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  • Misère et maltraitance des enfants dans les conteneurs à textiles!

    le-relais,paris,roms,exploitation-des-mineurs,police,préventionNous avons déjà évoqué les conteneurs à vêtements de l'entreprise d'insertion "Le Relais". D'une part, car cette entreprise engagée appartient à la sphère de l'économie sociale et solidaire qui a le vent en poupe: elle avait obtenu le Prix 2009 de l'Entrepreneur Social. D'autre part, car, outre les emplois qu'elle crée, "Le Relais" lutte contre l'exclusion et s'est développée autour d'un projet innovant apportant d'une certaine manière une solution à l'un des défis de notre société de consommation: la lutte contre le gaspillage via la collecte, le tri et la valorisation des vieux vêtements (vous pouvez regarder une vidéo illustrant la capacité d'innovation et l'impact social de "Le Relais" en cliquant ici).

    Mi 2012, cette entreprise avait signé un nouvel accord avec la Ville de Paris, lui permettant de poursuivre sa collecte de textiles usagés pour une durée de 3 ans (2012-2015) avec le déploiement de 200 conteneurs sur 13 arrondissements.

    Sur ce blog, nous avions alors évoqué les nouveaux conteneurs à vêtements, installés dans nos quartiers, à de nombreux emplacements. Selon le communiqué de presse diffusé à l'époque par "Le Relais", les conteneurs "nouvelle génération" respectaient "les recommandations de la Préfecture de Police" et comportaient un "dispositif anti-pillage et anti-intrusion", détail pouvant avoir son importance pour la suite.   

    Après avoir décrit le contexte très général, nous en venons au fait. Car nous avons en effet été les témoins d'une scène impliquant l'un de ces conteneurs-collecteurs de textiles, dans le 10e à gauche de l'entrée du Marché couvert Saint-Quentin située à l'angle de la rue de Chabrol et du boulevard Magenta. 

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    Cette scène nous ayant choqués, nous avons, le jour même, alerté le commissaire principal du 10e, les élus de l'arrondissement et de la ville, et l'entreprise "Le Relais". 

    Les faits détaillés... Un dimanche matin, nous avons vu deux jeunes femmes d'Europe de l'Est (Manouches ou Roms), accompagnées d'une petite fille, se diriger vers le conteneur. Ces deux femmes ont alors positionné la petite fille, totalement recroquevillée sur elle-même, comme en boule, dans l'un des deux casiers métalliques pivotants de ce conteneur - comme sur l'image ci-dessus, où les riverains placent généralement leurs vêtements usagés dont ils souhaitent se débarrasser (les dimensions d'un tel casier sont 50 cm en longueur et 35 cm en profondeur/hauteur). Puis une fois la petite fille placée dans ce casier, les deux femmes ont fait pression sur le corps de la petite fille pour mieux le contraindre, pouvoir basculer le casier, et introduire ainsi cette enfant dans le conteneur, comme lorsqu'on jette un vêtement. Pendant cette manipulation sur la petite fille déjà peut-être trop grande pour une telle gymnastique, nous avons pu apercevoir le dos de cette enfant, marqué, avec des traces, hématomes ou ecchymoses. Manifestement, ce n'était pas la première expérience de l'enfant: elle semblait connaître son "rôle", car cette scène s'est déroulée très vite.

    Vous vous demandez ce que nous avons alors fait? Rien, abasourdis, choqués que nous étions, n'en croyant pas nos yeux. Nous ne savions pas comment réagir. Que penser? Plusieurs idées ont traversées nos esprits de façon fugitive: d'une part, que leur action était guidée par leur instinct de survie, d'autre part, que ces vêtements n'avaient plus de propriétaires et qu'ils étaient donc libres, enfin, qu'une intervention de notre part serait certainement vaine...

