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Logement social et mixité sociale : face à la réalité

Le logement et la mixité sociale au dernier conseil de quartier Goutte d'Or Château rouge : vaste sujet, qui a permis d'entendre quelques déclarations intelligentes et circonstanciées, parmi des développements hors sujet, que le thème favorisait.

rue Myrha mars 2008 -4-.JPG

Pourquoi parler d'erreurs de la part de la mairie du 18e dans le choix des peuplements du quartier de la Goutte d'Or, quand son pouvoir d'attribution de logements n'excède pas une quarantaine par an, comme l'a expliqué Michel Neyreneuf, qui pour un deuxième mandat a accepté d'assumer la délégation au logement. Quel impact ont ces quelques familles sur les milliers de résidents déjà installés ? Aucun.

Le problème, c'est l'habitat insalubre, qui régresse trop lentement, malgré les efforts poursuivis par la municipalité, y compris du temps du RPR. C'est l'habitat dégradé, sans confort, où seuls les plus démunis acceptent encore de se loger. Or, ces immeubles appartiennent au parc privé. La Ville a tenté de mettre en place des aides et des structures pour amener les propriétaires à rénover et mettre aux normes les logements mis en location. Quand rien n'avance, elle use de son droit d'expropriation et de préemption, si le bien est mis en vente. Malheureusement l'éradication des poches d'insalubrité est longue, car elle relève d'une procédure légale qui passe par le relogement de tous les actuels locataires.

On voit bien dès lors que la mairie ne favorise pas la concentration de populations défavorisées, issues de l'immigration ou non, comme on lui a reproché dans la salle, ajoutant que son action irait à l'inverse de son souci affiché de mixité sociale. Il n'en est rien. Les programmes menés par Siemp, RIVP, Batigère ou Paris Habitat mélangent les catégories de logements, qui sont aidés à des niveaux différents. Michel Neyreneuf explique que, pour la première fois dans la Goutte d'Or, il y aura des logements PLS - ceux s'adressant à des revenus moyens, donc -, car la Ville s'était engagée, pour bénéficier d'un financement de l'ANRU (Etat), à ne construire que des PLUS dans le secteur Château-rouge. La mixité sociale y perdait, regrette-t-il, autant dans l'immeuble lui-même que dans le quartier. Rappelons parallèlement que la Ville n'est pas seule quand elle constuit du logement social. Ces programmes se font en partenariat financier avec l'Etat, les collectivités territoriales, la Caisse des Dépôts et Consignations, le 1% logement (part patronale à l'effort de construction), les caisses d'allocations familiales..., et tous en tirent un droit à se voir attribuer des logements, au proratat de leur participation.

Des participants ont toutefois exprimé leur inquiétude face à la montée des comportements violents au cœur du quartier, y compris à l'encontre d'adolescents qui se sentent intégrés. Pourquoi ? Y a-t-il réellement des problèmes d'insécurité ? Les familles remplissent-elles leur rôle ? Les adultes sont-ils encore présents ? Les enfants dans la rue sont-ils désormais en danger faute d'encadrement ? Ces remarques nous éloignent-elles vraiment du thème du débat ? Comme l'a fait remarquer un des animateurs de la réunion. Pas sûr.

On revient à l'habitat très rapidement, quand une mère de famille de six enfants exprime sa gratitude à Gertrude et à l'association Macadam, qui a toujours accueilli ses enfants pour les devoirs ou simplement pour les sortir de leur 35m2... Peut-on en déduire que l'habitat détermine en partie le comportement des jeunes ? En partie, oui. Il a des conséquences, il induit des habitudes, celle de la porte ouverte, par exemple... quand la tension est trop grande dans le foyer.

Vers la fin de la réunion, Abdel Madjid Kebe, membre du collège des habitants extra-communautaires du CQ, a recadré la problématique en des termes mesurés, qui ont permis de réconcilier tous les présents. Répondant à une remarque d'un habitant du quartier sur la composition de la salle, peu représentative de la diversité culturelle et sociale de la Goutte d'or que d'autres ont tendance à stigmatiser, voire à déplorer, ce jeune homme a calmement interrogé : « Mais, à qui la faute ? » « Ces instances de démocratie locale sont ouvertes à tous, offertes même, avec bienveillance, pour qu'on les investisse... Sachons en faire bon usage. Il nous faut admettre que la rue ici n'est pas un lieu sûr où nos enfants sont en sécurité, comme ils auraient pu l'être à Alger ou à Bamako, ou dans les villages, sous les yeux de la communauté, là où les adultes exercent une autorité, rappellent les règles du collectif à l'occasion. Rien de tout cela ici. Il faut en revanche un temps d'adaptation à des familles issues de milieu rural avant qu'elles intègrent les règles de la ville, celles d'un univers urbain. Il leur faut en apprendre les clés et ne pas entrer en opposition ou choquer les habitants qui ont toujours vécu en ville et qui parfois se sentent dépossédés de leur quartier.»

Quant à la gentrification observée (déplorée, dénoncée ?) par un des intervenants, Abdel a su souligner que les nouveaux propriétaires ont le droit de vivre tranquillement, comme tout un chacun : leur demande est légitime, elle devrait être partagée par tous les habitants, propriétaires ou locataires. L'intervention du président de l'association de locataires Léon 13 est allée dans ce sens : Immeuble livré en 2006, rapidement confronté à des problèmes de propreté, d'occupation des couloirs, puis de communication avec le bailleur, enfin une initiative lumineuse, la création d'une amicale entre locataires pour se parler et ensemble trouver des solutions... les comportements ont évolué, le vivre ensemble est devenu une réalité !

La mixité ne devrait pas être un handicap pour ce quartier, qui a vu de nombreuses vagues d'immigration le peupler et l'enrichir. Actuellement, le malaise vient davantage de la confrontation à la misère que de celle à l'étranger. Or, les immeubles délabrés restants sont des poches de misère, où les conditions d'existence des habitants ne sont pas optimales pour donner une éducation de qualité aux enfants et transmettre les règles nécessaires à la vie collective.

rue Myrha mars 2008 -1-.JPGrue Myrha mars 2008 -2-.JPGrue Myrha mars 2008 -5-.JPG

rue Myrha mars 2008 -3-.JPGLe processus est enclenché, l'insalubrité régresse. On est peut-être sur le bon chemin. Ajoutons à cela une meilleure communication entre les uns et les autres, susceptible d'apporter des apaisements et des comportements plus adaptés.

 

Nota : les photos de cet article datent de mars 2008, elles témoignent de ce qu'était la rue Myrha. Le printemps aidant (les photos sous la pluie... bof), nous vous proposons un reportage dans les prochaines semaines sur les transformations, en essayant de retrouver ces emplacements. Certaines de ces friches ont acceuilli pour quelques mois des jardins éphémères, des jardins partagés.

 

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