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Rechercher : opération Barbès Respire

  • Déjà le grand Hugo !

    "Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait; qu'on la fasse. Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs que leur intérêt aveugle sur leur honneur; misérables hommes, et si imbéciles, qu'ils ne comprennent même pas qu'ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un édifice, son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde; c'est donc dépasser son droit que de la détruire"

    "A Paris, le vandalisme florit et prospère sous nos yeux. Le vandalisme est architecte. Le vandalisme se carre et se prélasse. Le vandalisme est fêté, applaudi, encouragé, admiré, caressé, protégé, consulté, subventionné, défrayé, naturalisé. Le vandalisme est entrepreneur de travaux pour le compte du gouvernement. Il s’est installé sournoisement dans le budget, et il le grignote à petit bruit, comme le rat son fromage. Et certes, il gagne bien son argent. Tous les jours il démolit quelque chose du peu qui nous reste de cet admirable vieux Paris."

    Victor Hugo - Revue des Deux Mondes - Guerre aux démolisseurs - 1825/1832 - voir ICI

    Hugo.jpg

  • le cinéma en France en 2008

    Puisque le projet de la Ville de Paris concernant le Louxor est, pour le moment encore, un cinéma Art & Essai, il n'est pas inintéressant de regarder la situation du cinéma en France pour se faire une idée de la viabilité du projet.

    Il ne faut pas tarir d'éloges concernant le site web du Centre National de la Cinématographie qui nous a servi de source !

    Le bilan 2008 du Centre National de la Cinématographie (CNC) a été publié en mai 2009. Nous nous référons à ce rapport pour observer et commenter l'évolution du film d'auteurs recommandés A&E en termes de fréquentation des salles, selon la formule consacrée, puisque celles-ci doivent répondre à certains critères assez stricts pour obtenir cette appellation.

    Nota : les films sont recommandés A&E par le CNC, mais les salles ne peuvent prétendre à cette dénomination qu'en respectant certains critères leur permettant d'obtenir certaines subventions de fonctionnement et même d'investissement. Notons que les films recommandés A&E ne sont pas projetés dans les seules salles A&E. En revanche, les salles A&E ne peuvent pas programmer tout ce qu'elles souhaitent, elles doivent respecter des quotas de films A&E, en fonction du nombre d'écrans et de projections par semaine. Faute de quoi elles pourraient perdre leur distinction, ... et leurs subventions ! Nous y reviendrons.

    Le cinéma en général

    Progression de la fréquentation totale (+6,7%) : avec 189,71  millions de billets vendus en 2008, les entrées en salles progressent de 6,7% par rapport à 2007, sans toutefois atteindre le chiffre record de 2004 à 195,7 millions d'entrées. Remarquons que les 10 films les plus vus représentent 31,6% des entrées et que les 100 premiers (sur un total de 555) représentent 81.4% du total des entrées. Ce qui signifie que 18% des films sortis en 2008 totalisent plus de 80% des spectateurs, proportions stables par rapport aux années précédentes mais qui montrent très bien l'effet de concentration.

    Entrées (millions)

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    les 10 premiers

    67,70

    47,24

    49,72

    51,63

    58,56

    46,41

    51,00

    42,11

    50,64

    49,59

    55,51

    les 20 premiers

    90,20

    65,62

    72,11

    78,68

    83,77

    68,63

    75,27

    64,35

    73,67

    68,69

    75,66

    les 30 premiers

    103,05

    77,99

    87,69

    98,10

    98,34

    82,94

    91,98

    80,06

    88,72

    82,75

    89,97

    les 100 premiers

    141,33

    121,02

    129,34

    146,93

    143,73

    133,02

    150,78

    133,32

    141,57

    127,66

    142,91

    Tous les films sortis en 2008

    154,43

    138,31

    149,46

    168,53

    164,50

    159,00

    180,89

    160,64

    175,10

    160,35

    175,44

    Tous les films exploités en 2008

    170,60

    153,61

    165,76

    187,45

    184,41

    173,46

    195,69

    175,48

    188,79

    177,87

    189,71

    Avec plus de 20 millions d'entrées en 2008, « Bienvenue chez les Ch'tis » est un phénomène remarquable qui « perturbe » néanmoins la statistique.

    Le cinéma Art & Essai

    Au cours de l'année dernière, 301 films sur 555 films sortis ont obtenu la recommandation A&E, soit plus de la moitié des films projetés sur les écrans, proportion stable sur la décennie.

    Années

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    films A&E

    241

    53%

    300

    56%

    306

    58%

    296

    59%

    278

    57%

    301

    59%

    345

    68%

    332

    60%

    331

    56%

    315

    55%

    301

    54%

    autres films

    214

    234

    226

    208

    209

    208

    214

    218

    258

    258

    254

    Total

    455

    534

    532

    504

    487

    509

    559

    550

    589

    573

    555

    Par contre, la fréquentation des salles A&E  ne représente que 21.2% du total des entrées.

