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Qu'avons-nous appris sur le futur règlement des terrasses et étalages ?

La refonte du nouveau règlement parisien sur les terrasses et étalages, annoncée depuis de nombreux mois, et qui a fait l’objet de débats publics entre habitants et professionnels à travers les arrondissements, arrive maintenant peu à peu à son terme.

La dernière réunion sur ce sujet dans notre quartier a eu lieu à la mairie du 18e, lundi 10 janvier  et Action Barbès était présente, fidèle au poste. Nous y avons retrouvé et salué des associations attentives à la question aussi, bien connues des autorités municipales et de nous. Dans ce type d'assemblée, tout le monde se connaît et se reconnaît, associatifs, élus et services.

Le maire, Daniel Vaillant, a immédiatement cherché à désamorcer toute polémique qui aurait pu opposer commerçants et riverains. On avait compris que les relations s'étaient tendues entre les deux, depuis l'interdiction de fumer dans les lieux fermés, bars, restaurants notamment, jetant sur les trottoirs nombre de fumeurs et créant ainsi des brouhahas particulièrement dérangeant la nuit. Le bruit est d'un des aspects, l'emprise croissante des terrasses sur l'espace public étant l'autre.

La presse s’est fait l’écho des avis des uns et des autres tout au long de l’année et également des États généraux de la nuit qui ont eu lieu en novembre et qu’il faut bien rattacher à la problématique globale du partage de l’espace public. Ce blog aussi.

Qu'avons-nous appris cette fois dans le 18e ? De la bouche même du maire, que la consultation a permis d’y voir plus clair et que le projet, vingt ans après le règlement de 1990, devait tenir compte des besoins de Paris. Les terrasses appartiendraient à l’imaginaire de Paris… Rien de nouveau ? Non, certes. Le maire a encore dit avec force que des amendements avaient été retenus, que le projet n’était pas figé et qu’il pouvait encore évolué, que sa mouture finale devrait pouvoir éviter les conflits et être commun aux vingt arrondissements. En résumé : oui,  aux commerces parce qu’ils font vivre Paris et dans certaines rues on aimerait en voir davantage, mais non aux commerçants qui ne respectent pas les règles, car ceux-là aussi existent et le nouveau règlement devrait donner les moyens de les rappeler à l’ordre.

Comment ?  C’est le nœud du problème. La Ville fait le règlement mais a peu de moyens pour le faire respecter. On ne revient pas sur les effectifs de la CAPP… En parallèle, il y a les forces de police, qui ne se penchent pas trop sur le problème et ont d’autres chats à fouetter, souvent.

Ce qui nous a semblé aller dans le bon sens : Félix Beppo, adjoint du 18e chargé de l’espace public, a ouvert une porte prometteuse. Il propose de se donner un délai de réflexion avant de reconduire une autorisation de terrasse, délai qui permettrait de faire un bilan sur l’attitude du commerçant bénéficiaire de l’autorisation. Il a joué le jeu, il conserve son autorisation, sinon…. on revoit l’accord. Il demande également des délais de réaction de la Direction de l’urbanisme beaucoup plus courts. Tout le monde approuve… Il se positionne radicalement contre le chauffage des terrasses. Ambiguïté cependant dans l’intervention suivante de la DU qui annonce un délai de 2 ans pour que les chauffages soient mis en conformité. Ce qui veut dire ? Qu’on interdirait le chauffage au gaz, jugé dangereux, au profit du chauffage électrique. NON, c’est le chauffage des terrasses qu’il faut interdire, c’est un non sens vis-à-vis de l’environnement ! Admettons qu’on permette leur fonctionnement jusqu'à la fin de l’année 2011 pour amortir les investissements faits, mais en fixant une date limite d’utilisation officielle et irrévocable. Nous signalons un petit café restaurant de quartier, angle Maubeuge-Belzunce (9e) qui dispose des plaids en polaire sur le dossier de ses chaises en terrasse ! Bon point pour eux.