    Tout s'est passé vite. Une fois enfermée dans le conteneur, la petite fille a utilisé les casiers à bascule pour faire sortir les vêtements. Les deux femmes les récupéraient, les triaient, gardant ceux qui les intéressaient et replaçant les autres dans le conteneur. En 10 minutes, elles ont réalisé ce qu'elles étaient venues faire, rapidement, déterminées, avec chacune manifestement son rôle. 

    Nous ne savons pas trop bien comment la petite fille est ressortie du piège métallique que constitue ce conteneur : nous avons cru voir deux petits bras sortir, entre les casiers basculants et la paroi du conteneur, puis les deux femmes la tirer pour qu'elle s'extirpe de la boite...

    Maintes fois, a posteriori, nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire dans une telle situation; nous nous sommes interrogés sur la manière la plus adéquate de réagir.

    C'est avec ces questions en tête et face au constat de notre impuissance que nous avons, bien plus tard, alerté le commissaire du 10e, les élus et l'entreprise "Le Relais" exploitant ce conteneur. Nous n'avons reçu aucune réponse de leur part... et en questionnant autour de nous, nous avons appris que cette pratique de détournements de vêtements usagés via l'utilisation d'enfants était en fait répandue, bien que discrète.

    Notre mail aux pouvoirs publics et à l'entreprise "Le Relais" faisant part de notre stupeur et de notre désarroi face à cette scène, est-il resté lettre morte? Pas si sûr... notre témoignage — et d'autres peut-être — semble avoir eu une conséquence! 

    En effet, deux semaines plus tard, nous avons constaté que le conteneur comportant deux casiers (ci-dessous à gauche) avait été remplacé par un nouveau conteneur, mais ne comportant plus qu'un seul casier (à droite).

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     Avant notre mail: 2 casiers à bascule          Après notre mail: 1 nouveau conteneur avec 1 seul casier

    A part la présence d'un seul compartiment à bascule, au lieu de deux côte à côte, qu'est-ce qui a changé? Rien, les dimensions du casier sont restées les mêmes: une profondeur de 35 cm, une largeur de 50 cm et une hauteur pour l'ouverture de 35 cm.

    Nous ne pensons donc pas que les caractéristiques de ce nouveau compartiment puisse empêcher toute nouvelle intrusion: la petite fille, que nous avions vue, avait pu pénétrer en se recroquevillant dans un seul casier; or dans le nouveau conteneur mono-compartiment, les dimensions de l'ouverture et du casier sont restées identiques... Un remplacement de conteneur inutile, qui n'empêchera pas ces pratiques ? Nous en sommes convaincus! 

    Et quand bien même les caractéristiques du casier de ce conteneur auraient été modifiées, cela ne mettrait pas un terme à l'utilisation des enfants pour de tels actes, susceptibles de les mettre en danger, au vu des marques que la petite fille portait dans son dos. Dans cette histoire, nous ne sommes même pas certains que cette enfant, qui s'est laissée enfermer dans le conteneur, avait un lien de parenté avec les deux jeunes femmes.

    Plus généralement, cette triste anecdote met à nouveau en exergue la nécessité de protéger les mineurs victimes d'exploitation par certains réseaux, qui vont jusqu'à pratiquer la traite d'êtres humains. Car il est désormais de notoriété publique que certains réseaux récupèrent les mineurs, les exploitent et les contraignent à commettre des actes de délinquance. Dans ces cas, les enfants sont alors considérés comme des biens marchands, pouvant être "prêtés" moyennant finance, avec un prix fixé en fonction de leur "savoir-faire".

    Le sujet est complexe; beaucoup de choses ont été dites récemment sur ce sujet, notamment la nécessité d'un renforcement des partenariats entre police, justice, associations spécialisées, protection de l'enfance et institutions des pays d'origine pour la protection de ces mineurs. Et ce, sans oublier bien évidemment les moyens à mettre en œuvre pour arrêter les membres des réseaux exploitant ces enfants...

    Outre l'enfant, nous devrions aussi évoquer le cas des deux jeunes femmes l'accompagnant, prises dans les rouages de la misère, peut-être de la survie, ou même de réseaux les obligeant à organiser ces collectes.

