En allant vers le canal Saint-Martin pour y entendre les voix des chorales il y a une dizaine de jours, nous avons fait un petit détour pour voir l'immeuble du 2 rue de Valenciennes. Cela ne vous dit rien ? voir notre article du 10 janvier 2013. Il abrite depuis novembre de l'année dernière des familles mal-logées ou en attente de logements sociaux, et accompagnées dans cette occupation très volontariste par deux associations, Droit au Logement (DAL) et Jeudi Noir. L'immeuble n'offre pas une façade très avenante : c'est à l'évidence un immeuble industriel, typique de l'époque de la construction en briques, trois étages, un rez de chaussée anonyme, certainement rénové ultérieurement car le bandeau façon marbre ne sied pas trop à l'ensemble. La parcelle mesure 292 m2 d'après le cadastre (parcelle 119).
Il en était de nouveau question dans la presse récemment — Le Parisien du 29 juin —, après quelques mois passés dans le calme et la plus grande indifférence. Les occupants viennent d'obtenir un sursis à une expulsion qui plane au-dessus de leurs têtes, car le Tribunal d'instance a repoussé sa décision à l'automne. Il a en effet été saisi d'une demande d'expulsion par les propriétaires, qui sont parallèlement engagés dans une procédure de rachat par la Ville de Paris. Les services compétents de la mairie ont proposé un prix de cession (4,3M€) qui ne convient pas au groupe espagnol, qui depuis plusieurs années pourtant ne tirait aucun profit de ce lieu. L'immeuble semble assez dégradé vu de l'extérieur mais l'édifice a une apparence solide. Le prix demandé est de 7,2 millions d'euros, lit-on dans la presse. La surface de la parcelle est de 292 m2, annonce le site de meileursagents.com qui estime la surface du local d'activité à 1383 m2. Loin des 2500 m2 annoncés dans le Parisien... et même des 2000 m2 repris dans le communiqué de la mairie du 10e au moment de l'occupation. Sur le site de ces agents immobiliers en ligne, la location des locaux était confiée à BNP Paribas Real Estate, le département immobilier de la banque.
Où sont passés les quelque 1000 m2 de différence ?
Nous suivrons la négociation de loin. Comme l'exprimait Alain Lhostis, élu PC du 10e, lors du CICA du 25 juin, si la Mairie de Paris veut atteindre le quota qu'elle s'est elle-même fixé, à savoir 20% et même 25% de logements sociaux dans les années qui viennent, il va falloir qu'elle s'en donne les moyens. Chaque fois qu'il s'offre la possibilité d'acquérir un immeuble dans son entier, il ne faut pas hésiter. Ils deviennent rares.
Commentaires
Bonjour, ces 5.75 M€ que vous évoquez dans votre titre, est-ce un juste prix que vous estimez pour cet immeuble, calculé en fait, si je comprends bien, comme la moyenne entre les 7.2 M€ demandés par le propriétaire actuel et les 4.3 M€ proposés par les services de la Ville pour la préemption et déclinés par le propriétaire? Bien cordialement.
c'était aussi une boutade, nous n'y connaissons rien en immobilier, mais quand les parties sont de bonne volonté, elles arrivent en général à des négociations qui ne lèsent aucune des parties. Il y a beaucoup de travaux à faire sur cet immeuble qu'on le destine à de l'habitation ou à des locaux professionnels. On verra.
Bonjour,
Quelques renseignements supplémentaires : le bâtiment fait 1745 mètres carrés, d'après des pièces juridiques, et il a été acheté par les actuels propriétaires en 2004 pour 2,765 millions d'euros.
Cordialement.
Merci Archicham ! Cela signifie donc que le propriétaire de l'immeuble veut dégager une plus-value de + 160 % pour une durée de détention de 9 ans, soit une rentabilité de 11.2 % par an, uniquement sur la base de la plus-value, i.e. sans tenir compte des revenus provenant des loyers de la location de cette immeuble, qui viennent donc augmenter significativement la rentabilité de cet investissement ! Belle affaire !
On comprend donc qu'il est vraiment nécessaire de négocier avec lui. Même avec le prix proposé par la Ville, il dégagerait en effet une rentabilité annuelle satisfaisante de 5 %, et ce sans prendre en compte les loyers qu'il a perçu !
Et avec ces commentaires, on voit bien que même à 5.75 M€ que vous proposez sur le ton de la boutade, l'investisseur espagnol est largement gagnant.
Il faut vraiment que la Ville négocie: pour les finances de la Ville, la somme proposée est bien suffisante, et l'investisseur initial retrouve largement ses billes avec une rentabilité intéressante, certainement plus significative que celle qu'il aurait pu dégager en Espagne avec l'explosion de la bulle immobilière !
D'autant que les caisses de la ville sont nos deniers ! Ils sont gourmands, ces Espagnols, ils essaient de se refaire une santé sur notre dos...
L'ennui est qu'il est difficile de convaincre un propriétaire qui ne veut pas vendre, ou du moins à ce prix proposé par les domaines. Il faudra préempter avec vigueur à défaut d'accord.
D'autant que les caisses de la ville sont nos deniers ! Ils sont gourmands, ces Espagnols, ils essaient de se refaire une santé sur notre dos...
L'ennui est qu'il est difficile de convaincre un propriétaire qui ne veut pas vendre, ou du moins à ce prix proposé par les domaines. Il faudra préempter avec vigueur à défaut d'accord.