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Louxor, vraie restauration de l'extérieur

Nous sommes restés abonnés au bulletin d'information de l'association SOS Paris, qui avait partagé notre position lors de la bataille du Louxor ! Souvenez-vous : conservation du patrimoine, restauration de l'existant, recherche de l'original.... Charte de Venise. Si vous n'avez pas suivi les événements d'alors, il reste de nombreux témoignages de cette passe d'arme avec la Mairie de Paris qui ne partageait pas notre engagement, regardez dans la marge de droite. Le nom de François Loyer y figure à plusieurs reprises. Il a écrit plus d'un texte pour tenter de convaincre nos interlocuteurs que le Louxor méritait un autre traitement, par égard pour le caractère unique de son architecture, pour son statut de survivant des salles de cinéma muet. 

Il est dès lors compréhensible, que M. Loyer revienne sur sa déception, confirmée, semble-t-il, quand il voit le résultat de la rénovation des lieux. Il l'écrit dans le dernier numéro du bulletin de SOS Paris, paru en mai. C'est page 8. Voir ci-dessous. En ce qui nous concerne, nous avons fait notre deuil. Tourné la page.. Désormais nous nous réjouissons d'avoir un cinéma à deux pas.

 

LE LOUXOR : PASTICHER OU RESTAURER, IL FAUT CHOISIR !

Après 2 ans de travaux, la rénovation du Louxor, salle de cinéma mythique ouverte pour la première fois en 1921, touche à sa fin. L'extérieur a retrouvé toute sa splendeur, mais sur l'inté- rieur nous avons de fortes réserves : il consiste en rien d'autre qu'un coûteux pastiche.

Une association de quartier, "Action Barbès", s'était mobilisée pour la sauvegarde du cinéma des années vingt - le plus beau et sans doute le plus ancien des cinémas de Paris. La pétition qu’elle avait lancée n'a pas ébranlé la Ville, qui a opéré là l'un des plus grands crimes patrimoniaux qu'on puisse imaginer : la destruction intégrale, puis la reconstruction en "fac-similé" des intérieurs. Un peu comme si l'on substituait une reproduction de la Joconde à l'original dans les salles du Louvre ! Nous avions déjà mené campagne en 2009-2010 pour empêcher cette opération, sans succès.

Les photos flatteuses de l'intérieur qu'on nous montre sont celles d'une imitation sans grand rapport avec l'édifice initial, tel qu'il avait survécu jusqu'en 2009. La salle a été totalement transformée, réduite en volume comme en capacité (de 1300 à 350 places) et le décor, entièrement neuf, "adapté" à ce nouveau volume. Les façades ont certes été restaurées, mais il ne reste plus qu'elles. Car l'intérieur a été démoli. Qu'il ait été remplacé par un plagiat ne nous consolera pas de la disparition de l'original.

Le patrimoine est un monde exigeant : il suppose le respect de l'authenticité de l’œuvre. Comment pourrait-on concevoir de s'extasier devant la copie - plus ou moins habile, plus ou moins fidèle - quand on sait qu'elle a été substituée à un original détruit sans vergogne ? Plus hypocrite encore, en la circonstance, le décor d'un des murs intérieurs a été conservé dans l'épaisseur des lourdes structures dont il a été enveloppé : pour le revoir, il faudrait détruire à nouveau presque entièrement la construction nouvelle, afin de le retrouver (mais dans quel état ?) après avoir dépensé quelques millions d'euros... Et on découvrirait alors que la salle d'origine n'est plus qu'un souvenir, depuis la destruction de l'édifice.

Notre position n'est pas facile à tenir : on est vite qualifié d'intégriste quand on se bat pour la conservation des œuvres dans leur intégrité. Il est plus "commercial" de montrer un décor à neuf, clinquant, qui attirera les touristes en leur livrant une version édulcorée du passé. Jusqu'à ce que, vingt ou trente ans plus tard, le manque d'authenticité de la copie devienne si flagrant qu'il paraisse insupportable ! Je serai mort quand on s’apercevra qu'on nous avait menti. N'applaudissons pas au faux, quand ce faux est le produit d'une destruction volontaire, consciente et programmée, de l'original. Je dirais bien autre chose si la Ville avait su prendre conscience du caractère exceptionnel de l'édifice et en avait accompagné la restauration avec autant d'effort qu'elle a mis à le détruire puis à le reconstruire...

Hélas, les politiques sont rarement des amateurs. La grossièreté du jugement des philistins est un désespoir pour tous ceux qui savent regarder. Le pauvre Louxor en a fait les frais... 

Commentaires

  • Merci à Action Barbès d'avoir publié cet article de François Loyer.

    Le problème est double:

    1. la nécessaire préservation de notre patrimoine parisien. Il ne s'agit pas de tomber dans un conservatisme empêchant tout projet mais d'être vigilant à ce que nous devons conserver de notre passé car, comme chacun le sait, pas de passé, pas d'avenir.
    A cet égard, la politique suivie par Delanoë est inquiétante, beaucoup de projets sont très contestables d'un point de vue patrimonial et le traitement qu'il réserve aux avis de la Commission du Vieux Paris en est le témoignage le plus clair.
    Pour le quartier Barbès, le sort qui sera réservé à l'Elysée Montmartre ne manque pas d'intérêt.

    2. l'article de François Loyer a le très grand mérite de remettre certaines pendules à l'heure. C'est un travail de vrai historien. L'excellente communication de la ville de Paris à propos du Louxor version 2013, aidée en cela par certaines associations, n'a pour objet que de promouvoir le projet en réécrivant l'histoire. Chacun peut constater en allant au Louxor version 2013 qu'il ne s'agit pas d'une réhabilitation ou d'une rénovation comme la parole officielle le prétend, mais d'une pure et simple reconstruction après démolition. Il est fort à craindre, hélas, que la version officielle fera foi dans quelques décennies contribuant ainsi à une deuxième mort du Louxor.

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