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  • On parle d'économie de la drogue sur France Inter

    C'était vendredi dernier sur France Inter dans la tranche 7/9 de Patrick Cohen, vous l'avez peut-être entendu ou peut-être pas, aussi nous vous le proposons ici sur notre blog. 

    Dans la vidéo ci-dessous, on peut entendre Stéphane Gatignon, maire de Sevran (93) et le journaliste Jérôme Pierrat,  qui s'apprête à publier Parrains de cité, Enquête chez les millionnaires du cannabis.


    L'invité de 8h20 : L'économie de la drogue par franceinter

    Nous retiendrons qu'il faut quadriller certains territoires, selon Stéphane Gatignon, si l'on veut que les habitants puissent y retrouver une vie quotidienne apaisée. Tout en sachant que les problèmes se déplacent. On handicape le business là, jusqu'à 18 heures au mieux, puis on le retrouve un peu plus loin. Démonter une filière prend du temps... et beaucoup de moyens. La distribution de la drogue, du cannabis en particulier, suit le même chemin que les produits de la grande distribution mais de façon occulte. 

    Avons-nous les moyens actuellement de faire obstacle à cette économie illicite mais fructueuse pour certains ? A condition qu'ils vivent assez longtemps....

    Dans notre quartier, l'ouverture de la salle de consommation à moindre risque aiguise les tensions, elle crée des angoisses et exacerbe le sentiment d'insécurité. Mais le maire du 10e a été très clair: il a soutenu la création et l'expérimentation de cette SCMR dans son arrondissement parce qu'il avait eu la confirmation qu'une brigade renforcée de policiers serait allouée à ce secteur. C'est en cours, nous en avons eu la confirmation ces jours-ci. Les premiers travaux sur les lieux d'installation ont commencé. On fait de la place. 

  • Drogues et prohibition

    L'article publié dans Le Parisien d'hier nous annonçant l'ouverture de la Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) pour novembre prochain ne dit pas grand-chose sur sa future installation prévue depuis des mois le long des voies de la gare du Nord en contrebas du boulevard de la Chapelle. Contrairement au Parisien, nous continuons à nommer ce local une "salle de conso" (cf. notre article du 23 juillet dernier) et non une "salle de shoot", qui en soi révèle le regard négatif qu'on porte sur cette expérience. Plus, nous continuons à informer. En témoigne la vidéo découverte sur la toile tout récemment.

    Cela nous vient du Canada ! Et c'est une interview qui remet les choses à leur place. Line Beauchesne est professeure titulaire au Département de criminologie de l'Université d'Ottawa. Elle étudie la prohibition depuis 20 ans. De cette politique des drogues, elle dresse trois constats : l'inutilité, la nuisance et le gaspillage. Inutile, d'abord, parce qu'interdire n'élimine aucunement l'accessibilité des produits illicites. Nuisible, ensuite, parce que la prohibition oblige l'argent à suivre la voie des marchés noirs ce qui renforce le pouvoir des mafias dont les réseaux sont maintenant mondialisés. Gaspillage, enfin, parce que 95 % des ressources publiques investies vont à la répression plutôt qu'au traitement et à la prévention. L'échec est donc total : éliminer la drogue est une utopie et les moyens mis de l'avant ne font qu'empirer la situation.

    "Ce qu'il faut comprendre, c'est que la prohibition des drogues n'a rien à voir avec des questions de santé publique". Le ton est donné et les explications argumentées suivent. La vidéo dure 53 minutes. Oui, c'est long. Mais ce n'est pas trop pour y voir clair en pensant au projet de la SCMR.

    Non, l'interdiction et la répression n'ont pas réglé le problème de la consommation de drogues. Ayons le courage de regarder cette question bien en face, abordons la d'une manière intelligente et pas en fonction de principes qui ne font qu'aggraver les choses.

     

    Le livre :

    Les drogues : les coûts cachés de la prohibition

    Par Line Beauchesne

  • Pas de pause estivale pour la Prévention et la Réduction des Risques !

    Dans la série de nos Cartes Postales de cet été 2013, en voici une nouvelle envoyée depuis les plages de la Gironde et axée "Santé et Prévention" !