    En bref, une scène dont nous avons été les témoins, a priori anecdotique... mais qui nous conduit sur le sujet social de la vulnérabilité des enfants et des mineurs étrangers venant d'Europe de l'Est, accrue dans le contexte d'une absence de scolarisation!

  • Gros plan sur le Relais : il manque des bornes (bis)

    Un problème technique nous a empêché de publier la version complète de l'article consacré au Relais la semaine dernière. Nous le republions et cette fois dans son intégralité. Avec nos excuses.

    Le Relais est une organisation réputée, membre d'Emmaüs France depuis 1984, qui est spécialisée dans la collecte, le recyclage et la valorisation de vêtements (textiles). Cette organisation, représentative de l'économie sociale et solidaire, a pour vocation de créer de l'emploi pour des personnes en situation d'exclusion et de militer pour le développement durable. 

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    En se rendant au centre de collecte du Relais à Pantin, l'objectif d'Action Barbès était de comprendre le fonctionnement de cette organisation, célèbre au niveau national, d'en comprendre le fonctionnement au niveau local, de mesurer son impact sur Paris, et plus précisément sur les arrondissements dont Action Barbès se sent le plus proche, à savoir les 9e, 10e et 18e arrondissements. Nos interlocuteurs n’ont pas été avares de leur temps et nous ont réservé un excellent accueil. Rappelons que nous avions pris contact il y a plus d’un an pour signaler que de très jeunes enfants étaient contraints à dérober des vêtements à l’intérieur des bornes. (liens vers nos articles du blog sur le sujet).

    Le rôle et l'organisation des Relais.

    20 Relais existent en France à ce jour, qui sont organisés en société coopérative et participative (SCOP), et qui fonctionnent comme des centres de profit autonomes à l'échelle locale. Ils disposent du soutien du Relais France situé à Bruay-La-Buissière, dans le Nord Pas-de-Calais.

     

    Que deviennent nos vêtements ?

    Les textiles collectés sont triés puis vendus pour partie en l'état dans les boutiques du Relais en France après avoir été reconditionnés (6% de la collecte totale, 40 % des revenus des centres).

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    Une autre partie est destinée à l'export, ou encore dirigée vers des centres de tri en Afrique (Madagascar, Sénégal, Burkina Faso) pour être revendus localement à des fripiers africains. Cette activité bénéficie directement aux populations locales. Les revenus de cette activité permettent par ailleurs le développement d'autres activités sur place (activités agricoles, industries agro-alimentaires, mécanique).

    Une dernière partie (40%) des textiles est recyclée et sert de matière première pour être transformée, par exemple, en isolant thermique et phonique (marque « Métisse »), un produit éco-responsable développé en 2006, concurrent de la laine de verre, et qui est fabriqué dans une usine du Relais proche du siège de l'organisation.

    Cette activité récente est en plein développement et bénéficie de l'engouement public pour les économies d'énergie et l'utilisation de matériaux propres.

     

    Le Relais de Pantin

    Pour atteindre leurs objectifs les Relais ont du s'organiser, développer un savoir faire en matière de collecte et de recyclage de textiles, et enfin adopter une structure industrielle et commerciale propres.

    Le Relais de Pantin, qui est encore récent, intègre parfaitement cette démarche. Il était intéressant de connaître cette organisation et constater le professionnalisme des intervenants.

     

    Quelques données chiffrées sur le centre de Pantin 

    A ce jour, le centre de Pantin collecte près de 15 tonnes de textile par jour, soit plus de 3300 tonnes par an.

    Il dispose pour cela de 270 bornes de collecte implantées dans Paris et la région parisienne (soit 60% de la collecte totale), dont une centaine est située sur des espaces publics et 170 autres sur des espaces privés (centres commerciaux, habitations de bailleurs sociaux, …). Notons que les bornes en secteur public sont 5 fois plus productives que les bornes en espace privé.

