Nous nous réjouissions, un peu vite, que le site de la Promenade urbaine ait été choisi pour accueillir un projet du concours "Embellir Paris". Mais le résultat du concours qui vient d'être annoncé est loin d'être réjouissant, pour ne pas dire qu'il est atterrant tant il est absurde.
En effet, après des années d'incertitudes et d'aléas, la Promenade urbaine prenait enfin forme, avec comme fil conducteur la mise en lumière du viaduc du métro, qui comprendra un éclairage fonctionnel avec des lampadaires de style Dupleix, la mise en valeur des piliers sculptés, l'éclairage des grandes traversées et la mise en lumière des voutes sous le tablier. Il semblait alors entendu qu'il fallait dégager le plus possible l'espace pour mettre en valeur l'ouvrage d'art ainsi illuminé, nous avions même obtenu l'assurance que le grand panneau publicitaire situé au niveau de la rue de Maubeuge soit retiré. Ajoutons une précision, et pas des moindres : l'illumination de l'ouvrage d'art et l'éclairage fonctionnel représentent un investissement de deux millions d'euros. Il semblait pourtant évident qu'un projet utilisant le sol comme d'une toile vierge se serait inscrit parfaitement dans la Promenade urbaine.
Mais le jury, dont aucune des trois associations (Action Barbès, Demain La Chapelle et SOS La Chapelle) ayant activement suivi le projet et s'étant battues pour un projet de qualité n'a été associée, a fait un choix étrange, en combinant deux propositions sans rapport - une exposition photo et un alignement de panneaux de toiles colorées - qui va à l'encontre des principes qui semblaient arrêtés pour la mise en oeuvre de la Promenade urbaine, à savoir : mettre en valeur le viaduc, dégager les grandes perspectives, libérer l'espace et rendre l'endroit le plus clair possible. Mais encore une fois, la Promenade urbaine a du plomb dans l'aile.
En effet, sans juger de leur qualité artistique, les deux projets se servent du viaduc, très bel ouvrage d'art s'il en est, comme d'un support à masquer plutôt qu'à mettre en valeur. Celui des Intruses aurait eu toute sa place sur le pont Saint-Ange où justement est prévu un espace d'exposition photo. Mais dans la proposition actuelle, le viaduc est seulement un support que les photos masqueront en partie. Le choix du second lauréat, Génie (sic) du lieu - Screens of colours, est, redisons-le, juste absurde. Ce projet - qui ressemble bigrement à un catalogue de storiste, avouons-le - va tout simplement cacher totalement la vue sur le tablier et même masquer les lampadaires très élégants prévus ici. Le viaduc n'est ici plus qu'une corde à linge. Et ne parlons pas de la durabilité du projet qui nous paraît bien éphémère. En effet, les panneaux de toile, s'ils ne sont pas régulièrement entretenus, seront bien vite des lambeaux de tissus grisâtres. Et ne parlons pas du fait que ce projet va assombrir le dessous du viaduc la nuit, alors que son illumination était censée y remédier.
Vous l'aurez compris, nous sommes atterrés par ce choix, totalement déconnecté de l'important travail de concertation qui a été entrepris autour de la Promenade urbaine. Le seul espoir qui reste est du côté du Conseil de Paris qui doit encore valider ce choix. Seuls des élus un peu sensés pourraient revenir sur ce choix catastrophique qui viendrait gâcher des années de travail collectif pour la Promenade urbaine.
Commentaires
Excellent commentaire !
J’adhère à 100% à votre commentaire , merci
C’est une vraie désillusion pour les habitants du quartier
Nous devions embellir le metro et non pas le cacher à travers de
photos , panneaux
Ce choix est incroyable! A croire que les décideurs ne sont jamais venus dans le quartier.
Combien de temps pour que ce lieu deviennent "La promenade de la vente à la sauvette"?
Une pétition contre cet étendage à linge ! Une pétition trans-associations, dans tout le 18éme, et des scores africains : 84% de participation, 91% de NON à l'étendage à linge !
On lui a rien expliqué, à Anne H., quand elle vient se balader dans le 18éme;
Ce choix est impossible à comprendre, il représente un total gâchis financier, compte tenu du coût du beau projet de mise en lumière du viaduc. Soit les membres du jury ne connaissait pas ce projet et/ou n'ont jamais mis les pieds à cet endroit, soit se cachent là-dessous des intérêts qui nous échappent. Il ne suffit pas de rendre la vie des habitants impossible par des travaux qui sèment la pagaille dans la circulation et les transports, il faut en plus leur enlever tout espoir de voir leur quartier s'embellir. Dur, dur pour tous ceux qui se sont beaucoup investis dans la promenade urbaine. Nos élus vont-ils se réveiller ?
Après la fameuse fresque à 25 000 euros prévue sur la placette Polonceau (projet provisoirement suspendu suite aux protestations des habitants), le "totem" sur la même placette (panneau d'information en bois de récupération, coût 3000 euros), et tant d'autres "embellissements" aussi coûteux qu'absurdes , moches, et bien sûr non durables (ils vieillissent vite et mal, devenant des verrues supplémentaires). C'est révélateur c'un système de "gouvernance" contre l'avis des citoyens, qui s'abrite derrière l'idée du "participatif" alors qu'il est aussi arbitraire que dispendieux et contre-productif.
Je partage tous vos avis. Je ne comprends pas que l'on en arrive là. Après toutes les rencontres entre les associations du quartier dont Action Barbès, toutes hyper motivées et les élus divers et variés, on arrive à ce genre de résultat. Enfin ce n'est pas encore fait.
Ce n'est pas encore fait, mais c'est le coeur du problème : il va encore falloir que les habitants et leurs assocs se bagarrent, et dépensent une énergie qui pourrait être bien utile ailleurs, pour progresser plutôt que pour freiner et râler.
Je soutiens votre reaction a 100%. Il ya de toute evidence des jeux d'influence qui sont en action... Il faut réagir rapidement et massivement.
Je suis contre cet "étendage à linge" et pour la mise en lumière de cette belle architecture qui va créer une promenade urbaine agréable, aérée et où l'on a envie de marcher et non à un endroit clos. Non vraiment non. Merci pour tout ce que vous faites