    Le long week-end du 15 août est passé, mais les plages du sud-ouest sont en effet encore bien chargées.

    vacances,santé,prévention,réduction-risques,aides,vihSur l'un des parkings de ces plages, nous avons rencontré une équipe d'AIDES, première association en France luttant contre le VIH, le Sida et les hépatites virales, et fondée en 1984. 

    L'équipe locale, composée de 2 salariés et de 3 volontaires, était venue de l'antenne AIDES de Bordeaux, à la rencontre des vacanciers sur plusieurs sites de la région. A leur programme pendant cette semaine : 3 jours sur le site des plages du village du Porge, avec nuitées au camping, pour assurer une présence quasi continue en journée.


    AIDES, un acteur incontournable de la Réduction des Risques

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    Nous avons remarqué cette équipe d'AIDES Gironde tout d'abord par sa camionnette, installée sur le parking des plages, arborant le logo de l'association , avec la porte grande ouverte aux passants.

    Ce véhicule nous a donc fait penser à celui de l'association Gaïa Paris que nous avons l'habitude de voir stationner dans nos quartiers, dans le cadre de ses maraudes pour la prévention des risques liés à la toxicomanie, comme sur la photo ci-dessous prise un soir de juillet dernier devant la Gare de l'Est.

    vacances,santé,prévention,réduction-risques,aides,vihSur notre blog, nous avons déjà longuement parlé de Gaïa Paris, association fondée et soutenue par Médecins du Monde, qui gèrera la prochaine Salle de Consommation à Moindre Risque ("SCMR") dans le 10e. Nous y avons aussi largement exposé les raisons pour lesquelles nous soutenons l'ouverture d'une SCMR; elle nous paraît être la suite logique des politiques de réduction des risques mises en oeuvre en matière de toxicomanie. Il faut rappeler que ces programmes ont été initialement développés pour limiter la transmission des infections (VIH, hépatites VHC) chez les usagers-injecteurs de drogues, quand le Sida est apparu et a entraîné une très forte mortalité parmi eux.

    Contribuant à la politique de santé publique, les actions de terrain d'AIDES et de Gaïa Paris ont donc le même objectif. Dès lors, nous avons souhaité vous faire découvrir cette présence d'AIDES, dans un cadre local de prévention et réduction des risques, sur des lieux de vacances ou festifs — ici ce sont les plages, comme en Aquitaine, mais aussi dans des festivals et des lieux de rencontre — ou également de façon pérenne en milieu urbain dans les commerces fréquentés par les migrants, les quartiers/rues où sont localisés des usagers de drogue, les établissements pénitentiaires, etc.

    Les actions d'AIDES ciblent différentes populations, vulnérables (exposées au VIH et aux hépatites, telles les personnes homosexuelles, les femmes, les immigrants et étrangers, les consommateurs de produits psycho-actifs, les détenus) et le grand public.

    Ses missions sociales ne se limitent pas à la prévention, mais comprennent aussi des programmes d'accompagnement et de soutien (insertion sociale et amélioration des conditions de vie), des actions auprès des pouvoirs publics et des autorités de santé (via son plaidoyer pour la défense des malades et l'accès aux soins, etc.), et même un pôle de recherche, d'innovation et d'expérimentation. L'association AIDES met également son expérience, acquise sur le terrain en France depuis près de 30 ans, au service d'associations en Afrique.

    Nous ne pouvions donc pas rester indifférents à l'action d'AIDES, car cette association est fortement impliquée dans toutes les problématiques liées à la réduction des risques en matière de toxicomanie, sur les thématiques que nous avons plusieurs fois évoquées dans nos précédents articles. (voir nos articles sur le sujet)

    Par exemple, AIDES gère un certain nombre de Centres d'Accueil et d'Accompagnement à Réduction des Risques pour Usagers de Drogues ("CAARUD" qui sont des établissements médico-sociaux établis par le décret n°2005-1606 du 19 décembre 2005 et détaillés par la circulaire DGS n°2006-01 du 2 janvier 2006). A ce titre, AIDES a ouvert 2 CAARUD à Paris, dont un nouvel établissement au début de cette année dans le 2e arrondissement.


