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Et si nous parlions du CINASPIC ?

Rien à voir avec un serpent venimeux, rien non plus de cinématographique. Il risque de passer un peu d'eau sous les ponts avant que ce terme n'entre dans le langage courant. Mais il mérite toute notre attention. Il s'agit de "Construction ou Installation Nécessaire Aux Services Publics ou d’Intérêt Collectif" !

 

Qu'est-ce que c'est ?

Pourquoi aborder aujourd'hui cette terminologie encore ignorée de tous ? Parce que nous sommes allés consulter les documents mis à disposition dans les mairies (en l'occurrence à la mairie du 10e samedi dernier) dans le cadre du projet de modification du Plan local d'urbanisme (PLU). Ce vocable désigne des surfaces d'au moins 500 m2 ­— on est encore à l'étape de leur localisation possible —, qui pourraient servir de stockages de proximité aussi bien pour les approvisionnements que pour les déchets (in et out, si l'on peut dire !).

Une fois défini le concept, que pourrait-on en faire ? Curieux de certains « fléchages »  (ce sont les nombreuses annotations relevées sur les cartes du PLU), nous nous sommes penchés sur la question. Depuis plusieurs années, la Ville cherche à limiter les nuisances liées au transport routier, la circulation des camions, leur moteur Diesel, leur pollution, leur stationnement, etc. Dans cette catégorie, on trouve d'un côté les très nombreux véhicules du service de collecte des ordures ménagères, au milieu, les autobus de transport en commun, les autocars de tourisme, et de l'autre côté, les véhicules de livraison de toutes sortes et notamment d'approvisionnement des magasins de la grande distribution, qui se sont multipliées ces derniers temps dans Paris intra-muros (Carrefour, Casino, Leader Price, Dia, etc.).

Concernant le transport de personnes, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF), associé à la RATP, a programmé un passage progressif des autobus vers des motorisations plus respectueuses de l'environnement. Les autocars de tourisme sont dans le collimateur des autorités municipales : par exemple, les tarifs de stationnement ont été augmentés considérablement, mais cela n'empêche pas tous les stationnements illicites que nous signalons régulièrement à la fois au cabinet du Préfet et à l'adjoint chargé des transport à la Mairie de Paris (voir notre blog). Autre mesure qui va dans le même sens, l'interdiction à venir des véhicules de plus de 15 ans, particulièrement polluants.

Restent les transports de biens aux deux bouts de la liste, les marchandises et les déchets. Plusieurs solutions ont déjà été envisagées. On avait parlé un temps de transporter les denrées destinées à la consommation par les trams, de nuit. A priori l'idée a été abandonnée. Trop compliquée. Autre solution, le transport par voie d'eau, la Seine, les canaux. Honnêtement, en dehors des matériaux de construction dont des quantités importantes sont déchargées par péniche aux ports parisiens de la Zac-Paris-Rive-Gauche, on ne voit guère l'approvisionnement en produits frais de la capitale passer par ce circuit. Sauf si la logistique urbaine entre en scène... et la nécessité de réduire les gaz à effet de serre dont le secteur du transport et de la logistique restent responsables pour 27% au plan national. (source : ministère de l'Ecologie

Logistique urbaine

On entre là dans les modes de transport alternatifs à la route, avec des objectifs très ambitieux (ceux qu'avait assignés le Grenelle de l'Environnement, hélas un peu oubliés). Bon an mal an, on apprend néanmoins à la lecture de différents communiqués de presse spécialisés que les liens entre les ports, l'activité fluviale et les responsables municipaux et régionaux ne sont pas rompus, bien au contraire. Un accord a été signé, par exemple, pour que les déblais des travaux du Grand Paris Express soient évacués par voie d'eau, diminuant en cela le trafic routier, une solution qui « désengorgerait les routes ». Idem pour l'approvisionnement en matériaux de construction : tonnage impressionnant en Ile-de-France vu d'une part l'absence de carrières à proximité et d'autre part les besoins du secteur de la construction de logements. 

rue de Clignancourt- livraison

Livraison dans le voie de bus L.85 rue de Clignancourt, Paris 18e.


