Le 7 novembre dernier, au commissariat du 20e arrondissement, s’est tenue la dernière réunion de la « Cellule d’écoute de la ZSP 10-18 », sous la houlette du commissaire Jacques Rigon, chef du 2e district de Paris. Étaient présents, les commissaires centraux des 10e et 18e et les responsables de secteurs de la ZSP, Sarah Proust, adjointe au maire du 18e chargée des questions de sécurité et Stéphane Bribard, son homologue du 10e, ainsi que des représentants des services chargés de la sécurité de chaque arrondissement. Le cabinet de la maire de Paris avait également répondu présent. Les associations de riverains étaient également présentes, ainsi qu’une représentante du Conseil de quartier de La Chapelle.
Nous ne détaillerons pas ici tout ce qui a été évoqué au cours de cette rencontre qui a duré pas moins de trois longues heures. La réunion a débuté avec la présentation de la nouvelle commissaire centrale du 18e arrondissement, Emmanuelle Oster, qui succède à Valérie Goetz rue de Clignancourt. Arrivée depuis quelques jours, cette réunion a été pour elle une bonne occasion de prendre la mesure des problèmes qui se présentent à elle. Le M18, magazine bimensuel de la mairie du 18e, lui consacre un portrait en quatrième de couverture du numéro de novembre-décembre 2018.
Le commissaire Rigon a détaillé les actions policières dans le périmètre de la ZSP 10-18. Depuis la dernière réunion qui s’est tenue le 11 septembre dernier, il a été effectué plus de 4 000 « prises de contact », soit plus de 22 000 depuis le début de l’année et la mise en place de la ZSP élargie. Au quotidien, les équipes dédiées à la ZSP bénéficient de l’appui des forces mobiles, avec une à deux sections de CRS ou de gardes mobiles, ces forces sont principalement déployées vers les stations de métro Barbès-Rochechouart et La Chapelle. Côté « délinquance », il a été procédé à 425 arrestations depuis septembre (stupéfiants, vols, recels). Il est à noter que le total des faits constatés de délinquance est en baisse de 15% depuis le début de l’année.
Suite notamment à quelques articles de presse très alarmistes, la Préfecture de police a mis un accent particulier sur les abords de la Salle de consommation à moindre risque (SCMR). Six opérations ont été menées sur le secteur, avec des policiers en civil, pour viser spécifiquement les scènes de deal et d’injection de rue. Le bilan est relativement maigre, avec au total seulement 22 arrestations pour deal ou injection sur l’espace public, et aucun fait constaté aux abords immédiats de la SCMR, rue Ambroise-Paré et rue Saint-Vincent-de-Paul. L’essentiel des problèmes rencontrés se concentrent entre 17h et 19h dans la cour des taxis de la gare du Nord.
Le contrôle des commerces a abouti à 83 sanctions dont 50 fermetures administratives temporaires. La Ville a annoncé une sanction rare à l’encontre d’un commerçant du marché de Lariboisière à Barbès, avec sa radiation définitive pour sa complicité active avec des vendeurs à la sauvette qui s’installent dans l’allée centrale du marché, ce commerçant n’hésitant pas à cacher de la marchandise non seulement dans son stand mais également dans son camion. Mais, ne nous y trompons pas, ce cas de complicité, même s’il n’est peut-être pas le seul, est rare, l’essentiel des commerçants du marché subissant ces ventes à la sauvette qui nuisent à leur commerce.
Pour les « ventes à la sauvette », toutes catégories confondues, depuis septembre, c’est 11 300 évictions simples et 2 800 procédures simplifiées qui ont été effectuées. À noter, les saisies pour destruction représentent plus de 100 tonnes de marchandises depuis le début de l’année. À propos des ventes à la sauvette, nous avons rappelé la position d’Action Barbès qui tient à distinguer le deal, le recel et le commerce déguisé d’un côté, du « marché de la misère » de l’autre ; ce dernier, expression de la grande misère sociale et économique de certains de nos concitoyens, mériterait une vraie réflexion de la Ville et aussi de l’État. L’idée d’une prise en charge sociale de toutes les personnes tentant de boucler, ici, les fins de mois difficiles nous semblant relever d’un vœu pieux, il nous apparaîtrait plus opportun à moyen terme d’organiser un marché des biffins, à l’instar de celui de la porte de Montmartre, plutôt que de chasser tous les jours de marché de pauvres gens à travers les rues de la Goutte d’Or. En ce qui concerne, le deal, le recel et autres ventes crapuleuses, il n’est bien évidemment pas question d’une telle compréhension. À ce sujet, il a été procédé à 4 200 évictions de vendeurs de cigarettes (19 000 depuis dix mois), 3 300 procédures simplifiées (saisie de la marchandise sans emmener la personne fautive au commissariat) et 157 interpellations (670 depuis dix mois, dont 316 avec garde à vue).
Pour faire respecter le décret préfectoral sur l’interdiction de consommation et de vente d’alcool à certains horaires sur une zone qui englobe la ZSP, c’est seulement 32 verbalisations qui ont été faites. Un petit bilan pour un problème récurrent sur certains secteurs, comme les abords de la gare du Nord, à Château Rouge ou encore vers Marcadet-Poissonniers.