    AIDES ouvre un nouveau CAARUD à Paris - 2 par AIDES-association


    Par ailleurs, le 4 février dernier, AIDES a été co-signataire, aux côtés des autres acteurs du Réseau Français de Réduction des Risques (créé à l'initiative de Pierre Chappard en 2011), de Médecins du Monde et d'autres associations, d'un Communiqué de Presse demandant au Premier Ministre Jean-Marc Ayrault de tenir la promesse d'ouverture de Salles de Consommation à Moindre Risque expérimentales en France... Et, depuis lors, les choses avancent avec l'ouverture programmée de la première SCMR à l'automne prochain.     


    L'exemple concret d'action de proximité en matière de prévention sur les plages 

    Retour sur le littoral Aquitain, et sur cette action estivale spécifique qui a retenu notre attention... L'équipe d'AIDES s'est donc déployée à plusieurs endroits sur le vaste site de la plage.

    Sur le parking, la camionnette aux couleurs de l'association offre la possibilité d'un dépistage du VIH, rapide, anonyme et gratuit, au bout du doigt ("TROD" ou Test de dépistage Rapide à Orientation Diagnostique du VIH au bout du doigt, fiable à 3 mois après une exposition au risque, avec un résultat en moins de 30 minutes, que les militants d'AIDES peuvent officiellement pratiquer depuis l'arrêté du 9 novembre 2010).


    vacances,santé,prévention,réduction-risques,aides,vihUn peu plus loin, à l'entrée du chemin d'accès aux plages, une tente-pavillon est disposée et un militant est disponible, devant une table où sont présentés différentes documentations, des livrets d'information voire  du matériel de prévention. 

    L'objectif est d'établir un contact avec les passants et différents types de public potentiel, puis échanger, informer, orienter (comme proposer un dépistage etc.) avec une approche toujours basée sur la confiance et la confidentialité, sans jugement, sans discours moralisateur, et dans le respect de l'identité de chacun, et ce, pour présenter toutes les possibilités permettant de réduire les risques et de protéger sa santé. 


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    Sur la plage également, deux ou trois militants sont bien visibles avec leur présence affichée par deux drapeaux plantés dans le sable et où figure le logo d'AIDES. Mais les militants présents ne restent pas statiques sur leurs serviettes, ils s'activent et vont au devant des estivants. 

    Le but est toujours de dialoguer avec ceux qui ne fréquentent pas les locaux associatifs ou communautaires, ceux qui ne se pensent pas être dans la cible de l'association ou ceux qui pensent se protéger suffisamment pour ne pas se considérer comme faisant partie des populations classiquement vulnérables.

    Et pour cela, les militants d'AIDES disposent de guides d'entretien individuel, qui leur permettent de "briser la glace" avec leurs interlocuteurs et d'amorcer un échange convivial sur des sujets variés et au choix de la personne interrogée (comme le principe des autotests de dépistage bientôt disponibles en France, ou des questions plus médicales telles la charge virale, des sujets sociétaux tels les discriminations, ou plus intimes, etc.). 

    Pour compléter le panel des possibilités d'échanges avec les vacanciers, les militants organisent à la sortie des plages un apéro-discussion en petit groupe entre 19h et 20h30 pour clore leur journée d'action sur la plage. Ces entretiens individuels et ces moments de prise de parole collective des estivants, avec une écoute de la part des militants, sont importants pour l'association AIDES : ils lui permettent de construire ces savoirs et ces savoir-faire, qui sont diffusés ensuite dans un objectif de partage d'expérience et d'information.

    Et comme l'association AIDES est marquée par un engagement très fort de plusieurs centaines de militants qui constituent son capital humain, nous nous devions de vous présenter les 5 militants qui nous ont fait découvrir leurs actions de prévention menées sur cette plage de la Gironde :

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    Sur la photo, de gauche à droite : Morgane, Anthony, Jean-Claude, Mathilde et Raphaël.

    L'engagement des militants sur le terrain est indispensable aux diverses actions menées par AIDES. A l'instar de la diversité des profils qui fait la réputation de l'association au niveau national, notre petite équipe d'Aides Gironde était constituée de 2 permanents (salariés) et 3 volontaires (bénévoles), avec des anciennetés d'engagement associatif variant entre 12 ans et quelques mois, et des modes de vie différents. A noter qu'avec cette variété de profils issus d'horizons divers, la formation (théorique et pratique) permet une transmission des connaissances parmi les militants pour assurer l'efficacité des missions et leur permettre de mieux s'impliquer.

