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Gros plan sur le Relais : il manque des bornes de collecte

Le Relais est une organisation réputée, membre d'Emmaüs France depuis 1984, qui est spécialisée dans la collecte, le recyclage et la valorisation de vêtements (textiles). Cette organisation, représentative de l'économie sociale et solidaire, a pour vocation de créer de l'emploi pour des personnes en situation d'exclusion et de militer pour le développement durable. 

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En se rendant au centre de collecte du Relais à Pantin, l'objectif d'Action Barbès était de comprendre le fonctionnement de cette organisation, célèbre au niveau national, d'en comprendre le fonctionnement au niveau local, de mesurer son impact sur Paris, et plus précisément sur les arrondissements dont Action Barbès se sent le plus proche, à savoir les 9ème, 10ème et 18ème arrondissements. Nos interlocuteurs n’ont pas été avares de leur temps et nous ont réservé un excellent accueil. Rappelons que nous avions pris contact il y a plus d’un an pour signaler que de très jeunes enfants étaient contraints à dérober des vêtements à l’intérieur des bornes. (liens vers nos articles du blog sur le sujet).

Le rôle et l'organisation des Relais.

20 Relais existent en France à ce jour, qui sont organisés en société coopérative et participative (SCOP), et qui fonctionnent comme des centres de profit autonomes à l'échelle locale. Ils disposent du soutien du Relais France situé à Bruay-La-Buissière, dans le Nord Pas-de-Calais.

 

Que deviennent nos vêtements ?

Les textiles collectés sont triés puis vendus pour partie en l'état dans les boutiques du Relais en France après avoir été reconditionnés (6% de la collecte totale, 40 % des revenus des centres).

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Une autre partie est destinée à l'export, ou encore dirigée vers des centres de tri en Afrique (Madagascar, Sénégal, Burkina Faso) pour être revendus localement à des fripiers africains. Cette activité bénéficie directement aux populations locales. Les revenus de cette activité permettent par ailleurs le développement d'autres activités sur place (activités agricoles, industries agro-alimentaires, mécanique).

Une dernière partie (40%) des textiles est recyclée et sert de matière première pour être transformée, par exemple, en isolant thermique et phonique (marque « Métisse »), un produit éco-responsable développé en 2006, concurrent de la laine de verre, et qui est fabriqué dans une usine du Relais proche du siège de l'organisation.

Cette activité récente est en plein développement et bénéficie de l'engouement public pour les économies d'énergie et l'utilisation de matériaux propres.

 

Le Relais de Pantin

Pour atteindre leurs objectifs les Relais ont du s'organiser, développer un savoir faire en matière de collecte et de recyclage de textiles, et enfin adopter une structure industrielle et commerciale propres.

Le Relais de Pantin, qui est encore récent, intègre parfaitement cette démarche. Il était intéressant de connaître cette organisation et constater le professionnalisme des intervenants.

 

Quelques données chiffrées sur le centre de Pantin 

A ce jour, le centre de Pantin collecte près de 15 tonnes de textile par jour, soit plus de 3300 tonnes par an.

Il dispose pour cela de 270 bornes de collecte implantées dans Paris et la région parisienne (soit 60% de la collecte totale), dont une centaine est située sur des espaces publics et 170 autres sur des espaces privés (centres commerciaux, habitations de bailleurs sociaux, …). Notons que les bornes en secteur public sont 5 fois plus productives que les bornes en espace privé.

Le centre de Pantin réunit aujourd'hui une équipe de 25 personnes, qui ont été intégrées soit par candidatures spontanées, soit sur propositions de Pôle Emploi, soit envoyées par des associations locales.

12 camions font chaque jour la tournée des bornes, 5 jours par semaine et pour certaines d'entre elles également les samedis et dimanches. 

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Les textiles collectés sont acheminés vers Sarcelles, où le tri est actuellement effectué par des sous traitants privés.

Le centre du Relais de Pantin, qui est situé Avenue Edouard Vaillant, sur un site destiné à être transformé en écoquartier (projet à l'étude depuis 2012) a un projet imminent de création en région Nord Est parisienne d'un centre Relais complet avec collecte, tri et boutique de vente. Ce projet permettra l'embauche immédiate de 30 personnes en emploi solidaire..

De longue expérience, le projet est assuré d'être rentable car le taux de collecte minimum nécessaire de 15 t par jour est déjà atteint à Pantin et que les possibilités de développement de l'activité restent considérables.

Le centre de Pantin a désormais une connaissance détaillée du terrain et il a su faire face aux problèmes de pillage et de vandalisme sur les bornes auxquels il a été confronté (problème très parisien) en adaptant ses bornes. Il dispose des moyens et de l'organisation pour envisager une nouvelle extension de ses activités.

