Nous avions abandonné de nous insurger contre les locations saisonnières de courte durée qui apportaient pourtant leur lot de touristes bruyants dans nos cages d'escalier depuis des années. En cherchant, il n'était pas rare de découvrir que le petit studio du 5e, récemment rénové par les nouveaux propriétaires, hébergeaient week end après week end, des Hollandais, des Espagnols, des Allemands, des sujets de sa Gracieuse Majesté, jeunes, dynamiques.... fêtards souvent aussi !
Inutile de demander des comptes au copropriétaire qui n'apparaissait pas toujours aux assemblées générales, et si par chance il venait, ses dénégations faisaient le reste. Quand était-ce déjà ? Des étrangers, non... J'ai bien accueilli des cousins... Peine perdue, on n'allait pas jouer les délateurs professionnels.
Or, bonne nouvelle, les députés ont voté la transmission automatique des revenus générés sur les plateformes collaboratives, comme AirBnB, au fisc. Pas tout de suite, car il y avait des oppositions, mais à partir de 2019. Il faudra souffrir encore un peu dans certains immeubles bien situés, touristiquement parlant. L'administration fiscale disposera bientôt de chiffres fiables pour documenter la déclaration pré-remplie des contribuables, qui avaient l'indélicatesse, jusque là, de ne pas tout dire de leurs revenus fonciers. De les cacher peut-être même....
C'est Pascal Cherki, député socialiste de Paris, qui a lancé cette proposition de loi. A Paris, ce type de location fait subir un grave préjudice à l'hôtellerie, pas celle des palaces, mais les hôtels de quartier qui voient défiler des touristes trainant derrière eux sacs et bagages, petits ou gros, sans jamais faire halte dans leur hall. Ce type de location nuit aussi à la vie des quartiers les plus touchés par le phénomène, car les utilisateurs occasionnels d'un studio ou d'un appartenant loué via AirB&B ne fréquentent pas les commerces du quartier, au mieux les restaurants, mais sans doute pas le cours des halles ou le boucher. Elle contribue à la désertification commerciale des lieux, car loués partiellement pendant l'année, ces logements restent souvent vides. Quant à l'ambiance dans la copro... des allers et venues tardives, peu de respect des voisins, car on ne les connaît pas. Et enfin, le plus grand défaut peut-être du système, ces locations ont tiré le prix des loyers vers le haut, en raréfiant le parc des logements loués à l'année, et en augmentant le prix simplement : la semaine au prix du mois, bien souvent.
(lire aussi l'article de Libération du 6 décembre 2016 et la très récente décision du Conseil de Paris : Résidences secondaires : Paris triple la surtaxe)
Commentaires
Bonjour, je ne suis pas d'accord avec vous: AirB&B fait venir des touristes dans des quartiers où ils ne s'aventuraient pas beaucoup auparavant. Exemple à la Goutte d'or, qui bénéficie de sa proximité avec Montmartre. Je vois ainsi des touristes venir dans ma rue et je trouve cela plutôt rafraîchissant. Je ne pense pas que cela lèse les "hôtels de quartier", qui sont vétustes et visent un autre type de population.
L'invasion de AirBnB a sans doute pousse le jeu trop loin. Il est evident qu'il y a beaucoup de residences secondaires qui ne sont pas effectivement 'des residences secondaires' mais bel et bien des
investissements dans la location. Ceux-la doivent etre poursuivis.
Mais les socialistes de la Mairie de Paris, comme d'habitude, aveugles par leur ideologie, ont applique ces mesures discriminatoires a tout le parc des residences secondaires, alors que cette definition est imposee a certains contribuables a cause de leur statut de travailleurs deplaces. Il est dommage que vous les defendiez. Tous les francais qui vivent a l'etranger se retrouvent dans le meme sac que les investisseurs, alors qu'il s'agit bien de leur residence primaire lorsqu'ils sont en France. Les Francais de l'etranger conservent un pied a terre a Paris pour leurs sejours en France ainsi que leur eventuel retour dans l'hexagone. A moins d'etre detache par votre compagnie pour travailler a l'etranger (auquel cas vous n'etes pas sujet a cette discrimination) le fait que vous residiez plus de 6 mois par an a l'etranger categorise votre logement comme residence secondaire, vous interdisant de le louer et le soumettant a la nouvelle surtaxe de 60%.
La municipalite veut effectivement qu'ils vendent leur appartement.