    Le centre de Pantin réunit aujourd'hui une équipe de 25 personnes, qui ont été intégrées soit par candidatures spontanées, soit sur propositions de Pôle Emploi, soit envoyées par des associations locales.

    12 camions font chaque jour la tournée des bornes, 5 jours par semaine et pour certaines d'entre elles également les samedis et dimanches. 

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    Les textiles collectés sont acheminés vers Sarcelles, où le tri est actuellement effectué par des sous traitants privés.

    Le centre du Relais de Pantin, qui est situé Avenue Edouard Vaillant, sur un site destiné à être transformé en écoquartier (projet à l'étude depuis 2012) a un projet imminent de création en région Nord Est parisienne d'un centre Relais complet avec collecte, tri et boutique de vente. Ce projet permettra l'embauche immédiate de 30 personnes en emploi solidaire..

    De longue expérience, le projet est assuré d'être rentable car le taux de collecte minimum nécessaire de 15 t par jour est déjà atteint à Pantin et que les possibilités de développement de l'activité restent considérables.

    Le centre de Pantin a désormais une connaissance détaillée du terrain et il a su faire face aux problèmes de pillage et de vandalisme sur les bornes auxquels il a été confronté (problème très parisien) en adaptant ses bornes. Il dispose des moyens et de l'organisation pour envisager une nouvelle extension de ses activités.

     

    Perspectives de développement

    Action Barbès s'est intéressée plus particulièrement à comprendre ces perspectives de développement, à comprendre le rôle et la responsabilité des acteurs locaux, et à attirer l'attention de ses adhérents sur les éléments de succès d'un tel projet.

    La collecte organisée des textiles à Paris est encore récente et se développe fortement.. C'est ainsi que la signature de la dernière convention signée avec la Ville de Paris en 2012 a permis un véritable essor de plus de 50%. Et que le taux de collecte a continué de progresser de 10 % ces dernières années.

    On estime à ce jour que, dans toute la France, seulement 170 000 tonnes de textiles sont récupérées sur les 700 000 tonnes qui seraient jetées chaque année par la population . Notons avec satisfaction qu'à Paris le taux de récupération a bien progressé puisque le taux déchet serait passé de 16 kg à 9 kg par personne en moyenne depuis 2009 grâce à l'action du Relais et des autres acteurs nationaux.

    Si les Relais à Paris et en région parisienne comptent à ce jour plus d'une centaine de bornes en espace public, nous sommes forcés de constater que cette implantation reste faible en rapport à la collecte potentielle restante. Le Relais constate en effet lui-même qu'à ce jour une borne dessert à Paris en moyenne 10 000 habitants, avec de fortes variations entre les arrondissements. Que, selon son analyse du terrain, le taux idéal serait d'une borne pour 2000 habitants pour assurer un ramassage optimum.
    Dans le cadre de la nouvelle convention que le centre de Pantin vient de signer pour les 3 prochaines années avec la Ville de Paris, le centre s'est donné un objectif d'implantation d'une borne pour 5000 habitants. L'atteinte de cet objectif permettrait quasiment de doubler la collecte actuelle, soit 3000 tonnes supplémentaires, de créer 20 emplois supplémentaires au Relais en région parisienne, et ferait économiser 750 000 euros à la ville de Paris qui aujourd'hui doit ramasser ces textiles et les incinérer dans ses centres de traitement des déchets urbains (coût par tonne : 250 E)


    Si l'on observe les arrondissements chers à Action Barbès, l'on constate que actuellement 7 points d'apport sont installés dans le 9e arrondissement, contre 12 dans le 10e et 18 dans le 18e.
    Ce taux d'implantation est certes supérieur à quelques autres arrondissements qui se distinguent particulièrement par leur faible implantation (exemple le 11e arrondissement avec 2 points d'apport et le 13e avec 5 points d'apport).
    La Mairie de Paris, qui soutient le projet du Relais, est donc incitée à faire pression sur les mairies d'arrondissement pour qu'elles s'impliquent plus dans une politique d'implantation plus étendue des bornes.
    Le Relais est aussi persuadé que, dans nos arrondissements proches de Barbès, la collecte pourrait être doublée en doublant la capacité de ramassage des bornes. Il a développé une cartographie avec des propositions d'implantations nouvelles. Action Barbès, qui soutient cette stratégie, s'adressera aux Mairies des arrondissements pour s'informer sur leurs intentions en la matière et les encourager à poursuivre leurs efforts dans ce sens.
    Cet article est le premier pas d'une telle démarche qui doit solliciter les élus à prendre des engagements dans ce sens.