    Un bel exemple d'engagement, au coeur de l'été, sur des questions qui ne nous ont pas laissés indifférents, et qui nous ont conduits à nous engager en faveur de l'ouverture de la Salle de Consommation à Moindre Risque dans nos quartiers (voir nos articles sur cette SCMR).  

  • Salle de Consommation : rencontres avec Rémi Féraud et Gaïa

    L'été est bien entamé mais nous continuons à nous informer sur le projet de salle de consommation à moindre risque (SCMR). Nous avions posté un article à propos de la manifestation du 6 juillet organisée par des riverains opposés au projet. 

     

    paris,10e,salle-de-conso,scmr,drogues,toxicomanie,rémi-féraudDepuis, le Maire du 10e, Rémi Féraud, a souhaité rencontrer Action Barbès au même titre qu'il a rencontré toutes les autres associations du quartier. C'était mardi 16 juillet dernier.

      

    Gaïa Paris.jpg

    Dans la même semaine, nous avons également rencontré l’association Gaïa Paris qui gèrera cette SCMR sur la base du cahier des charges en cours de finalisation par la Direction Générale de la Santé (DGS) et qui sera approuvé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

     

    Le choix de l’implantation du n°39 boulevard de la Chapelle : 

    Initialement, il y avait deux possibilités envisagées pour l’emplacement.  

    • La 1ère concernait le site de l'hôpital Lariboisière avec une entrée indépendante au niveau des bâtiments des services techniques : le bâtiment existant déjà, cette solution aurait eu l’avantage de ne pas nécessiter de permis de construire. Mais cette solution n’a pas pu être retenue, car il aurait fallu réorganiser les services concernés, leur trouver une nouvelle localisation dans l’hôpital, et également isoler cette partie de l’hôpital du reste du site hospitalier, ce qui n’était techniquement pas réalisable.
    • La seconde reposait sur l’utilisation d’une emprise de la SNCF. Son président, Guillaume Pepy, a été saisi par Jean-Marc Ayrault sur cette question, et selon Rémi Féraud, la SNCF a vraiment « joué le jeu » en faisant des propositions cohérentes de lieux.
      • La 1ère proposition de la SNCF était une emprise rue de Maubeuge. Là aussi, solution retoquée : locaux très exigus, pas d’espace extérieur, alors que dans ce genre d’établissement médico-social, l'espace extérieur attenant permet de mieux gérer au mieux la frontière « dehors – dedans ». L’accès à l’espace proposé n’était pas suffisamment dégagé, avec une visibilité entravée sur la SCMR. Par ailleurs, les délais liés aux travaux auraient trop décalé sa date d’ouverture.
      • Le choix s’est donc porté sur la 2e proposition de la SNCF : un espace situé au n°39 boulevard de la Chapelle, avec un avis très consensuel sur l’emplacement retenu, partagé par l’association Gaïa Paris et la Police. L’emprise en question posait le moins de difficultés à la SNCF. Le terrain possède suffisamment d’espace extérieur pour gérer le « dehors – dedans » et éviter les tensions. La présence d’une grille, qui sera modifiée afin de permettre un accès séparé, assure également une vue dégagée sur les bâtiments, nécessaire à la Police.

    Le calendrier pour le début de la gestion de la SCMR par Gaïa Paris : 

    Le 8 juillet dernier, le Conseil de Paris a adopté le principe d’installation de la SCMR au 39 boulevard de la Chapelle et a autorisé le Maire de Paris à déposer la demande de permis de construire des futurs bâtiments. Son dépôt et son instruction devrait avoir lieu au cours de l’été. En outre, il peut s’écouler plusieurs mois avant que le recours des tiers ne soit totalement purgé.

     

    La SCMR étant un établissement médico-social, les bâtiments devront être validés par l’Agence Régionale de Santé (ARS).

