A l'approche de la mairie, la demi-douzaine de cars de police nous avaient laissé entrevoir que le climat ne serait peut-être pas tout à fait serein, à l'instar de la précédente réunion sur le thème de la salle de consommation à moindre risque en mars.
Loin de nous laisser impressionner, nous avions décidé de marquer notre différence et de dire une fois de plus pourquoi certains habitants du quartier voyaient favorablement l'ouverture de ce dispositif. Ce fut fait par Frédéric Remongin puis par Lise Thély-Muller, dans une intervention ponctuée par des huées. Vous connaissez notre point de vue sur la question, nous l'avons maintes fois développé ici avec, en prime, pour les plus curieux, des renvois vers des enquêtes, des témoignages, des rapports. Voir ici.
Dans la salle de la mairie
Certes, les opposants criaient plus forts que les autres, mais les habitants favorables montraient plus de respect pour écouter l'ensemble des interventions de la salle et des personnalités venues s'exprimer. La démocratie exige que l'on s'écoute avant de s'investiver, y compris quand des craintes parfois légitimes naissent et sont entretenues par une opposition trop contente de trouver là son cheval de bataille. Nous ne reviendrons pas sur la "votation" de M. Federbusch et ses 300 votants en avril. Nous sommes donc intervenus puisque l'occasion nous en était donnée, de vive voix, devant une salle majoritairement opposée au projet. Depuis que l'adresse a été rendue publique — 39 boulevard de la Chapelle, sur une emprise de la SNCF le long des voies de la gare du Nord — un second groupe d'habitants est venu manifester ses craintes des toxicomanes, sa peur de l'insécurité, son angoisse face à l'image de la dépendance, se privant aussi au passage de témoignages apaisants venus de Suisse. La peur est mauvaise conseillère. On a entendu des choses choquantes, comme la dernière fois. Des comportements peu démocratiques, des huées, des quolibets, alors que tous exigeaient d'être entendus. Mais comme l'a écrit plus tard le maire du 10e, Rémi Féraud, dans un tweet : "La concertation, ce n'est pas un droit de veto sur une proposition, c'est prendre en compte des remarques. La presse le lendemain
Les journalistes présents ont, comme souvent, préféré mettre en avant les mouvements de contestation. Pourtant, on aurait pu souligner une certaine surdité aux explications données, par exemple par le chef de la police genevoise ou la responsable de Quai 9, ou encore par Nicolas Lerner, le représentant de la Préfecture de police de Paris, qui a décrit la volonté de la police de collaborer avec la mairie et les associations responsables de la salle. On aurait pu reprendre les propos de ceux qui voulaient bien d'une telle structure, mais... pas à côté de chez eux et dénoncer un certain manque de solidarité.
On sait qu'il est plus facile de dénoncer que de construire, et aussi plus vendeur de faire peur que d'encourager patiemment les solutions en cours d'élaboration. On comprend que Jean-Marie Le Guen se soit un peu emporté devant tant de critiques injustes, y compris envers des professionnels responsables et désireux de tenter une expérience ici, à Paris, quand les résultats de structures comparables montrent leur efficacité après des années d'existance. 
Ci-dessus de g. à d.: Nicolas Lerner de la Préfecture de police, Myriam El Khomri, adjointe au maire de Paris chargée de la sécurité, Rémi Féraud, maire du 10e, et Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de Paris chargé de la santé.
Commentaires
Comme dit l'adage, "une majorité ne fait pas une vérité". Surtout dans une salle, fut-elle au coeur de la République !
Ce que j'ai trouvé le plus pertinent côté presse, c'est sur France Q.
Texte de préentation ici : http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-trafic-et-consommation-quelle-politique-publique-face-a-la-drogue-2013-06-11
Emission ici : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4642992 - pour le sujet, allez direct à 75.00
Le "Jeune Parisien" au pull-over orange qui est intervenu en évoquant astucieusement les barres chocolatées, était un militant de Génération Identitaire - Projet Apache, organisation assez radicale qui était présente lors du débat avec une quinzaine de militants dans la salle.
Pas étonnant donc que l'exercice ait été difficile avec peu de sérénité, même si nous pouvons assurément admettre qu'il y avait certainement des habitants naturellement inquiets.
Les preuves de mes affirmations concernant la présence de ces groupes extrémistes:
https://www.facebook.com/pages/Projet-Apache/192004093887
http://www.youtube.com/watch?v=E71qrm7lWGo&feature=youtu.be
http://www.projet-apache.com/
Sur leur site, dans leur communiqué en date du 12 juin 2013 intitulé "Génération Identitaire Paris contre la salle de shoot socialiste", nous pouvons lire les extraits suivants:
" Après la révolution anthropologique induite par le « mariage pour tous », les Socialistes et leurs amis continuent leurs provocations envers la France normale (...)
C’est pourquoi une quinzaine de nos militants ont fait le déplacement tandis que l’un d’entre nous s’est exprimé en rappelant qu’il n’était pas nécessaire d’encadrer et faciliter la consommation de drogues mais plutôt de la diminuer (voir son intervention dans la vidéo ci-dessous) (...)
Nous suivrons avec une attention particulière les suites qui seront données à ce projet et annonçons d’ores et déjà d’autres actions contre ce projet fou. Les Parisiens n’ont pas l’intention d’encourager la culture de la mort que proposent les élus socialistes."
Et vous pouvez aussi lire les tweets qui circulent relatant leur intervention dans ce débat.
https://twitter.com/G_IDENTITAIRE/status/344760301142544384
https://twitter.com/_fabricerobert/status/344916564941864960
https://twitter.com/G_IDENTITAIRE/status/344759961714311168
https://twitter.com/ProjetApache/status/344535074701725696
Si les rumeurs vont bon train depuis mardi soir dernier quant à la participation de cette minorité extrémiste, il me parait évident de démasquer cette volonté de venir troubler la concertation concernant ce projet de santé publique et devant renforcer la sécurité des habitants.
Il existe certes des craintes de la part des habitants, mais l'intervention de ces groupes ne viendra qu'attiser ces peurs. Nous pouvons par ailleurs craindre des actions plus violentes à l'avenir, comme l'ont montré les problèmes de radicalisation liés aux anti "Mariage pour Tous" auquel ils font référence au début de leur communiqué sur leur site.