Autant d'expressions et de qualificatifs pour désigner ces bestioles discrètes mais nombreuses qui font des ravages, sont futées et se reproduisent à vitesse V si on les laisse faire...
Dans le quartier, notre première rencontre, c'est à dire entre Action Barbès et Monsieur Rat de Paris... ce fut pendant l'hiver 2011-2012 (lire ici ou là nos articles d'alors) dans le cadre de la fermeture du square Jessaint. En effet, celui-ci situé en contrebas du boulevard de la Chapelle et partie intégrante de la place du même nom, est régulièrement habité par la gente rongeuse. Certains mettent en cause le lieu qui accueille quotidiennement les pique-nique de groupes peu enclins à ramasser les reliefs de leurs repas (les reliefs en hommage à la fable de La Fontaine, mais pas d'ortolans toutefois). Plus prosaïquement, des détritus alimentaires laissés habituellement au sol attirent les rongeurs et favorisent leur sédentarisation dans ce square, qui par ailleurs regorge de recoins et de zones où ils sont difficiles à chasser. Ils vivent sous terre et les services aimeraient qu'ils y restent. Nous n'évoquerons même pas les âmes sensibles qui nourrissent abondamment les pigeons sur la passerelle... autre source d'approvisionnement. Néanmoins, le Smash, service municipal d'actions de salubrité et d'hygiène, s'y consacre, consacre du temps et des moyens, et a déjà fermé le square pendant de longues périodes pour que son travail ait quelque chance d'être efficace. L'est-il ? Sur le long terme, il semble que non, puisque les agents de la déchetterie installée sur le terre-plein central du boulevard chassent les rats tous les matins en arrivant sur leur lieu de travail. Accueil déplaisant, reconnaissons-le !
De l'autre côté de la déchetterie, toujours sur le terre-plein central, sous le viaduc, existe une zone délimitée par un grillage de clôture (lire un « enclos sous le viaduc » en mars 2011 déjà), a priori fermée par une porte, qui toutefois laisse un passage relativement grand au niveau du sol. Suffisant pour passer soi-même dessous et aussi passer des cartons, des matelas, etc... En d'autres termes, les campements de fortune s'y succèdent depuis quelques années. Cette zone plusieurs fois évacuée (ici en novembre 2010 et plus tard, à la suite d'un départ d'incendie dont les flammes léchaient le viaduc), est de nouveau occupée par des couchages rustiques. L'hiver, il y fait très froid. Cette partie sous-viaduc est balayée par les vents du nord, aussi bien au-dessus qu'au-dessous, puisque nous sommes là sur un pont, le pont Saint-Ange qui enjambe les voies de la gare du Nord.
Le viaduc au-dessus des voies de la gare du Nord : Pont Saint-Ange
Ici aussi, l’existence d'un campement et de lieux de vie génère la présence de détritus alimentaires propices à la venue des rongeurs, puisque tout reste sur place. Aucune collecte des déchets, aucun nettoiement possible : la zone est censée être inaccessible. Encore récemment elle était cachée derrière des palissades... qui elles-mêmes cachaient quelques matelas.
Peut-être faudrait-il sortir de cette hypocrisie et arrêter de cacher ce qui ne peut plus l'être : la misère, la précarité. On ne peut empêcher des sans logis de s'installer dans ce secteur ? Laissons-le au moins accessible pour le service de propreté. Laissons-le ouvert à tous les vents — c'est déjà le cas pour le vent du nord — et oeuvrons au moins contre la prolifération des rongeurs en ramassant ce qui peut l'être, en proposant des corbeilles là-aussi, en balisant les accès aux sanisettes et aux points d'eau. Les conditions d'hygiène resteront plus qu'insuffisantes, mais y gagneront néanmoins. En attendant mieux, évidemment...
Pour revenir aux rats, il ne faudrait pas incriminer les seuls précaires et leurs campements dans les squares ou sous les viaducs. Les marchés alimentaires ont aussi leur responsabilité dans l'histoire. Les halles de Paris quittaient la capitale en 1969 et emportaient avec elles un gros contingent de bestioles, mais il n'en reste pas moins que le stockage localisé et temporaire de denrées alimentaires est un critère favorable à la prolifération des nuisibles, et pas seulement les rats. L'axe Chapelle - Barbès est occupé deux fois par semaine par un vaste marché alimentaire qui s'établit aux premières heures de l'aube sur une bande d'environ 300 mètres de long et se termine officiellement vers 14 heures. Entrent en scène, après le départ des marchands, les services de la Propreté qui à grand renfort de jets d'eau remettent de l'ordre dans l'espace public. Sauf que depuis plusieurs années maintenant d'autres petits marchés lui succèdent et laissent le territoire jonchés de déchets variés, pas uniquement alimentaires, reconnaissons-le. Il règne une certaine saleté qui peut favoriser les nuisibles. Les services de la Propreté ne sont pas forcément en cause, d'autant que les nettoiements d'après-marché sont assurés par une brigade spéciale, bien équipée, avec des engins mécaniques qui permettent de rendre à l'espace public son aspect originel d'avant-marché. C'est malheureusement sans tenir compte des centaines de marchands à la sauvette qui évoluent sur ce territoire en fonction des mouvements des forces de police présentes sur place. En résumé : je nettoie, tu déposes au sol ta toile et tes produits, le policier arrive, tu te sauves en laissant une partie des articles, au moins les emballages, le policier repart mais moi aussi je suis parti.... le prochain passage de balai, ce sera pour demain.