    Entrées (millions)

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    recommandés Art et Essai

    37,82

    39,23

    48,28

    51,02

    46,75

    43,41

    47,27

    60,55

    48,22

    33,88

    40,34

    autres films

    132,78

    114,38

    117,48

    136,43

    137,66

    130,05

    148,42

    114,93

    140,57

    144,00

    149,37

    Total

    170,60

    153,61

    165,76

    187,45

    184,41

    173,46

    195,69

    175,48

    188,79

    177,87

    189,71

    Néanmoins, 2008 est une année encourageante pour le cinéma classé A&E, puisque les entrées font un bond de 19,1% par rapport à 2007 et leur part de marché franchit le seuil des 20% s'établissant à 21,2% contre 19% en 2007. En ce qui concerne leurs origines, 8 films recommandés A&E franchissent la barre du million d'entrées : 4 films américains, 3 films français et 1 film espagnol (Vicky Christina Barcelona 1,85 million). Cette recommandation favorise toujours les films français, 45% des entrées dans cette catégorie concernent des films français, mais baisse par rapport à 2007 (53,9%)

    Notons enfin la différence entre Paris et les Régions où l'embellie  a été plus marquée, notamment dans les villes de moins de 100 000 habitants, qui cumulent presque 55 millions d'entrées, un chiffre jamais atteint depuis vingt ans. On attribue ces données au succès invraisemblable des Ch'tis (plus de 20 millions d'entrées et largement en zones semi-rurales). A Paris, c'est moins la fête, puisque le nombre d'entrées s'établit à 26,7 millions (28,10 en moyenne annuelle sur les 5 dernières années), soit une part de marché de 14,1%, la plus faible depuis dix ans.

  • Curieuse conception de la préservation du patrimoine !

    Camera Egyptica web.jpgUne lecture attentive d'une note publiée par la Ville de Paris sur son site paris.fr sème le trouble dans l'esprit de celui que ne connaît pas bien le dossier.

    « Nous nous sommes rendus compte que le décor initial, subtil mélange d’art néo-égyptien et d’art déco, existait toujours sous les couches des décors successifs, explique Eric le Bourhis, à la direction du patrimoine et de l’architecture de la Mairie de Paris. Nous avons attaché une grande importance à restaurer le cinéma tel qu’il pouvait être à ses débuts, tout en l’adaptant aux normes actuelles ».

    Philippe Pumain précise : « Mon intention est moins de restaurer la grande salle telle qu’elle était exactement dans les années 20 que de restituer l’atmosphère dégagée par l’architecture de l’époque. Par exemple, je cherche le moyen de reproduire les peintures colorées, réalisées au pochoir telles qu’on pouvait les entrevoir autrefois derrière les volutes de fumée des spectateurs, sous un éclairage bien plus faible que celui d’aujourd’hui ».

    C'est sans commentaire !

    Source : Le Louxor sera réhabilité

     

    SIGNEZ LA PETITION

  • Louxor : Un point d'étape sur notre pétition

    Voilà plusieurs semaines que nous avons lancé notre pétiton et voici quelques informations sur le sujet.

    Il y aimage001.jpg deux façons de signer notre pétition :

    1/ en ligne sur iPetitions;

    2/ en retournant la fiche d'enregistrement directement à notre adresse courriel : lelouxor@orange.fr

    A ce jour nous avons enregistré 405 signatures en ligne et 79 signatures par courriel soit un total de 484 signatures.

    Il convient de noter que cette liste est composée de nombreux architectes, professeurs, maîtres de conférences, maîtres assistants en architecture, des membres du CNRS, de l'École des Chartes, d'Universités, etc. .... Elle inclut aussi de hautes personnalités en Égyptologie, des spécialistes du patrimoine, de nombreux conservateurs et non des moindres, d'un professeur au Collège de France, de deux membres de l'Académie Française, de producteurs de cinéma, etc .... N'oublions pas de mentionner deux associations importantes à Paris concernant le patrimoine : SOS  Paris et Paris Historique.

    Nous publions la liste de 21 personnalités du monde de la Culture qui nous soutiennent.

     

    1. Sylvie AUBENAS- Conserv. Général Estampes et Photographies BNF
    2. Françoise BERCE - Inspecteur Général du Patrimoine
    3. Marc BASCOU - Conservateur Général Musée du Louvre
    4. Jean CLAIR - de l'Académie Française
    5. Simone DOUEK - Journaliste France Culture
    6. Jean Yves EMPEREUR - Directeur du centre d'Etudes Alexandrines
    7. Jean GUILLAUME - Professeur Emérite Paris IV
    8. Pierre HOUSIEAUX - Président de Paris Historique
    9. Richard KLEIN - Professeur de l'hist. de l'architecture ENSA Lille
    10. Sylvain LAVEISSIERE - Conservateur Général du Patrimoine - Louvre
    11. François LOYER - Directeur de Recherche au CNRS - Sorbonne
    12. Claude MIGNOT - Professeur Histoire de l'Art - Sorbonne
    13. Dominique MULLIEZ - Directeur Ecole Française d'Athène
    14. Olivier POISSON - Conservateur Général Patrimoine
    15. Roland RECHT - Professeur au Collège de France
    16. Pierre ROSENBERG - de l'Académie Française
    17. Marc SMITH - Professeur Ecole des Chartes
    18. Charlotte UZU - Productrice de films
    19. Véronique WIESINGER - Conser. en Chef du Patrimoine Dir. de la fondation Giacometti
    20. Jan WYERS - Secrétaire Général de SOS Paris
    21. Jean Claude YON - Maître de conférences Université Versailles

