Marielle de Sarnez a présenté lundi matin dans un café au bord du bassin de la Villette son projet pour les parisiens « Pour une ville plus humaine ».
Suivant les informations fournies par le MoDem, ce sont 1000 personnes qui ont participé à l’élaboration de ce projet incluant les propositions faites sur le blog de campagne. Le tout est détaillé dans un fascicule de 72 pages, mis en ligne bientôt sur le nouveau blog de campagne et fera l’objet d’un petit livre vendu au prix coutant, soit 1,50€. « Le projet et l’équipe – les 20 têtes de liste – ne font qu’un » a dit Marielle de Sarnez. Chacun devra donc le décliner localement dans son arrondissement. (voir aussi les infos sur le site du Mouvement Démocrate).
Préambule d’importance, le programme de Marielle de Sarnez s’adresse aux classes moyennes parisiennes. Interrogée sur ce qu’elle appelle « classes moyennes », la tête de liste ne donne pas de définition précise mais admet que, par exemple, les 72% de parisiens qui sont éligibles à l’attribution d’un logement social sont en gros cette population. En aparté, Corinne Lepage, tête de liste dans le 12ème, est un peu plus précise en notant que le fossé se creuse entre ceux qui sont de plus en plus riches et ceux qui s’appauvrissent rapidement et que la cohésion sociale doit être maintenue grâce justement à ces classes moyennes, « cible » privilégiée du programme pour Paris du MoDem.
Il est vrai que le concept de « classes moyennes » est difficile à expliciter. L’étude du sociologue Lous Chauvel que nous avons déjà mentionnée sur ce blog (Les classes moyennes à la dérive – La République des Idées, Seuil 10.50€) éclaire un peu la question et les politiques se sont peut être inspirés de cette remarque assez juste du sociologue qui dit « Alors que le rêve des classes moyennes était celui de toute la société française – leurs représentations et leurs aspirations étant supposées se généraliser à l’ensemble du corps social – c’est leur angoisse qui pourrait devenir demain le cauchemar de tous : elles ne diffusent plus la confiance, mais l’anxiété. »
Le programme du MoDem, s’il diffère dans ses modalités des programmes des autres partis politiques, ne s’éloigne pas des préoccupations maintes fois exprimées par tous, à savoir le logement, les transports, la solidarité, l’environnement, l’urbanisme. Dans une première approche il est clair que les objectifs et la manière d’aborder ces questions par Marielle de Sarnez ne sont pas très très éloignés de ce que propose Bertrand Delanoë, sauf peut être en ce qui concerne la partie purement économique où les intentions du MoDem (zones franches, baisse de la fiscalité pour les entreprises par exemple) sont plutôt d’inspiration libérale. A noter aussi que le MoDem s’adresse à l’auditoire également choisi par Françoise de Panafieu.
Maintenant que nous avons tous les programmes en main, il va être intéressant de regarder quelques sujets plus en détails.
Les près de 50 militants actifs du MoDem que compte notre arrondissement ont maintenant leur feuille de route. La liste des 14 candidats MoDem pour le 9ème devrait être rendue publique le week-end prochain et, à en croire un membre influent de la section, comprendre 90% de locaux, hors la tête de liste. A suivre.
Commentaires
Le MoDem s’adresse aux classes moyennes. En conséquence, il élabore un programme ciblé pour cette tranche de la population , au risque d'exclure les autres couches sociales.
Ce type de démarche s’apparente à une approche commerciale de type mon « cœur de cible ».
La responsable du MoDem de Paris définit les « classes moyennes » par rapport à un niveau de revenu. L’autre collègue de M. de Sarnez, confit un rôle social aux « classes moyennes » : maintenir la cohésion sociale entre riches et pauvres !
Par rapport à ces deux approches très différentes, élaborer un programme, nécessite quelques contorsions. D’où les juxtapositions de mesures du type catalogue.
Les « classes moyennes » –syntagme- sont elles une classe spécifique ? Quel rôle a la « classe moyenne » dans la société industrielle ? Le même que la classe ouvrière ou que certains appellent la « classe populaire ».
Quelle est la prise de conscience qu’a cette « classe moyenne » sur sa condition et sur son destin comme classe ? La réponse est me semble –t-il idem à celle de la classe ouvrière.
