L'hôtel Lambert, dans la nuit de mardi à mercredi 10 juillet. | AFP/KENZO TRIBOUILLARD
L’incendie survenu ces dernières jours à l’hôtel Lambert dans l’île Saint Louis doit nous interpeller. Action Barbès a toujours été un défenseur du patrimoine et quand bien même son combat pour préserver le Louxor originel a-t-il été perdu, l’association n’en reste pas moins convaincue de la nécessité de faire tout ce qui est nécessaire pour le préserver.
L’incendie qui a ravagé l’hôtel Lambert dans la nuit de mardi à mercredi a définitivement détruit une partie d'un joyau de notre culture, c'est-à-dire un peu de nous-mêmes, ce que l’Homme a de meilleur.
La soi-disant rénovation lancée dans des conditions contestables dont nous vous avons déjà parlé est la cause de cet incendie et doit nous interpeller sur le niveau d’intervention acceptable dans des lieux aussi précieux. La destruction du Louxor de 1921 et celle, certes partielle, de l’hôtel Lambert doivent nous faire réfléchir à ce que nous voulons véritablement. Voulons-nous une prépondérance de l’argent, du tape-à-l’œil dans le cadre de travaux dits de « réhabilitation » et qui ne sont en fait que des travaux de destruction du passé pour des satisfactions à court terme souvent mercantiles (réhabilitation de bâtiments anciens en hôtels de luxe par exemple). Certes l’effet de ces destructions est imperceptible aujourd’hui mais une civilisation se perd si ce court terme prédomine, sans, en fait, véritablement construire comme nos ancêtres ont su le faire.
Comme point de comparaison avec un sujet totalement différent, les effets du dérèglement climatique dus aux activités humaines restent encore largement imperceptibles même si des événements particuliers et ponctuels comme la force des ouragans peuvent lui être attribués. Il n’empêche que ce dérèglement climatique est bien là et que nous en subirons, ou plutôt nos enfants, en subiront les conséquences.
Il en est de même pour le patrimoine. Sa destruction n’a pas d’effet immédiat mais la perte de mémoire, voire pire, la réécriture de l’Histoire comme cela a été fait au Louxor, est un risque majeur pour notre société dont nous ferions bien de nous préoccuper avec plus de vigilance et de volonté.
Voir l'excellent commentaire du Monde : De la difficulté de restaurer un monument historique
Commentaires
Voici les informations que l'on pouvait lire dans le Parisien le 17 juillet sur les avancées de l'enquête :
Les officiers de la 1 re division de police judiciaire ont achevé leurs investigations à l’hôtel Lambert (IV e). Place maintenant au travail des experts du laboratoire central. Une semaine après le grave incendie qui a ravagé la totalité de la toiture de ce monument parisien du XVII e siècle, à la proue de l’Ile Saint-Louis, « la piste accidentelle est privilégiée », indique une source proche du dossier. Un accident sans doute électrique, avec l’hypothèse d’un appareil sous tension, pourrait être à l’origine du sinistre. Une multitude d’aménagements et de choix matériels auraient ensuite aggravé la situation.
Gaines et machineries sous le toit
Mercredi dernier, au petit matin, les pompiers de Paris se sont en effet retrouvés devant un véritable brasier. « La propagation du feu a été très rapide sur l’ensemble des 650 m 2 de toiture », réagissait alors le lieutenant-colonel Le Testu, qui avouait sa « surprise » face à l’importance du sinistre. « Le volume entre le plafond et le toit était totalement occupé par des gaines et des machineries électriques », témoigne un technicien du chantier (qui allait s’achever en septembre) sous couvert d’anonymat. Ces tuyaux électriques, gaines de climatisation et machineries placés sous le toit de l’hôtel Lambert devaient assurer tout le luxueux confort exigé par le nouveau propriétaire, le cheik Hamad Abdallah al-Thani, frère de l’émir du Qatar. Les éléments d’isolation du toit auraient également participé à la propagation rapide des flammes.
source : http://www.leparisien.fr/espace-premium/paris-75/hotel-lambert-la-these-de-l-accident-electrique-privilegiee-17-07-2013-2987017.php
sous la plume d'Eric Le Mitouard