Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Gentrification, mixité sociale, logement

Parmi les sujets qui reviennent à chaque échéance électorale municipale, le logement reste avec ses consœurs propreté et sécurité, au top 3 des préoccupations des Parisiens.

Avec ses 105 km² enfermés dans la ceinture du périphérique, la ville souffre de son manque d’espace disponible et les statistiques montrent, hélas, qu’on détruit chaque année plus de logements dans la capitale qu’on en construit. La demande de logements y est très nettement supérieure à l’offre et la flambée des prix ces 10 dernières années n’est que le résultat de ce constat.

La question du logement est très liée à la composition de la population, composition qui depuis de nombreuses années dépend de deux phénomènes qu’il est intéressant de regarder : la gentrification de Paris d’une part, la volonté de maintenir une certaine mixité sociale, notamment depuis l’arrivée de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, d’autre part. Mais que signifient ces deux termes ?

Qu’est ce que la gentrification ?

"C’est un phénomène d’embourgeoisement" nous dit Wikipédia

"C’est un « processus de conquête sociale des quartiers populaires par les classes moyennes et supérieures" nous dit la Revue Européenne de Géographie dans son article « Les dynamiques spatiales de la gentrification à Paris ». Dans le langage parisien courant un peu péjoratif, on peut utiliser l’affreux néologisme « boboïsation ».

L’article de la Revue Européenne de Géographie est extrêmement complet et détaillé. Il nous présente le processus de gentrification comme une lente mais inexorable progression géographique vers l’Est des catégories socioéconomiques moyennes et supérieures venant des Beaux Quartiers de l’Ouest. Si ce phénomène a fortement impacté la rive gauche de Paris, notamment le 15e, le 9e dans son intégralité aujourd’hui mais aussi les 10e et 18e sont touchés déjà depuis quelques années.

 

Gentrification de Paris.JPG


La progression du front de gentrification à Paris depuis les années 1960 - source Revue Européenne de Géographie -

cliquer sur l'image pour l'agrandir

Nul doute que le charme de la rue des Martyrs, du canal Saint Martin ou de la rue des Abbesses a joué un rôle dans l’arrivée de ces populations aisées.

Dans nos quartiers, le « front » de cette gentrification semble aujourd’hui se situer aux portes de la Goutte d’Or, dans le Sud du 18e et au Nord du 10e, là où la concentration de populations étrangères reste forte.

La vidéo préparée par le CNRS dans le cadre de son atelier Urbanisme Habitat Société décrit très bien le phénomène en s’appuyant sur ce qui se passe à la Goutte d’Or

Gentrification de la Goutte d'Or.JPG

Cliquer sur l'image pour démarrer la vidéo


Qu’est ce que la mixité sociale ?

La fiche Wikipédia encore une fois en donne une très bonne définition « La mixité sociale consiste, en une zone géographique donnée, en ce que des personnes issues de catégories socioprofessionnelles différentes (niveau de vie, cultures et/ou origines nationales) se côtoient, ou cohabitent ».

Souci quasi permanent des autorités politiques, cette volonté de mixité sociale est à l’origine des politiques de construction ou de réhabilitation de logements, les fameux logements sociaux. En gros, on peut dire que la droite privilégie les logements dit intermédiaires destinés aux classes moyennes, la gauche privilégie, elle, les logements sociaux destinés aux classes populaires.

Force est de constater que le processus de gentrification est en parfaite opposition avec la volonté de mixité sociale et dans bien des cas, la cohabitation des classes supérieures ou moyennes avec les classes populaires est plus conflictuelle qu’autre chose.

Ce qui est recherché par les politiques d’aujourd’hui, c’est le modèle de mixité sociale tel qu’il a été mis en place avec l’immeuble haussmannien à la fin du 19e siècle : une structure verticale faisant cohabiter suivant les étages différentes catégories sociales. Le deuxième étage n’est-il pas « l’étage noble » et le sixième celui des "soubrettes" et des ouvriers ? Il y a une certaine utopie à vouloir recréer cette mixité-là. Il y a belle lurette que l’ascenseur a fait des chambres de bonne, réunies en appartement, un endroit recherché et que le deuxième étage est souvent délaissé car jugé trop sombre.

La mixité sociale est un ideal affiché depuis plusieurs décennies.  Ne serait ce pas un mythe ? Considérant la composition de la population parisienne aujourd'hui, recherche-t-elle, au fond, cette mixité ? Pas sûr.
 
La composition de la population d une ville est hétérogène par essence. Ce qu il nous faut éviter, ce sont les ghettos : ghettos de riches, ghettos de pauvres,  ghettos des immigrés, ghettos des homosexuels, ghettos des Juifs, .....Chacun comprend bien que la formation de tels ghettos ne peut qu'attiser les tensions au sein de la ville, que le tissu social urbain ne peut réellement vivre que dans une certaine diversité,  dans un mélange où le respect des autres est de rigueur.
 
Association de quartiers regroupant des populations différentes, Action Barbès a fait du maintien de cette diversité un élément clé pour l'amélioration de la vie de chacun. Bien sûr,  la chose n'est pas facile. C'est un engagement permanent. Noud nous y tenons.

- L'article de la revue Européenne de Géographie propose une abondante bibliographie à laquelle on peut ajouter celui paru dans Libération le 19 octobre "Habiter Paris est un signe clair de domination sociale".


Commentaires

  • Bonjour,
    En complément de votre article sur la mixité sociale, un autre article paru dans Libération récemment :

    http://www.liberation.fr/societe/2013/10/24/a-paris-le-niveau-de-mixite-est-de-loin-le-plus-eleve_942129

    A lire car il apporte un éclairage différent de celui que vous citez.

    Cordialement,

Les commentaires sont fermés.