     

    Dès la fin octobre ou le début novembre, l’association Gaïa Paris démarrera donc la gestion de la SCMR en utilisant les préfabriqués existants, soit une surface d’environ 70 m². Ce sera en quelque sorte la 1ère phase du projet, a minima, avec une montée en puissance après la construction du 2e bâtiment préfabriqué, permettant d’arriver à la taille nécessaire, estimée à 250 m² de surface intérieure. En rythme de croisière, sur cette surface, la SCMR comportera une salle d’accueil, une salle de consommation à moindre risque et une salle de repos / convivialité. Lors de cette 1ère étape, avant la construction des préfabriqués qui permettront la montée en charge, le repos s’effectuera dans la salle de consommation. Dès le début, le personnel de la SCMR sera au complet, soit 17 ETP (emploi temps plein) : en permanence 7 personnes (agents éducateurs, personnel infirmier et agent de sécurité) ; ce dispositif humain sera complété par la présence régulière (3 fois 4 h) d’un médecin, d’un assistant social et d'un médecin psychiatre. La présence de la courette, i.e. le parking avant l’accès aux bâtiments, est vraiment perçue par l’association Gaïa comme un point positif : elle permettra au personnel de la SCMR d’établir le contact avec les usagers, d’échanger avant l’arrivée dans la salle d’accueil. Les interrogations demeurent sur la durée requise pour l’obtention du permis de construire afin de compléter les bâtiments existants. 

     

    L’association Gaïa Paris estime le nombre d’usagers de drogues dans le nord-est parisien à 3000 dont 40 % sont à la rue. Toutefois, ces usagers se déplacent très peu entre le lieu où ils achètent leur dose et le lieu où il la consomme. La SCMR devrait pouvoir accueillir à terme 200 usagers. Elle ouvrira 7 jours sur 7, avec des horaires qui seront fixés entre 12-13h et 20h, et ajustés en liaison avec le Comité de Suivi qui sera mis en place.  

    Dès le début du projet, dans la phase de gestion a minima, le dispositif devra satisfaire aux normes sanitaires et de sécurité pour pouvoir ouvrir aux usagers. Dans la mesure où, dans un premier temps, la SCMR n’aura pas atteint sa capacité d’accueil maximale, le personnel exercera un effort supplémentaire sur l’accueil et les maraudes à l’extérieur du site dans les quartiers immédiats et limitrophes, d’où la nécessité de démarrer avec un effectif au complet.   

    Des rumeurs alimentent les conversations et sont diffusées dans certains articles de presse. Qu’en est-il vraiment ?

     

    « L’expérimentation serait faite au rabais » : FAUX

     

    La Ville de Paris prendra en charge le budget d’investissement pour la construction des locaux et la mise en place du dispositif. Le budget prévisionnel de fonctionnement, de l’ordre de 800 000 € par an sera pris en charge par l’Etat. Cette expérimentation de la SCMR ne traduit donc pas d’un désengagement de l’Etat. 

     

    Cette somme non négligeable doit permettre d’assurer un travail de qualité, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur avec les maraudes pour gérer le « dehors ». Ce projet permettra de réduire les coûts financiers et sociaux des risques liés aux contaminations (hépatite C, VIH) et aux overdoses, que l’assurance-maladie doit déjà prendre en charge et dans des proportions plus importantes que le budget estimé du projet. 

     

    Car, comme le montrent les enquêtes récemment publiées au Canada, corroborées par l’étude de l’Inserm, la SCMR réduit les cas d'overdose. Certes, des opposants au projet ont trouvé des avis contraires et estiment que la surveillance médicale exercée dans la salle empêche l'overdose d'aller à son terme, expliquant ainsi la diminution de leur nombre. Et c'est aussi cela que l'on cherche dans l’installation de la SCMR.  

     

    La SCMR devrait faciliter les démarches de sevrage des usagers, en les re-socialisant, puis en les accompagnant vers des politiques de soins et les services d’addictologie hospitaliers. La mise en place de la SCMR réduira sur le long terme le coût financier lié aux conséquences sanitaires désastreuses de l’usage des drogues.

     

    Cette expérimentation se fera sur une durée de 3 ans, ce qui permettra la mise en place d’un suivi et son évaluation approfondie. 

      

    « La mise en place de la SCMR contribue ainsi à créer une zone de non-droit à proximité » : FAUX

      

    D’une part, le décret n°2005-1606 du 19.12.2005 relatif aux missions des Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (« CAARUD ») sera modifié via le Conseil d’Etat afin de permettre cette expérimentation de la SCMR.

