Les squares Léon et Bashung vont bénéficier d'un réaménagement d'une partie de leurs espaces. Pour le square Bashung bien malmené depuis des mois, ce ne sera pas du luxe ! Une délibération du dernier Conseil de Paris de début juin a en effet été adoptée en ce sens. Dans le cadre du budget participatif 2016, la Ville avait souhaité mettre l'accent sur les quartiers populaires avec une enveloppe de 30 millions d'€. Ainsi, ce seront 10 squares et parcs qui auront droit à un lifting dont deux dans la Goutte d'or.
Square Léon
Il a connu plusieurs aménagements, tout d'abord en 1990 puis en 2006, en concertation avec les habitants. Il avait la spécificité de rester ouvert 24h sur 24. Mais ce qui devait arriver arriva... vandalisme, trafics, nuisances sonores avaient vite exaspéré les riverains, sans compter le service des espaces verts qui devait régulièrement remettre les lieux en état. Décourageant et couteux. L'éclairage avait du être entièrement refait car les lampadaires étaient caillassés. En 2009, il fut donc décidé de fermer à 23h30. Nous étions à la réunion publique houleuse, perturbée par quelques adolescents qui n'appréciaient pas que leur terrain de "jeux" nocturnes disparaisse. Le maire de l'époque Daniel Vaillant avait tenu bon.
Les paniers de basket sont en mauvais état
Les grilles de protection ont besoin d'être changées
Pour cette nouvelle étape de travaux, on nous annonce la réfection des structures des deux aires multisports et la réfection des sols pour un coût de 270 000 €.
Square Bashung
Il s'agit du petit dernier si on peut dire puisqu'il fut inauguré en juin 2012 (voir notre article du 28 juin). Alors pourquoi faut-il déjà revoir cet espace dans sa partie nord pour un coût de 50 000 € ? Car budget participatif ou pas, l'argent reste celui versé par les contribuables. Quelques photos vous permettront de vous faire une idée.
Mur nord très dégradé au fond du jardin
Recoin qui favorise la malpropreté et pas utilisé par les enfants
Table de jeux dégradée
De plus, dans la partie nord du jardin, limitant ainsi l'espace de jeu dans le square, ont été posés de gros blocs de pierre qui sont potentiellement dangereux pour les plus jeunes.
Ce square, attendu et bien accueilli par les parents de jeunes enfants est désormais quasiment inoccupé au niveau des aires de jeux tant l'endroit est devenu peu agréable. En conséquence, le square Saïd Bouziri devant l'église Saint Bernard et le square Léon, eux, sont surchargés.
Ces photos ont été prises en journée à des moments où habituellement venaient de jeunes enfants accompagnés.
Commentaires
Triste et édifiant constat, que tous les riverains pourront confirmer. Que l'on soit obligé de rénover des espaces verts tous les cinq ou dix ans à coup de millions d'euros c'est grave, que cela ne soit pas perçu comme le signe de profonds dysfonctionnements, c'est hallucinant. Les causes paraissent pourtant simples : incivilité et vandalisme ; nouveaux usages (les jardins publics servent désormais de lieu de vie à toute une population sans foyer, exclusivement masculine) ; aménagements conçus sans tenir aucun compte des réalités (l'important est que cela soit joli en image 3D, que cela plaise aux décideurs et flatte leur égo). Un seul exemple, les grilles du square Bashung, purement décoratives, invitation à squatter le jardin la nuit : c'était parfaitement prévisible, cela c'est produit comme prévu (avec les conséquences également prévisibles : seringues abandonnées, déjections humaines dans les aires de jeux, nuisances pour les riverains, etc.). Enfin, tous ces aménagements ne sont pas faits pour durer : ce sont des idées, des fantasmes réalisés (par exemple dans le square Alain Bashung, la partie la plus insalubre est celle des bacs de compost, qui a fallu démolir, il y a quelques jours). Bientôt il va falloir rénover les espaces "végétalisés", déjà en ruine, qui dégradent les rues de la Goutte d'Or. Voilà encore un difficile, coûteux et inutile chantier pour les équipes de la ville. Pendant ce temps, la ville et la qualité de la vie urbaine se dégradent, tandis que l'argent public, qui manque cruellement pour d'autres causes (accueil des migrants, fonctionnement des bibliothèques, entretien des monuments historiques...), est jeté par les fenêtres.