     

     

    Nous avons besoin de vous. L'accueil de notre action et de notre pétition par d'éminentes personalités, qu'elles soient spécialistes du patrimoine, historiens, historiens de l'art, architectes, spécialistes en art déco, producteurs de cinéma mais aussi de tous ceux, moins connus, qui veulent que vive mais soit préservée notre mémoire, nous encourage. Le combat continue, nous comptons sur vous

    SIGNEZ ET FAITES SIGNER LA PETITON

    REJOIGNEZ NOTRE GROUPE SAUVONS LE LOUXOR SUR FACEBOOK

  • Une page de nostalgie ouverte sur le quartier

    L'excellent guide Trudaine Rochechouart dans tous ses éclats rédigé par Mesdames Caussé, Delpy, Le Breton et Thély-Muller sous l'égide du conseil de quartier Trudaine Rochechouart dans le 9ème arrondissement de Paris et publié par la mairie de Paris nous apprend qu'à deux pas du Louxor, au 15 boulevard de Rochechouart, se tenait la Gaîté Rochechouart. Avant d'être un cinéma, la salle avait été un théâtre puis un music hall. Maurice Chevallier s'y produisit mais en 1923 un incendie détruisit l'établissement et un cinéma le remplaça. Il a fermé ses portes en 1988 pour laisser place à un magasin de vêtements.

    L'hebdomadaire Cinéma dans son édition du 25 février 1987 parle de la Gaîté Rochechouart. Il y a bien un brin de nostalgie à relire l'article intitulé la dernière séance mais il y aussi quelques considérations intéressantes qui restent bien d'actualité concernant non seulement le cinéma mais aussi la vie dans le quartier Barbès.

    Le journaliste y relate ce qu'il a lu dans l'Officiel des spectacles du 20 janvier, et donne un coup de projecteur sur le quartier :

    « L'an passé, beaucoup de salles ont fermé. Le XVIIIe semble avoir été un quartier très touché : je remonte le boulevard de Rochechouart ; au 15, le cinéma Gaîté Rochechouart ; allées et venues dans le hall ; près de la caisse, une jeune femme, Madame Maldonado : « Cela fait deux ans que j'ai repris La Gaîté ; ça tourne, même si la police passe souvent faire des rafles, des vérifications d'identité, la clientèle, ce sont des natifs du quartier et des maghrébins. Ici, c'est une salle de deuxième exclusivité ». De temps en temps, un habitué vient lui serrer la main. « Je veux ouvrir ma salle aux autres minorités du quartier : portugaise, yougoslave. »

    Ici, j'entends un tout autre discours que chez certains exploitants pour qui la crise est imputable aux « étrangers ». Argument faux, aux relents de racisme indéniable. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'immigration va au cinéma....

    ... Madame Maldonado reprend : « Le public est très sensible et exigeant sur la qualité de l'accueil ; pour le ramadan, j'ai fait trois soirées spéciales avec du musical. Je voudrais des occasions, faire venir des musiciens ou des conteurs de tradition orale du quartier. Il faut aussi encourager le public français à venir, c'est dur de motiver les familles, car pour cinq personnes dans ma salle, il faut sortir 90 francs*. Je suis optimiste sur mes projets ici. Sur l'avenir du cinéma en général, demandez au projectionniste ce qu'il en pense ». Cela fait vingt et un ans que Christian Chauvel est projectionniste : « La patronne est bien optimiste, vous savez combien de salles ont disparu dans le quartier ? Il cite : « Le Gaumont Palace, les 4 Paramount Montmartre, le Moulin Rouge, le Colorado, le Gaumont Rochechouart, le Delta, le Louxor, le Barbès Palace, l'Ordener, l'Atlas ; quant à l'Agora, la Cigale, le Montmartre ciné, ils sont fermés pour travaux. Souvent ce type de fermeture est définitif. Ici, entre 1964 et 1968, un  film tenait l'affiche de deux à six mois. On passait même des films en V.O., des westerns, des péplums. Les premières baisses de fréquentations sont venues de la télé... »

    o0o

    Si seulement la mairie de Paris avait dans l'idée d'appliquer les idées de Madame Maldonado, nous n'aurions pas besoin de ces trois salles de cinéma prévues dans le projet de réhabilitation et nous pourrions non seulement avoir un établissement à la programmation culturelle  plus variée que le seul cinéma art et essai, voire plus adaptée au quartier, mais aussi conserver le Louxor comme à l'origine au lieu de le démolir et de construire une copie !

