Cette semaine a été très riche en événements et il n’est peut être pas inutile de marquer un temps de pause pour faire le point, essayer de réfléchir un peu !
Il nous faut d’abord faire un constat : les quatre principaux partis – Parti Socialiste, MoDem, Les Verts, l’UMP dans l’ordre d’apparition cette semaine – nous ont présenté leurs objectifs, même si la publication du programme complet du MoDem reste à venir.
Clairement trois sujets dominent les débats. Dans l’ordre d’importance et tels que traités par les partis politiques :
- Le logement,
- Les transports,
- L’environnement.
Il n’y a rien ici que de très normal.
Le problème du logement à Paris est d’une réelle acuité. La flambée du marché immobilier qui persiste d’une part, la quasi-stagnation du fameux « pouvoir d’achat » et la part croissante du budget des ménages allouée au logement, l’évolution des taux d’intérêt et le niveau d’endettement grandissant des ménages d’autre part, tout cela conjugué avec bien d’autres éléments, fait que se loger à Paris est devenu impossible pour qui n’est pas un célibataire CSP+ pour caricaturer un peu la situation ! Sans porter de jugement trop définitif sur ce que proposent les uns ou les autres, disons simplement que ce qui est envisagé n’est pas à la hauteur du défi : aujourd’hui 100 000 demandes de logement social avec un taux de rotation inférieur à 5% pour ces mêmes logements, un foncier figé, un PLU contraignant, nombre de propriétaires qui hélas préfèrent laisser leur bien vide plutôt que de faire face à des locataires qui profitent souvent, reconnaissons le, à outrance des possibilités offertes par la loi, tout cela fait que la question du logement dans la capitale n’est pas près d’être résolue.
Les transports touchent un domaine qui n’est pas seulement d’ordre pratique mais aussi quasi-culturel. La question de la voiture, de ce qu’elle représente encore aujourd’hui, « pollue » le débat sur les transports.
D’un côté il n’est pas raisonnable que plus de 80% de l’espace public parisien soit occupé par les véhicules automobiles. Il n’est pas logique que plus de 80% des personnes reconnaissent que l’usage de la voiture devrait être plus modéré mais que dans le même temps plus de 80% des personnes préconisent ce changement pour les autres mais pas pour eux-mêmes. Enfin, comment concilier les intérêts des uns et des autres sachant que près de 55% des parisiens ne sont pas propriétaires d’une voiture.
De l’autre côté, pour des raisons évidentes, il n’est pas question de limiter pas des méthodes coercitives la liberté de circulation, que ce soit par des méthodes « mécaniques » d’interdiction de circuler ou des méthodes liées au péage par exemple, socialement inacceptables.
Chaque parti politique y va de son couplet pour développer les transports urbains : qui parle de son tramway, qui parle d’une ligne de métro circulaire, qui parle de minibus dans les arrondissements, de covoiturage, de réforme des taxis ….. les idées ne manquent pas. Mais regardons le cas de notre arrondissement. Il est, dans la capitale, celui où la densité de transports en commun est la plus forte. Trains, métros et lignes de bus y abondent et on ne voit pas très bien comment on pourrait faire plus. L’offre de transports en commun y est très forte mais cela n’empêche pas les problèmes de circulation ni de parking ! Il est donc légitime de se poser la question de savoir si une augmentation significative de l’offre de transports en commun va résoudre le problème ou simplement faire augmenter la demande comme cela a été le cas jusqu’à maintenant ? Nous serions dans un cercle vicieux.
Dans un tout autre domaine, ce qui ressort de cette semaine très riche, est une modification dans le positionnement des 4 « grands » candidats. D’un Bertrand Delanoë donné grand favori et ayant pris « un temps d’avance », on a vu sortir un candidat se lançant vigoureusement dans la campagne et parlant d’une « incertitude » à propos du résultat. D’une François de Panafieu donnée archi-battue à l’avance il y a encore quelques semaines on a vu surgir une femme entourée d’une équipe ouverte à beaucoup de tendances diverses dont on peut penser ce que l’on veut mais qui la met dans la position d’un challenger très sérieux. Du Verts Denis Baupin et de la MoDem Marielle de Sarnez, tous deux aux difficultés « existentielles », dépend le résultat final lié aux alliances qui pourraient se nouer, quand bien même ces deux partis ne recueilleraient qu’entre 5 à 10 % des voix chacun. Chacun semble l’avoir compris et les enchères vont commencer. En commun à tous est le fait que le premier tour du 9 mars va fixer les rapports des forces et que c’est ce scrutin qui compte, le deuxième tour du 16 mars ne constituant qu’une formalité.