     

    D’autre part, une circulaire de politique pénale définira les règles et les modalités d’intervention de la Police à proximité de la salle, afin que les fonctionnaires de police puissent adapter leur comportement ; très concrètement, il sera ainsi toléré dans un certain périmètre que l'usager possède sur lui une petite quantité de produits (la « dose » destinée à sa propre consommation, et non pas à la revente) sans qu’il puisse être poursuivi pénalement. Cette quantité sera déterminée précisément afin de distinguer l’usager du trafiquant (ou le « dealer »). Généralement, la loi française interdit et pénalise la consommation de drogues, sanctionné d’une peine pouvant aller jusqu’à 1 an de prison et 3 750 € d’amende pour l’usager simple, et jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende pour l’usager revendeur.

     

    « La SCMR aggravera l’insécurité » : FAUX 

     

    La Préfecture de Police annoncera prochainement le dispositif spécifique qui sera mis en place pour le quartier. A l’instar des Brigades Spécialisées de Terrain (« BST ») mises en place pour des interventions de proximité dans les quartiers sensibles, l’unité dédiée au quartier comprendra une vingtaine de policiers de terrain, qui couvrira le secteur situé  entre le carrefour Barbès, les rues autour de l’Hôpital Lariboisière, la Gare du Nord, et également la proximité immédiate côté 18e dans sa partie non couverte par les unités affectées à la Zone de Sécurité Prioritaire (« ZSP ») Barbès-Château-rouge. L’objectif est d’éviter ce que Rémi Féraud appelle l’effet « Trous de Gruyère », précisément ces zones de non-droit qui ne seraient pas contrôlées par des unités de police trop sectorialisées.

    En outre, les expériences existantes montrent que la zone de circulation des usagers de drogue fréquentant une salle de conso reste limitée à un rayon de 1,5 km autour de la salle. Nous sommes donc loin des scenarii de toxicomanes arrivant de toute l'Europe par la Gare du Nord, comme on avait pu l'entendre dans une des réunions à la mairie du 10e.  

    Plus généralement, comme l’a souligné le Maire du 10e, il n’y a pas de différence de nature entre la SCMR et les distributeurs de seringues stériles (dont se vante d’ailleurs Philippe Goujon, député-maire UMP du 15e arrondissement). L’approche du problème est seulement différente avec la SCMR : c’est une voie médiane pour renouer le dialogue avec les usagers de drogues. Selon lui, « ce projet n’est pas accepté par les personnes qui veulent qu’une porte soit ouverte ou fermée », et qui n'acceptent que la dichotomie « soit c’est autorisée, soit c’est interdit ».  


    Finalement, ce serait bien mépriser nos quartiers que d’y installer des automates de seringues, constater qu’ils fonctionnent à grande échelle, et ne pas aller au-delà en se satisfaisant de la situation très dégradée de ces quartiers, d'une part, et des mauvaises conditions de vie et de santé des usagers de drogues, d'autre part. La SCMR a donc pour but de tenter de sortir de ce statu quo inacceptable.     

     

    « La SCMR dévalorisera le quartier dans lequel elle est installée » : FAUX

     

    Le Maire du 10e travaillera conjointement avec les élus du 18e : Daniel Vaillant et Myriam El Khomri, afin d’améliorer le cadre de vie du boulevard et de la place de la Chapelle, notamment sur les aspects propreté et sécurité. Il compte également valoriser le Théâtre des Bouffes du Nord, bâtiment phare du quartier. Ses responsables n'ont d'ailleurs pas manifesté d'hostilité à l'égard du projet et sont résolument dans le dialogue. A cet égard, le contact est désormais établi entre les Bouffes du Nord et l’association Gaïa Paris.

     

    Rémi Féraud souligne qu’un premier pas a été fait en direction de la valorisation du quartier : l’évacuation des campements sous le viaduc, le déplacement de la distribution de la « soupe populaire » à la caserne Château-Landon, où les personnes peuvent désormais attendre et dîner à l'abri.

    " En outre, la SCMR devrait permettre de mettre fin à l’existence de la véritable « salle de shoot », celle qui se situait déjà dans les toilettes publiques du boulevard de la Chapelle et rue Ambroise Paré, si l’on considère les seringues qu’on pouvait y trouver. Je ne veux pas qu'on me reproche qu'un enfant s'est piqué avec une seringue abandonnée parce que j'aurais laissé les usagers de drogues dans la rue " a-t-il ajouté.