2010 10 22 rue de Rochechouart 38 espace trottoir terrasse web.JPGNous avons noté en vrac : la mairie du 18e maintient son rejet énergique des terrasses sur les trottoirs dont la largeur est inférieure à 1,60 m. Notons que si la terrasse est interdite au-dessous de 60 cm, l’étalage lui peut être plus étroit (40 cm par exemple). La végétalisation de l’espace public n’est pas taxable, mais elle doit toutefois être autorisée (bacs à plantes devant les devantures pour empêcher le stationnement des deux-roues…). Des riverains ont fait remarquer que la charte pour les enseignes est tombée dans les oubliettes, alors que certains quartiers souffrent d’une « esthétique » intolérable. Pourquoi ne pas profiter de ce règlement pour y inclure ce souci ?

Vers la fin de la réunion, des participants ont souhaité connaître les tarifs du m² de terrasse autorisée… C’est complexe, il y a des zones, des types de terrasses différentes (fermées, ouvertes, contre terrasses), sur le tiers du trottoir, au-delà du tiers, etc., sachez toutefois que le tarif bas démarre à 16,13 euros le m² par an et culmine à 357 euros/m²/an sur les contre-terrasses des Champs Élysées. Le gros des tarifs varie plutôt dans la tranche des 20-40 euros/m²/an. Très avantageux comparés aux prix des mètres carrés construits, boutique ou appartement… On comprend que la possible extension des tables sur l’espace public ait attiré des entrepreneurs pas forcément amoureux des zincs parisiens, mais plutôt du tiroir caisse. Restons conscients aussi que dans les quartiers branchés, les propriétaires des bars-restaurants sont rarement aux manettes du percolateur… Ceux-là sont des investisseurs, qui ne viennent pas débattre en mairie. Certains professionnels que nous avons entendus le 20 janvier, étaient des gérants, qui se démènent comme ils peuvent entre prix de la conso au public, respect du règlement, masse salariale, taxes diverses, pour sortir une marge qui satisfasse le propriétaire. On est parfois loin du troquet de quartier et du patron de bar à la Simenon.

Commentaires

  • Très instructif... et soulève pas mal de questions
    1. Je pensais que la Mairie a fixé à 1.60 m l’espace libre pour piétons ; cet espace est rarement respecté et pose, surtout dans certains carrefours, des problèmes de sécurité qui, après quelques accidents, conduiront probablement la Mairie à adapter son règlement.
    2. Le développement récent des terrasses, lié peut être à l'interdiction de fumer, conduit à un déséquilibre de l'occupation de l'espace public : le trottoir se réduit au profit de la terrasse et surtout au profit du commerçant, avec parfois des intérieurs de cafés vides; on assiste même à des stratégies de "suppression du zinc" permettant d'augmenter fortement le prix des consommations. C'est très désagréable, surtout pour ceux qui aiment prendre leur café au bar le matin
    3.. Le paragraphe sur le chauffage des terrasses pose un problème complexe. On constate une multiplication récente des terrasses, agréables en été, mais aussi en hiver si elles sont chauffées. Sont elles fixes ou amovibles / pliantes ? On se retrouve dans une problématique voisine de l’occupation des plages … Le tendance naturelle du commerçant sera toujours, d’après les prix mentionnés dans l’article, de pérenniser ces équipements et des les faire fonctionner toute l’année. Plaid, gaz ? électricité ? autre ? Le plaid est sympathique, et me fait penser à l’équipement de plage. Tout autre moyen de chauffage classique posera des problèmes de sécurité et /ou de gaspillage (plan climat !), sauf si les terrasses sont parfaitement isolées…et construites en dur. Mais alors on se retrouve devant une extension à bon marché du café au dépends des finances municipales et surtout de l’espace public (voir polémiques sur les plages).

