pas, lui aussi, longuement et minutieusement regardé les œuvres de Delacroix et d’Ingres avant de peindre ? Delacroix, Manet et Picasso n’en étaient pas moins pour autant des précurseurs - des révolutionnaires ? - dans leur art à leur époque. Chacun comprend que sans passé il n’y a pas d’avenir.

C’est avec cette approche, nous semble t-il, qu'il faut s'emparer d’un des volets du projet Louxor : le respect du patrimoine dans un souci de pérennité de notre culture. Point de conservatisme ici, un simple souci de garder ses racines. Alors pourquoi avec le Louxor ? Eh bien parce que Le Louxor est une des dernières, si ce n’est la dernière, salle de cinéma à Paris et peut être même en France, témoin des années de l’essor du 7ème art. C’est la rareté qui fait la valeur, ce n’est pas Le Louxor en lui-même, mais ce qu’il représente encore, le dernier témoin.

Pour bien comprendre cette position, il nous faut aussi revenir sur la chronologie des événements liés au Louxor depuis 2003. Au moment de son rachat par la Ville de Paris, personne ne portait attention à l’intérêt patrimonial de la salle. L’extérieur avait été mis à l’inventaire des monuments historiques en 1981 et chacun s’en satisfaisait. C’est dans ce contexte que le projet a été lancé par la Ville. En 2005, des investigations sérieuses faites par des experts incontestables ont mis au jour tout l’intérêt de la salle : sa structure intacte, ses décors égyptisants, sa petite scène et sa fosse d’orchestre, son écran, etc. … tout est encore en place. Des visites organisées en 2007 ont permis de se rendre compte de l'intérêt du bâtiment. N’oublions pas non plus que la Commission du Vieux Paris avait donné un avis défavorable au projet de la Mairie de Paris,  comprenant déjà en 2005 les conséquences des travaux, c’est-à-dire et quoiqu’on en dise, la destruction de la salle.

Le projet présenté le 28 novembre dernier par l’architecte Philippe Pumain ne contredit en rien ces affirmations : la salle sera détruite puis reconstruite au deux tiers afin de permettre l’installation des équipements nécessaires aux salles du sous sol; les décors disparaitront puisque pour des raisons techniques liées à l’acoustique et au nécessaire isolement du bruit, on va recouvrir ceux-ci de matériaux isolants. Seul l’extérieur sera préservé et le projet consiste donc en un façadisme, hélas très à la mode à Paris, à savoir la reconstitution d’un décor sans aucun intérêt par rapport à  ce qu’est encore Le Louxor aujourd‘hui. Ceux qui défendent le projet au nom d’une certaine modernité avec comme argument que Paris ne doit pas devenir un musée devraient réfléchir plus avant si ils veulent a contrario que Paris devienne un parc d’attraction rempli de copies de bâtiments sauvant certes les apparences mais sans âme ? Un petit Las Vegas.

Des solutions techniques alternatives existent. De nombreux architectes, qu’ils soient spécialistes du patrimoine ou non, nous l’ont confirmé. La Mairie de Paris ne veut rien entendre, persiste dans son projet conçu avant la découverte de l’importance patrimonial du Louxor et s’apprête à faire démolir le dernier témoin des années folles du cinéma à Paris, détruisant ainsi un peu de notre mémoire. Voilà le sens du combat  à mener. Il est légitime pour les générations futures et s’inscrit dans une approche dynamique de la vie culturelle à Paris.

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