     

     

    « La SCMR a en fait pour but de cacher les toxicomanes et non de les soigner. Pour les soigner, elle devrait être implantée dans l’enceinte de l’hôpital » : FAUX

     

    La problématique est plus complexe que cette première affirmation, relativement trop simpliste pour refléter la réalité. La SCMR permet aux usagers de drogues d’être moins stressés pour  la prise de leur dose. Moins de stress conduit à des comportements moins agressifs. Plutôt que « cacher », la SCMR offre à l'usager de drogues un lieu serein où on peut lui rappeler les règles du « dehors », i.e. les règles de la société. La drogue reste interdite, les seringues doivent être déposées dans des lieux sécurisés et non plus abandonnées dans l'espace public. On offre ainsi un cadre pour un échange pacifié avec l’usager de drogues, afin de le faire progresser vers un éventuel sevrage s'il se sent prêt, ou, tout au moins, vers une pratique moins risquée pour lui et son entourage, en le convaincant de ne pas contaminer ses semblables par un manque de précautions. C'est l’objectif de la politique de réduction des risques dans la SCMR.  

     

    En matière de soins, des centres d’addictologie existent déjà dans des services spécialisés, comme à l’hôpital Fernand-Widal. Ils répondent à des démarches de sevrage, de désintoxication, aurait-on encore dit il n'y a pas très longtemps. Dans le cas de la SCMR, elle s'adresse à des personnes très précarisées, malmenées par la vie, malmenées par les drogues, sans doute pas encore capables d'envisager l'avenir sans drogue, mais peut-être pas pour toujours. Ces personnes ne souhaitent pas encore s’inscrire volontairement dans des démarches de sevrage. L’objectif du personnel travaillant au sein de la SCMR est de commencer à parler, échanger, créer un lien même s’il reste fragile, pour aborder la sortie de la drogue. Ici, le parallèle avec l'alcool s’impose. L'alcool n'est pas interdit et pourtant l'ivresse extrême plonge dans le coma, des personnes en meurent par centaines tous les ans via diverses pathologies. Le médecin va soigner le cancer du foie, réanimer un sujet tombé dans un coma éthylique mais c'est un médecin psychiatre qui traitera l'addiction, éventuellement… si le patient fait la démarche de le consulter. Pour l’usager de drogues, c'est le même schéma. Les médecins soignent les personnes soucieuses de leur santé, "réparent" les accidentés, colmatent les blessures... mais ne peuvent en aucun cas accompagner une pratique nuisible à l'individu. 

     

    On comprend aisément que le travail du personnel de la SCMR ne peut s'inscrire dans le cadre d'un hôpital: les usagers de drogues réfutent l'idée qu’ils puissent relever de la médecine, au moins dans un premier temps.

    La SCMR est un compromis dans l'attente d'une évolution de l’usager de drogues vers la prise de conscience, qui n’est peut-être pas possible, ou pas encore possible. A terme, cette politique de réduction des risques doit encourager l'accès aux soins, mais si la SCMR avait dès le départ une étiquette médicale, elle manquerait son objectif initial. 

    A cet égard, le Maire du 10e rappelle d’ailleurs les propos du Professeur Frank Bellivier, responsable du service de médecine addictologique de l’hôpital Fernand-Widal : « On ne peut soigner les malades que s’ils sont vivants »… Et naturellement, l’hôpital Fernand-Widal sera un partenaire privilégié pour les démarches de sevrage que certains usagers de drogues pourraient souhaiter entreprendre.  

     

    « La SCMR distribuera de la drogue, encouragera la consommation des drogues injectables » : FAUX

     

    La SCMR sera réservée aux consommateurs injecteurs, qui viendront avec leur « dose » de consommation, et ne ciblera donc pas les usagers de cannabis (le « shit ») ou de « crack ». Son objectif est de lutter contre les hépatites virales (C essentiellement, et dans une plus grande proportion que le VIH), éviter les contaminations et veiller à l’état sanitaire des usagers de drogues. Les expériences à l'étranger démontrent que les SCMR n’encouragent pas la consommation de drogue. Or, en France, un des pays où la politique de lutte contre les drogues est la plus répressive, avec pénalisation de l’usager simple, la consommation nationale de drogues n'a cessé d'augmenter : la France est très mal classée et se situe dans les pays les plus consommateurs de stupéfiants.