Tout à fait d'accord, les dealers seront contents de voir qu'on rénove leur squat!
Les enfants désertent de plus en plus ces squares mais ce n'est pas tant du à leur état dégradé qu'à la présence de squatteurs. La mairie devrait allouer ces dépenses à la surveillance plutôt qu'à la rénovation...
@jd : On n'a même plus les arguments pour contester cette description un peu apocalyptique mais proche de la réalité malheureusement. Investir massivement dans l'accueil des migrants est aussi moins bien perçu que de rénover des squares. Tous les électeurs n'ont pas ce point de vue progressiste et solidaire. Et la Ville dira qu'elle a fait sa part, à l'Etat d'assumer les problèmes migratoires.
Ça va durer encore un peu...
En même temps, tant que la Mairie continuera à abandonner le quartier aux logements sociaux, aux migrants et aux passeurs, ce n'est pas près de s'arranger.
La gentrification du quartier est la seule option pour améliorer le quartier.
Mais pour des raisons bassement politiciennes elle est refusée.
Avez vous vu les parcelles en travaux? Uniquement des logements sociaux. À côté du Square Léon, c'est frappant.
Et pour le futur à Lariboisiere et ensuite à Fernand Widal ? Logements sociaux !!
Rappelez vous les cris d'orfraie au sujet de la géniale Brasserie Barbes.
Quant au Louxor et aux Bouffes du Nord, quelle saleté avant d'y accéder.
Bref ce n'est pas près de changer, et tant pis pour les imbéciles (qui paient leurs impôts) et ont acheté un appart dans le coin.
Madame Hidalgo habite à Bastillle dans le 11e, le maire du 10e Rémi Feraud au sud de l'arrondissement dans les beaux quartiers, ils se contrefoutent du Nord du 10e.
Peut-on imaginer qu'à la place de logements sociaux, on encourage l'accession à la propriété? On fait aussi dans le social mais on permet à de personnes de gagner en liberté plus tard.
Enfin, quelqu'un pourrait-il comptabiliser le nombre d'arbres par habitant et par rue. Certaines rues comme les boulevard Ornano, rue Léon, rue Marx Dormoy, rue Riquet, même rue Pajol très minérale, méritent d'avoir de nouveaux arbres. Des vraies arbres que l'on laisse pousser et grandir, pas des arbustes.
Enfin, oui, l'ancien Grand Train, l'hôpital Lariboisière devraient être végétalisés et compter des pépinières d'entreprises plutôt que bétonnés. Y a t-il un(e) élu(e) qui veuille se battre pour cela?
@AV; quel intérêt politique à ne pas gentrifier le quartier?
Quel intérêt politique à gentrifier le quartier (je suis tout à fait d'accord avec l'analysede AV?? Le quartier se transforme en Courneuve, les logements sociaux dévorent peu à peu tout le bâti. La volonté exprimée de la mairie est de ne pas gentrifier le quartier. Pourquoi?
Par clientélisme. On met des gens dans ces logements, ensuite ils votent pour vous. C.Q.F.D.
Beaucoup l'ont compris, trop tard. Voyez les études réalisées sur le quartier. La "boboisition" (commerces autres qu'ethniques, quelques jolis cafés, accession à la propriété), ça ne viendra pas. Ca fait 30 ans qu'on l'annonce, que les agences vendent ça, et ça ne viendra jamais.
Voyez le tollé autour de cette malheureuse Brasserie Barbès, et même du marché de l'Olive (voir commentaires sur ce blog).
Fuyez...