    * Heureux temps ! 90 Francs pour 5 entrées, soit 2,75 € la place (18Fr). Pour apprécier, sachez que le SMIG horaire d'alors était à 4,24 € et que le SMIC horaire est en 2009 à 8,82 €, ce qui équivaut peu ou prou au prix actuel d'une entrée, avec  quelques variantes selon les cinémas. (Voir : http://www.mysalaire.fr/fr/insee_smic_1980.php)

    Sources :

    l'hebdomadaire CINEMA,  mars 1987, page 6. Dossier consacré au cinéma de quartier, intitulé « la dernière séance ». par Laura Laufer-Lupino (PDF - 7.5Mo)

    Guide Trudaine Rochechouart dans tous ses éclats (PDF - 5.2Mo)

     

  • Louxor : Il faut une programmation culturelle diversifiée

    Dans le projet « de réhabilitation et d'extension » du Louxor (cf. exposé des motifs de la délibération  DPA 2009-211) tel qu'il est proposé par la Ville de Paris, le choix de la programmation culturelle - 3 salles de cinéma, dont une dédiée aux « musiques nouvelles du Sud »  - est la source de nombreux problèmes. Nous avons traité la question patrimoniale sur laquelle, bien sûr, nous reviendrons, mais regardons la question de la programmation culturelle.

    En grosses lettres sur la façade Nord du bâtiment sont inscrits les mots suivants : LOUXOR PALAIS DU CINEMA. Cela suffit aux défenseurs du projet pour se satisfaire d'un retour au cinéma. C'est une logique au premier degré.

    La mairie de Paris a néanmoins tenté des investigations pour arrêter ses choix en matière culturelle. On en retrouve la trace notamment dans une délibération du Conseil d'arrondissement du 10ème en date du 19 mars 2007....

    Une étude a été confiée en premier lieu à la société RS Programmation, reprise par la société COTEBA qui a elle-même d'ailleurs changé de nom en 2008. Une lecture attentive de ce document nous montre que l'intention est toute d'artifice. On y lit : « Les débats autour de l'aménagement du Louxor, même s'il est clair qu'il gardera une vocation cinématographique avec la création de trois salles, ne sont pas totalement clos, le cahier des charges de son exploitation restant à définir. » Qui débat avec qui ? A quoi sert ce débat puisque la décision de 3 salles de cinéma est confirmée ? Au passage, notons ces propos : « .... rappelle qu'il s'agit d'un élément du patrimoine dont les décors sont uniques au monde (Art Nouveau - années 1920) et souligne que l'équipement culturel qu'il va devenir ajoutera au confort du voisinage dans la mesure où il y aura nécessité de créer des coffrages d'insonorisation afin de cacher les décors à sauvegarder. L'intervenant souligne enfin qu'il n'est pas question, lors des Journées du Patrimoine, de faire visiter, pour quelque raison que ce soit, le chantier du Louxor. Par contre, ce qui répondrait à une demande légitime serait que la Direction du Patrimoine et de l'Architecture, veille à photographier ce qui sera découvert, reconstitué et éventuellement caché afin d'envisager une exposition en mairie. » Telle est la conception des élus du 10ème concernant la sauvegarde du patrimoine !

    Revenons à la programmation culturelle. Que sont « les musiques nouvelles du Sud » ? Pour l'instant on ne le sait pas. Notons qu'au moment du rachat du Louxor par la Ville de Paris en 2003, on parlait de musique du monde. Pourquoi ce changement ? L'étude de programmation n'a pas fait, à notre connaissance, l'objet d'une publication, ce qui fait que le débat tourne dans le cercle restreint des  élus seulement. Est-ce normal ? On doit le regretter. Pour être honnête, il faut convenir que la Mission Cinéma de la Ville s'est engagée au cours d'une réunion inter-arrondissements (9e/10e/18e) en juin 2009 à consulter les habitants, les associations locales et les Conseils de quartier dans le cadre de la rédaction du cahier des charges destiné au futur exploitant du Louxor. Celui-ci bénéficiera d'une  Délégation de Service Public (DSP) qui lui sera confiée par la Mairie de Paris. Or cela se limite au projet de cinéma. Sur la programmation culturelle dans son ensemble, point de débat.

    Le Louxor n'a-t-il été qu'un cinéma ? On sait bien que non. Il n'a pas été exclusivement un cinéma comme cela se faisait dans les années 1920/1930 et même plus tard. Un exemple de ce qu'a pu être le Louxor à cette époque était le Roxy Rochechouart. Situé au 65bis rue de Rochechouart, cet établissement était un cinéma music-hall. Il est l'exemple de la diversité de programmation qui pourrait être retrouvée au Louxor. Diversité sans doute plus adaptée à la fois au contexte local du quartier Barbès et aux attentes des Parisiens dans leur ensemble. Encore faudrait-il le leur demander. Mais la Mission Cinéma de la Ville a tranché : ce sera un cinéma. Pas de débat sur la question !

    Source :

    Guide Trudaine Rochechouart dans tous ses éclats, page 48.

    Mémoires des Rues de Paris - Paris 9e/1900-1940 - Philippe Roy - Editions Parimagine - page 154 - 20€

     

  • Hôtel Lambert, le Louxor : deux poids, deux mesures !