    Une affaire à suivre à la rentrée de septembre et d’ici là, pour en savoir plus, voir le site du Relais.

     

  • Le Relais installe de nouveaux conteneurs à vêtements dans le quartier

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    Les conteneurs à vêtements se sont multipliés dans le quartier à la rentrée, alors que jusque là, dans un périmètre assez proche, nous ne connaissions que celui installé au carrefour des rues de Maubeuge et Condorcet, devant les très beaux locaux de Gaz de France. Nous lui avions consacré un article il y a déjà bien longtemps (voir ici).

    paris,collecte,vêtements,le-relaisBarbès est connu pour ses fringues pas chères chez Guerrisol, dont un nouveau point de vente s'est ouvert place du Delta, à l'angle du boulevard de Rochechouart et de la rue Gerando il y a quelques mois.

    Celui-ci fait face à celui-là... oui, puisque Guerrisol occupe depuis longtemps l'ancien cinéma le Delta, dans l'arrondi de la place en rotonde, entre la pharmacie et la parfumerie Marionnaud. 

    Le Relais n'a pas hésité à placer son conteneur à proximité, tout au bout du trottoir, en haut de la rue de Rochechouart. L'espace est copieusement occupé de motos et de scooters, qui ne trouvent pas de place dans les aires de stationnement qui leur sont réservés. Il arrive parfois que ces engins paris,collecte,vêtements,le-relaisforment un arc de cercle ininterrompu tout au long de la bordure du trottoir.

    Revenons aux conteneurs gris du Relais : nous en avons repéré trois nouveaux dans notre secteur, celui de la place du Delta, un situé avenue Trudaine, devant les locaux d'EDF, et un dernier en haut de la rue des Martyrs près du magasin Carrefour. 

    La carte en ligne sur le site de l'association nous a révélé également un conteneur près de l'église Saint-Bernard dans le 18e. 

    paris,collecte,vêtements,le-relaisL'entreprise coopérative Le Relais, contrairement à Guerrisol, entreprise privée traditionnelle, vise davantage la création d'emplois durables pour des personnes précarisées et en insertion que la simple rentabilité de l'opération. Une visite sur leur site, très complet, très illustré, effacera peut-être les suspicions qui entourent souvent les collectes d'objets usagés. Qu'en font-ils ? Les revendent-ils ? Qui en profite vraiment ? Rien n'est jamais parfait, mais cet hiver, les mites ne dégusteront pas votre vieux manteau si, dès maintenant, vous le déposez dans le conteneur près de chez vous. 

    C'est eux qui le disent : 

    "Choisir le Relais, ce n’est pas seulement choisir un opérateur de collecte. C’est aussi soutenir une entreprise pas comme les autres, engagée dans la lutte contre l’exclusion par la création d’emplois durables pour des personnes en difficulté. En près de 30 ans, le Relais a créé plus de 1 800 emplois. Il travaille par ailleurs en étroite collaboration avec les associations locales, qui œuvrent comme lui dans le champ de l’économie sociale et solidaire.

     

     

     

     

  • Gros plan sur le Relais : il manque des bornes de collecte

    Le Relais est une organisation réputée, membre d'Emmaüs France depuis 1984, qui est spécialisée dans la collecte, le recyclage et la valorisation de vêtements (textiles). Cette organisation, représentative de l'économie sociale et solidaire, a pour vocation de créer de l'emploi pour des personnes en situation d'exclusion et de militer pour le développement durable. 