  • jusque là, je n'avais pas remarqué "la stratégie de la suppression du bar", je vais y être attentive, pour en avoir une idée plus précise. Merci de l'avoir noté.
    * Terrasses : "sauf si les terrasses sont parfaitement isolées…et construites en dur. Mais alors on se retrouve devant une extension à bon marché du café au dépends des finances municipales et surtout de l’espace public" : les tarifs pour terrasses fermée sont plus élevés que pour terrasses dites ouvertes, même si elle est plus ou moins fermées par des rideaux de douche... et l'autorisation est plus dure à obtenir, son coût plus élevé aussi, si bien qu'il est plus rare qu'un commerce s'engage sur cette voie sans y être autorisé.

  • effectivement je pressens que mon " analogie saugrenue " avec ce qui se passait sur les plages, corses par exemple, relève de la prophétie auto-réalisatrice

  • Je ne connais pas bien le problème des plages, et encore moins ceux de la Corse... Vous nous expliquez? Y a-t-il des conflits entre les plagistes et les habitants, ou les vacanciers ? Est-ce un problème de plages privées ou à tendance privatisante ? respect d'un libre passage en bordure de l'eau, c'est ça ?

  • Les paillottes corses eurent un moment de célébrité en 1999 grâce au préfet Bonnet :
    http://www.marianne2.fr/Pleins-feux-sur-les-meilleures-paillotes-de-Corse_a153297.html
    Mais tout s’arrange et la métropole prend mieux en compte les spécificités régionales (voir corse matin de ce jour !)
    http://cm.jel.nicematin.net/ta/paillotes/203936/bastia-une-existence-plus-souple-pour-les-restaurants-de-plage (lien éphémère ?)
    Ne pensez pas que les paillottes m’intéressent ; c’est votre question qui m’a conduit à faire une petite recherche Google.
    L’article récent de Corse Matin est instructif et prémonitoire (?). Seuls les « désargentés « et les finances de l’Etat étaient lésés. Pas les commerçants, ni les utilisateurs de paillottes. Et visiblement ce sont les « paillotiers » qui ont gagné.
    Quel rapport entre les paillottes et les terrasses ? Aucun, sinon que je crois, peut être à tort, que les raisonnements par analogie sont souvent pertinents, ou encore que les comportements, par exemple des commerçants, mais plus généralement de tout individu, sont un subtil équilibre entre ce que lui dicte son intérêt et ce que la loi autorise.

  • D'où la recherche souhaitée d'un bon compromis entre les riverains de la place Turgot et les commerçants qui ne manqueront pas, petit à petit, en contribuant gentiment au budget municipal par une 'petite' redevance, d'occuper l'espace libéré, selon la logique de votre commentaire ? Autre question qui fâche : les riverains préfèrent-ils des motos ou des tables de café ?
    Les bacs à plantes sont-ils arrivés ? Je ne les vois pas de chez moi...

  • Allons donc. Je n'ai pas dit que j'approuve les méthodes "mafieuses" pratiquées dans les îles. Au contraire je signale des dérives possibles. L'équilibre recherché devrait s'établir entre commerçants, riverains, mais aussi tous les habitants du quartier et les finances publiques. Ce qui n'est pas simple mais il appartient à nos élus d'y veiller. Motos ou tables ? Pour moi ni l'un ni l'autre en principe , à moins qu'on en décide autrement.
    Il y avait 3 plantes vertes le jour de l'inaugration; elles sont toujours là.

  • je suis entièrement d'accord avec votre vision pour l'interdiction du chauffage des terrasses. surtout dans notre contexte de lutte contre la pollution, et la recherche d'économie.

  • il faudra pourtant attendre encore presque deux ans avant de voir disparaître les chauffages au gaz, quant aux "chaufferettes" électriques, elles sont autorisées jusqu'à une nouvelle loi ou réglementation, si toutefois une pression assez forte s'exerce en ce sens. Faute de quoi, on continuera à jeter les calories vers les nuages... et à payer le petit noir de plus en plus cher. Le cafetier doit bien compenser sa facture d'électricité.

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