Le MoDem a élaboré un programme pour 3 groupes économiques : moyen inférieur, moyen intermédiaire, moyen supérieur. Les analystes attribuent pour chaque groupe, une fourchette de revenu compris entre 1 143 € et 3 429 €. Selon les statisticiens, la "classe moyenne"serait donc celle, dont le revenu moyen est de 1 850€net /mois (base année 2006).
La « classe moyenne » traverse une crise identitaire parce que la conjoncture économique ne leur est plus favorable et, contraint donc ce groupe à vivre comme la classe « populaire » : difficulté de se loger en ville, chômage important, ascenseur social en panne etc... C. Lepage quant à elle, veut attribuer un rôle de modèle à atteindre pour les couches sociales situées en dessous de la « classe moyenne ». Peine perdue aujourd’hui, la croissance des 30 glorieuses n’est plus là !
Le MoDem ne peut qu’apporter des réponses « erronées » à des justes préoccupations faute de cibler le bon objectif à atteindre.
En étant péremptoire, le MoDem forme modernisée du centrisme, ne peut avoir d’existence politique à moyen terme qu’à condition de rejoindre soit l’UMP soit la sociale démocratie.
Bernard : je vous trouve très dur pour le MoDem, non pas que je souhaite le défendre, il n'a pas besoin de moi, mais ce dont vous l'accablez ne lui est pas spécifique. L'UMP et le PS n'ont-ils pas le même "coeur de cible" ? Et les mêmes méthodes ?
Cela dit, la question de ces fameuses classes moyennes est réelle. Je ne suis partisan de l'approche économique pour la définir. Une fourchette de revenu ne signifie rien. Je lui préfère une approche psychologique si je puis dire. Et affirmer que ces ou cette classe (s) moyenne(s) a un rôle structurant dans la société me parait évident d'autant qu'elle(s) constitue(nt) aujourd'hui une large majorité en nombre même si son pouvoir qui hélas par les temps qui courent se mesure en cash est en forte diminution, "l'anxiété" dont parle Chauvel, les enfants ont a coup sûr un sort moins enviable que les parents ! je note d'ailleurs qu'une première mesure "démago" de Sarkozy a été de supprimer les droits de succession pour ces classes moyennes, enfin en apparence car la mesure bénéficie en fait à la marge aux plus riches !
A propos d’un parti (des partis) politique(s) qui copie(nt) les méthodes « marketing » avec la notion de « cœur de cible » c’est-à-dire s’adresser en priorité à une couche de la population, est plutôt une démarche syndicale (sens d’association professionnelle) voire d’une association.
Un parti politique qui a pour ambition de conquérir le pouvoir, et donc gouverner l’ensemble des citoyens de la cité, ne peut procéder ainsi.
La base sociologique du centrisme (UDF, MoDem ou N. Centre) est en adéquation avec l’électorat qui souhaite représenter c’est-à-dire la « classe moyenne ». Or, les centristes quel que soit le nom qu’ils adoptent, ont comme objectif de représenter 2 Français sur 3. Ce qui inclut une large part de la population.
Peuvent-ils atteindre l’objectif des 2/3 ? Les plus récents scores électoraux, démontrent que non ! Même si il y a quelques mois, le candidat centriste prônant le ni ni (ni pour ni contre) a réalisé un score national remarquable. C’est à la fois inespéré et non reconductible à l’échelle locale.
La « classe moyenne » ne peut avoir un rôle structurant dans la société pour deux raisons majeures :
- elle n’existe pas en tant que classe sociale [du point de vue des luttes et de la défense de ces intérêts (paradis social perdu), elle n’a pas d’intérêt antinomique avec la classe ouvrière],
- elle ne peut (ou plus exactement les groupes qui la composent) plus évoluer (croissance atone, situation sociale des enfants moins favorable que celle des parents,…) et donc être un modèle auquel pouvait espérer atteindre la « couche populaire ».
La « classe moyenne » (pour employer le syntagme à la mode) ne conservera son statut que si elle se montre indispensable dans l’ordre économique. C'est-à-dire quelle remplisse un rôle économique nécessaire au bon fonctionnement du modèle libéral. Est –elle prête à accomplir cette mission ?
Qui va se charger de faire accepter cette tâche ?