La mairie du 18e, quant à elle, annonce un bilan d’étape à dix mois avec 5 600 procès-verbaux dressés pour diverses infractions et 16 400 PV pour stationnement. Il y a eu un renforcement de la présence des agents de la DPSP dans les espaces verts, avec des passages beaucoup plus fréquents. Comme d’autres associations, nous regrettons la disparition des gardiens de square, qui par le passé ont su faire la preuve de leur efficacité. Nous avons également appris qu’à présent la Ville a accès à 940 caméras de vidéosurveillance.
Nous finirons avec ce rappel que nous avons fait, avec d’autres associations et collectifs, sur les nombreux problèmes engendrés par la mise en place de « Paris respire » les samedis à Château Rouge : stationnement sauvage et circulation chaotique autour du secteur, le quartier n’étant plus qu’un concert de klaxons tout au long de l’après-midi. Selon nous, un secteur piétonnisé trop restreint et pas assez surveillé.
Commentaires
Merci.
Des chiffres, des baisses etc....et toujours une réelle dégradation Généraleressentie sur le terrain.. Ceci est assez désolant et grotesque.
A-t-on des nouvelles de la reparation des deux lampadaires au croisement des rues cave/leon/st Luc ? Ils ont été mis hors service avant l'été par les dealers pour désactiver les caméras installées dessus. Ça fait donc bientôt 6 mois. L'heure d'hiver plongé dans l'obscurité l'entrée du square Leon ou l'on doit croiser les dealers dans une ambiance inquiétante.
Pas d'éclairage public , l'accès à un square abandonné au dealers. Quelle désolante démission des pouvoirs publics.
Un élu ou un fonctionnaire considérant cette situation comme inéluctable ferait bien de songer à une reconversion professionnelle. Éradiquer le trafic de drogue du 18e est certes illusoire, en revanche "reprendre" l'entrée du square Leon aux dealers paraît un objectif somme toute raisonnable. Comment accepter que les enfants du quartier soient exposés quotidiennement à une telle compagnie? Cette promiscuité favorise le risque de tomber dans la délinquance (les dealers sont sympa avec les enfants figurez-vous, et ça n'est pas que pour des bonnes raisons malheureusement).
Sans parler des nuisances sonores jusqu'à tard ds la nuit avec les dealers qui écoutent la musique a fond en pleine rue.
On salue le travail des autorités mais on reste sceptique sur les résultats.merci à ce blog d'exister.
Un habitant de la goutte d'or
Et revoilà le "marché des biffins", une belle fausse bonne idée. A ma connaissance, aux Puces de Saint-Ouen, ce marché n'a absolument rien réglé. Il y a autant de sauvettes, de trafics, de vente sauvage, qu'avant. L'impact social est lui aussi très discutable. En revanche, l'existence de ce marché contribue à l'ambiance "spéciale" du secteur, avec tout ce que cela implique. Ce marché est aussi fondamentalement inégalitaire, doublement inégalitaire. D'une part pour les vendeurs : seule une petite proportion des plus précaires en bénéficie (et ce serait la même chose à Barbès La Chapelle : soit on accepte tout le monde, c'est-à-dire au bas mot plusieurs centaines de personnes, et cela devient totalement ingérable, soit il y a un nombre très limité de places, et cela exclut la grande majorité des vendeurs). D'autre part, il s'agit de l'autorisation et de la pérennisation d'une activité illégale, pour une fraction de la population. C'est contraire aux principes de base de la République, et serait susceptible de recours devant les tribunaux. De plus, parmi les gens qui exercent une activité commerciale déclarée, beaucoup ont des revenus très faibles et sont même éligibles au RSA complémentaire. Or eux doivent payer des taxes et charges sociales, doivent respecter d'innombrables normes et règlements, etc. Pourquoi ferait-on une exception, et un tri entre des pauvres qui doivent respecter la loi commune, et d'autres qui en seraient exemptés ???
Je partage l'avis de JD publié le 17 novembre. Nous sommes dépassés par les situations et rapidement le contrôle devient aléatoire. Ce sont des vases communicants ces marchés. On vide un côté pour remplir de l'autre. De plus il y a toujours du racket même dans ces marchés de la misère pour obtenir une place.
Tout a fait d'accord avec JD 17/11/18. Ces soi-disant 'biffins' ne sont qu'un porte d’entrée détournée pour toutes les délinquances possibles et ne font que renforcer les inégalités que ces marchés sont censés combattre... C'est de l'enfumage... Ils ne respectent aucune des règles qui sont imposées aux vrais marchés... C'est vraiment croire au Peer Noël que de prétendre le contraire... Ou alors être de mauvaise foi...
Si le blog Action Barbes adhére la fausse idée ci -dessus discuté,franchement nous n'avons pas la même perception de faire société. Insister c'est rien comprendre que nous voulons être traité comme n'importe quel citoyen. Insister en faire du quartier une cours de misère c'est nous impecher d'exercer notre citoyenneté.