 

Perspectives de développement

Action Barbès s'est intéressée plus particulièrement à comprendre ces perspectives de développement, à comprendre le rôle et la responsabilité des acteurs locaux, et à attirer l'attention de ses adhérents sur les éléments de succès d'un tel projet.

La collecte organisée des textiles à Paris est encore récente et se développe fortement.. C'est ainsi que la signature de la dernière convention signée avec la Ville de Paris en 2012 a permis un véritable essor de plus de 50%. Et que le taux de collecte a continué de progresser de 10 % ces dernières années.

On estime à ce jour que, dans toute la France, seulement 170 000 tonnes de textiles sont récupérées sur les 700 000 tonnes qui seraient jetées chaque année par la population . Notons avec satisfaction qu'à Paris le taux de récupération a bien progressé puisque le taux déchet serait passé de 16 kg à 9 kg par personne en moyenne depuis 2009 grâce à l'action du Relais et des autres acteurs nationaux.

Si les Relais à Paris et en région parisienne comptent à ce jour plus d'une centaine de bornes en espace public, nous sommes forcés de constater que cette implantation reste faible en rapport à la collecte potentielle restante. Le Relais constate en effet lui-même qu'à ce jour une borne dessert à Paris en moyenne 10 000 habitants, avec de fortes variations entre les arrondissements. Que, selon son analyse du terrain, le taux idéal serait d'une borne pour 2000 habitants pour assurer un ramassage optimum.
Dans le cadre de la nouvelle convention que le centre de Pantin vient de signer pour les 3 prochaines années avec la Ville de Paris, le centre s'est donné un objectif d'implantation d'une borne pour 5000 habitants. L'atteinte de cet objectif permettrait quasiment de doubler la collecte actuelle, soit 3000 tonnes supplémentaires, de créer 20 emplois supplémentaires au Relais en région parisienne, et ferait économiser 750 000 euros à la ville de Paris qui aujourd'hui doit ramasser ces textiles et les incinérer dans ses centres de traitement des déchets urbains (coût par tonne : 250 E)


Si l'on observe les arrondissements chers à Action Barbès, l'on constate que actuellement 7 points d'apport sont installés dans le 9e arrondissement, contre 12 dans le 10e et 18 dans le 18e.
Ce taux d'implantation est certes supérieur à quelques autres arrondissements qui se distinguent particulièrement par leur faible implantation (exemple le 11e arrondissement avec 2 points d'apport et le 13e avec 5 points d'apport).
La Mairie de Paris, qui soutient le projet du Relais, est donc incitée à faire pression sur les mairies d'arrondissement pour qu'elles s'impliquent plus dans une politique d'implantation plus étendue des bornes.
Le Relais est aussi persuadé que, dans nos arrondissements proches de Barbès, la collecte pourrait être doublée en doublant la capacité de ramassage des bornes. Il a développé une cartographie avec des propositions d'implantations nouvelles. Action Barbès, qui soutient cette stratégie, s'adressera aux Mairies des arrondissements pour s'informer sur leurs intentions en la matière et les encourager à poursuivre leurs efforts dans ce sens.
Cet article est le premier pas d'une telle démarche qui doit solliciter les élus à prendre des engagements dans ce sens.


Une affaire à suivre à la rentrée de septembre et d’ici là, pour en savoir plus, voir le site du Relais.

Commentaires

  • Dommage que les actions entreprises par Le Relais pour prévenir le pillage de leurs conteneurs sur Paris et donc la maltraitance des enfants qui y sont introduits pour faire sortir les vêtements de ces conteneurs, ne soient pas décrits dans votre article. Car peut-être est-ce l'un des freins à leur développement ? Il faut dire que souvent les pilleurs laissent un tel désordre autour des conteneurs sur l'espace public que l'on peut considérer que ces conteneurs puissent être vecteurs de nuisances...

    J'ai ainsi assisté récemment à un pillage avec maltraitance dans les 2 conteneurs situés rue La Fayette et square Montholon dans le 9e. Trois jeunes gens introduisaient une fillette dans un de ces conteneurs. Ils ont arrêté quand je suis intervenu, mais que pouvais-je faire d'autre ? Nul doute qu'ils ont recommencé cette action lorsque je suis reparti...

  • Le pillage n'est pas un frein au développement du Relais. Comme dit dans l'article, c'est un phénomène parisien.
    Mao Peninou annonce en réponse à notre article ce jour ( sur twitter) 30 nouvelles bornes

  • Autre exemple : le conteneur de l'église Saint-Bernard est systématiquement pillé. Cela engendre des nuisances (saleté en particulier, avec des vêtements qui trainent partout et doivent être ramassés par les agents de la ville de Paris), pour un rapport qui doit être bien faible puisque ce conteneur doit être généralement vide au moment du ramassage par Le Relais.

    Ne serait-il pas plutôt opportun de supprimer ces conteneurs là où ils posent des problèmes (tant que la situation est ce qu'elle est), plutôt que d'en rajouter ?

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