Le PS est également concerné par cette crise identitaire de la « classe moyenne ». Puisqu ‘il comprend en son sein des militants de la « classe moyenne » (en moindre nombre que le centrisme).Crise illustrée, en autre, par de nombreux débats (les querelles de chefs ne sont que la partie audible des craquements) au sein de la sociale démocratie (se recentrer sur les couches intermédiaires, accompagner le libéralisme, laisser les couches populaires à la gauche extrême ?).
ça alors, c'est impressionnant...
Dans ses grandes lignes, ce programme se cale entre celui du PS et celui des verts, bien plus volontariste que celui de l'UMP. Avec quelques points de distinction, notamment la fiscalité (qui me laisse un peu perplexe: maintenir le niveau d'investissement, mais en bloquant l'emprunt et en diminuant les taxes sur les entreprises...)
De mon point de vue, ça peut avoir deux significations:
- Soit le Modem prépare une participation au mandat de Bertrand Delanoë et a produit un programme compatible avec le sien dans une vision d'exercice du pouvoir.
- Soit le Modem cherche à parasiter les voix des verts et du PS en proposant une offre politique similaire, quitte à se rallier ensuite à l'UMP pour faire le contraire de ce qu'on indique.
Au vu des derniers sondages, j'imagine que c'est la première hypothèse qui est la bonne, encore qu'en politique, va savoir...
la démonstration de Bernard sur la fonction actuelle des classes moyennes me convient tout à fait.
Voir disparaître ou même diminuer le nombre des foyers qui la compose n'est pour autant pas réjouissant. En revanche, que les classes moyennes comprennent enfin que leurs intérêts sont proches des classes populaires, qu'elles relèguent volontiers loin d'elles, n'est pas pour me déplaire. Elles pourraient ainsi cesser de voter pour des partis qui la flattent mais ne la défendent pas. L'anxiété qui gagne la classe moyenne ne trouve-t-elle pas sa source dans cette menace de redescendre d'un cran?
C'est une désillusion d'avoir cru appartenir à une "upper class" et de se retrouver dans les mêmes combats et les mêmes luttes sociales... que les ouvriers finalement. Les ouvriers devenus peu nombreux auront du mal à former le gros des troupes qui défendaient les avancées sociales, dont massivement ont profité les classes moyennes.
Le réveil de la classe moyenne, où qu'elle se situe au niveau des revenus moyens, pourrait apporter des changements politiques, à condition qu'elle cesse de croire les bonnes paroles et les belles images, surtout les images d'ailleurs, dont on l'abreuve.
Souhaitons que ce réveil ne passe pas par la case dépression!
Merci à tous de ces commentaires très instructifs.
Pour ma part je ne crois pas à un recoupement entre classes sociales et prises de positions politiques. Pour être un peu provocatur, je dirais que ce sont les ouvriers qui après avoir voté communiste ont voté Front National !
L'idée que le centre a vocation de regrouper 2 français sur 3 est un fantasme de Giscard qui ne correspond à aucune réalité. Les ouvriers n'ont ils pas été gaullistes dans les années 60 ? les cadres supérieurs socialistes sous Mitterrand ?
Répartition sociologique et répartition politique sont deux cartes très différentes qui ne se superposent pas
@Didier
pour être provocateur vous l’êtes ! Ce raccourci « balancé » comme cela sans explications des causes de l’extrême paupérisation des ouvrier(e)s, qui a pu les amener à voter pour un mouvement qui n’est pas porteur des valeurs d’humanisme et de solidarité mais, dans le seul espoir de trouver une solution à leur détresse extrême, peut paraître contradictoire. La démagogie d'un mouvement ultra-nationaliste n’est pas nouvelle. Mais tôt ou tard, la vraie nature d’un tel mouvement éclate au grand jour.
Il n’y a pas de lien direct entre appartenir a une classe et voter pour un parti qui représente réellement cette classe. Sinon, il y a belle lurette que ceux qui vendent leur force de travail, auraient envoyé leurs représentants au pouvoir et donc, seraient majoritaire.
Les analystes politiques nous démontrent que des ouvriers ont dans le passé, voté pour un parti ou un candidat qui n’était pas le mieux placé pour les défendre. Combattre ces illusions n’est pas tâche facile. Le débat est vaste, passionnant et toujours d’actualité.
Mais je pense que le m'écarte du sujet. le 9 et 16 Mars nous voterons pour ou contre des projets prosaïques, encore que!