Je ne suis pas tout à fait d'accord. La gentryfication de la Goutte d'or est déjà bien entamée. Elle a commencé depuis au moins une dizaine d'années et s'accélère depuis 1 ou 2 ans. Elle a commencé dans les appartements privés achetés par de jeunes cadres, dans les immeubles et cours intérieures à l'abri des regards. En témoigne aussi les prix de l'immobilier aujourd'hui en moyenne à 6 500 €/m2 (+30% environ en 10 ans!!), c'est une hausse supérieure à la moyenne parisienne! Depuis 1 an, le quartier enregistre les plus fortes hausses de tout le 18ème arrondissement, la demande etant largement superieure à l'offre. Les prochaines étapes de la gentryfication sont déjà visibles dans certaines rues : commerces de créateurs et cantines bio rue Myrha, cafés autour du square Saint Bernard, future 360 Music Factory rue Léon et Myrha, la prochaine étape sera la fermeture progressive des commerces communautaires comme ce qui se passe rue du Faubourg St Denis dans le 10ème. Recul et déplacement de certains trafics hors du quartier sous l'effet du déploiement de la vidéosurveillance comme autour du Square Léon. Certains événements inéluctables comme la faillite de Tati (ça arrivera tôt ou tard...) devraient précipiter cette gentryfication par une transformation profonde du tissu commercial de Barbès notamment. Vous ne voyez que ce qu'il reste à améliorer (et je suis d'accord, y'a encore du boulot) mais depuis 8 ans que je me suis installé dans le quartier, les changements sont quand même spectaculaires!! Le gentryfication d'un quartier prend du temps (de 10 à 20 ans, parfois un peu plus...). Cela a été le cas pour le canal St Martin (très malfamé dans les années 90), le canal de l'Ourcq et la Rotonde de la Vilette (sinistres il n'y a encore pas très longtemps au début des années 2000...), pareil pour Marx Dormoy et le quartier de l'Olive. Pour des quartiers comme Goutte d'Or , Avenue de Flandre (19ème), La Chapelle-Pajol...cela prendra un peu plus de temps car ces quartiers partent de très bas. Patience et persévérance !!! Ces quartiers vont fortement progresser dans les 10 ans qui viennent, j'en suis persuadé.
Gentry, c'est un mot anglais, qui signifie "petite noblesse". La petite noblesse qui gentrifie nos quartiers - sans même y mettre de y -, ne fait que rendre visible l'existence d'une classe moyenne "blanche" (mais parfois noire de peau ou d'origine maghrébine, entre autres), qui y a toujours été présente, mais qui jusqu'ici n'avait pas de lieu où elle se rassemblait (à part les assocs et oeuvres humanitaires). Tout serait "simple" si parallèlement il n'y avait pas une tiers-mondisation du quartier : renaissance du marché aux voleurs, apparition de la prostitution et de la traite des femmes, quasi disparition des femmes dans certains secteurs (sud de la Goutte d'Or), apparition de bandes d'enfants des rues (le signe le plus typique des métropoles du tiers-monde), amoncellement d'ordures, déréliction et insalubrité de l'espace public. Donc ces quartiers vont s'embourgeoiser mais il n'est pas garanti du tout que les "bourgeois" pourront toujours y vivre dans 10 ans.
D'accord avec Jd. Le 18e et Barbès en particulier ça ressemble a l’évolution de Detroit aux Etats Unis dans les années 1980-90: une désagrégation complète du tissu urbain, une paupérisation de la population suite aux faillites des grand producteurs automobiles, et une ville devenue entièrement peuplée d'Africain-Américains et de réfugiés pratiquement tous au chômage. Toute la gentry White américaine a fui vers l'est et la ville a fait faillite, puisque plus personne ne payait d’impôts. La ville s'est transformée en ville fantôme du tiers monde ou la pègre, l’insécurité et le délabrement régnaient.
Depuis 2007 c'est l’évolution dont je suis témoin sur Barbes: graffitis, saletés, incivilités, drogue , urine et cigarette, surpopulation d'immigrés, prostitution et gangs qui se déploient de plus en plus dans les rues avoisinantes.