A la fin de cette semaine, véritable début de la vraie campagne, les jeux restent largement ouverts.
Commentaires
Depuis quelques jours, l’essentiel des partis qui postulent pour diriger la capitale, ont présenté leur programme. D’un côté, de l’autosatisfaction. De l’autre bord, une attaque en règle de la quasi totalité des réalisations de l’équipe sortante.
Dans tous les camps, des engagements pour la nouvelle mandature de faire plus et mieux mais, sans chiffrer les propositions.
Donc, rien de nouveau sous le « soleil » : les habituelles promesses endémiques aux élections. Aux électeurs de démêler le vrai du faux parmi les promesses quelque fois démagogiques.
Concernant le logement
La quantité annoncée est de 54 000 par les Verts , 40 000 (dont 1/3 de neufs)par le PS et, 24 000 pour l’UMP.
Compte tenu du PLU actuel (immeubles hauteur maxi de 37m), on construit environ 160 logements/ha. Actuellement la surface disponible dans l’intra-muros serait d’environ 318ha dont près des 2/3 dans l’est. Mathématiquement le nombre de logements constructibles serait donc de 51 000. Quid du financement ? Dans le budget voté, il est indiqué (sourceparis.fr) dans le commentaire poste/poste : « 6000 logements sociaux financés ; 437 M€ seront consacrés au logement en 2008 ». Pour les Verts, le budget consacré au logement devrait être doublé et , pour l’UMP l’effort « social » serait moins important qu’aujourd’hui. F. de Panafieu avait apporté une réponse sur ce choix (le figaro de novembre dernier à propos du pré projet des tours) « ces tours doivent prioritairement accueillir des bureaux et en aucun cas de l’habitat social, car ces immeubles sont des objets rares et chers pour la construction desquels nous devons faire appel aux plus grands architectes (…) Paris a besoin de bureaux pour ne pas s’appauvrir »F. de Panafieu préfère faire rentrer de la taxe professionnelle.
Le PS quant à lui, déclare construire 13 000 logements neufs et, continue sur sa vitesse de croisière (6600 logements/an) . Dans tous les cas, le retard n’est pas près d’être comblé. Mais le peut-on dans le seul intra-muros ?
Concernant le transport
Le péage est socialement régressif . Par contre, limiter la circulation (sauf résidents et livraisons) dans quels quartiers ne me semble pas une atteinte au droit de se déplacer. Le transport de s/sol doit être amélioré : automatisation des lignes (réduction du temps d’attente ; confort des voyageurs …) . L’offre de transport de surface doit être étoffée (mini bus de quartiers) ; réduction du temps d’attente, couloirs prioritaires.
Mais l’amélioration et l’augmentation des transports sont conditionnées par l’avis du STIF qui coordonne l'activité de la RATP, de la SNCF Ile-de-France et des 90 opérateurs privés affilés. Il définit les conditions générales d'exploitation, détermine les itinéraires, la durée et la fréquence des services. Dans le cadre des déplacements, la Ville de Paris n'est pas la seule prescriptrice. D’autres partenaires : Etat, Région, RATP ...ont un pouvoir de décision. Donc, sur ce sujet, selon les arbitrages du STIF, les déceptions risquent d’être nombreuses. En bon point pour le projet PS : le financement du métro de rocade (banlieue/banlieue) destiné à désengorger-selon la RATP de 20% du trafic- les lignes intra-muros
Il est utopique d’imaginer réduire de façon drastique la voiture en ville et quel type de voiture ?L e stationnement est un élément clé de la régulation du trafic. En effet, les automobilistes utilisent plus volontiers leur voiture lorsque le stationnement est facile. Maitriser la place de la voiture particulière passe par la mise en place d’une offre de stationnement équilibrée (parkings à la périphérie ?) elle même couplée au développement des transports collectifs, devraient limiter le nombre de véhicules dans la zone dense. Dans ce cadre, pourquoi ne pas envisager un contrat citoyen liant le prix des transports collectifs à la diminution du trafic automobiles (VP). L’objectif étant la gratuité des transports. Dans un autre sujet tout aussi important, sauf omission, je n’ai rien lu (de sérieux) sur la réforme de la loi « PLM » de 1982. Cette réforme ayant pour objectif une décentralisation des pouvoirs vers les maires d’arrondissements.