Extrait du 11 heures de l'Expansion - en ligne -
En ces temps de campagne et de modèle à suivre pour relever le pays (sic), chacun regarde au-delà du Rhin. L'un y trouve un modèle de négociation sociale, en oubliant qu'il faut être deux pour négocier, le syndicat, même bon, ne suffit pas. L'autre y dénonce une rigueur redoutable des comptes publics - au sens où elle va mettre en péril l'ensemble de l'économie - et des rémunérations bien basses pour qui ne bénéficie pas de salaires plancher négociés dans sa branche d'activités.
Le constructeur de Munich BMW semble répondre à tous ces envieux en publiant des chiffres record pour le premier trimestre et un bénéfice net en hausse de 18,1% sur un an. Qu'en disent les syndicats ? Ne réclameront-ils pas un partage des fruits de cette réussite après plusieurs années de vaches maigres ? Ce ne serait que justice.
Quoi qu'il en soit, l'Allemagne aura été souvent à l'honneur pendant ces derniers mois. Comme chaque fois, chacun y prend ce qui l'intéresse. C'est ainsi qu'on oublie volontiers que les ouvriers allemands, avant même la crise des subprime de 2007-2008, ont du accepter des baisses de salaires notables, et que les patrons allemands ont eu l'intelligence de recourir massivement au travail partiel.
Tout n'est pas rose dans la patrie de Bertold Brecht (oui, patrie de Goethe est un peu fané) : il faut continuer à lire la même presse pour ne pas attirer les critiques et surtout y regarder de plus près. En juillet dernier, le même Expansion titrait :
Les bas salaires allemands en chute libre depuis dix ans (Expansion du 19 juillet 2011)
On relève pêle-même dans l'article que la richesse allemande en dix ans a cru de 25%, les bénéfices des entreprises et les revenus de placement ont fortement augmenté, que les salariés les plus modestes ont vu leur pouvoir d'achat réduit de 2,5% et que les mieux lotis ont été augmenté de 1%. Tout cela n'étant que des moyennes, il reste que vivre avec un salaire situé entre 400 et 800 euros en Allemagne n'est pas très attractif. L'expression wie Gott in Frankreich (Dieu en France, quelque chose comme un pays de cocagne...) reste encore du domaine du rêve pour beaucoup d'Allemands.
Hans qui rit et Hans qui pleure
Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne : la compagnie allemande de navigation aérienne Lufthansa, dans le même temps, annonce qu'elle va supprimer 3500 postes pour réduire de 25% ses frais administratifs (idem Expansion de 11 heures du 2 mai 2012). Pas sûr que BMW embauche autant de personnes sur le territoire... Et ce ne seront pas ces employés licenciés du monde aérien qui achèteront les BMW du début de notre article. Un regard sur quelques tarifs ? ICI dans Turbo. Ou là pour les plus petites, des compactes... dans Auto Plus.
Les modèles ont tous leur défaut, un jour les Etats-Unis, un autre l'Allemagne, la Suède a eu également son heure de gloire. A quand le modèle français devant les autres, oserons-nous dire über alles ?
Commentaires
Pour compléter cet article intéressant, le très bon reportage d'Envoyé spécial du jeudi 3 mai que l'on peut encore revoir sur le site de France 2. En Allemagne, tout n'est pas si rose contrairement à ce qu'on a entendu pendant la campagne.
http://envoye-special.france2.fr/les-reportages-en-video/le-miracle-allemand-a-quel-prix-03-mai-2012-4324.html
C'est le lien pour voir le reportage cité ci-dessus par Martine.