    Galerie d'Hercule hotel Lambert.jpg

    La galerie d'Hercule de l'hôtel Lambert - gravure de Bernard Picart - source Wikipédia

    L'hôtel Lambert est situé 2, rue Saint Louis en l'Ile à Paris (IVème). Il fut construit de 1640 à 1644 par l'architecte Louis Le Vau pour Jean Baptiste Lambert, conseiller et financier récemment enrichi du roi Louis XIII. Les décors sont de Charles le Brun, Eustache Le Sueur, entre autres. La galerie d'Hercule en est le plus célèbre décor. Elle date du XVIIème siècle.1 Sans conteste, l'hôtel Lambert est un joyau de l'architecture.

     

    P1090547.JPG

    Façade du Louxor - Source Action Barbès

    Le Louxor est une salle de cinéma située 170, boulevard de Magenta à Paris (Xème). Il fut construit dans les années 1920/21 par l'architecte Henry Zipcy 2 Voir son histoire sur ce même blog.

    Comparer l'hôtel Lambert au Louxor n'a pas grand sens a priori. On peut même affirmer, sans crainte d'être contredit, que la valeur patrimoniale du premier est sans commune mesure avec celle du second.

    Comparaison n'est pas raison, d'accord. Toutefois, à certains égards, un rapprochement des deux situations engendrées par les projets de réhabilitation a un certain sens.

    L'hôtel Lambert est depuis 2007 la propriété d'une famille du Qatar qui a l'intention de le « moderniser » et a confié cette délicate mission à Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques.

    Le Louxor est depuis 2003 la propriété de la Ville de Paris qui a décidé de le « moderniser » en créant un cinéma Art & Essai de trois salles, tâche confiée à l'architecte Philippe Pumain sous l'égide de la Mission cinéma de la Ville de Paris.

    L'association Paris Historique, dont le Président a signé notre pétition, a déposé au mois d'août trois recours auprès du Tribunal d'Instance de Paris suite à la décision du ministère de la Culture avalisant le projet de restauration de l'hôtel Lambert. Ces trois recours portent sur des sujets qui sont voisins de ceux concernant le Louxor :

    1/ le bouleversement des sols et des fondations ;

    2/ la climatisation de l'ensemble des appartements ;

    3/ l'installation de trois ascenseurs ex-nihilo.

    Quels sont les rapports avec le Louxor ?

    En ce qui concerne les fondations, l'incertitude règne tant du côté de l'Ile Saint Louis que du boulevard de Magenta, certes pour des raisons différentes. A Barbès, l'incertitude vient du fait que nous sommes au pied de Montmartre, zone d'anciennes carrières. S'il faut creuser non seulement pour réaliser les deux salles en sous sol, conforter les fondations par le fonçage de micropieux, mais aussi creuser encore pour mettre en place un système de conditionnement de l'air lié à la géothermie, vers quels désordres s'avance t-on ?

    La climatisation des appartements de l'hôtel Lambert s'apparente à la mise en conformité des salles du Louxor pour accueillir le public. Bien sûr, accueillir du public nécessite des conditions de sécurité maximum. Cette mise aux conditions justifie-t-elle pour autant la destruction du patrimoine ? Les indispensables accès incendie et handicapés, la mise aux normes en matière d'acoustique, les choix par ailleurs constatables pour la consolidation du bâtiment, justifient-ils la destruction d'une grande partie de la salle du Louxor et l'enfouissement de ses décors d'origine encore en place ?

    L'installation des trois ascenseurs à l'hôtel Lambert correspond à la mise en place des équipements modernes pour la projection des films Art & Essai. Cela justifie-t-il la destruction des balcons de la salle, la destruction de sa structure d'origine, la disparition de la fosse d'orchestre et de l'avant scène tels que nous pouvons encore les voir aujourd'hui ?

    Par ailleurs, une absence de cohérence émerge derrière tout cela. Pour les deux projets mentionnés ci-dessus, la Commission du Vieux Paris a émis un avis défavorable aux modifications envisagées. Dans un cas, celui de l'hôtel Lambert, la mairie de Paris s'appuie sur cet avis défavorable pour combattre la décision du ministère de la Culture. Dans le cas du Louxor, pourtant avec le même avis défavorable aux travaux envisagés, la mairie de Paris n'en a cure et passe outre.  De là à penser que ces projets ne sont en fait que des supports à des joutes politiques, ou pour être plus explicites, à des joutes politiciennes, entre la Ville de Paris et l'Etat, il n'y a qu'un pas que nous pourrions envisager de franchir si nous avions mauvais esprit.

    Il nous faut raison garder mais nous ne pouvons pas ne pas constater que pour les deux projets, il y a deux poids deux mesures de la part de la mairie de Paris !

     

    1 - Dictionnaire des Monuments de Paris - Editions Hervas

    2 - Wikipédia - Le Louxor (cinéma)

     

  • La programmation culturelle, clé de la sauvegarde du Louxor

    On ne répètera jamais assez que le choix de la programmation culturelle  est un facteur déterminant pour la sauvegarde du Louxor car il présuppose des options techniques importantes.