C'est une attitude dictatoriale et discriminatoire. Imaginez un francais de l'etranger revenant a Paris sans residence : ils auront tous les problèmes du monde à louer un logement, sans bulletin de paie et sans feuille d'impôt française. Se retouvant ainsi comme 'Touriste' dans une ville ou ils ont passe une grande partie de leur vie...
Sur un autre plan, la critique des touristes n'est pas de mise, contrairement a ce que vous dites, ils apportent beaucoup au quartier:
ils depensent, il participent a la mixite, qui devient de moins en moins evidente quand on se promene sur Barbes, ou l'on se croirait a Abidjan ou Alger, ce qui est la source meme des problemes de traffic et d'occupation des sols dont vous vous plaignez par ailleurs.
Cette politique est un repli sur soi, indigne d'une grande ville cosmopolitaine comme Paris, qui se veut la lumiere du monde... C'est une mentalite retrograde.
Rétrograde ? le fait de dire que les locations AirBnB posent des problèmes de voisinage réels dans bon nombre de capitales européennes dont Paris fait partie. Rétrograde? Le fait de dire que les revenus, dès lors qu'ils sont réguliers et significatifs doivent être déclarés? Rétrograde ? Le fait de constater la concurrence déloyale que représente ce type de location pour l'hôtellerie de la capitale? Par ailleurs, les étrangers à l'étranger (séjour supérieur à 6 mois) sont dispensés de payer l'impôt sur leurs revenus en France. Cela n'est il pas déjà une mesure très favorable à leur encontre?
Politique rétrograde, oui, quand elle est générée par un REFUS ET UNE PEUR DU CHANGEMENT. Nous entrons dans un monde économique nouveau ou beaucoup de concepts sont en place depuis le 19ieme siècle. Je ne défend pas AirBnB en aucune façon. Nous n'avons jamais soutenu que ces revenus ne doivent pas être déclarés. Je ne sais pas d'ou vous tenez cela. Une rumeur de banlieue sans doute. Vous dévoyez mon propos qui est d'accuser la mairie d'une politique sans discrimination. En tout état de cause, je connais assez bien l’état du parc hôtelier parisien en compétition avec AirBnB (c'est pas les hôtels 4 étoiles!)... Et croyez moi, il a besoin d'un sérieux coup de balai. Cette politique de la Mairie est justifiée par les abus d'un groupe basée sur une idéologie anti-libérale sans tenir compte de l'impact sur certains résidents. Quand aux 'étrangers a l’étranger' (??) qui ne payent pas d’impôts en France... je ne comprend pas votre propos... bien évidemment s'ils travaillent a l’étranger et sont domicilie fiscalement a l’étranger. Çà ne les empêche pas de payer les taxes sur leurs résidence en France... si c'est cela dont vous parlez. Ne vous soulevez pas contre des nuages et des rumeurs... La discrimination concerne les Français résident a l’étranger, pas les étrangers.
J'habite dans le quartier de Barbès-Anvers, au 7e étage, avec une belle vue bien dégagée sur les toits parisiens. Pour ma part, je trouve assez affolants, imbéciles et irresponsables ces touristes qui se promènent maintenant dessus pour s'y faire prendre en selfies ou y tourner une petite vidéo avec vue imprenable, à 360°. En règle générale, tous commencent par filmer le Sacré-Coeur, puis tournent sur les Buttes Chaumont et terminent, noblesse oblige, par la Tour Eiffel.
Plein sud-ouest, à 5 m à peine de mon balcon, sur des toits en zinc pentus et sans garde-corps, je vois aussi des familles et leurs jeunes enfants se hisser par des vasistas pour s'y prendre des apéros en déposant bouteilles et verres sur les souches de cheminées, s'y faire des pique-niques, et tout récemment, il y avait un (fort mauvais) guitariste qui se faisait enregistrer, son perchiste tournant banalement lui aussi la vidéo en commençant par le Sacré-Coeur.
Sans parler des dégâts matériels que tous ces nouveaux amateurs d'émotions fortes peuvent causer sur les toitures, qu'ils risquent ainsi non seulement leurs vies (je m'en fiche, cela les regarde) mais surtout celle de leurs enfants me fait assez froid dans le dos.
Et de toute évidence, la location de ces anciennes "chambres de bonnes", avec vue imprenable sur Paris, est fort juteuse pour leurs propriétaires.....
Marie-José Le Breton