La semaine dernière, une trentaine d'habitants des rues Caplat, Charbonnière, Goutte d'or, Polonceau, pour l'essentiel, se sont retrouvés dans un vaste hall d'immeuble pour faire connaissance. Une fête de voisins en quelque sorte, mais pas à la date habituelle. C'est le "ras le bol" de la situation aux abords de la placette Charbonnière mais aussi à l'entrée du métro Guy Patin les jours de marché et la nécessité d'engager des actions qui ont mobilisé.
Pétition, mails envoyés aux élus de l'arrondissement, à Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris chargée de la Prévention et de la Sécurité, n'ont pas permis d'avancer malgré des réponses et une promesse de rendez-vous. Alors que faire ? Comment agir efficacement ? Pas question ce soir-là d'en débattre et de se mettre d'accord, mais davantage de créer des liens pour s'organiser ensuite.
Les photos qui montrent l'insupportable situation du micro-quartier exposées
Pour prendre connaissance des messages adressés aux élus
Action Barbès était invitée pour présenter ses actions et sa ligne directrice de fonctionnement. Travailler sur l'espace public et notamment sur le projet de promenade urbaine entre Barbès et Stalingrad peut être une des pistes pour améliorer la vie de ce micro-quartier. Pour celles et ceux que cela intéresse, la discussion pourra se poursuivre lors de notre Assemblée Générale du 12 novembre à la salle Saint-Bruno. Ensuite, les habitants s'organiseront comme ils le souhaitent. Pour certains, ils ont néanmoins d'ores et déjà dans l'idée de s'investir activement avec Action Barbès et proposer des projets constructifs pour améliorer leur micro-quartier. De notre point de vue, une chose est sûre, les problèmes d'occupation des espaces publics ne se résoudront pas en les repoussant un peu plus loin.
Quoiqu'il en soit, la réunion fut fort sympathique, la sangria ainsi que le couscous étaient au programme.
Commentaires
Voici la réponse du maire du 18ème envoyée aux pétitionnaires
Madame, Monsieur
Vous avez récemment signé une pétition sur les différentes nuisances occasionnées par l’activité de groupes d’individus à proximité des rues Caplat et Charbonnière, ainsi qu’aux abords de la station de métro Barbès-Rochechouart. J’ai demandé que ce courrier vous soit adressé via le site change.org, n’ayant pas la possibilité de vous contacter tous individuellement.
Si sur un strict plan légal, ni le Maire d’arrondissement, ni le Maire de Paris ne disposent de pouvoirs de police qui relèvent intégralement, à Paris, de la Préfecture de Police, les questions de tranquillité publique sont au cœur de l’action de ma municipalité. Sans être directement en compétence, mon adjointe chargée de la prévention et de la tranquillité publique, Sarah PROUST et moi travaillons au quotidien avec la Préfecture de Police et le Commissaire du 18e dans une démarche partenariale car nous avons à cœur de pouvoir vous aider à répondre aux difficultés que vous rencontrez.
Je connais bien la situation que vous évoquez, celle-ci a notamment conduit le Ministre de l'Intérieur à intégrer cette zone dans la Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP) du 18ème arrondissement il y a deux ans, avec une mobilisation très importante des moyens de l’ensemble des services de l’Etat. Ainsi, les débits de boisson problématiques ont fait l'objet de fermetures administratives. Sur la voie publique, des interpellations fréquentes pour recel sont réalisées par les services de police sur le secteur de la rue Caplat. A titre d'exemple 36 personnes ont été interpellées pour ce motif et à cet endroit au cours des 14 derniers jours.
Au cours des derniers mois, au prix d'un travail constant des forces de l'ordre de 7h à minuit, les ventes à la sauvette ont très fortement reculé. Cette stratégie claire et assumée de reconquête progressive et continue de l'espace public porte désormais sur la placette située à l'angle des rues Caplat et Charbonnière où tentent de se réfugier en vain les receleurs de toute nature. Cette action se fait au prix d'un engagement quotidien des fonctionnaires de police, dont certains sont blessés en mission.
Les interpellations de receleurs et les enquêtes sur le trafic de cigarettes se poursuivent à une intensité sans cesse plus forte sur ce secteur désormais très réduit (pour mémoire les effectifs du commissariat du 18e arrondissement ont mis en cause récemment un trafiquant condamné en comparution immédiate à 6 mois de prison ferme et au domicile duquel ont été retrouvés 1000 paquets de cigarettes). La progression des affaires de trafic de stupéfiants (médicaments notamment) y est également considérable cette année (+89 %) et les actions des services de police ont pratiquement chassé les revendeurs de médicaments de cette partie du quartier.
Dans le prolongement des actions entreprises sur le carrefour Barbès, et à l'angle Islette/Chapelle, depuis 15 jours, des opérations quotidiennes sont réalisés par le commissariat du 18ème arrondissement chaque soir, engageant à chaque fois près de 25 fonctionnaires dont la brigade cynophile. Enfin des opérations de lutte contre l'immigration irrégulière y sont aussi réalisées régulièrement et se poursuivront sur ce quartier.
Telles sont les informations que je tenais à vous communiquer. Soyez assuré que mon équipe suit ce dossier complexe avec la plus grande attention.
Eric Lejoindre
Je suis riverain de cette placette et il est clair que la situation s'est beaucoup tendue depuis quelques mois. Impossible pour une femme de traverser cette foule immense qui fait presque peur à tout le monde. Les mains baladeuses sont monnaie courante.
Les vols de portable et collier arraché trop quotidiens.
La réponse du maire est très limitée aux actions de police. Je ne connaissais pas Eric Lejoindre avec ce petit côté droitier/sécuritaire. Bien sûr qu'il faut de la police mais pas uniquement de la police et des contrôles. Il faut la déployer intelligemment cette police ce qui est loin d'être le cas. Les CRS n'interviennent hélas jamais et restent dans leur camion de 12h jusque 17h. A 17h, la foule sur la placette commence à être compacte et cela devient un enfer. Personne n'agit sauf quelques riverains désespérés de ne plus pouvoir inviter leurs amis chez eux entre 17h et 21h. La police tente parfois de faire des interventions mais sans réel succès, soyons honnêtes.
Le maire, qui dit que sur un plan légal, il "ne dispose pas de pouvoirs de police qui relèvent intégralement, à Paris, de la Préfecture de Police", il ne faut pas qu'il oublie que le réaménagement de l'espace public est dans son domaine de compétences.
Pourquoi ne pas imaginer un bar sympa avec une terrasse sur cette place pour réapproprier l'espace public aux gens du quartier? Le propriétaire du "Royal Bar" qui donne sur cette place chercherait à vendre depuis 4 ans mais ne trouve aucun acquéreur tous effrayés par cette foule quotidienne. Avec en prime une vue sur le métro aérien, et bientôt la promenade urbaine ce serait top!
Alors, Monsieur Lejoindre, soyez créatif, les anciens remèdes (Police) peuvent apporter un début de réponse, mais, nous riverains, attendons autre chose : de l'audace et de la volonté politique!