    Mais il faut aussi bien identifier tous les aspects et ne pas mélanger :

    1. l'aspect programmatique : trois salles au lieu d'une grande ;
    2. l'aspect de mise aux normes en matière de structure et de sécurité incendie pour lequel il y a deux solutions qui dépendent de la programmation.

    Première solution, celle qui programme trois salles de cinéma Art & Essai : on démolit la structure et une grande partie de l'intérieur ; on construit plusieurs "boîtes dans la boîte" parfaitement isolées et structurellement indépendantes de l'environnement, et on créé des escaliers et des issues de secours supplémentaires pour évacuer les salles situées en sous-sol.

    Deuxième solution, celle qui programme une seule salle : on renforce la structure, on améliore l'acoustique (sans pour autant atteindre la qualité d'une salle de spectacle construite ex-nihilo) et on ne touche pas aux issues et aux escaliers de secours car il y en a suffisamment (seules les isolations coupe-feu seront à refaire).

    Comme vous pouvez tous le constater, la programmation est déterminante, et la mise aux normes peut être comprise de différentes manières. Si l'on programme le projet intelligemment, on évite une destruction du patrimoine tout en respectant les normes. On ne cessera de le répéter, c'est le programme culturel qui doit s'adapter au lieu et non l'inverse. Cela doit se faire par un processus itératif,  c'est-à-dire que l'on doit procéder par aller-retour. En clair, il faut en premier adapter la programmation au lieu - ici, une salle au lieu de trois dans une programmation de cinéma conventionnelle - puis ensuite adapter le lieu à la programmation - améliorer l'acoustique, améliorer la sécurité incendie etc. ... Enfin dans un troisième temps, et c'est là le sel de l'histoire, reprendre la programmation pour l'adapter plus finement aux contraintes du lieu .... et ainsi de suite.

    Cette approche itérative d'un projet devrait être la règle générale à suivre. Lors de l'appel d'offre de construction, le projet devrait être parfaitement au point. Hélas, on a tendance aujourd'hui à vouloir sauter les étapes et à raccourcir les processus de décisions, sous les fallacieux prétextes de "gagner du temps", de "soutenir la croissance ou la reprise" ou tout autre prétexte souvent sans grande réalité, tout en faisant l'économie de la réflexion. On va non pas du général au particulier, mais du particulier au particulier et l'on se prive d'une vision globale bien structurée..

  • A nous Paris

    Dans son édition papier du 31 Août et sa version web du 4 Septembre, le magazine gratuit A nous Paris, uniquement diffusé dans le métro, parle du Louxor

     

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    Le Louxor, phénix de Barbès

     

     

  • Louxor : Les incertitudes du sous sol

    Lors de la construction de la ligne de métro numéro 2, on disait déjà, en 1902-1903, que les sols étaient d’une nature mauvaise dans le quartier ! Ce ne sont pas les détracteurs du projet de réhabilitation du Louxor que nous sommes qui le disent, mais le très sérieux et très interessant site Topic-Topos, patrimoine et héritage !

     

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    Poutre de rive

    "Le viaduc de la ligne 2 entre les stations La Chapelle et Barbès-Rochechouart comporte de chaque côté deux ' arcs ' dits poutres de rive à treillis en ' N '.

    En raison de la mauvaise nature du sol sur les lignes 2 et 6, les poutres de rive sont indépendantes les unes des autres afin d'absorber les vibrations.

    Par ailleurs, la voie est ballastée, comme dans les souterrains, pour minimiser le bruit et les vibrations au passage des trains"

  • Louxor : Interview

    Action Louxor (AL) : Fabienne Chevallier, vous êtes énarque, docteur en histoire de l'art et habilitée à diriger les recherches, spécialiste de l'architecture et du patrimoine pour les XIX et XXème siècles en Europe. On trouvera votre impressionnant CV sur le site de DOCOMOMO France. Vous avez signé notre pétition contre le projet actuel de réhabilitation du Louxor. Avant de parler plus directement du Louxor lui-même, quelques questions à propos du patrimoine. Nous venons de vivre les 19 et 20 septembre les Journées Européennes du Patrimoine.  Quelle importance accordez-vous à cette action de sensibilisation du public ?

    Fabienne Chevallier (FC) : C'est d'abord une image, mais c'est évident quand on y réfléchit : bien connaître le patrimoine environnant le lieu où l'on vit est un facteur d'enracinement. Cela aide à se construire. On peut s'intégrer dans l'histoire de ce patrimoine et se situer par rapport à ceux qui y ont vécu : ainsi, on est moins seul face à son destin. Je pense que l'idée de construire sa propre « filiation » grâce aux occasions de découverte offertes par les Journées du Patrimoine, c'est très important.

    AL : Tout le monde n'est pas familier avec cette notion de patrimoine. Pourriez-vous nous en donner une définition rapide ?

