Nous avions déjà raconté les difficultés opérationnelles liées à la mise en place du nouveau Vélib’ dans notre article du 19 février. Il est temps de faire un bilan sur les 3 premiers mois de (dis)fonctionnement du nouvel exploitant Smovengo.
Les chiffres au 31 mars 2018 sont impitoyables : 527 stations mises en service contre 1397 promises, soit un taux d’équipement de 37 % à peine dans l’ensemble du territoire desservi (67 communes) et de 47 % à Paris intra-muros. En réalité, ce chiffre cache des disparités importantes entre les différents arrondissements : si 1 station sur 2 est déjà fonctionnelle dans le 18e arrondissement, avec 7 nouvelles bornes prévues en avril, le ratio tombe à 1 sur 3 dans les 9e et 10e arrondissements, où aucune ouverture supplémentaire n’est prévue avant mai/juin 2018.
La situation dans le secteur de Barbès est loin d’être satisfaisante. Les stations au métro Barbès et au carrefour La Chapelle–Tombouctou–Maubeuge sont encore en suspens, à cause des travaux sur le viaduc du métro aérien, et le chantier pour la grande station rue Ambroise Paré vient tout juste de commencer. Les utilisateurs motivés sont obligés de se rendre rue Gérando ou au square d’Anvers côté 9ème, rue de Dunkerque ou rue Saint-Vincent de Paul côté 10èm .
Dans le secteur Goutte d’Or–Château Rouge, il n’y a pas à se plaindre, pour une fois : les stations rue de la Goutte d’Or, Stephenson/Doudeauville, Stephenson/Lépine et Custine/Ramey ont été parmi les premières à être réactivées, suivies quelques semaines après par celles de la rue Poulet, Marcadet/Barbès et Ordener/Poissonniers.
Station angle Jean-François Lépine/Stephenson
Les petites stations rue Léon et rue Cavé sont déjà en travaux, tout comme celle de larue de Chartres. Grande absente, l’ancienne station Clignancourt devant le Carrefour Market, dont l’ouverture ne devrait intervenir qu’à l’été 2018.
Station rue de Clignancourt
Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris chargé des transports et déplacements, a fourni quelques explications en marge de la réunion publique sur le Plan Vélo pour l’axe Est-Ouest du 18e : "les élus réunis dans le syndicat Vélib' ont fait preuve d’un manque d’anticipation sur les difficultés opérationnelles liées à la transition entre les deux opérateurs" (voir notre article du 27 mars). Le scénario de déploiement progressif du nouveau Vélib’ entre octobre et décembre 2017 était irréaliste et s’est confronté à un certain nombre de freins techniques et d’organisation tout à fait prévisibles. Par ailleurs, le Code des Marchés interdit à la Ville d’intervenir sur le terrain aux côtés des opérateurs pour le démontage des anciennes bornes ou la mise en place des nouvelles.
Pour pallier aux retards dans l’électrification des stations, Smovengo a décidé d’équiper les bornes de batteries, avec une autonomie assez limitée… mais des bugs informatiques pour ces stations intermittentes ont vite vu le jour, impactant aussi les stations déjà raccordées ! Résultat : des stations archipleines sans possibilité de décrocher un vélo, des informations imprécises sur la disponibilité de vélos sur l’application et le site Internet, le service client submergé d’appels téléphoniques d'utilisateurs en colère. Maigre consolation, le syndicat Vélib’ Métropole a décidé de les rembourser pour les mois de janvier et février, même si les temps et les modalités restent aujourd’hui dans le flou le plus total.
La Ville de Paris a insisté auprès de Smovengo pour concentrer les efforts sur l’électrification des stations existantes, plutôt que sur la mise en service de nouvelles stations, pour permettre aux usagers de profiter du service. Pour les abonnés insatisfaits, un formulaire de rétractation est enfin disponible sur le site de Velib’Métropole.