Aujourd'hui, nous vous envoyons une carte postale d'un passé pas si lointain. Vue sur l'hôpital Lariboisière dans les années 1970. On aperçoit la Goutte d'Or avec la flèche de l'église Saint-Bernard en fond, mais au premier plan ce qui attire le regard quelques décennies plus tard, c'est la cour centrale de l'hôpital qui est littéralement envahie de voitures. En effet, juste sous les fenêtres des malades et des services, s'alignent des dizaines de voitures, ce qui est un comble quand on sait que l'architecture de cet hôpital a été conçue pour assurer une bonne ventilation des bâtiments pour permettre aux patients de bénéficier d'un "bon air".
Les années ont passé et on n'imaginerait pas aujourd'hui cette cour transformée en parking. Ce petit retour dans le passé nous montre l'omniprésence de la voiture dans la conception de l'espace public. On était là à l'apogée du "tout voiture", mais si depuis la répartition de l'espace public est redistribuée progressivement en défaveur de la voiture, il faut rappeler que ce mode de déplacement minoritaire à Paris occupe toujours un place majoritaire de l'espace parisien. Il y a donc encore de la marge pour faire plus de place aux modes de déplacement doux.
Et peut-être que dans un avenir pas si lointain, nous porterons le même regard sur des rues et places qui aujourd'hui font encore trop de place à la voiture, que celui que nous portons sur cette cour-parking.
Commentaires
Belle trouvaille ! Je me souviens aussi du terre plein central du Boulevard de Rochechouart qui était un vaste parking, et les stationnements de chaque côté étaient envahis de cars de tourisme. Deux murs ininterrompus sous les fenêtres des riverains. Ces mêmes riverains des bds de Clichy et Rochechouart qui militèrent dur pour la suppression des cars, fin des années 1990. Idem pour l'avenue Trudaine dont le centre n'était pas encore végétalisé comme actuellement. Avouons que le changement de majorité à la mairie de Paris a eu quelques bienfaits.... au moins sur la redistribution de l'espace public.
Et pourtant… Il y avait certes plus de voitures, mais il y avait quand même beaucoup plus d'espaces verts et de nature en ville qu'aujourd'hui, et ce de façon générale. Rien que cet exemple de Lariboisière l'illustre. Hier, trois belles pelouses dans la cour d'honneur et une fontaine au centre. Aujourd'hui, fini la fontaine, les pelouses sont largement amputées, bétonnées et creusées pour laisser place à des cours anglaise et des allées cimentées…
Super, cette carte postale ! Et Lariboisière était loin d'être le seul endroit dans la même situation : aussi fou que cela puisse paraître aujourd'hui, c'était aussi le cas dans une des cours du Louvre (quand le ministère des Finances en occupait une aile), ainsi que dans le Palais-Royal et de nombreux autres espaces publics – place de la Concorde, plateau de Beaubourg (après la démolition massive d'« îlots insalubres » et avant la construction du centre Pompidou), place de la Bourse, place Vendôme (!), et même sur le parvis Notre-Dame. Il y a de chouettes photos d'époque ici : https://www.unjourdeplusaparis.com/paris-insolite/photos-paris-parking-a-ciel-ouvert
Je viens de regarder un jour de plus à Paris (lien ci-dessus : merci ! phénoménal ! ) . On oublie trop vite à quoi ressemblait Paris pour affuter toujours plus de critiques acerbes. Plus d'espaces verts, dits SOS Paris, mais des pelouses interdites aux piétons, et aux enfants. Les trois carrés d'herbe de Lariboisière ne suffisent pas à me convaincre. Je préfère féliciter ceux qui ont facilité la naissance du parc de Belleville, peu touristique mais belle vue sur Paris à découvrir (voir ici la "pub" de la Mairie de Paris https://www.paris.fr/equipements/parc-de-belleville-1777 !!! )
Comme à Beaubourg, on peut déplorer la destruction d'îlots entiers qui a eu lieu à Belleville (la quasi-totalité de la rue Vilin, un bon tiers de la rue Piat, les passages Vilin et Julien Lacroix...) – chose qu'on ne ferait probablement plus aujourd'hui à une telle échelle (quoique...) – mais c'est vrai que ce parc est une belle réussite, et un poumon vert bienvenu et très apprécié dans ce quartier densément peuplé. Et, en effet, depuis son sommet, il nous offre l'une des plus belles vues de Paris !