    FC : Il y a eu des significations variées dans l'histoire depuis la Révolution française. On a d'abord considéré les « monuments » comme un patrimoine c'est-à-dire, en fait, les édifices qui avaient trait à l'histoire officielle de la nation, de ses grands hommes, des fondateurs des villes. Pour des raisons qui sont particulières au contexte français, les édifices religieux ont acquis une grande importance à partir du régime de la Restauration. Des personnages comme Prosper Mérimée, dès la Monarchie de Juillet, ont pu agir pour sauver des édifices comme l'église abbatiale de Conques, qui tombait en ruines. À cette époque, à cause des ravages de la Révolution française, l'idée de patrimoine était liée à celle d'un sauvetage d'édifices menacés. C'est beaucoup plus tard, au XXème siècle, que la notion de patrimoine s'est élargie : .....

    .... d'abord, quand on a commencé à classer des bâtiments qui ne relevaient plus seulement de l'histoire officielle, mais de l'histoire des personnes privées, comme les premières villas Art Nouveau classées, puis les maisons modernes comme la villa Savoye par Le Corbusier. On a admis des types de patrimoines très variés, et notamment des bâtiments industriels. Un autre phénomène qui montre l'évolution de la notion, c'est qu'on classe maintenant des édifices qui sont relativement récents (qui ont une quarantaine d'années d'ancienneté), ce qui était impensable au XIXème siècle. Enfin, on classe aujourd'hui des édifices qui ne sont pas menacés, ce qui n'était pas la pratique au XIXème siècle. Ceci étant, c'est une garantie pour l'avenir car cela installe le bâtiment dans un statut qui le protège si des menaces surviennent. Aujourd'hui en fait, le seul problème est d'éviter que la notion se dilue dans un tout-patrimonial qui banalise notre environnement. Mais c'est un fait du XXIème siècle, qu'un historien comme Aloïs Riegl avait bien pressenti.

    AL : Quels sont les critères qui font qu'un édifice a un intérêt patrimonial ?

    FC : Plusieurs. Il faut revenir aux « fondamentaux » qui ont été posés au XIXème siècle. Il y a la valeur artistique, celle qui fait qu'une œuvre suscite l'admiration et le «jugement canonique », c'est-à-dire le jugement des connaisseurs qui peuvent comparer l'édifice avec d'autres et mettre en relief ce qu'il a de particulièrement remarquable. Il y a la valeur historique, qui se démarque parfois de la première, qui fait que l'édifice fait partie intégrante de l'histoire au sens large. Le Palais de Versailles, par exemple, relève des deux valeurs.  Il y a enfin une valeur de document, celle qui fait du bâtiment le témoin d'un phénomène social. Les grands ensembles, par exemple, que certains veulent englober dans le patrimoine, sont les témoins du phénomène de construction de logements accélérée qui a accompagné les Trente Glorieuses, après la Deuxième Guerre mondiale. La maison de Jean Monnet à Bazoches-sur-Guyonne, est un autre exemple d'édifice ayant une forte connotation de document, document pour l'histoire européenne ici puisque Jean Monnet a été un grand acteur de la construction de l'Europe. Dans cette même petite ville, par hasard, existe aussi un autre patrimoine, la villa du marchand d'art Louis Carré construite par Alvar Aalto : c'est un bâtiment du XXème siècle remarquable pour sa seule valeur artistique.  Aujourd'hui, la valeur de document prend beaucoup d'importance, mais il faut je pense la prendre en compte en la pondérant avec la valeur artistique. Sinon on renonce à ce qui fait l'essence du patrimoine. Tout édifice est un document de quelque chose.

    AL : Rapprochons nous un peu du Louxor. Le cinéma des années  d'après Première guerre mondiale a connu un essor extraordinaire. Pourriez-vous nous dire pourquoi cet essor a été populaire et quel impact il a eu non seulement sur les films mais aussi sur les édifices qu'on appelle désormais « cinémas » ?

    FC : Le phénomène naît en fait dès avant la Première Guerre mondiale, mais on se souvient aujourd'hui de l'apogée de cette époque, qui est l'entre-deux-guerres . Après le sport de masse, on a assisté dans ces années-là à une explosion de la culture de masse. Pour cela, il fallait des équipements collectifs. À Paris comme ailleurs, pendant l'entre-deux-guerres, l'équipement phare des sports de masse était la piscine, et l'équivalent pour la culture de masse était le cinéma. C'est l'adhésion des classes populaires qui a créé le phénomène de masse. Elles ont adhéré parce que c'était un loisir qui restait bon marché à côté d'autres sorties plus chères comme le théâtre. Les investisseurs privés ou les entreprises comme Gaumont et Pathé voulaient elles-mêmes avoir une clientèle de masse, et elles s'en sont donné les moyens. Elles voulaient contribuer à leur manière à un projet d'éducation populaire, une notion qui était toujours très vivace à cette époque. Le fait de montrer des séquences d'actualité avant les films attirait certainement le public. C'était le moyen d'avoir accès à l'histoire contemporaine, d'ouvrir son univers, de voir quelle était la situation dans les autres pays européens. La construction de cinémas a été le reflet des ambitions de l'industrie et du succès rencontré auprès du public populaire : d'après François Loyer, il en existait près de 200 à Paris, recensés dans le Guide Bleu de 1923. Mais la construction de cinémas était un phénomène qui existait dans toutes les capitales européennes.

    AL : Que pourriez vous nous dire de l'architecture de ces années folles, du début de l'utilisation du béton comme c'est le cas au Louxor ? Connaissiez-vous Henri Zipcy, son architecte ?