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    En se rendant au centre de collecte du Relais à Pantin, l'objectif d'Action Barbès était de comprendre le fonctionnement de cette organisation, célèbre au niveau national, d'en comprendre le fonctionnement au niveau local, de mesurer son impact sur Paris, et plus précisément sur les arrondissements dont Action Barbès se sent le plus proche, à savoir les 9ème, 10ème et 18ème arrondissements. Nos interlocuteurs n’ont pas été avares de leur temps et nous ont réservé un excellent accueil. Rappelons que nous avions pris contact il y a plus d’un an pour signaler que de très jeunes enfants étaient contraints à dérober des vêtements à l’intérieur des bornes. (liens vers nos articles du blog sur le sujet).

    Le rôle et l'organisation des Relais.

    20 Relais existent en France à ce jour, qui sont organisés en société coopérative et participative (SCOP), et qui fonctionnent comme des centres de profit autonomes à l'échelle locale. Ils disposent du soutien du Relais France situé à Bruay-La-Buissière, dans le Nord Pas-de-Calais.

     

    Que deviennent nos vêtements ?

    Les textiles collectés sont triés puis vendus pour partie en l'état dans les boutiques du Relais en France après avoir été reconditionnés (6% de la collecte totale, 40 % des revenus des centres).

    paris,pantin,le-relais,collecte-vêtements,textiles,bornes,solidarité,recyclage,valorisation

    Une autre partie est destinée à l'export, ou encore dirigée vers des centres de tri en Afrique (Madagascar, Sénégal, Burkina Faso) pour être revendus localement à des fripiers africains. Cette activité bénéficie directement aux populations locales. Les revenus de cette activité permettent par ailleurs le développement d'autres activités sur place (activités agricoles, industries agro-alimentaires, mécanique).

    Une dernière partie (40%) des textiles est recyclée et sert de matière première pour être transformée, par exemple, en isolant thermique et phonique (marque « Métisse »), un produit éco-responsable développé en 2006, concurrent de la laine de verre, et qui est fabriqué dans une usine du Relais proche du siège de l'organisation.

    Cette activité récente est en plein développement et bénéficie de l'engouement public pour les économies d'énergie et l'utilisation de matériaux propres.

     

    Le Relais de Pantin

    Pour atteindre leurs objectifs les Relais ont du s'organiser, développer un savoir faire en matière de collecte et de recyclage de textiles, et enfin adopter une structure industrielle et commerciale propres.

    Le Relais de Pantin, qui est encore récent, intègre parfaitement cette démarche. Il était intéressant de connaître cette organisation et constater le professionnalisme des intervenants.

     

    Quelques données chiffrées sur le centre de Pantin 

    A ce jour, le centre de Pantin collecte près de 15 tonnes de textile par jour, soit plus de 3300 tonnes par an.

    Il dispose pour cela de 270 bornes de collecte implantées dans Paris et la région parisienne (soit 60% de la collecte totale), dont une centaine est située sur des espaces publics et 170 autres sur des espaces privés (centres commerciaux, habitations de bailleurs sociaux, …). Notons que les bornes en secteur public sont 5 fois plus productives que les bornes en espace privé.

    Le centre de Pantin réunit aujourd'hui une équipe de 25 personnes, qui ont été intégrées soit par candidatures spontanées, soit sur propositions de Pôle Emploi, soit envoyées par des associations locales.

    12 camions font chaque jour la tournée des bornes, 5 jours par semaine et pour certaines d'entre elles également les samedis et dimanches. 

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    Les textiles collectés sont acheminés vers Sarcelles, où le tri est actuellement effectué par des sous traitants privés.

    Le centre du Relais de Pantin, qui est situé Avenue Edouard Vaillant, sur un site destiné à être transformé en écoquartier (projet à l'étude depuis 2012) a un projet imminent de création en région Nord Est parisienne d'un centre Relais complet avec collecte, tri et boutique de vente. Ce projet permettra l'embauche immédiate de 30 personnes en emploi solidaire..

