On pouvait lire dans Le Monde du 17 mai :
La société d'arts créatifs Rougier et Plé, principal candidat à la reprise des magasins Virgin Megastore, en redressement judiciaire, a retiré son offre.
Vendredi 17 mai, l'intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et SUD) a indiqué dans un communiqué que "Rougier et Plé ne présentera pas d'offre de reprise pour Virgin, laissant sur le carreau les onze magasins sur lesquels il s'était positionné", soit 285 salariés sur les 960 employés par Virgin Megastore.
"VIRGIN EST MORT"
Nous ne savons plus si le magasin du boulevard Barbès faisait partie des onze magasins sélectionnés par Rougier & Plé, mais maintenant cela ne fait plus aucune différence. Il n'y a plus de repreneur de la licence : ils étaient les seuls à vouloir conserver l'activité telle qu'elle était, mais ils n'ont pas pu faire aboutir la négociation avec les propriétaires bailleurs des murs. Ils abandonnent. C'est le 23 mai que le tribunal de commerce devait examiner les offres alternatives, puis deux semaines plus tard, rendre sa décision. Il a donné un peu plus de temps aux éventuels repreneurs, mais ce nouveau délai est-il de nature à améliorer la situation ?
Lors des réaménagements des boulevards autour du carrefour Barbès, au début des années 2000, les habitants avaient accueilli avec plaisir l'annonce de l'implantation de cette enseigne de biens culturels — pas uniquement d'ailleurs — elle signifiait que sa direction misait sur la reconquête d'un quartier jusque là majoritairement marqué par les boutiques de téléphones mobiles, repoussant dans les rues adjacentes les bazars traditionnels. Avaient suivi La Grande Récré, puis sur le boulevard de Rochechouart, Célio, et Darty, un peu plus loin. Des supermarchés aussi se sont implantés çà et là, avec une allure plus élégante (Franprix, Monop', Carrefour City ou Market), le tout tendant à modifier à la marge l'image de notre quartier. Vano a brûlé, exit les ventes discount, même Tati a rentré petit à petit ses bacs débordant de textiles divers.
La fermeture de Virgin a été évoqué par Daniel Vaillant, maire du 18e, en avril au cours du Comité de pilotage Barbès. Il était inquiet de la prochaine disparition de l'enseigne, mais espérait pouvoir peser sur la décision du propriétaire bailleur de l'immeuble situé à l'angle du bd Barbès et de la rue Christiani, un nom connu de tous dans le 18e : Paris Habitat. "On ne pourra pas aider les salariés de Virgin, mais on sera vigilant au type de commerce qui va s'installer là" avait-il déclaré. Le risque est sans doute que le groupe Vivarte (regroupement de plusieurs enseignes de chaussures et prêt à porter) ne jette son dévolu sur ce coin de rue prestigieux. Levez la tête et regardez la qualité du bâti, si vous trouvez ce qualificatif trop pompeux...
Commentaires
Virgin une "belle aventure" ? Une chaîne multinationale appartenant à Lagardère et à des fonds d'investissement ? (après tant de rachats et reventes, on ne sait même plus à qui cela appartient, d'ailleurs). La marchandisation de la culture, le divertissement de masse, le slogan "la culture du plaisir", les "espaces culturels" dans les Leclerc et les Carrefour, vous trouvez cela une "belle aventure" ? Connaissant votre blog, cela m'étonnerait, je pense donc qu'il s'agit d'un malentendu :-))
Certes c'était moins pire qu'un énième magasin de téléphones, et surtout cela donnait du travail à des tas de gens, mais enfin...
Désolée mais connaissant les difficultés des librairies indépendantes et de tous ceux qui essayent de faire de la vraie culture, je ne peux pas pleurer sur le sort de Virgin...
Oh, on se calme. Virgin Barbès, la fin d'une belle aventure. C'est le titre de l'article. L'aventure, ce n'est pas Virgin, mais Virgin à Barbès ! Ce n'était pas gagné de faire venir une enseigne commercialisant des livres et des supports musicaux à Barbès, au milieu des valises et des téléphones. Il faut se remettre dans le contexte. Alors, oui, je maintiens, cela a été une belle aventure pour les salariés qui ont travaillé là pendant quelques années.
Maintenant il est plus probable de se retrouver avec des fringues ou des chaussures à la place de cette enseigne de "divertissement de masse", comme tu le dis... Je ne pleure pas sur le sort de Virgin. Mais je m'inquiète que les investisseurs ne voient les habitants du quartier que sous le prisme de leur propension à acheter des vêtements, et de piètre qualité. Il me semblait que le regard des capitalistes à la tête de Virgin faisaient preuve de plus d'optimisme.
La résistance d'organise. Pour la défense des intérêts des salariés.