La mairie du 18° a elle-même déclaré être opposée à la gentrification de la Goutte d'Or;
Cette gentrification est rendue impossible en raison du nombre croissant de logements sociaux. Il faudrait davantage de réhabilitation de logements privés, voire de constructions de logements neufs PRIVES pour qu'il y ait une réelle mixité sociale.
C'est ce qui s'est passé au canal St Martin où il y a beaucoup moins de logements sociaux.
Non, Marx-Dormoy et l'Olive ne sont pas gentrifiés. La population y est légèrement différente, mais ce n'est pas gentrifié.
Pour la Goutte-d'Or ce ne sont pas 2 ou 3 cafés corrects (Lomi etc...) qui changeront quoi que ce soit. D'ailleurs ces endroits sont critiqués (comme la Brasserie Barbès) et
ne posent qu'un sparadrap sur les maux du quartier...
C'est un point de vue très franco-français et bureaucratique de croire que la gentryfication d'un territoire est l'oeuvre des seuls pouvoirs publics... Elle est surtout la conséquence d'une spéculation immobilière qui fait tâche d'huile sur l'ensemble de la capitale qui peut être favorisée certes par l'État et les collectivités locales mais surtout par l'économie et la finance. Ce ne sont pas non plus les logements sociaux qui empêcheront la gentryfication tant cela dépend surtout à quels profils d'occupants Paris Habitat les attribuent.
Je vais vous donner un autre exemple de quartier similaire à la Goutte d'Or et où le vernis populaire, pourtant résistant, est désormais en train de craquer depuis 2/3 ans...c'est Belleville...même la Place des Fêtes toute proche commence à être touchée. Les pouvoirs publics peuvent faire ce qu'ils veulent, le marché immobilier et financier est libre, comme dans toute économie occidentale de marché.
Vous pouvez rester dans vos certitudes et les sensibilités très "à gauche" et alter peuvent se rassurer en proclamant la Goutte d'or comme le seul et véritable bastion populaire de la capitale mais la réalité est que cela ne va pas durer et commence déjà à changer. C'est flagrant dans certaines rues notamment autour de l'église Saint Bernard...Il y a fort à parier que la mairie PS du 18ème risque de faire naufrage dans 2 ans aux prochaines municipales au profit d'un candidat EM voir franchement à droite....et la veille politique bureaucratique laissera place à une plus forte régulation par le seul marché immobilier et financier. Ajoutez à cela un plus grand contrôle des attributions HLM et les couches les plus populaires n'auront plus qu'à partir vers la banlieue comme cela s'est déjà produit dans d'autres anciens quartiers populaires. Rassurez-vous comme vous voulez mais c'est tôt ou tard ce qu'il va se passer.
Rassurez-vous CastoretPollux
Par le fait des attributions de logements de sociaux (la construction desquels explose littéralement) aux familles les plus défavorisées, la Goutte-d'Or va rester un ghetto de pauvres, avec commerces communautaires, tas d'ordures, prostituées, jets d'urine dans les coins etc...les quelques rues correctes (horreur, comment ose-t-on, les "bobos" arrivent) ne risquent pas de menacer ce "bastion populaire".
Les familles de la classe moyenne, attirées par les prix de l'immobilier déménagent, découragées, lorsque leurs enfants entrent en primaire ou au collège.
Soyez pleinement rassuré.
et voici la pétition oubliée? Peut-on en parler en conseil d'arrondissement?
http://www.liberation.fr/debats/2017/02/13/pour-un-nouveau-grand-parc-urbain-dans-le-nord-de-paris_1547601
Le "collectif des riverains de Barbès" se réunit le jeudi 29 juin à 19h30 au Paradis (7 rue de Sofia).
Cette réunion a pour but d'exposer les actions qui ont été menées suite à la pétition qui avait été envoyée début 2017 et qui avait contribué au déclenchement des opérations policières et autres dispositifs de lutte contre les incivilités du quartier.
Ce sera aussi l'occasion de définir les nouveaux objectifs et de recueillir les impressions des habitants.
Venez-y faire entendre votre voix et partager vos idées.