Combien d'articles n'avons-nous pas écrits sur la propreté (malpropreté plutôt!) à propos de notre quartier? Que ce soit aux abords de la station de métro Barbès-Rochechouart, que ce soit dans certaines rues de la Goutte d'or ou dans le 9e, rues du Delta et du faubourg Poissonnière.
L'une au-dessus de l'autre : deux images de la Goutte d'or, l'été dernier, des colonnes à verres qui débordent et des seringues au milieu de déchets divers.
Le conseil de quartier Château d'eau-Lancry avait choisi ce thème la semaine dernière pour sa dernière séance plénière avant les municipales. Le maire avait fait le déplacement. En cette période proche des élections, rien d'étonnant. Action Barbès était là pour écouter. L'équipe d'animation avait fort bien préparé cette réunion en déclinant en 5 thèmes les problématiques de ce quartier. Les questions avaient été envoyées judicieusement une semaine auparavant à Rémi Féraud dont il faut rappeler qu'il a pris en charge la délégation propreté depuis son élection en 2008.
Environ 70 habitants étaient dans la salle, venus dans une large majorité pour dire leur insatisfaction. On sait bien que la mobilisation des mécontents est toujours plus aisée, ne citons pour mémoire que celles contre l'ouverture de la SCMR.
« Je partage et subis les constats que vous avez établis. Rien n'est faux. Il y a des phénomènes d'incivilité qui perdurent, d'autres ont diminué comme les déjections canines, ou d'autres explosent comme nouvelles incivilités ou simplement "pisser dans la rue" » a déclaré en avant-propos Rémi Féraud.
De quels phénomènes s'agit-il ?
Pour la plupart, nous les connaissons bien à Action Barbès ! Epanchements d'urine — miction dans le langage juridique, que nous traitions l'an passé à la même date avec des chiffres, à relire ici —, tags et graffitis, mégots au sol. Auxquels il faut ajouter, il est vrai, dans le secteur Château d'eau-Lancry, les salons de coiffure du boulevard de Strasbourg et de la rue du Château d'eau, et les nuisances des abords du canal Saint-Martin.
Nous n'évoquerons ici que les les trois thèmes communs qui intéressent nos lecteurs. Comme à Barbès, la tâche est immense. Les épanchements d'urine sont en nette augmentation. Qui ne le constate pas au quotidien ? Les campagnes de publicité de la ville, — ou de sensibilisation pour être plus juste, que nous vous présentions avec l'affiche ci-contre déjà en juillet dernier — de ce point de vue, n'ont aucun impact malheureusement! Si les rues sont balayées tous les jours, elles ne sont lavées que 3 à 4 fois par semaine selon les lieux. Ce qui est déjà beaucoup. Lutter contre les incivilités a un coût, doit-on l'augmenter encore ? Sommes-nous toujours prêts à le financer ? L'équipe d'animation du conseil de quartier ne s'est pas contentée de faire un constat, elle a aussi planché sur des propositions : augmenter le nombre de sanisettes, mieux les signaler, de façon plus visible, étendre leur horaire d'ouverture au delà de 22h, faire des nettoyages à l'eau réguliers et des opérations coup de poing en verbalisant davantage. Rien de bien nouveau dans ces suggestions, mais les solutions sont-elles aussi simples à trouver qu'on peut l'entendre parfois ?
Pour les mégots, un chiffre impressionnant : 315 tonnes collectées par an soit 900 kg par jour. Le phénomène s'est amplifié depuis la loi de 2008. Ils sont difficiles à traiter et aggravent la pollution de l'eau. Comment en faire prendre conscience ? s'est interrogée l'équipe d'animation. De trop nombreux commerçants auraient une fâcheuse tendance à balayer les mégots vers le caniveau. Or il est bon de savoir qu'un mégot pollue 500 litres d'eau. Là aussi, rappel de la règlementation et verbalisation seraient nécessaires, le dialogue n'étant pas toujours facile. Les éteignoirs installés sur les réceptacles des poubelles de rue sont-ils utilisés ? Pas sûr. Sont-ils seulement encore en place ? On peut en douter. Et l'on attend avec impatience les nouvelles poubelles de rue.
Pour lutter contre les tags, voici quelques chiffres révélateurs :
En 2011, coût 4,5 millions d'€ pour 82 000 interventions et 285 000m2 de murs dans l'ensemble de la capitale. Dépenses en augmentation depuis cette date. Le 11e arrondissement remporte actuellement la palme.
....là aussi des propositions du conseil de quartier : signalements par les balayeurs de rue, repérage par des détecteurs en rollers, interventions par tronçon de rue et pas par numéros, incitation au dépôt de plainte, verbalisation encore. Mais aussi des actions de prévention comme la réalisation de graphes et de panneaux d'exposition, de la végétalisation, des murs d'expression, et pour résumer, des idées pour occuper autrement les espaces tagués.
Les services d'enlèvement des graffitis par de nouveaux prestataires (que la ville a changés mi 2012, avec 3 prestataires en fonction des arrondissements) sont efficaces. Pour nos arrondissements (9e, 10e et 18e), c'est le même prestataire: la société Korrigan. Nous avons testé ses services.
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Pour les demandes d'enlèvement de graffiti, il suffit de remplir un formulaire internet sur le site Paris.fr: cliquez ici. Une fois la demande faite, le prestataire est alors tenu d'intervenir dans les 10 jours ouvrables.
Nous avons fait la demande en ligne le mercredi soir pour quelques graffitis ornant depuis plusieurs années le côté du restaurant attenant à notre porte d'immeuble; vendredi matin, en sortant matinalement, nous avons constaté que l'intervention sur ces graffitis venait d'être tout juste effectuée, soit moins de 36 h après notre demande. Nous confirmons donc la réactivité du prestataire qui a procédé à l'intervention.
Malheureusement, les graffitis étaient trop anciens et ont apparemment, et peut-être durablement, marqué la pierre. Nous ne pouvons donc pas totalement attester de l'efficacité de l'intervention, que le maire du 10e avait pourtant soulignée devant le conseil de quartier. Car il reste quelques traces (voir photo de gauche), certainement explicables par l'ancienneté de ces graffitis, même si un peu plus d'huile de coude aurait pu aider à venir à bout des quelques traces bleues restantes.
Nous renouvellerons assurément et plus promptement cette expérience (sans attendre, la prochaine fois, plusieurs années) si, d'aventure, d'autres graffitis venaient à être apposés.
Sachez encore que la Ville de Paris vient de lancer une application mobile gratuite "DansMaRue" destinée à tous les Parisiens et leur permettant de signaler les anomalies constatées dans la rue, et plus généralement dans l'espace public: propreté certes, mais aussi éclairage public, petit problème de voirie etc... Pour ceux qui ne disposent pas de smartphones, cette application est également disponible via un site internet...
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"Nous aurions besoin d'une brigade qui se charge d'interpeller les tagueurs à Paris; il y a des actions nouvelles à mener dans la prochaine mandature" a conclu le maire sur ce sujet.
Faire respecter la règlementation en matière d'hygiène, faire appliquer les lois, verbaliser encore et encore les incivilités, on aura beaucoup entendu ces phrases lors du conseil de quartier. Un thème qui ne manquera pas d'être présent dans la future campagne des municipales. Il faudra un minimum de propositions. Les Parisiens citoyens attendent autre chose que des voeux pieux de la part de leurs édiles, même si la tâche est ardue.