     

     

    Et la suite : Comité de Suivi et évaluation de l’expérimentation SCMR….

     

    Préalablement à la mise en place d’un Comité de Suivi, le Maire du 10e réunira les riverains et les différentes associations afin de faire un point sur le projet à la rentrée, son avancement et les différentes annonces qui auront été faites (Préfecture de Police etc.).

     

    Le Comité de Suivi se tiendra une fois par mois, du moins au démarrage de l'expérimentation et comprendra des représentants de Gaïa Paris, la Préfecture de Police, la SNCF, la mairie du 10e, les riverains du 37-39 boulevard de la Chapelle, Les Bouffes du Nord, les deux Conseils de Quartier (Lariboisière – Saint-Vincent-de-Paul et Louis Blanc – Aqueduc) et les associations Action Barbès et Vivre Gares du Nord et de l’Est.

    L’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) mènera une évaluation scientifique, qui couvrira :

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    • l’expérimentation elle-même avec l’évolution des infections et des pratiques à risque (avec une évaluation de l’impact sur les usagers, via une comparaison entre ceux qui fréquentent la SCMR et ceux qui ne peuvent pas la fréquenter, e.g. à Bordeaux, Marseille),
    • l’acceptation sociale (de manière générale grâce à  des enquêtes téléphoniques, et spécifiquement dans le quartier via des questionnaires),
    • les nuisances subies (en termes de matériel laissé à l’abandon dans l’espace public, d’interpellations policières).

     

    Cette évaluation sera réalisée en deux temps : une première partie en septembre avant le démarrage, puis la seconde partie après 1-2 ans. A l’issue de la durée des 3 ans, le Comité de Suivi et l’Inserm tireront les conclusions de cette expérimentation.          

     

    Globalement, nous retenons une réelle volonté de discrétion et de travail en profondeur dans le cadre de cette expérimentation sur 3 ans. L’objectif n’est pas de s’afficher de manière trop visible, comme à Genève où la SCMR est en vert flashy devant la gare (cf. photo ci-dessous).

     

    SCMR, Salle-de-consommation 

    Le Maire du 10e a insisté sur les deux conditions préalables, nécessaires à la réussite du projet : d’une part, une équipe en nombre suffisant dans le cadre d’un projet financé, et d’autre part, un dispositif efficace de policiers sur le secteur, afin de prévenir toute conséquence négative sur l'environnement.

     

    Nous sommes convaincus que la volonté de l’exécutif, les moyens mis à disposition et les compétences de l’équipe qui travaillera dans cette SCMR, sont bien réunis et contribueront au succès d’une expérimentation qui a sa place dans nos quartiers.

     

  • Salle de consommation: manif clairsemée

    Une soixantaine de personnes groupées devant les Bouffes du nord ont manifesté hier matin contre l'implantation de la future salle de consommation au 39, boulevard de La Chapelle, au niveau des voies de la gare du Nord.

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    On a entendu des slogans "salle de shoot au rabais; le maire est satisfait" ou encore "Dealers en liesse, habitants en détresse". Dans les quelques échanges que nous avons pu avoir avec certains participants, une fois de plus nous avons entendu les mêmes réflexions : il n'y a pas eu de concertation ni d'information, pourquoi ne pas installer la SCMR dans l'hôpital ?, pourquoi pas là où il n'y a pas d’habitation ?  pourquoi pas ailleurs ? C'est justement ce dernier argument qui devient insupportable. Ailleurs ? Donc, chez le voisin. Lorsque le lieu d'implantation était supposé rue de Maubeuge, nous n'avons pas vu les habitants du 37 et du 39 boulevard de la Chapelle se déplacer à la mairie pour participer aux deux réunions consacrées au sujet. Ils auraient pu entendre des opinions diverses, écouter les professionnels de la réduction des risques.  
    Souhaitons que le comité de suivi se mette rapidement en place pour échanger dans un climat plus serein. 

     

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    A la réflexion, et en observant la mobilisation relativement limitée d'hier, nous ne sommes pas certains que les membres de l'association Parents contre la drogue qui a porté plainte contre X, avec en ligne de mire certains membres du gouvernement, se soient déplacés pour manifester au côté de ces quelques dizaines de riverains. 

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