Même l'hôpital Lariboisière se plaint de la présence des rats dans son enceinte. Au niveau de l'hygiène et des conditions indispensables d’asepsie, ce n'est pas idéal. On lutte, on dépense énergie et budget qui seraient mieux utilisés ailleurs qu'à ces combats ancestraux contre les nuisibles. Et pourtant... le 13 juin, Libération consacrait un article assez long sous la plume de Sylvain Mouillard à un reportage décrivant une matinée avec la police anti-rats.. Cela laisse rêveur, une police anti-rats, non ? On y apprend que la préfecture de police lance sa campagne de dératisation entre la mi-avril et la mi-juin, chaque année. Nous vous en conseillons la lecture pour clore le sujet. C'est là.
Vous ne verrez plus du même œil les factures de charges liées aux contrats de dératisation qu'on a souvent tendance à trouver un peu chers...
Qui ne connaît pas la boutique située non loin de la place Sainte-Opportune ? toujours prête à donner des conseils en cas de problème domestique avec des visiteurs non invités.
Pour les copropriétés, n'hésitez à joindre le Smash :
Siège du SMASH : 11 rue George Eastman, 75013 Paris , Tél. : 01 44 97 87 97 - Fax. : 01 44 97 87 75, Privilégier le contact mail : smash@paris.fr
Antenne Nord 66 rue de Meaux - 75019 Paris - Tel. : 01 40 33 74 50
Sections de Désinfection, d’Assainissement, de Désinsectisation et de Lutte contre les Rongeurs, Collecte et ramassage des Objets Contaminants (tout Paris) : 2e, 3e, 8e, 9e, 10e, 11e, 17e, 18e, 19e et 20e arrondissements
La campagne de dératisation sur le site de la PP
UNPA = unité de prévention des nuisances animales
Commentaires
Article intéressant à ce détail près qu'il omet un facteur conséquent quant au nourrissage des rats. En effet, la nourriture donnée aux pigeons par quelques bonnes âmes présente l'inconvénient majeur d'âtre également un régal pour les rats. Le phénomène est assez récurrent à Paris. Le Square de Jessaint jouxtant le pont st Ange du boulevard de la Chapelle en est la meilleure preuve. Régulièrement fermé pour dératisation, il est très vite infesté par de nouveaux rats attirés par la nourriture copieusement distribuée quotidiennement par une vieille dame. Cette vielle dame, déçue par ses congénères et préférant les animaux, reste hermétique à toute explication sur les conséquences de son geste quotidien qui nourrit plus surement ses "amis" à quatre pattes que ceux ailés. Les services de la ville dératisent et la vieille dame "reratise" et ainsi de suite, créant un cycle sans fin… Une véritable histoire de Shadok.
PS, le blog en parlait déjà en 2012 http://actionbarbes.blogspirit.com/archive/2012/12/03/il-y-a-toujours-des-rats-dans-le-square-jessaint.html
Eh ! Jean-Raf : il faudrait ne pas lire trop vite ! !
et ça
"Nous n'évoquerons même pas les âmes sensibles qui nourrissent abondamment les pigeons sur la passerelle... autre source d'approvisionnement. "
qu'est-ce que c'est ??
On en a parlé maintes fois dans le blog, avec photos à l'appui, et des rats, et des pigeons sur cette passerelle ! Des vieilles dames butées sur leur amour pour les pigeons, qui se marient maintenant avec les mouettes, ou quelque chose d'approchant.
Mais il nous est arrivé une fois de voir un homme, à vue d'oeil natif de la péninsule indienne — désolée pour l'approximation au faciès — qui renversait un sac plein de quignons de pain et de restes de riz cuit. On sait la passion des habitants de l'Inde pour les volatiles. Chez nous, ce n'est pas un geste à reproduire pourtant. On n'a pas pu lui expliquer que ce n'était pas opportun, faute d'une langue commune.