Les jours suivant l'ouverture de la Brasserie Barbès, il était très difficile d'y accéder. Faire la queue pour boire un café ou déjeuner n'est pas notre style, alors gentiment on a attendu. Deux semaines sont passées, les choses se sont calmées et nous avons pu déjeuner. Voilà nos impressions.
Le déjeuner a eu lieu au 1er étage, sous la verrière. Ouverte au début du repas avec des radiateurs électriques accrochés aux murs et réchauffant la clientèle, elle a été fermée ensuite le temps se gâtant un peu.
Il est indiscutable que le lieu est très réussi. Décor simple mais avec des détails qui le rendent très plaisant : couleur des sièges style brasserie, jolies tables rondes au 1er étage. Et bien sûr cette verrière et ces grandes ouvertures qui donnent beaucoup de lumière.
L'accueil est sympathique, sans plus. On ne vous donne guère le choix de la place et il faut être ferme pour refuser un coin sous un radiateur qui surchauffe l'endroit quand on est seul à déjeuner, tout est majoritairement prévu pour quatre personnes, le reste des tables pour deux.
La carte est attrayante, le choix large, rien à redire, que ce soit pour les plats ou les boissons. Le service est correct, rapide, efficace, rien à redire là non plus.
Ce jour-là, nous avons mangé du foie de veau au Banyuls (très bon) avec de la purée labellisée "maison" mais hélas tiédasse. Nous avons ensuite gouté au chou praliné (très bon, moelleux). Petit excès, nous avons bu un pichet de 50cl de Morgon, lui aussi correct sans plus.
A notre grande surprise, la brasserie ne propose pas de fromages dans sa carte (peut-être n'avons nous pas assez regardé).
Sérieux point noir qui pose problème : sous prétexte de la verrière, l'endroit est fumeur ce qui de facto interdit l'endroit à certains non-fumeurs.
L'addition est comme toutes celles d'un endroit équivalent à Paris : 50€ pour un apéritif, un plat, un désert, un pichet de vin et un café - oui ce jour-là était jour de fête !
On a entendu et lu beaucoup de choses sur la gentrification de Barbès induite par la brasserie. Ces commentaires étaient pour la plupart négatifs, non pas tant à propos de la qualité de ce que propose la nouvelle brasserie, mais par les prix pratiqués qui revenaient à en fermer les portes à certains. Ils sont clairement la manifestation d'une déception. On peut le comprendre mais qui a jamais cru que les gérants pouvaient investir tant d'argent, employer 40 personnes dans un établissement de ce type et proposer des cafés à 1€ et des pintes de bière à 4€ ? Le côté péjoratif désormais donné aux mots "gentrification" ou "boboïsation" est-il justifié ? C'est le système qu'il faut interpeller et éventuellement remettre en cause. Vaste débat.
Je crois que nous retournerons à la brasserie, mais pas tous les jours.
Commentaires
J'y suis allée aussi, le 8 mai. C'était plein, un peu bruyant du coup. Ils étaient un peu débordés mais gentils et j'ai très bien mangé une salade à 13€ ce qui est le prix pratiqué un peu partout. Elle était originale aubergines et asperges en beignets, très bonne et copieuse.
Il faut absolument un brassage des populations dans notre quartier et une révision des a priori sur Barbès Si cette brasserie y contribue, j'applaudis ! En tant que commerçant rue Myrha, moi je serais heureuse qu'un jour les gens d'autres quartiers disent " je vais aller faire les soldes à la Goutte d'or", sans avoir peur et en se disant qu'ils vont découvrir de belles choses. Il y a des boutiques de mode, une librairie-galerie d'art, des boutiques de bijoux ou de chaussures. Il faut que les gens osent entrer dans le quartier. La brasserie est à la périphérie, mais ça va venir !
A limite je comprends votre argument sur l'investissement effectué et les coûts d'exploitation d'un tel établissement, mais alors qu'on ne vienne pas nous faire croire que "la brasserie appartient à tout le monde" parce qu'à ce prix c'est faux ! Je travaille dans le coin et je n'ai pas les moyens de me payer un déjeuner à ce tarif, alors certains habitants du quartier...
