La Maison des Associations de notre arrondissement, située au coin des rues Victor Massé et Pigalle, va ouvrir ses portes début Avril. Nous vous parlerons de son rôle lorsque celle-ci sera en fonctionnement mais nous avons la chance d’avoir reçu de l’historien Bernard Vassor, et en exclusivité pour les lecteurs de Paris Neuvième, un historique du lieu, qui comme beaucoup d’endroits du 9ème, mérite attention. Nous le publierons en deux articles.
La petite histoire au 35 rue Victor Massé, angle rue Pigalle (1)
Du siège de Lutèce aux « Revues naturistes »
par Bernard Vassor
Cet endroit a connu des épisodes très mouvementés, depuis le siège des légions de César, par son lieutenant Labiénus, au siège de Paris par Henri de Navarre qui filait alors le parfait amour avec la belle Gabrielle d’Estrée, jusqu’à nos jours. Les seuls moments de calme, furent quand ce lotissement eut pour vocation d’être le dépositoire (une annexe) du cimetière de la paroisse Saint Roch, jusqu’à ce que le préfet Frochot ne le transporte hors de Paris au cimetière du Nord (Montmartre) Ancien chemin des Porcherons à la Chapelle des Martyrs, y compris l’actuelle rue Houdon, puis chemin du Désert, chemin des Dames, rue Royale en 1772, du Champ du Repos vers 1800, rue de l’an VIII, puis enfin rue Pigalle.
Sur le trottoir d’en face, Monsieur Dailly, maître des postes, installa en août 1830, la Poste aux Chevaux dans une propriété qui avait servi sous Louis XVI de résidence à Hersant-Destouches, Lieutenant Général de la maison et finances de la Comtesse d’Artois, femme du futur Charles X et frère de Louis XVI, pour y établir sa galerie de tableaux flamands et hollandais.
La rue Victor Massé* fut d’abord appelée rue Ferrand en 1777 au moment de son ouverture, puis rue de Laval. En 1855 le dernier numéro impair était le 33, en 1890 on trouvait une menuiserie au numéro 39. Après la démolition en 1912 des maisons de l’angle, le peintre Degas fut obligé de déménager pour le 6 boulevard de Clichy.
Vers 1772, la tragédienne Françoise Marie-Antoinette Joseph Saucerotte, dite Mlle Raucourt (1756-1815), habita la maison qui faisait l’angle de ces rues. Des historiens assurent que Louis XV, connaissant sa réputation sulfureuse lorsqu’il il la vit aux Tuileries dans le rôle de Didon, eut envie de cette femme. C’est la du Barry, maîtresse du Roi en titre, qui lui servit d’intermédiaire pour lui procurer un tête à tête. Ce qui explique peut-être l’impunité dont elle put jouir après ses multiples provocations. Elle s'affichait ouvertement avec ses maîtresses dont Madame Souk (Jeanne Françoise Marie Sourques). Selon Grimm, elle aurait créé là une sorte de loge maçonnique féminine dont elle assura la présidence: « La loge Androgyne » ou « la secte des Anandrynes ». Après la mort de Louis XV en 1774, la belle « Sapho » perdit son immunité et fut renvoyée de la Comédie Française et emprisonnée au Temple, qui était alors la prison pour dette. Elle s’enfuit en Russie et rentra trois ans plus tard grâce à la protection de Marie-Antoinette. Ses funérailles en 1815 à l’église Saint Roch furent l’objet d’un nouveau scandale. Elle habitait cette paroisse, et bien qu’elle ait fait à l’église des dons considérables, l’entrée de ses restes mortels fut refusée par le curé. Le peuple indigné enfonça les portes. Alerté, Louis XVIII, envoya un de ses aumôniers pour célébrer l’office funèbre. Elle a été inhumée au cimetière de l’Est (Montparnasse)
*Félix Lazare signale que l’aqueduc de ceinture passait sous cette rue.
A suivre : L’atelier de l’écrivain pâtissier protecteur des impressionnistes Eugène Mürer.
Commentaires
Bonsoir,
Mlle Raucourt n'est pas inhumée au cimetière du Montparnasse mais au père Lachaise.
Salutations
@ AW : bien sûr. ! Mlle Raucourt est inhumée dans le cimetière de l'Est, c'est à dire le Père Lachaise. Merci AW