Nous avons déjà évoqué l'impact des commerces et des lieux de restauration sur l'évolution d'un quartier : depuis quelques années notamment avec la Brasserie Barbès dont la prochaine ouverture devrait contribuer à l'amélioration des abords du carrefour Barbès : voir notre série d'articles au fil des mois sur la construction de la Brasserie.
Cette fois-ci, nous portons notre attention sur un autre front : le quartier des gares du 10e, que nous relatons régulièrement sur ce Blog.
Les abords de la Gare de l'Est : le contexte
A ce titre, nous avons maintes fois exprimé notre souhait de voir une requalification des abords de la Gare de l'Est, situés aux confins de 5 des 6 quartiers du 10e : Lariboisière / Saint-Vincent-de-Paul, Louis Blanc / Aqueduc, Porte Saint-Denis / Paradis, Château d'Eau / Lancry et Grange-aux-Belles / Terrage. Notamment, notre nouvelle proposition dans le cadre du dispositif de Budget Participatif de la Ville de Paris résume les problématiques et les enjeux de ce secteur :
"Repenser et aménager les abords inter-quartiers de la Gare de l'Est"
(Notre proposition est un condensé des remarques que nous avons faites dans nos différents articles sur la situation des alentours de la Gare de l'Est et du quartier des 2 gares du 10e).
Malheureusement, sur ce secteur des abords de la Gare de l'Est, nos élus semblent avoir un peu de mal à prendre le pouls de la situation et tardent ainsi à s'emparer de ce sujet, invoquant la nécessité de prendre son mal en patience en raison de projets qui feraient évoluer ces abords sur le long terme :
. Une possible nouvelle liaison inter-gares (projet développé dans le cadre de la dernière campagne pour les élections municipales de mars 2014),
. La liaison ferroviaire "CDG Express" qui relierait la Gare de l'Est à l'aéroport Charles-de-Gaulle à l'horizon 2023,
. L'intégration de ce quartier dans le périmètre "Paris Nord Est Elargi" dont la transformation serait sur 30 ans !
A défaut d'y voir les politiques, nous constatons que les chaines de burgers se montrent plus rapides à investir ce terrain des gares du 10e, et notamment celui de la Gare de l'Est... Ces grandes enseignes de restauration rapide ont bien compris leurs intérêts dans l'évolution de ce secteur dit du "bi pôle des 2 gares", avec son statut international de porte de l'Europe, qui accueille 613 000 voyageurs / jour.
... A l'instar de ce grand nom américain, et nouvel acteur dans le paysage français du burger :
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Une possible arrivée d'un nouveau géant américain des burgers : Five Guys ?
Aux abords de la Gare de l'Est, après la présence, de longue date, de Quick, McDonald's et de nombreux kebabs et autres indépendants de la restauration rapide, une nouvelle arrivée pourrait bien donner un sacré coup de pied dans la fourmilière !
La brasserie "L'Ecu de France" dont la fermeture est annoncée depuis novembre dernier a donc baissé définitivement le rideau vendredi 13 février dernier. Des travaux de restructuration du lieu semblent avoir déjà commencé.
Le nouvel arrivant pourrait être la chaîne américaine Five Guys qui ferait ainsi son entrée sur le marché français, et dont l'arrivée a été récemment annoncée par le site spécialisé FastAndFood. L'arrivée de ce géant américain du burger, attendu comme le messie par les amateurs de burgers, a été reprise en cœur par plusieurs médias (e.g. Le Figaro Economie, L'Express, HuffingtonPost, Metronews, GQ etc.), notamment en raison de sa notoriété outre-atlantique à laquelle le président américain Barack Obama a contribué en 2009 en se rendant dans l'un de ses restaurants (voir la vidéo).
Pour ce premier restaurant "porte-drapeau" de la chaîne ("Flagship-store" ou vaisseau amiral), c'est donc un emplacement de choix, comme en témoigne cette photo de la façade principale de la grande brasserie "L'Ecu de France" (après sa fermeture définitive mi février) à proximité immédiate de la Gare de l'Est :
Nous nous sommes donc plu à imaginer à quoi pourrait ressembler cette première implantation de la chaîne "Five Guys" en France, en lieu et place de "L'Ecu de France" :
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Pourquoi une telle appropriation des espaces de restauration par les chaînes de burgers ? La raison est simple : en France, désormais, 1 sandwich sur 2 est un burger, contre 1 sur 9 il y a 15 ans (source : Capital).
Voici une illustration de cette Burger-Mania avec notre sélection de portraits de clients "Five Guys" : quelques photos glanées sur le compte Twitter de @Five_Guys : nous vous laissons le soin d'apprécier (ou non) !
Le "mercato" des chaines de restauration rapide
En novembre dernier, suite à l'annonce de la fermeture programmée de la brasserie de "L'Ecu de France", nous avions interrogé les élus du 10e sur le devenir de ce lieu, mais ceux-ci n'étaient pas renseignés et étaient donc dans l'impossibilité de nous apporter la moindre information...