    FC : C'est une utilisation audacieuse du béton, utilisé pour l'ossature porteuse sous la forme de portiques légers, qui reposent sur des semelles de fondations. Le béton est un matériau moderne dont les premières formes font leur apparition dans l'architecture, en France, dès le XIXème siècle avec un certain nombre d'inventeurs et d'hommes d'affaires comme Vicat et, à la fin du siècle, Hennebique qui met au point le béton armé (c'est-à-dire le béton renforcé par une armature en acier). Ce qu'il y a de nouveau, juste avant la Première Guerre mondiale, c'est l'utilisation du béton apparent, chez Auguste Perret. C'est capital car le béton n'a plus besoin d'être caché, il acquiert ses lettres de noblesse, comme la pierre. On peut montrer le béton apparent en façade, et aussi les structures porteuses en béton, sans les envelopper derrière un revêtement en pierre ou en bois : c'est l'un des critères de ce que l'on appelle la « modernité » architecturale, c'est-à-dire en somme employer les matériaux nouveaux de son époque en mettant en valeur leur beauté brute. Henri Zipcy n'est pas un architecte connu, en dehors du Louxor. Mais le Louxor mérite qu'on s'y arrête.

    AL : Les investigations menées dans le Louxor ces dernières années ont montré que non seulement la structure de la salle mais aussi les décors « néo-égyptisants » étaient encore en place. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi la sauvegarde de ce patrimoine est importante pour vous ? Est-ce parce que le Louxor est le dernier cinéma de cette époque encore en place à Paris ? Est-ce parce qu'il est le témoin de l'histoire sociale de cette époque ?

    FC : Ces décors sont très importants. En France, quand on parle de cette époque, on croit souvent que la modernité dont je viens de parler doit s'accompagner d'une sobriété de la décoration. Comme si décorer, c'était contraire à la modernité. En France, on a été très marqué par la modernité « streamline », une modernité toute blanche et sans décor. La réalité des années 20 est plus diverse et on a l'exemple en Europe d'autres pays qui, pour des raisons culturelles, prennent en compte d'autres formes de modernité. Les décors égyptisants du Louxor sont une rareté en France. Ce qui est rare, et fait pour moi du Louxor un patrimoine remarquable, c'est l'alliance de la modernité architecturale (avec le béton, les lanterneaux, les façades côté rue très sobres parce qu'elles ne « trichent » pas avec la fonction du bâtiment, en essayant de le faire passer pour ce qu'il n'est pas) et de ces décors néo-égyptiens. L'emploi de décors néo-antiques dans la modernité est quelque chose d'important. Je relève dans le pays du nord deux exemples remarquables, s'agissant de cinémas construits dans les années 20 : le cinéma Skandia par Erik Gunnar Asplund à Stockholm (1924) et, à la fin des années 20, un palais du cinéma à Turku, en Finlande, par Alvar Aalto. Dans les deux cas, les architectes ont recréé des décors néo-pompéiens. En fait, au Louxor comme au cinéma Skandia, l'emploi de décors néo-antiques, ou néo-égyptiens, était un message qui signifiait que cette culture de masse appréhendait aussi le langage de l'Antiquité et des anciennes civilisations, en l'adaptant au goût du jour.

    AL : Quels reproches majeurs faites-vous au projet de réhabilitation du Louxor tel que prévu par la Ville de Paris et l'architecte Philippe Pumain aujourd'hui ?

    FC : Toucher à la structure constructive du Louxor, c'est altérer ce patrimoine. Il faut faire l'effort de sauvegarder ses décors. Il faut enfin trouver une adaptation du bâtiment qui respecte l'authenticité du bâtiment, c'est-à-dire ce à quoi il était employé à l'origine. Il est évident que la combinaison, propre au Louxor, de diverses formes de spectacle, allant du cinéma au spectacle vivant, est une dimension qui devrait inspirer le projet de réhabilitation architecturale.

     

  • Soirée Polar

    Nous organisons une rencontre/signature avec Marc Villard, auteur de nombreux polars, dont certains se passent à deux pas de chez nous, à la Goutte d'Or et dans ses environs.


    Ce sera le 19 mars à partir de 19 heures

    chez Nadjet, au café La Goutte rouge,

    19 rue Polonceau, dans le 18e arrondissement.


    Pour ceux d'entre vous qui désireraient se faire une idée du climat et de son style avant cette rencontre/signature, nous avons pris les devants et sommes, aujourd'hui, détenteurs de quelques exemplaires :

    ­ Rouge est ma couleur  (Rivages/Noir) - 7,95 euros,
    ­ Entrée du diable à Barbèsville  (Rivages/Noir) - 7,50 euros,
    ­ Rebelles de la nuit (Série noire/Gallimard) - 7,50 euros.


    Vous pouvez, contacter soit Jeanne - jeanne.causse@wanadoo.fr soit Lise  - actionbarbes9@club-internet.fr - pour les obtenir.


    Nous espérons que vous serez nombreux à nous rejoindre pour ce moment de convivialité.