Pas au sens où on l'entend habituellement, c'est à dire au niveau du nombre des entrées. Ou bien il faudrait dire : l'été profite au cinéma quand il est pluvieux !
Non, nous parlions des tournages dans les rues de Paris. On pouvait lire la semaine dernière dans le Parisien sous la plume de Benoît Hasse : "Depuis le 1er juillet, les tournages de 34 longs-métrages, 7 téléfilms et une quinzaine de séries ont débuté un peu partout dans la capitale, sur la voie publique ou dans différents bâtiments transformés en studios provisoires. "
Tous ceux qui ont vu Midnight in Paris de Woody Allen, tourné l'été dernier, ont pu admirer bien sûr Paris la nuit, un peu façon cartes postales, et les critiques ont été diverses sur ce thème, mais beaucoup de touristes notamment américains n'ont-ils pas cette image en tête? Paris historique, Paris romantique, Paris "cartes postales".... et Paris, toujours en tête des villes les plus visitées au monde, d'après les données rendues publiques récemment. Woody Allen a surtout filmé les beaux quartiers, le charme de la pierre de taille sous la lumière jaune des lampadaires. On emporte moins fréquemment les caméras sur les hauteurs de Belleville ou entre les tours du 13e. J'ai toutefois vu cet été un vieux film de Gilles Grangier, dans lequel Lino Ventura est vendeur de journaux - il dit crieur -, 125 rue Montmartre (1,69 million d'entrées !) qui fait la part belle aux rues de Paris, d'abord le quartier de la presse, puis les quais et Passy, un autre Paris, celui des années 1950. Même en noir et blanc, on note la différence. Les immeubles sont encore bien noirs, le zouave est à sa place sous le pont de l'Alma, et Georges Pompidou n'est pas encore une voie sur berge.
Paris est une vaste scène qui offre des décors de qualité, y compris dans notre quartier. Christophe Honoré dans son dernier film Les bien aimés, sorti mercredi 24, a tourné dans la rue des Deux Gares, où il situe l'hôtel Kuntz, lieu de rencontre habituel de Catherine Deneuve ou de Ludivine Sagnier, selon l'époque. Sa caméra traverse la cour d'honneur de Lariboisière, passe sous les arcades pour suivre Chiara Mastroianni et Louis Garrel sur le boulevard de La Chapelle... Notre viaduc est beau au cinéma. Christophe Honoré présente et explique son film en direct dans cette petite vidéo, trouvée sur le site de la Ville, où il confirme bien qu'il aime tourner dans le Paris populaire, et tout particulièrement dans le haut du 10e.
Christophe Honoré présente "Les Biens-aimés" par mairiedeparis
Les Parisiens se plaignent souvent des tournages qui perturbent le stationnement et leurs habitudes. C'est pourquoi la Mission cinéma fait de son mieux, y est attentive et autorise plutôt en été les grandes productions qui entraînent des fermetures de rues ou des interdictions de circuler. C'est ce que dit Michel Gomez, délégué général de la Mission cinéma, dans l'interview du Parisien.
Quelques articles-sites sur le sujet :
Cigalle magazine en 2009 sur les tournages à Paris, inerview de Michel Gomez, tarif des sites, etc.
Des tournages aussi en Ile-de-France, avec des productions chinoises.
Galeries d'images d'Inception filmées à Paris.
Et enfin sur le site de la Ville de Paris, des parcours de films tournés à Paris.
Commentaires
Je viens de m'amuser à parcourir les 13 parcours cinéma publiés sur le site de la ville de Paris :
Sur un total de 81 lieux que précisent ces fiches, seuls 19 se trouvent au delà de la ceinture des fermiers généraux (lignes 2 et 6 du métro). Mention spéciale pour La Môme avec 5 lieux sur 6 situés à l'extérieur de cette ceinture. Cinq fiches parmi les treize n'en n'ont aucun.
Si le cinéma se limite encore au Paris d'avant 1860, on comprend le chemin qui reste à parcourir pour que la notion de Grand Paris entre dans les esprits.
Ce que dit Manuel n'est-il pas tout simplement le résultat de l'histoire de la ville ? Est-il inconvenant de dire que la concentration de lieux particuliers susceptibles d’intéresser le cinéma favorise les arrondissements les plus centraux ? Il y a bien sûr des exceptions comme Belleville, Ménilmontant, Montmatre ou la Butte aux Cailles.
Cette remarque me fait penser que si encore aujourd'hui on ressent une différence entre les arrondissements d'avant et d'après la réunification de 1860, alors le Grand Paris n'est pas encore fait ! les vraies barrières sont elles dans les têtes ?
Ajoutons que le cadre est lié à l'histoire que raconte le film. S'il met en scène des quartiers populaires actuels ou des architectures modernes, le réalisateur les trouvera dans des villes peut-être plus faciles d'accès, moins chères... d'où le nombre de tournages délocalisés dans les pays d'Europe centrale. En revanche, si l'histoire évoque Paris, de la Belle époque ou d'une autre, il vaut mieux que la vue soit rapidement identifiable, d'où les quartiers historiques et les monuments connus dans le monde entier.
Et pour répondre à Didier : qui parle actuellement du Grand Paris ou de Paris métropole ? Enjeu déjà en berne ? Pourparlers et négociations discrets pour le moins...