Pour la reprise de cet emplacement commercial, on a assisté à un véritable mercato (au sens footballistique), rythmé par diverses rumeurs. Pendant plusieurs mois, et même encore maintenant, plusieurs noms de chaînes de burgers ont ainsi circulé comme possibles repreneurs du lieu. Parmi eux, un autre acteur américain du burger, Blu Burger Grille, qui aurait été ainsi candidat pour faire son entrée sur le marché français. Naturellement, les rumeurs ont évoqué Burger King : le géant américain, après avoir quitté le marché français en 1997, y est revenu en décembre 2013 avec l'ouverture de son restaurant au coeur de la Gare Saint-Lazare (suivi, en 2014, par de nouveaux restaurants dans les quartiers d'Alésia et des Champs-Elysées, et à la Cité des Sciences). KFC a également figuré parmi les possibles prétendants...
Au regard de la guerre sans merci à laquelle se livrent les grandes enseignes de restauration rapide, notamment pour les emplacements stratégiques, nul doute qu'il soit si dur de percer le secret relatif au nom de la nouvelle enseigne. Et il ne serait pas invraisemblable qu'un nouveau nom surgisse pour cet emplacement commercial privilégié. L'hypothèse "Five Guys" n'est donc peut-être pas définitive... Dossier à suivre donc.
* *
Quel qu'il soit, la prochaine ouverture d'un nouveau fast-food tirera-t-elle vers le haut ce quartier des abords de la Gare de l'Est ? Pas certain... au regard du développement de ce qui peut sembler un nouveau type de mono-activité : celle des chaînes de restauration rapide, sur ce secteur !
Nous pourrions donc ne pas être tout à fait dans la même situation que celle de l'ouverture de la Brasserie Barbès à laquelle nous faisions allusion en préambule, à savoir un nouveau restaurant, un nouveau lieu accompagnant favorablement l'évolution du quartier Barbès, après l'ouverture du Louxor en avril 2013 !
Mais aux abords de la Gare de l'Est, vous pouvez encore profiter de quelques restaurants et cafés plus traditionnels, de proximité et de qualité où il fait bon se retrouver et manger : comme "A la Ville de Provins" (dont les citations de Courteline ou Groucho Marx sur les murs servent de point de rendez-vous aux membres des cafés-philo qui s'y réunissent) de Pascal Vincenzi au 74 boulevard de Strasbourg, "Le buffet de la gare" au 70 boulevard de Strasbourg, "Extérieur Quai" dans la partie basse de la rue d'Alsace au n°5, "Une Cigogne à Paris" (photo infra) du jeune chef Damien Offerlé au 27 rue d'Alsace en haut de l'escalier monumental (sa page Facebook), le café et restaurant voisin "Au Train de Vie" à l'angle des rues d'Alsace et des Deux Gares, la brasserie "La Strasbourgeoise" au 5 rue du 8 mai 1945 et sur le boulevard Magenta : les traiteurs-restaurateurs du Marché couvert Saint-Quentin et la "P'tite Bougnate" lui faisant face à l'angle de la rue de Chabrol... Peut-être connaissez-vous d'autres adresses sympathiques, auquel cas n'hésitez pas à les partager avec nous via les commentaires au bas de cet article !
"Une Cigogne à Paris" au n°27 rue d'Alsace, surplombant les quais de la Gare de l'Est
Commentaires
Heureusement, il nous reste "La Strasbourgeoise" !
Bonjour,
a mon avis, l'aménagement des abords des gares, n'est pas d'abord un problème de l'aménagement de l'aspect physique. On peut mettre des jardinières pour faire joli.
Le vrai problème, il se place sur le plan de l'aménagement de l'espace économique et social dans la tête des décideurs.
Les fast-food, c'est simplement le signe d'un nouveau gonflement du prix du m2, possible grâce à l'augmentation du pouvoir d'achat de certains le 22 janvier dernier (par l'"assouplissement quantitatif" de la BCE, méthode également connue sous le nom de "planche à billets").
La contrepartie du crédit ainsi ouvert à certains est bien sûr la certitude de pouvoir installer un tiroir-caisse avec le passage quotidien assuré du bon nombre de clients promettant le remboursement de ledit crédit, et ceci au bon domaine au bon endroit au bon moment, avec l'appui des bons tuyaux politiques, bien sûr.
Comme on le voit facilement, le point "passage quotidien du bon nombre de clients" dans notre cas, est de plus assuré par les soins du transport public.
Mais, ce que pourrait chagriner nos politiques, ce seraient les conséquences latérales du passage quotidien de millions de personnes : l' "appel d'air" (ou turn-over) qui fait venir non seulement des clients aisés, mais aussi des personnes moins à l'aise.
Et pour anticiper (en vue des prochaines élections) la réaction négative des habitants face à toujours plus d'anonymat, de bruit, d'insalubrité, d'insécurité, de dégradation de l'espace public et de la qualité de vie, voilà qu'apparaît la grande question de la Démocratie locale et du Budget participatif.
Seulement, comment saurions-nous, les habitants du quartier, pallier aux conséquences de décisions que nous n'avons pas prises et auxquelles nous avons jamais le moindre mot à dire ?
Là où l'avenir est si imprévisible, je ne me sens pas de jouer au David et au Goliath.
Par contre, pourquoi pas s'approcher de ce nouveau commerçant et lui proposer une démarche éco-responsable ? Des jardinières citoyennes pour une devanture verte ? Une démarche purement humaine est toujours dans nos moyens.
Angelika Gross
savez-vous quelle est la personne qui implante Five Guys à Paris ?