Nous suivons le dossier. Lu dans regards.fr de ce jour
source : http://www.regards.fr/web/Virgin-Barbes-la-culture-de-l,6765
Le magasin Virgin de Barbès est occupé par les salariés depuis le 11 juin. Un mouvement qui touche d’autres sites en France. Les « gilets rouges » sont déterminés à obtenir un plan social conséquent en l’absence de repreneur. Les 26 Virgin Megastore sont condamnés entraînant 1 000 suppressions d’emplois.
Les rideaux de fer sont tirés mais on devine de la lumière à l’intérieur. Sur le côté, une porte est ouverte, une affiche faite main : « Les salariés doivent être les premiers créanciers ». Depuis mardi 11 juin, les salariés du Virgin boulevard Barbès à Paris occupent leur magasin pour obtenir « un plan social à la hauteur ». Au total, ce sont 5 sites : Paris-Champs Elysées, Paris-Barbès, Paris-Grands Boulevards, Strasbourg, Rouen, qui sont occupés. La direction de Virgin Megastore a fermé de manière anticipée les autres sites pour prévenir l’extension du mouvement. Le Tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire de l’enseigne le 10 juin.
A Barbès, à proximité immédiate du quartier populaire de la Goutte d’or, les salariés se sont organisés. Les 28 « gilets rouges » employés sur ce site participent au mouvement, assurant la présence de 15 à 20 d’entre eux en journée mais aussi la nuit. Au rez-de-chaussée, ils ont créé leur chambre, avec matelas gonflables, couvertures et duvets. Les visages sont souriants malgré tout, heureux d’être là, ensemble. « Je n’ai jamais vu une telle détermination ni une telle unité », se félicite Julien, 40 ans, militant syndical. Quand l’un va chercher une boisson, il propose d’en amener aux autres. Au niveau national aussi, les syndicats sont unis comme jamais.
Lundi 10 juin, le Tribunal de commerce a annoncé qu’aucun projet de reprise n’est retenu, prononçant la liquidation judiciaire de l’enseigne culturelle. Les 1 000 salariés et les 26 magasins de Virgin sont donc condamnés. Si, çà et là, les salariés font émerger des projets pour leur magasin comme à Barbès ou à Marseille, la lutte a d’abord pour objet d’obtenir l’abondement du plan social. A l’heure actuelle, les actionnaires ont confirmé 6 millions d’euros, les salariés en demandent 15 pour permettre le reclassement des salariés.
La mobilisation qui se maintient à haut niveau depuis janvier a permis d’obtenir de Butler Capital Partner, actionnaire majoritaire, la promesse de 2 millions d’euros supplémentaires. Manquent 7 millions pour faire la clôture du plan revendiqué par les syndicats. Or, 7 millions, c’est précisément ce qu’ont rapporté les « soldes de la honte », cette opération sur 3 jours qui a vu les magasins rouges et blancs dévalisés par des « zombies » selon le mot de Namia, libraire à Barbès. « Ce ne sont pas les clients habituels qui sont venus, racontent Namia et Julien. On a retrouvé nos marchandises dans les magasins des alentours. »
A Barbès, la clientèle de Virgin est composée d’habitués, dont certains viennent apporter un mot d’encouragement, un sourire. Des attentions qui permettent aux salariés de tenir. Leur cible actuelle demeure Arnaud Lagardère, actionnaire désormais minoritaire mais qui a été propriétaire de la chaîne de 2002 à 2008. L’intersyndicale exige qu’il participe au plan social, le tenant pour responsable des déboires de l’enseigne culturelle. Selon des sources internes au groupe Lagardère, le golden boy français reconnaîtrait cette responsabilité, disposerait des fonds pour répondre aux demandes des « gilets rouges » mais ferait de son refus de le faire une question de principes.
Les salariés qui occupent les magasins en ont donc appelé aux politiques pour se faire entendre. Les élus parisiens du Front de Gauche se succèdent dans les locaux du boulevard Barbès. Ian Brossat et Danielle Simonnet sont en pointe sur le dossier. Ian Brossat, élu du 18e, a déposé un vœu au conseil d’arrondissement pour que la Ville de Paris fasse pression sur les actionnaires. Il réclame aussi que la municipalité prenne toutes les mesures afin que ce magasin, dont les murs lui appartiennent au travers de l’OPAC reste dévolu au commerce culturel. Dans un coin du magasin, Didier Le Reste appelle ses camarades cheminots pour faire livrer boissons et vivres. La solidarité a de multiples visages. Elle permet aux salariés de Virgin de garder le sourire en attendant lundi. Ce jour-là, ils se rendront au Tribunal de commerce qui rendra l’application de sa décision.
dernière info :
Virgin officiellement placée en liquidation judiciaire
Après avoir refusé deux offres de reprise le 10 juin, le tribunal de commerce de Paris a prononcé lundi la liquidation judiciaire de l'enseigne culturelle, qui emploie 960 salariés en France. (AFP)