    De longue expérience, le projet est assuré d'être rentable car le taux de collecte minimum nécessaire de 15 t par jour est déjà atteint à Pantin et que les possibilités de développement de l'activité restent considérables.

    Le centre de Pantin a désormais une connaissance détaillée du terrain et il a su faire face aux problèmes de pillage et de vandalisme sur les bornes auxquels il a été confronté (problème très parisien) en adaptant ses bornes. Il dispose des moyens et de l'organisation pour envisager une nouvelle extension de ses activités.

     

    Perspectives de développement

    Action Barbès s'est intéressée plus particulièrement à comprendre ces perspectives de développement, à comprendre le rôle et la responsabilité des acteurs locaux, et à attirer l'attention de ses adhérents sur les éléments de succès d'un tel projet.

    La collecte organisée des textiles à Paris est encore récente et se développe fortement.. C'est ainsi que la signature de la dernière convention signée avec la Ville de Paris en 2012 a permis un véritable essor de plus de 50%. Et que le taux de collecte a continué de progresser de 10 % ces dernières années.

    On estime à ce jour que, dans toute la France, seulement 170 000 tonnes de textiles sont récupérées sur les 700 000 tonnes qui seraient jetées chaque année par la population . Notons avec satisfaction qu'à Paris le taux de récupération a bien progressé puisque le taux déchet serait passé de 16 kg à 9 kg par personne en moyenne depuis 2009 grâce à l'action du Relais et des autres acteurs nationaux.

    Si les Relais à Paris et en région parisienne comptent à ce jour plus d'une centaine de bornes en espace public, nous sommes forcés de constater que cette implantation reste faible en rapport à la collecte potentielle restante. Le Relais constate en effet lui-même qu'à ce jour une borne dessert à Paris en moyenne 10 000 habitants, avec de fortes variations entre les arrondissements. Que, selon son analyse du terrain, le taux idéal serait d'une borne pour 2000 habitants pour assurer un ramassage optimum.
    Dans le cadre de la nouvelle convention que le centre de Pantin vient de signer pour les 3 prochaines années avec la Ville de Paris, le centre s'est donné un objectif d'implantation d'une borne pour 5000 habitants. L'atteinte de cet objectif permettrait quasiment de doubler la collecte actuelle, soit 3000 tonnes supplémentaires, de créer 20 emplois supplémentaires au Relais en région parisienne, et ferait économiser 750 000 euros à la ville de Paris qui aujourd'hui doit ramasser ces textiles et les incinérer dans ses centres de traitement des déchets urbains (coût par tonne : 250 E)


    Si l'on observe les arrondissements chers à Action Barbès, l'on constate que actuellement 7 points d'apport sont installés dans le 9e arrondissement, contre 12 dans le 10e et 18 dans le 18e.
    Ce taux d'implantation est certes supérieur à quelques autres arrondissements qui se distinguent particulièrement par leur faible implantation (exemple le 11e arrondissement avec 2 points d'apport et le 13e avec 5 points d'apport).
    La Mairie de Paris, qui soutient le projet du Relais, est donc incitée à faire pression sur les mairies d'arrondissement pour qu'elles s'impliquent plus dans une politique d'implantation plus étendue des bornes.
    Le Relais est aussi persuadé que, dans nos arrondissements proches de Barbès, la collecte pourrait être doublée en doublant la capacité de ramassage des bornes. Il a développé une cartographie avec des propositions d'implantations nouvelles. Action Barbès, qui soutient cette stratégie, s'adressera aux Mairies des arrondissements pour s'informer sur leurs intentions en la matière et les encourager à poursuivre leurs efforts dans ce sens.
    Cet article est le premier pas d'une telle démarche qui doit solliciter les élus à prendre des engagements dans ce sens.


    Une affaire à suivre à la rentrée de septembre et d’ici là, pour en savoir plus, voir le site du Relais.