Web
Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Salle de conso : un rapport parlementaire édifiant

Nous vous l'avions annoncé en décembre dernier (cf. notre article du 29 décembre 2013), l'Assemblée Nationale, via la commission des Affaires sociales et la commission des Lois constitutionnelles, a confié aux députés Anne-Yvonne Le Dain, députée de la 2e circonscription de l'Hérault (PS) et Laurent Marcangeli, député de la 1ère circonscription de Corse du Sud (UMP) la préparation d'un rapport d'évaluation à propos des politiques publiques en matière d'utilisation de substances illicites. Ce rapport vient d'être publié sous le titre

"L'augmentation de l'usage de substances illicites : que fait-on ?"

(lien avec le rapport complet).

A beaucoup d'égards, ce rapport est édifiant. Son but est clair : quels sont les impacts, quelle est l'efficacité des politiques publiques suivies depuis la loi de 1970 qui interdit le port et l'usage de produits illicites, en clair de drogues? On sait que cette loi de 1970 est extrêmement répressive. Mai 68 et son cortège de hippies fumant du cannabis ou pire se shootant au LSD sont passés par là et la majorité gaulliste d'alors s'est empressée de mettre en place un système répressif sévère, espérant endiguer une bonne fois pour toute un phénomène - la consommation de drogues - qui allait croissant. Force est de constater que cette loi ne sert à rien. Malgré les 153 000 interpellations faites en 2013 pour usage de cannabis, la France, ou plutôt les Français, demeure le pays d'Europe où il s'en consomme le plus.

Télécharger la synthèse du rapport

En gros, que nous dit ce rapport ?

- la politique de lutte contre l'usage de substances illicites en France coûte 2 milliards d'€ par an dont 850 millions pour la seule application de la loi et seulement 300 millions pour la prévention. A eux seuls, ces deux montants en disent long sur l'erreur que commet notre société en ne pensant que répression quand il s'agit de drogues ;

- héroïne et cocaïne présentent des niveaux d'expérimentation et de consommation assez faible en proportion de la population générale mais la tendance est à la hausse ;

- les programmes de prévention doivent être revus, notamment auprès des jeunes. Le rapport préconise une rationalisation des programmes de prévention délivrés par police et gendarmerie mais le citoyen n'est-il pas en droit de se poser la question de savoir si ces deux entités police et gendarmerie sont les mieux placées pour s'adresser aux jeunes sur un tel sujet ?

- la politique de réduction des risques a fait ses preuves mais sur les salles de consommation à moindre risque, les deux rapporteurs divergent

 

Rapport parlementaire usage de drogues.png

Cliquez sur la photo pour l'agrandir

Comme on pouvait s'y attendre, la députée socialiste défend ce type de structure alors que le député UMP s'y oppose. Contrairement à ce qui est prévu dans le projet de loi actuellement en discussion au Parlement, A-Y Le Dain préconise une expérimentation de 18 mois alors que le projet de loi indique 6 ans. M. Marcangeli se déclare lui contre ce type de structure avec les arguments classiques des opposants. Néanmoins, un point mérite attention. Il s'agit "des incertitudes concrètes sur le positionnement des forces de l'ordre aux abords des salles". C'est là une question cruciale qui n'a toujours pas reçu de réponse à notre connaissance.

Ce rapport ne fait qu'une chose : démontrer l'inefficacité des politiques répressives suivies jusqu'à maintenant. Leur coût est faramineux pour des résultats médiocres. La lutte contre la drogue, la lutte contre l'addiction à la drogue, absolument nécessaires, doivent prendre un autre chemin. Nous devons avoir une autre approche de la question. La réduction des risques liés à l'usage de drogues ne résoudra pas le problème mais la salle de consommation à moindre risque doit faire partie de cette nouvelle approche.

 

Commentaires

  • Pour en revenir au quartier, il y a de nouveaux paramètres dans ce dossier. La situation s'est récemment très dégradée aux alentours de l'emplacement programmé de la SCMR : important et désormais permanent campement de migrants, marché sauvage, avec tout ce que cela implique.

    Si la municipalité et Action Barbès persistent dans leur projet, il conviendrait d'abord de rétablir des conditions élémentaires pour sa réussite : on ne peut rien construire, et surtout pas un projet aussi délicat, dans un secteur qui est devenu une zone de non-droit, où l'autorité de l'Etat est plus que défaillante.

    Ce serait une erreur criminelle, tant vis-à-vis des usagers concernés que du voisinage et du quartier.

  • @JD : Vous voudrez bien noter que le projet de cette salle d’injection supervisée n’est pas un projet d’Action Barbès, c’est un projet du ministère de la Santé et de la ville de Paris. Il n’est pas utile de rappeler dans ce commentaire pourquoi nous le soutenons mais nous ne sommes pas à l’initiative de celui-ci.

  • Effectivement, c'est un projet soutenu, et fortement soutenu, par AB. Peut-être à très juste titre, mais cela vous donne une grande responsabilité, en particulier quant à l'impact de la SCMR sur le quartier.

  • JD, je ne vous connais pas, mais je vous aime beaucoup et suis 100% d'accord avec tous les commentaires que vous laissez sur ce blog depuis le début!! MERCI

Les commentaires sont fermés.