Sur le métier remettons notre ouvrage ! Nous le faisons depuis bientôt 5 ans dans l'association ACTION BARBES, puisque une poignée de personnes du bureau s'intéressait à la question, de près déjà, au moment où nous avons proposé à nos adhérents de focaliser notre assemblée générale de 2010 sur ce problème.
S'intéresser au problème, ce n'était pas seulement lire les rapports des instituts experts mais aussi participer à des réunions d'information grand public ou à des colloques destinés aux professionnels (médecins ou associations du secteur). De quoi se forger une idée précise et des convictions.
Habitants du quartier, nous étions forcément sensibles aux problèmes de seringues abandonnées et d'intrusion dans les halls d'immeuble. Sensibles aussi à la présence des distributeurs de seringues gérés par l'association Safe — au point de demander le déplacement de l'un des deux qui sont dans le quartier, pour la tranquillité des riverains de la rue Guy Patin (Voir nos articles sur le sujet dans nos bulletins d'information dans les archives du blog). Sensibles encore à la grande précarité des toxicomanes que nous croisons entre la gare du Nord et la station Barbès.
Nous acceptons que certains expriment leurs craintes, leurs peurs, et même leur légitime aspiration à vivre dans un quartier sûr. Mais pas qu'ils se cachent derrière des arguments moraux issus d'une autre époque et affirment que puisque la drogue est le mal, exit les toxicomanes, circulez, y a rien à voir ! Et au mieux, chez les plus tolérants, allez vous « shooter » loin de chez moi ! Ca ne marche pas comme cela. La preuve ? Cela fait trente ans que l'état et sa police luttent contre la drogue, les trafics et poursuivent les usagers, or, malgré ces efforts coûteux, il n y a jamais eu autant de consommateurs. Ajoutez y le vieillissement des toxicomanes, la crise économique et les difficultés de certains à survivre, en résumé la précarité, et vous aurez la toxicomanie de rue telle que nous la connaissons autour de la gare du Nord. Elle est fort bien décrite dans ce reportage de France 3 du 24 septembre 2010, visible sur YouTube grâce au lien ci-dessous. Rien n'a vraiment changé depuis lors.
→ la consommation de drogue près de la gare du Nord :
Comme souvent, ce jour-là, France 3 avait diffusé deux reportages : en soirée, ses reporters avaient décrit la situation dans les rues de notre quartier mais lors de l'édition du midi, ils avaient montré la visite d'élus franciliens à Genève, à la salle de consommation gérée par l'association Première Ligne, appelée Quai 9.
→ visite des élus à Genève http://youtube/ijE53YhGFSc
(Le reportage commence à la seconde 26... patience et plongeon dans le passé proche !)
Une quinzaine d'élus franciliens ont visité
le 17 septembre 2010 le Quai 9 à Genève
Asso Elus santé publique et territoire – présentation de l'association → http://www.espt.asso.fr
Quel est l’endroit le plus pertinent pour installer une salle en ville ? Il faut qu’il soit pleinement accessible et là où le deal et la consommation posent problème aux riverains. Si une salle est ouverte à Paris, il faut que ce soit en plein tissu urbain. Dans un premier temps, les habitants y sont opposés, manifestent, signent des pétitions. Mais une fois la salle ouverte, plus personne ne souhaite la fermer. La première réponse est toujours « non », ensuite « peut-être, mais pas chez moi » et, enfin, une fois que la salle est là et qu’elle a fait ses preuves comme objet urbain et outil social, les citadins reconnaissent son importance.
Nous aurions pu écrire ces quelques lignes tant elles reflètent l'état actuel de la situation et ce que nous pensons. Mais ce n'est pas le cas. C'est un paragraphe tiré du site de Métropolitiques, une revue électronique animée par des enseignants-chercheurs et des praticiens issus de la plupart des disciplines de l’urbain.
Nous avons cherché et trouvé pour vous sur le net, en téléchargement gratuit, la synthèse du séminaire organisé par l'Association nationale des villes pour le développement et la santé publique "Elus, Santé publique & territoires" Tome 2 : JOURNEE DE SYNTHESE. Le document est très complet mais la situation évolue très vite, quand on ne fait rien. Les chiffres seraient sans doute à revoir.
le Quai 9 à Genève
Commentaires
Je reconnais avoir eu une forte réticence à ce projet à l'origine mais en m'informant un peu, notamment grâce à vous Action Barbès, mon rejet initial s'est changé en un accord de raison.
Ce qui est à craindre dans cette affaire est plus général : nous sommes en Démocratie et chacun a bien le droit de s'exprimer même si bien souvent sur ce sujet on entend beaucoup de bêtises. Et quand bien même le projet serait réalisé parce qu'une majorité existe, cela n'en fera sûrement pas une vérité pour ses opposants. Je dis cela car les promoteurs de ce projet devraient bien regarder ce qui se passe du côté du mariage dit "pour tous". D'une société relativement tolérante avec l'homosexualité, on est passé à une résurgence du rejet de cette homosexualité et ce avec une violence inattendue et surtout inouië. Faisons en sorte que ce projet de SCMR soit un facteur d'union plutôt que de déchirement. A cet égard et pour ce type de projet sensible, je ne suis pas sûr que la méthode dite de concertation utilisée par la Mairie de Paris et dont on connait hélas les limites soit la bonne.
Je suis assez d'accord avec Didier, sur la première partie de son commentaire, mais regardons comme les sujets de société évoluent lentement sans une volonté politique ferme et courageuse de les faire avancer. Souvenons-nous des difficultés qu'a rencontrées la majorité de droite à faire accepter dans ses rangs la vente libre des seringues en pharmacie en 1987 (Michèle Barzach). Et pourtant, n'est-ce pas grâce à cette décision qu'on a pu stabiliser quelques années plus tard la contamination du VIH chez les toxicomanes? Chacun le reconnaît aujourd'hui.
Puisque Didier fait un parallèle avec les horreurs qu'on entend actuellement contre l'homosexualité, là aussi on peut rappeler les difficultés à faire passer le PACS, qui est devenu au fil du temps une norme acceptée.
On ne fait pas contre la majorité des Français, ni dans un cas ni dans l'autre, on ne fait qu'appliquer la politique qui a été proposée et qui a obtenu une majorité de voix. N'est-ce pas cela la démocratie ?
Encore une remarque : la parité et la place des femmes dans le monde du travail ou de la politique ne progressent qu'à coup de décrets et de lois, et malgré cela, l'évolution n'est pas fulgurante, les réflexes conservateurs sont nombreux et ralentissent le processus. Pourtant, pour les femmes, ce n'est pas forcément agréable d'être traitées pour leur nombre, leur participation, sous forme de quotas comme le lait ou les céréales... Alors, oui, un peu de courage ne nuit pas !