Sur le brassage de population, arrêtons de nous mentir, les bobos qui viennent manger là ne se mélangent pas avec les autres populations du quartier (cf. les photos parlent d'elles-mêmes) http://www.konbini.com/wp-content/blogs.dir/3/files/2015/04/11148374_494237667396365_3407110014998578140_n-1-810x810.jpg
Peut-être que ça améliorera l'image de Barbès mais je ne vois pas en quoi ça va influer sur la qualité de vie des habitants, qui en effet, auraient pu profiter d'un bar aussi joli s'il n'avait pas été hors de leur portée.
Sur côté "positif" de la gentrification, je vous renvoie aux travaux d'Anne Clerval.
Voici également un article "Le Barbès me rend triste" :
http://retard-magazine.com/le-barbes-me-rend-triste/
Certains pourraient y voir de la frustration, à qui l'on peut reprocher d'être parfois mauvaise conseillère... Mais il est intéressant de lire différents avis.
Bonjour,
Je suis écœurée par l'accueil fait par la presse de la brasserie, et quelle surprise de voir que vous enfoncer le clou pour finir de les achever. La brasserie est magnifique, le carrefour barbes a changé d'Ambiance instantanément, la carte est audacieuse et les prix sont honnêtes pour un établissement de ce niveau de standing. Alors merci et bravo aux propriétaires ambitieux et courageux qui ont cru que Barbès pouvait accueillir un tel établissement. J'en suis convaincue, le quartier était mort (voire angoissant) le soir car il n'y avait pas ou peu de lieux pour sortir. Et dire que c'est trop beau pour ce quartier populaire, quel mépris! Alors oui il y a des HLM dans le coin, mais les locataires cherchent à en partir, car ils ne supportent plus (comme nous) les vendeurs de clopes et les magasins de téléphone, et la tristesse du quartier passée 20h. Qu'il y ait quelques ajustements à faire, c'est normal pour un nouvel établissement, mais que toute la presse critique la population, les prix, le service de façon unanime, c'est vraiment décourageant. Bienvenue en France, le pays où les gens ne sont jamais contents! Personnellement j'ai adoré pouvoir sortir à barbes pour la 1ère fois de ma courte vie dans le quartier (7ans) et émue aux larmes en voyant la queue, l'ambiance, la population mixée (alors oui il y a des bobos et des hipsters: comme dans la totalité des bars parisiens en 2015), la jolie carte qui a le mérite de nous proposer autre chose que les pavés de saumon à l'oseille immondes des attrape touristes de la butte pour le même prix, la magnifique verriere, et la cour intérieure où l'on peut fumer quand le toit est ouvert (quel plaisir de ne pas voir les fumeurs s'échapper en bande régulièrement quand on boit un verre!). Arrêtons le lynchage des projets ambitieux, les entrepreneurs vous remercieront.
Oui, V. Je suis d'accord complètement avec vous. L'article des Inrocks par exemple est pitoyable. "Il ne faut rien changer parce que sinon, où est-ce que nous irons, nous qui habitons et travaillons dans un autre quartier, pour avoir un petit frisson et un petit haut-le-coeur en allant voir la misère ? c'est tellement pittoresque ces marchands à la sauvette sur le trottoir et ce marché aux voleurs ! on ne va quand même pas être obligés d'aller dans le 93 !"
Et encore une fois, il y a peut-être des choses plus chères, mais 13€ la salade XXL ou 16€ le tartare, ça n'est pas prohibitif ! la pinte de bière est trop chère ? buvez une carafe d'eau, bande de soiffards ! ;-)
Ravie de ce nouveau lieu de vie, oui toujours ! Mais soufflée par le prix du demi - soiffarde donc...
Le bar angle patin-magenta qui a fait lui aussi des efforts de déco est franchement moins cher. Reste que les soirées dans ce quartier ont enfin un lieu et c'est important.