Mais quid de l'approvisionnement des grandes surfaces parisiennes ? Tout passe par la route. Il n'est qu'à voir les camions en cours de déchargement dans la voie de bus de la rue de Clignancourt (Paris 18e) qui compte face à face deux enseignes de bonne taille.

L'idée serait de créer des surfaces, souvent en sous sol, assez grande pour stocker, mais à la taille de Paris néanmoins, une sorte de stockage de proximité. Rien à voir avec les plateformes logistiques de la grande distribution dans les régions, qui peuvent atteindre plus de 50 000 m2, telle celle de Garons près de Nîmes. Le but serait de limiter l'entrée des camions de gros volume qui accèdent actuellement aux grandes surfaces parisiennes bien sûr. L'idée n'est pas mauvaise mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements. A voir au fil de la réflexion de ce que pourraient apporter les « cinaspic ».... Le sujet n'est pas tout à fait nouveau, puisqu'il était évoqué en Conseil de Paris en novembre dernier et dans Le Parisien de l'époque, des crédits pour les études ont même été votés alors (voir ici le début de l'article, réservé aux abonnés, malheureusement... )  

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Plateforme Auchan sur la zone aéropole près de Nîmes (Photo Midi libre)

 

Détail sur l'enquête publique sur le PLU : 

L'enquête publique est ouverte dans les vingt mairies d'arrondissement de Paris. Elle a pour objet la modification du plan local d'urbanisme (PLU) sur l’ensemble du territoire qu’il couvre.

 Les caractéristiques principales du projet sont les suivantes :
– rétablir des règles en faveur de l’équilibre territorial des destinations suite à la disparition des COS
– renforcer la compatibilité du Plan Local d’Urbanisme (PLU) avec le Programme Local de l’Habitat (PLH), le Schéma Directeur d’Ile-de-France (SDRIF) et le Plan de Déplacements Urbains d’Ile-de-France (PDUIF) qui ont récemment évolué
– renforcer les mesures en faveur de la nature en ville
– renforcer la protection du commerce de proximité
– adapter certaines dispositions afin de permettre la réalisation de projets d’aménagement ou de construction d’intérêt général.

Les informations environnementales se rapportant à l’objet de l’enquête sont contenues dans le rapport de présentation du projet de modification du PLU inclus dans le dossier d’enquête publique.

 

 

Commentaires

  • Pour ce qui est de la présence de plus en plus gênante des camions de livraisons, l'explication est simple :
    Il y a deux ans, la ville de Paris faisait sauter les dernières barrières qui empêchaient les multinationales de la grande distribution d'avoir le monopole du commerce à Paris. C'est ainsi que le seul groupe Casino possède une part de marché supérieure à 60 % à Paris, grâce à ses multiples enseignes.
    Du temps où une centrale où un grossiste devait livrer une dizaine de petits magasins par tournée, une camionnette était suffisante ; mais quand il faut aujourd'hui livrer des palettes à plusieurs magasins de plus de mille mètres carrés, les gros camions voire les semi-remorques sont nécessaires.

    Il est de surcroît particulièrement piquant de voir une municipalité comme Paris qui, sauf erreur de ma part, a fermé dix-huit gares de marchandises dans Paris intra muros, se lamenter contre la circulation des camions ! Ces gares pouvaient servir d'aires de stockage de proximité, ce qu'elles étaient naguère...

    Autre corollaire d'une politique municipale de gribouille, la multiplication des interdictions de circuler et de stationner est un encouragement pour les parisiens à se faire livrer à domicile car ce que nous consommons n'arrivera jamais à chez nous en cerf-volant... Il n'est pas rare le samedi de voir des files ininterrompues de camionnettes de livraisons stationner en double file. A noter que les jours de pointes, ces flottes "normales" de camionnettes sont épaulées par des "francs-tireurs" utilisant le plus souvent des engins aux normes antédiluviennes...

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